6 avril 2023 4 06 /04 /avril /2023 07:43

 

LA BD:





 

C'est quoi ? GONE WITH THE WIND



 

C'est de qui ? P. Alary



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui ? Rue de Sèvres

 

 

Déjà croisé sur le site? Oui, souvent.



 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ? A l’orée de la guerre de Sécession Scarlett O'Hara, une jeune fille de bonne famille sudiste, voit ses rêves se réduire à néant quand l’homme qu’elle aime en épouse une autre et part au combat.

 

Mariée par dépit, mère à contrecœur et veuve dans la foulée, Scarlett va néanmoins aller contre les bonnes manières et, au sein du chaos engendré par la déroute des Confédérés, va devoir s’imposer dans un monde en changement où tous ses repères se sont envolés.

 

Autour d’elle les acteurs de son existence vont et viennent, pâles figures face à cette force de la nature; toutes sauf Reth Butler, un charmant et cynique arriviste à la sulfureuse réputation et à la personnalité  aussi assurée que celle de notre héroïne.




 

Pour sa nouvelle adaptation littéraire - genre dans lequel il s’est définitivement taillé un nom- Pierre Alary s’attaque à un autre classique de la littérature américaine, aux antipodes du précédent, nos proposant, chez Rue de Sèvres, sa version d’Autant en emporte le vent.

 

Unique roman de son auteure, Margaret Mitchell, passé à la postérité par son adaptation ambitieuse sur grand écran par Victor Fleming, l’oeuvre est une saga historique, romantique et familiale comme seule l’Amérique (d’alors!) pouvait en pondre.

 



 

De son inimitable style cartoony, avec lequel il a su aussi bien s’approprier l’univers de Conan le Barbare que celui de Moby Dick, Alary donne une vision très personnelle d’Autant en emporte le vent, tout en gardant le sel de ce qui a fait la réussite de l’oeuvre.

 

Sa Scarlett est aussi attachante qu’à gifler, son Reth est diaboliquement charmant et le reste du casting, même si forcément un cran en dessous face à ce duo fort, est au diapason.



 

Si la partie graphique est époustouflante, avec un travail notamment sur les couleurs et les ombres admirable, le scénario n’est pas en reste, Alary restituant notamment, dans un découpage savamment pensé, quelques lignes de dialogues savoureuses (et on espère d’ailleurs que les foudres actuelles bienpensantes, celles qui s'abattent sur Roald Dahl par exemple, oublieront de se pencher sur le roman de Mitchell qui risquerait -entre ses réflexions sur les esclaves et celles sur la condition des femmes de l’époque- de se voir sauvagement caviarder!).

 

Pas gagnée sur le papier en regard de la version cinéma, ce Gone with the wind est une indubitable réussite de plus à mettre au palmarès de l'un des auteurs les plus intéressants de sa génération et dont on va attendre la suite (qui devrait être pyrotechnique à plus d'un titre!) avec impatience.






 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi :HOW THE WEST WAS WON



 

C'est de qui ? A. Newman



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 


 

 

Ca donne Quoi? Tiomkin pressenti au départ mais indisponible la B.O de la Conquête de l’Ouest échoue à Alfred Newman.

Auréolé d’une riche carrière et de pas moins que 9 Oscars sur 3 décennies, Newman a déjà mis en musique une grosse poignée de westerns et le genre n’a plus de secrets pour lui.



 

Néanmoins vu l’ambition affichée des studios pour cette fresque autant familiale qu’historique au casting 4 étoiles et réalisée par 3 pointures, le compositeur met les petits plats dans les grands et livre des thèmes hauts en couleurs, inspirés de chansons folkloriques typiques des Etats Unis d’alors, où les cuivres sont plein de bravoure et les cordes résonnent d’accents tantôt dramatiques tantôt romantiques.



 

Certaines parties de la partition de Newman sont un parfait résumé de ce que le cinéma a produit de mieux en western jusqu’alors. Pas étonnant donc d’y retrouver guitares, harmonicas et  même accordéons plus quelques chœurs de ci de là.

 

Une B.O d’envergure pour une adaptation qui ne l’est pas moins.

 

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1 avril 2023 6 01 /04 /avril /2023 17:08

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? LE TEMPS EST ASSASSIN



 

C'est de qui ? Brrémaud et Berr



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui ? Philéas

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui, les 2.



 

Une planche:

 

 

 

Ca donne Quoi ?Ayant découvert l’oeuvre de Michel Bussi via -déjà- une adaptation BD de Nymphéas Noirs, j’avais trouvé ça alléchant.

 

Mais force a été de reconnaître que c’est surtout la vision de Didier Cassegrain et son trait ô combien sensuel et expressif qui avait opéré le charme, en effet mes tentatives de lecture d’autres bouquins de Bussi s’est révélée décevante, le style et l’univers de l’écrivain n’étant clairement pas ma tasse de thé.



 

Ce n’est pas cette version du Temps est assassin qui me fera changer mon fusil d'épaule, même si le travail des auteurs de l’album BD n’est pas en cause.



 

En effet Fred Brrémaud, dont nous avons lu des choses fort sympathiques ici, fait de son mieux pour synthétiser plus de 500 pages de roman en à peine plus d’un cinquième de BD, ayant forcément recours à pas mal de récitatifs mais avec des trouvailles narratives intéressantes, bien appuyé par le trait réaliste de Nathalie Berr qui, si elle m’avait plus emballé avec le Paris sous les eaux des Naufragés du métropolitain, rend aussi bien les paysages bucoliques et sauvages de la Corse que l’expressivité des protagonistes.



 

Après, cette histoire de famille un peu embrouillée, aux personnages  un brin cliché qui aligne quelques poncifs d’époque (musicaux, cinématographiques, culturels pour ne pas dire folkloriques…) et à la conclusion capilotractée s’il en est ne m’a clairement pas accroché.

 

Je viens de voir que TF1 l’avait adapté en téléfilm avec une pléiade d’acteurs aux jeux pire les uns que les autres, ce n’est encore clairement pas une version qui me réconciliera avec Bussi! 








 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi :MIO CARO ASSASSINO



 

C'est de qui ? E. Morricone



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Plein de fois oui.



 

On peut écouter ?

 


 

Ca donne Quoi ? Le début des années 70, période la plus prolifique est intéressante de la carrière pourtant ô combien riche de Morricone, voit ce dernier collaborer de nouveau avec le réal de Mon nom est Personne pour la musique de son unique giallo.

 

Cette série B, noyée au milieu d’une surproduction transalpine à l’époque,   se démarque cependant de la masse par un  sens soutenu du suspense, la crudité de certaines scènes, et, o f course, sa B.O.

 

 

La partition du compositeur qui commence déjà à expérimenter sur ses scores dans l’esprit jazz fusion que des gens comme Miles Davis affectionnent, avec un saxo radicalement free jazz et des parties de percussions jouées en même temps à la batterie et au vibraphone amènent une touche d’originalité manifeste

 

Les scores dit « expérimentaux » de Morricone sont loin d’être parmi ses plus connus et c’est fort dommage car ils se révèlent tous aussi intéressants et efficaces. Ici l’ambiance flirte avec l’irréel, la peur de l’inconnu ou encore l’angoisse névrosée.

 

Une B.O qui a fait beaucoup de bien au Temps Assassin de Bussi version cases et bulles!





 

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21 mars 2023 2 21 /03 /mars /2023 10:01

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? NAUSICAA. L’AUTRE ODYSSEE.



 

C'est de qui ? Sério & Bepi



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui ? Futuropolis

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui pour le dessinateur



 

Une planche:

 

 

 

Ca donne Quoi ? Un mystérieux voyageur s’échoue sur une plage où il est recueilli par Nausicaa, fille du roi Alcinoos, et ses suivantes.

Emmené au palais, il va raconter ses multiples voyages, du siège de la ville de Troie à l’île de la magicienne Circé en passant par les terribles sirènes.

 

Il n’en faut guère plus pour que l’innocente Nausicaa tombe sous le charme du voyageur, et ce dernier ne va pas se gêner pour en profiter avant d’abandonner la belle.

 

Mais Nausicaa n’abandonne pas pour autant et est prête à poursuivre jusqu’à Ithaque afin de lui faire avouer si leur amour était partagé ou non.

 


 

Il y a un peu plus d’une décennie, Andrea Sério, dont nous avons lu un polar aussi atypique que réussi il y a peu (déjà chez Futuropolis), livrait une magnifique adaptation de l’Odyssée sur un scénario de Bepi Vigna.


 

Cette relecture -le terme est plus juste-  de l’oeuvre d’Homère est d’une intelligence fine, féministe et acerbe, montrant Ulysse sous un jour peu reluisant et les femmes qui parcourent son voyage comme les vraies héroines, témoins et victimes conscientes de  sa veulerie.



 

C’était la première incursion de l’artiste dans la BD et l’influence de maestros comme Matteoti y est assez évidente, même si Sério sait garder une personnalité manifeste.

 

Accouché dans la douleur, cet album brille par la beauté de ses paysages, l’originalité des visages et, last but not least, sa colorisation magnifique.












 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi :UNTOLD THINGS



 

C'est de qui ? J. Pook



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 

 


 

Ca donne Quoi ? En parallèle de ses travaux au cinéma (qui ont commencé chez  Stanley Kubrick tout de même)  Jocelyn Pook continue à explorer le néo classique où l’ont classé les disquaires avec maints projets originaux et variés.

 

Dans cet album, outre son instrument de prédilection, le violoncelle, elle utilise piano et percussions à bon escient.

 

Les voix sont variées, solistes féminines dans les aigus où chœurs masculins graves voire presque gutturaux, elles font toutes un contrepoint d’une rare richesse aux parties instrumentales.

 

 

L’ensemble des pistes de cet album fait un panaché d’ambiances oscillant entre mélancolie et sévérité qui s’est révélé aussi prenant que l’odyssée de Nausicaa.

 





 

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7 mars 2023 2 07 /03 /mars /2023 15:42

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? LA CHAMBRE DES OFFICIERS



 

C'est de qui ? P. Charlot & A. Grand



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui ? Grand Angle

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui pour Charlot.




 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ?Les Gueules Cassées forment une page tragique de notre Histoire, élément marquant d’un conflit déjà traumatisant et hors normes qui ont connu un regain d'intérêt ces dernières années notamment grâce au très réussi Au revoir là Haut de Lemaître, lui aussi adapté en BD. 

 

Pourtant quelques années auparavant, Marc Dugain, pour son premier roman, écrit en un temps record, narrait l'histoire poignante de son grand père, gradé du Génie qui, alors que la Grande Guerre n’en n’est qu’à ses balbutiements, va être victime de l’explosion d’un obus qui lui emporte la moitié du visage.



 

Finie avant même d’avoir commencé, sa guerre va être toute autre, dans l’enceinte d’un hôpital militaire où, avec d’autres défigurés comme lui, il va réapprendre à vivre, nouer des amitiés et préparer son retour dans la vie normale.

 


 

Aujourd’hui Philippe Charlot s’attache à adapter en BD cette Chambre desd officiers, dont il parvient à rendre l’émotion et la tragédie, tout en coupant forcément un peu dans le texte de Dugain (mais le roman d’origine est relativement court cela dit).



 

Le style de Grand, semi réaliste coloré et un peu axé jeunesse rend l’album accessible à un public large, notamment les jeunes lecteurs, pour qui l’histoire de cette gueule cassée fournira un devoir de mémoire toujours indispensable dans notre époque incertaine.






 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi :L’ADIEU AUX ARMES



 

C'est de qui ? M. Nascimbene



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 

 


 

Ca donne Quoi ? 25 ans après le film de Borzage avec Gary Cooper, King Vidor (qui remplace au pied levé un John Houston en désaccord avec David Selznick) retrouve sa vedette de Duel au Soleil, pour cette nouvelle adaptation d’Hemingway.

 

C’est Mario Nascimbene, auréolé des récents Barefoot Comtessa et Alexander the Great,  qui est derrière le pupitre et qui, face à l’extravagance de la production, Selznick ayant quelque peu décidé d’occulter le côté récit de guerre pour se concentrer sur le spectacle, fait de son mieux pour sauver les meubles.

 

S' il inclut des percussions typiquement martiales, le compositeur n’hésite pas à agrémenter de passages au cordes très inspirés quoi que parfois un brin mélo.

 

Le drame est de mise dans ses thématiques et l’ensemble fait partie des canons holywoodiens du genre. L’échec plus ou moins annoncé du long métrage marquera la fin de la carrière du producteur nabab mais permettra à Nascimbene de continuer à pouvoir travailler avec les plus grands.

 

Une B.O luxuriante qui ajoute au côté très  humain de cette BD de guerre.






 

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22 février 2023 3 22 /02 /février /2023 13:45


 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? L’ENFER DE DANTE



 

C'est de qui ? P & G Brizzi



 

La Couv':

 

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui



 

Une planche:

 

 

 

Ca donne Quoi ? Les jumeaux Brizzi se sont depuis quelques années, en BD, spécialisés dans les adaptations d’oeuvres littéraires, que ce soit de manière classique comme avec Céline, ou dans l'illustration de texte (l’Ecume des jours de Vian).

 

Ici, après s’être frottés -avec réussite!- à Balzac, ils choisissent la difficulté en s’attaquant au monument qu’est l’Enfer de Dante, faisant pour l’occasion une infidélité à Futuropolis pour les éditions Daniel Maghen.



 

Pour ceux qui ne seraient pas familier du propos, Dante, abattu par la disparition de Béatrice, son aimée, va être guidé par l'âme du poète Virgile au travers des 9 cercles de l’Enfer afin de retrouver sa chère et tendre.




 

Mélangeant les parties cases/bulles et des pleines pages parfois muettes, ils s‘approprient avec maestria le texte d’origine (dans lequel ils ont cependant dû opérer quelques coupes, faute de se retrouver à avoir à dessiner des centaines de pages de plus que les 150 qu’ils nous offrent déjà).

 

Les détails des décors et la puissance du “bestiaire” n’ont d’égal que l’expressivité des visages des protagonistes qu’ils soient humains ou non.

 


 

On les savait déjà capables de manier avec talent le noir et blanc et les niveaux de gris mais ils passent à mon sens ici un cap -peut être diablement (!!) inspirés par leur sujet- et s’inscrivent dans la grande tradition des maîtres du genre, de Doré à Wrightson en passant par Gianni.

 

On pense même parfois sur certaines cases au Prince Valiant, chef d’oeuvre du médium, lui aussi pourtant hybride dans sa forme, de Hal Foster.



 

Si je ne devais émettre qu’un bémol concernant l’album se serait sur le choix du papier glacé, qui, à mon sens met un peu moins en valeur le trait imparable des frères Brizzi mais n’enlève rien à la beauté et à la réussite de leur adaptation.







 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi :LA SORCIERE



 

C'est de qui ? M. Korven



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui.



 

On peut écouter ?

 


 

Ca donne Quoi ? Lalo Schifrin aimait à dire que la B.O fait 70% du film. Et en effet, combien de longs métrages célèbres doivent en grande partie leur réussite à un thème et/ou une ambiance musicale ? De Star Wars à Il était une fois dans l’Ouest en passant par Le Parrain, 2001 ou Easy Rider, certains films ne seraient définitivement pas les même avec une autre B.O.

 

Mark Korven, enfant du rock et du jazz, connaît bien ses classiques et sait aller pêcher ses influences là où il faut. Pour mettre en musique ce fils fantastique se déroulant dans l’Amérique du XVII° siècle où une famille de colons isolée va être la proie d’une sorcière, le canadien fait appel au spectre de Ligeti et de Bartok mais c’est surtout l’ombre de Penderecki qui plane sur pas mal de pistes.

 

Combinant des voix éthérées quand elles ne semblent pas possédées à des stries de cordes parfois redoutables et des percussions quasi tribales, le compositeur livre une B.O habitée et entêtante, parfois extrême, parfois trop référencée mais d’une rare puissance évocatrice. Les 70% sont amplement remplis…dommage que les 30 autres aient fait défaut!

 

En tout cas, avec la superbe version de l'Enfer de Dante, c'est du pain béni!






 

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  • : Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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  • : "...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)
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