LA BD:
C'est quoi ? LE VOLEUR D’AMOUR
C'est de qui ? Yannick Corboz
La Couv':
C’est édité chez qui? Glénat
Déjà croisé sur le site? Oui
Une planche:
Ca donne Quoi ? Dilemme: J’adore la patte graphique de Yannick Corboz - L’assassin qu’elle mérite fait partie de mes séries BD préférées toute époque et genre confondus!- mais je n’avais pas du tout accroché au roman de Malka paru il y a une paire d’années.
Voici que le premier adapte le second, allais-je tenter la lecture sachant d’emblée que je serais réticent à l’histoire?
Vous me connaissez, rien ne me fait peur (non, je mens!) donc je me suis lancé dans cette version BD plein d’espoir et/ou d’abnégation.
Le scénario donc: Si la variation vampirique débute plutôt pas mal, avec cette originalité du baiser et de l'absorption de l'"amour" des victimes plutôt que de leur sang, par l’anti-héros qu’est Adrian Van Gott (Dieu en allemand, gageons que c’était voulu de la part du romancier), rapidement les travers du récit de genre reviennent à la charge et, au final, on se retrouve avec une histoire de vampire à travers les âges, d'amour impossible et autre héros tragico-romantique.
Chasser sur les terres de Bram Stoker et d’Anne Rice est une gageure où bien d’autres avant Malka se sont cassés les …crocs!
Les séquences dans le passé du personnage auraient peut être pu être plus accrocheuses si plus nombreuses et autant développées que celle avec le riche marchand arabe mais en l’état on survole un peu trop et, surtout, les scènes dans le présent avec la jeune femme, l’enquêtrice et les anciennes conquêtes du héros m’ont paru très cliché.
MAIS! Parce qu’il y a évidemment un mais, nous sommes là sur une version BD, et quelle version! En effet, contrairement à moi, Yannick Corboz a été diablement inspiré par le roman et en a tiré la substantifique moelle, proposant une vision graphique à tomber!
Quelles que soient les époques qu’il illustre, l’Italie du XVIII° siècle, le moyen orient du XIX° ou New York de nos jours, son trait semi réaliste voluptueux et racé, son sens de la composition et son utilisation des couleurs emportent l’adhésion à chaque page.
Alors peut être que le récitatif aurait gagné à être un brin allégé, surtout que les séquences sans paroles et les illustrations pleines pages fonctionnent merveilleusement bien, mais j’ai probablement eu cette impression parce que j’ai lu le roman, du point de vue du lecteur qui découvrira l’histoire, les textes en voix-off sont je présume bienvenus.
Avec ce one-shot très abouti, qui bénéficie d’une édition grand format (très, ça ne rentre pas dans une étagère classique ^^ ), Yannick Corboz confirme qu’il est un des artistes les plus doués de sa génération!
LA MUSIQUE:
C'est quoi : INTERVIEW WITH A VAMPIRE
C'est de qui ? E. Goldenthal
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Le talent, ou tout du moins le savoir-faire d’Elliot Goldenthal est assez paradoxalement inverse de ses choix de carrière.
En effet le compositeur compte dans sa filmographie pas mal de navets sur lesquels il n’a d’ailleurs pas été tendre, les considérant probablement comme un travail “alimentaire” pour lequel cependant il n’a jamais trop fait dans la facilité.
Après le renvoi de George Fenton de l’adaptation d’Entretien avec un vampire en grandes pompes avec les grosses stars de l’époque au casting (et encore de maintenant pour certaines!), Goldenthal reprend le job au pied levé et va faire montre de son métier en écrivant une partition à la hauteur de l’ambiance forcément gothique du film.
Si il manque parfois un peu de subtilité, notamment sur les transitions, passant de mélodies subtiles à des glissandos de cordes virulents, il convoque là deux mondes bien distincts -le classicisme éthéré des musiques religieuses et le fracas du bruitisme- les faisant s’entrechoquer avec un résultat souvent fort efficace pour de la musique de film fantastique.
Le réalisateur et le compositeur s’apprécieront d’ailleurs assez pour entamer à la suite de ce long métrage une collaboration fructueuse sur une poignée d’autres.
Si peut être un peu téléphoné sur la BD du jour, la B.O d’Entretien avec un Vampire la complète à merveille.
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