22 février 2023 3 22 /02 /février /2023 13:45


 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? L’ENFER DE DANTE



 

C'est de qui ? P & G Brizzi



 

La Couv':

 

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui



 

Une planche:

 

 

 

Ca donne Quoi ? Les jumeaux Brizzi se sont depuis quelques années, en BD, spécialisés dans les adaptations d’oeuvres littéraires, que ce soit de manière classique comme avec Céline, ou dans l'illustration de texte (l’Ecume des jours de Vian).

 

Ici, après s’être frottés -avec réussite!- à Balzac, ils choisissent la difficulté en s’attaquant au monument qu’est l’Enfer de Dante, faisant pour l’occasion une infidélité à Futuropolis pour les éditions Daniel Maghen.



 

Pour ceux qui ne seraient pas familier du propos, Dante, abattu par la disparition de Béatrice, son aimée, va être guidé par l'âme du poète Virgile au travers des 9 cercles de l’Enfer afin de retrouver sa chère et tendre.




 

Mélangeant les parties cases/bulles et des pleines pages parfois muettes, ils s‘approprient avec maestria le texte d’origine (dans lequel ils ont cependant dû opérer quelques coupes, faute de se retrouver à avoir à dessiner des centaines de pages de plus que les 150 qu’ils nous offrent déjà).

 

Les détails des décors et la puissance du “bestiaire” n’ont d’égal que l’expressivité des visages des protagonistes qu’ils soient humains ou non.

 


 

On les savait déjà capables de manier avec talent le noir et blanc et les niveaux de gris mais ils passent à mon sens ici un cap -peut être diablement (!!) inspirés par leur sujet- et s’inscrivent dans la grande tradition des maîtres du genre, de Doré à Wrightson en passant par Gianni.

 

On pense même parfois sur certaines cases au Prince Valiant, chef d’oeuvre du médium, lui aussi pourtant hybride dans sa forme, de Hal Foster.



 

Si je ne devais émettre qu’un bémol concernant l’album se serait sur le choix du papier glacé, qui, à mon sens met un peu moins en valeur le trait imparable des frères Brizzi mais n’enlève rien à la beauté et à la réussite de leur adaptation.







 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi :LA SORCIERE



 

C'est de qui ? M. Korven



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui.



 

On peut écouter ?

 


 

Ca donne Quoi ? Lalo Schifrin aimait à dire que la B.O fait 70% du film. Et en effet, combien de longs métrages célèbres doivent en grande partie leur réussite à un thème et/ou une ambiance musicale ? De Star Wars à Il était une fois dans l’Ouest en passant par Le Parrain, 2001 ou Easy Rider, certains films ne seraient définitivement pas les même avec une autre B.O.

 

Mark Korven, enfant du rock et du jazz, connaît bien ses classiques et sait aller pêcher ses influences là où il faut. Pour mettre en musique ce fils fantastique se déroulant dans l’Amérique du XVII° siècle où une famille de colons isolée va être la proie d’une sorcière, le canadien fait appel au spectre de Ligeti et de Bartok mais c’est surtout l’ombre de Penderecki qui plane sur pas mal de pistes.

 

Combinant des voix éthérées quand elles ne semblent pas possédées à des stries de cordes parfois redoutables et des percussions quasi tribales, le compositeur livre une B.O habitée et entêtante, parfois extrême, parfois trop référencée mais d’une rare puissance évocatrice. Les 70% sont amplement remplis…dommage que les 30 autres aient fait défaut!

 

En tout cas, avec la superbe version de l'Enfer de Dante, c'est du pain béni!






 

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8 février 2023 3 08 /02 /février /2023 17:51

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? L’OR DU TEMPS 2



 

C'est de qui ? Oriol & Rodolphe



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui ? Daniel Maghen

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui, ensemble sur le précédent.



 

Une planche:

 

 

 

Ca donne Quoi ? Nous retrouvons Théo en bien mauvaise posture puisqu’après avoir tenté de retrouver le sarcophage il est fait prisonnier dans un manoir à la campagne.

 

Sauvé par le malfrat qu’il n’avait pas dénoncé à la police, notre héros va retrouver ses amis et, de messes noires en cérémonies païennes en passant par des visites de cimetière, la rencontre d’androïdes ou encore celle du mystérieux Aleister Crowley, se rapprocher peu à peu du secret de l’or du temps.



 

Suite et fin du diptyque gothique signé Rodolphe et Oriol, dont on aurait bien aimé quelques albums de plus au vu de la teneur du scénario.

Alors certes c’est un hommage à peine déguisé à Belphégor (rien que la très belle couverture de ce second tome ) et autres feuilletons du début du siècle dernier mais Rodolphe en homme de métier, sait doser ses ingrédients pour livrer un récit fantastique riche en rebondissements et aux protagonistes accrocheurs.



 

Le trait d’Oriol est également en grande partie responsable de la réussite du titre. Le dessinateur espagnol, dont on a aimé et chroniqué tous les albums ici et que je trouve bien trop rare chez nous (5 albums en dix ans) propose un style à la fois volontairement flou par endroits et détaillé  à d’autres avec des personnages croqués dans le même esprit; c’est dynamique, cahotique quelquefois, les couleurs sont souvent volontairement tape à l’oeil (ces mauves!) et l’ensemble navigue avec maestra entre l’expressionisme et le pop-art décadent avec une bonne dose de gothique qui va bien.







 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi :NOSFERATU



 

C'est de qui ? H. Erdmann



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Non



 

On peut écouter ?

 


 

Ca donne Quoi ? Fort d’un bagage autant dans le classique, la direction d’orchestre que dans la théorie musicale, Hans Erdmann a cependant peu écrit pour le grand écran.



 

Sa partition pour le Nosferatu de Murnau, adaptation fidèle du Dracula de Stoker - qui, n'ayant pas acquis les droits du roman, devra changer les noms des personnages- est riche des connaissances de son auteur, alliant à merveille la composition classique et la force évocatrice de la musique d’illustration telle que pratiquée à l'époque pour le cinéma. 



 

Écrite sous deux formes- une pour orchestre symphonique et l’autre pour un ensemble plus restreint, orchestre de chambre- la musique de Nosferatu mélange les ambiances, avec des passages que l’on pourrait qualifier de primesautiers notamment au début du score, qui vont rapidement laisser la place à des pistes beaucoup plsu axées sur l’épouvante avec certes un brin de grandiloquence de ci de là mais rien qui soit too much, surtout sur cet hommage feuilletonnant qu’est l'Or du Temps! 





 

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21 décembre 2022 3 21 /12 /décembre /2022 10:13

 

LA BD:





 

C'est quoi ? LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY



 

C'est de qui ? E. Corominas adapte O. Wilde



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui ? D. Maghen

 

 

Déjà croisé sur le site? Oui



 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ? Le portrait de Dorian Gray, seul roman d'Oscar Wilde, est l'un de mes livres de chevet, en tant qu'oeuvre qui marie le fond et la forme avec une rare réussite.

Si elle a connu quelques versions en BD, celle de Corominas, déjà chez Daniel Maghen, parue il y a tout juste 10 ans, est sans aucun doute la plus aboutie esthétiquement et niveau adaptation. 



 

Pile à temps pour être déposée au pied du sapin, voilà que l’éditeur nous propose le roman dans son intégralité, avec une nouvelle traduction en plus (excusez du peu!), agrémenté de nombreuses illustrations tirées en grande partie de la BD: cases agrandies, recadrage de planches mais aussi de dessins inédits.

 

Présenté dans un grand format de plus de 300 pages à la présentation soignée, avec dos cousu et apier de qualité,  l’album fait honneur au texte de Wilde.

 

  

 

Que ce soient les personnages plus expressifs et réussis les uns que les autres, les décors et paysages victoriens  détaillés et agréables, les changements de couleur au fur et à mesure de l'évolution de l'intrigue, les compositions et trouvailles graphiques, on (re) découvre sous le pinceau de l'artiste espagnol; avec un plaisir non dissimulé; ce roman qui n’a pas pris une ride (comme son héros!) et on a du mal à reposer l'album avant de l'avoir terminé. 

 

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7 novembre 2022 1 07 /11 /novembre /2022 09:04




 

LA BD:





 

C'est quoi ? POCAHONTAS



 

C'est de qui ? P. Prugne



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui ? Daniel Maghen

 

 

Déjà croisé sur le site? Oui



 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ? En 1607, l’Angleterre conquérante, alors en perte de vitesse sur ses rivales européennes, envoie trois navires coloniser le Nouveau Monde.

 

C’est sur les rivages où vivent notamment les Amérindiens Powhatans que débarquent soldats et colons qui commencent à construire un fort.

 

La rencontre entre les deux ethnies, méfiantes au départ, va vite tourner à l’affrontement, attisé par la cupidité et la bétise des européens.

 

Et ce ne sont hélas pas les efforts du capitaine John Smith ni de la fille du chef des Powhatans, la jeune Pocahontas, qui arriveront à éviter la tragédie.



 

Continuant sa fort belle série sur les indiens d’Amérique du Nord, Patrick Prugne s’attaque, pour ce 6° album, à la légende de Pocahontas, rendue célèbre par la version Disney il y a …27  ans déjà !

 

Le scénariste s’attache à une version moins hollywoodienne/bon enfant de l’histoire, se basant notamment sur le récit de John Smith et réussit à la fois à s’approprier la légende mais aussi à rendre encore plus probant la thématique de l’homme blanc envahisseur avide et cruel.

 

La grande réussite de l’album est, comme pour les précédents, sa magnifique partie graphique, aux paysages bucoliques criants de vérité sous les pinceaux de Prugne.

Si le bestiaire est un peu moins fourni que sur certains des tomes déjà parus, le casting est varié et le scénario donne l’occasion à l’artiste de livrer de très belles planches.

 

Présenté dans le grand format -dont les éditions Maghen sont coutumières- qui permet d’apprécier le travail de Prugne à sa juste valeur, l’album est complété par un joli cahier graphique.

 

Amateurs de grands espaces et de westerns, voici une oeuve de plus à mettre dans votre bibliothèque.






 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi :LE BISON BLANC



 

C'est de qui ? J. Barry



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 

Ca donne Quoi ? Dans le score de ce western qui est en quelque sorte une adaptation de Moby Dick, on retrouve déjà les prémisses, bien des années avant, de ce que sera le score de Danse avec les loups. 



 

Des cordes luxuriantes, des cuivres plaintifs, l'ambiance est néanmoins plus sombre et introspective sur ce Bison Blanc, les passages au violoncelle et à la trompette donnent le ton, et la couleur de l'ensemble tombe souvent dans une certaine dissonance bienvenue et originale. 

 

Barry expérimente et le résultat est probant, cerise sur le gateau, sa partition, exacerbe le côté tragique et beau de l'aventure de Pocahontas et John Smith version Prugne.





 

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27 octobre 2022 4 27 /10 /octobre /2022 09:46

 

LA BD:

 

 

 

 

C'est quoi ? CELLE QUI FIT LE BONHEUR DES INSECTES

 

 

C'est de qui ? Zidrou & Salomone

 

 

La Couv':

 

 

C’est édité chez qui ? Daniel Maghen

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui mas pas ensemble.

 

 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ? Déjà endeuillée par la mort tragique de son époux, la souveraine du royaume de Shandramabad voit encore le destin frapper cruellement à sa porte en lui prenant son fils qui tombe d’une fenêtre en tentant de rattraper l’oiseau offert par sa mère.

 

C’en est top pour la reine qui, dans un éclat de folie, fait éradiquer tous les oiseaux du royaume, rendant ce dernier bien triste.

C’et au travers de sa fille survivante, qui va découvrir l’amour, que la joie de vivre va revenir à Shandramabad.

 

 

A la manière d’un conte des Mille et Une Nuits, Zidrou nous livre une histoire touchante, au goût doux-amer où se mêlent l’humour fin et la tragédie, abordant des thématiques très d’actualité : la tolérance, le deuil, l’acceptation des différences, …

 

 

Le tout est magnifié par un Bruno Salomone en grande forme, avec une belle évolution depuis l’Homme qui n’aimait pas les armes à feu, le scénario exotique de Zidrou lui donnant l’occasion de proposer des décors détaillés aux belles aquarelles aux couleurs chamarrées et une galerie de personnages aussi expressifs que sensuels.

 

 

 

 

 

LA MUSIQUE:

 

 

 

 

C'est quoi :WORLD GALAXY

 

 

C'est de qui ? A. Coltrane

 

 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Je pense oui.

 

 

On peut écouter ?

 

 

 

Ca donne Quoi ? Si l’histoire de la musique du XX° siècle est parcourue de « compagnes » plus Némésis qu’autre chose (hello Yoko Ono ! Hello Courtney Love !…), certaines ont été bien plus que des inspiratrices ou des muses : des modèles.

 

Alice Coltrane, si moins connue que son John d’époux, est à mon sens l’un des piliers du free jazz et une pionnière du spiritual jazz (dont A Love Supreme, chef d’œuvre signé de feu son époux, est probablement le summum).

 

 

Au début des 70’s alors que Miles Davis défriche de nouveaux territoires et que le MahaVishnu Orchestra de Mc Laughlin explore de nouveaux horizons, Alice Coltrane, l’une des rares harpistes du genre, suit son bonhomme de chemin avec ce sixième opus perso.

 

Après avoir mélangé musique traditionnelle et jazz, puisé dans le psychédélisme naissant et dans l’expérimentation débridée, la voilà qui ajoute tout une section de cordes à des compositions et adaptations (dont le Love Supreme cité ci-dessus dans une version aussi belle que déroutante) tout en gardant le cap de l’orientalisme qu’elle affectionne.

 

Nous retiendrons pour la lecture de ce très beau one shot tout particulièrement les morceaux Galaxy in Satchidananda et Galaxy in Turya, deux longues mélopées où, sur des arpèges de harpe hypnotiques, les violons et les violoncelles évoquent à la fois le mysticisme hindou et le folklore chinois avec une poésie musicale et un sens cinématique aussi réussis qu’inattendus, à la hauteur de Celle qui fit le bonheur des insectes.

 

 

 

 

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  • : "...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)
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