5 janvier 2025 7 05 /01 /janvier /2025 15:45


 

LA BD:




 

C'est quoi ? LA DERNIÈRE NUIT DE MUSSOLINI



 

C'est de qui ? Chapuzet et Girard


 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Glénat



 

Déjà croisés sur le site? Non


 

Une planche: 

 


 

Ca donne Quoi ? Ne vous fiez pas à la couverture faussement grotesque de cette Dernière Nuit de Mussolini au risque de rapidement tomber de haut.

 

En effet, si on a souvent dressé un portrait du Duce comme un  bouffon, surtout face à son allié de l’Axe de l’époque, cette bio incisive, toute en flashbacks et forwards, signée Chapuzet et Girard, nous rappelle que Mussolini était avant tout un homme politique frustré, avide de femmes et de pouvoir.


 

Tout d’abord très “à gauche”, prônant la révolution contre le pouvoir, et plein d’idées libertaires comme le vote des femmes ou l’anticapitalisme, il va vite verser dans un nationalisme exacerbé suite à son éviction du parti socialiste, fondant ce qui va devenir la base du fascicsme italien.


 

Mégalomane et dominateur, collectionneur de maîtresses, Mussolini va suivre l’Allemagne Nazie dans la seconde guerre mondiale jusqu’à cette fameuse dernière nuit relatée ici,  quatre journées en fait, où le Duce tente d’échapper à la vindicte des vainqueurs et de ses opposants.

 

Après maintes péripéties sa maîtresse et lui seront finalement pris puis exécutés avant d’être pendus par les pieds sur la place même où des soldats de son éphémère République de Salo avaient exécuté des partisans.


 

 

Le scénario est fort documenté, bien servi par le trait semi-réaliste de Christophe Girard (avec qui j’avais eu un intéressant échange à l’époque de son  adaptation de Métropolis, ça ne nous rajeunit pas!) qui propose des personnages volontairement caricaturaux sur des décors détaillés et alterne les colorisations selon les époques: trichromie parcourue de couleurs pour les derniers jours, pleines couleurs pour les flashbacks.


 

La dernière nuit de Mussolini est un album qui sert l’essentiel devoir de mémoire, en mettant bien en lumière tous les aspects de la vie du tyran ainsi que ses multiples tares, et qui rappelle au lecteur, via notamment une séance sur l’assassinat de Pasolini (qui venait de réaliser un film sur Salo) et une dernière page où l’on reconnait les “héritiers” du Duce, que le fascisme et ses dérives sont semble t-il intrinsèquement liés aux sociétés humaines, et qu’il est impératif de ne jamais laisser la bête prendre le dessus.  








 

LA MUSIQUE:




 

C'est quoi : ENNEMY AT THE GATES


 

C'est de qui ? J. Horner



 

La Couv':

 


 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui


 

On peut écouter ?

 

 

Ca donne Quoi ? Si une fois encore, on pourra reprocher à Horner, pour cette nouvelle collaboration avec Annaud, de réutiliser sans vergogne certains motifs et phrases de travaux précédents, on lui reconnaîtra tout de même un sens du grandiose et de l’imposant.

 

En effet même si on trouve bien un thème romantique dans la partition, il est quasi complètement noyé dans la masse de suspense, de froideur et de dureté du reste.

 

Pourtant n’allez pas me faire dire ce que je n‘ai pas dit, l’émotion est bien là, sous l’agressivité feinte, et si la tension, construite par les cordes, et le motif principal à quatre notes répété presque jusqu’à la nausée, mettent les nerfs de l’auditeur à rude épreuve, la force d’expression du score est indéniable.

 

Une musique martiale et puissante juste ce qu’il fallait à l’évocation de la fin du Duce (mais pas du fascisme hélas!)



 

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11 décembre 2024 3 11 /12 /décembre /2024 09:27





 

LA BD:





 

C'est quoi ? 1629 OU L'EFFRAYANTE HISTOIRE DES NAUFRAGES DU JAKARTA TOME 2




 

C'est de qui ? Dorison & Montaigne




 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Glénat




 

Déjà croisés sur le site? Oui.



 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi ? Après la mutinerie orchestrée de main de maître par Jeronimus Cornélius, le Jakarta s’est échoué sur un archipel désert de l’océan Indien non loin de l’Australie.

 

Devenu de fait chef des survivants alors que les officiers sont partis chercher des secours, Cornélius agit comme un tyran sanguinaire mais dans le style main de fer dans gant de velours: tout en subtilités aussi machiavéliques que funestes.

 

Seule Lucrétia arrive encore à lui tenir tête mais l’emprise du nouveau “maître à bord” entraine bientôt le lot de naufragés vers de drastiques extrémités. 

 


 

Changement de décor pour cette suite toute en tension de 1629, exit le huis-clos du navire pour celui de l'île déserte, tout aussi anxiogène surtout que là, face à une petite poignée de gentils, se dresse tout un ramassis de très méchants.



 

Le duo talentueux derrière ce diptyque à l’édition classe connaît son métier que ce soit du coté de Dorison et son savoir-faire pour ménager ses effets, rendre sa narration captivante, et proposer au lecteur une relecture d’un fait divers historique réel sous forme de récit de genre très maîtrisé, ou, au dessin, un Montaigne en grande forme qui, après les décors hauts en couleurs maritimes du tome précédent, propose ici des planches très abouties où suspense et grand spectacle disputent la vedette à un casting accrocheur et expressif.





 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : THE LIGHTHOUSE



 

C'est de qui ? M. Korven




 

La Couv':

 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 


 

Ca donne Quoi ? Après avoir mis un bon coup de pied dans la fourmilière de la musique de film d’épouvante grâce à son travail léché sur The Witch, le canadien Mark Korven collabore à nouveau avec le réalisateur du film sus-cité pour The Lighthouse, huis clos où Robert « Twilight » Pattinson affronte le monument Willem « Dernière Tentation du Christ, mais pas que » Dafoe, au sein d’un phare.

 

Spécialiste de la word music, Korven a poussé le vice jusqu’à créer un instrument spécifique, mélange de choses diverses (orgue indien, vielle à roue, sitar, theremin, violoncelle et j’en passe) qu’il a sobrement baptisé « The Arprehension engine ». Ce redoutable hybride dont aurait rêvé des gens aussi divers –et talentueux- que Gyorgi Ligeti,  Jimmy Page ou David Gilmour, crée des sons assez ahurissants, comme tout droit sortis d’un cauchemar musical.

 

Le compositeur a mis son invention à profit donc sur la musique de The Lighthouse, tissant des thèmes aux harmoniques aussi sombres que crispantes parfois, des grincements sonores personnifiant le vent, la marée, les craquements du bois. Les cuivres quant à eux, nombreux et variés semblent imiter les sirènes de bateau, les hurlements des créatures marines étranges.

 

B.O quasi organique aux mélodies rares et arides, jouant plus sur la tension sonore que sur la musicalité, The Lighthouse traduit par ses atmosphères plaintives et menaçantes toute la noirceur de ce tome 2 de 1629.

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18 novembre 2024 1 18 /11 /novembre /2024 08:37





 

LA BD:





 

C'est quoi ? LES PILIERS DE LA TERRE. LE FEU DE DIEU.




 

C'est de qui ? Alcante & Dupré




 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Glénat



 

Déjà croisés sur le site? Oui.



 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi ? Dire que les temps sont durs pour le héros des Piliers de la Terre est un sacré euphémisme.

Dans le tome précédent Tom a en effet perdu sa femme et son bébé et failli passer l’arme à gauche si ça n’avait été de l’intervention d’Ellen, une rebouteuse qui élève seule son fils Jack dans les bois loin des hommes.

 

Le bâtisseur et la sauvageonne tombent amoureux et partent sur les routes avec leur famille recomposée (au sein de laquelle tout n’est pas Rose, Jack n’hésitant pas à brimer le fils de Tom) et finissent par arriver à Kingsbridge où Tom propose aux religieux de rebâtir l’église dont une partie s’est effondrée.

 

Mais faute d’argent les moines ne peuvent embaucher l’artisan ni même l’héberger longtemps.

 

Pourtant, juste alors que les voyageurs doivent repartir un feu se déclare dans l’église, détruisant une grande partie de cette dernière. Tom va alors être sollicité pour la rebâtir et, afin de trouver les fonds nécessaires à la construction, le prieur Philip va devoir manoeuvrer au sein des manigances de l'évêque Waleran et de la famille Hamleigh pour obtenir gain de cause auprès du seigneur des terres.



 

Suite de l’ambitieuse et réussie adaptation de la série de pavés de Ken Follett, toujours avec un souci du détail graphique de la part de Dupré qui fait plaisir à lire et d’un “condensé” des intrigues  qui parvient à garder l’essence du matériau d’origine.



 

C'est à la rigueur du côté de ce dernier que je trouve que le bât blesse un peu plus avec, ce qui est une certaine constante dans les écrits de Follett, surtout sur les dernières années, une vision assez manichéenne de ses protagonistes qui rend l’histoire des héros un brin  triviale au sein de l’ensemble historique.



 

Mais en l'état que cela ne vous empêche pas de (re) découvrir les Piliers de la Terre surtout dans cette version BD qui leur fait honneur!




 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : L’EMPEREUR DE PARIS



 

C'est de qui ? Beltrami




 

La Couv':

 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 

Ça donne quoi? A l’écoute d’une discographie en grande partie axée sur les films d’horreur (la saga des Scream), la SF à gros budget (Terminator 3, I Robot), les adaptations de comics tièdes (Hellboy) et autres thrillers de seconde zone, on aurait du mal à dire que Marco Beltrami a été l’élève du grand Jerry Goldsmith.

 

 

Pourtant, quand, contre toute attente, il est approché pour mettre en musique la version de la vie de Vidocq par le réal français François Richet, le compositeur sonne moins formaté qu’à l’accoutumée, avec des thèmes plus mélodiques voire lyriques tout en gardant ce sens de l’action et du suspense quand l’intrigue l’oblige.

 

 

 

Beltrami soigne ses parties de cordes et de pianos avec une sensibilité qu’on ne lui connaissait pas. Si encore un peu attendu sur quelques passages, il livre là un des scores les plus intéressants de sa carrière dont la force musicale est toute à fait de rigueur pour cette seconde partie de l’adaptation de ken Follett.




 

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6 novembre 2024 3 06 /11 /novembre /2024 15:54

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? LES AIGLES DE ROME LIVRE VII 




 

C'est de qui ? Marini




 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Dargaud



 

Déjà croisée sur le site? Oui sur quasiment toute sa bibliographie




 

Une planche: 


 




 

Ca donne Quoi ?  “Ne fais pas à autrui…” Marcus a traversé le Rhin avec les légions de Rome pour venger l’affront de la défaite de Teutobourg, mais le fils de légionnaire devenu chef des armées veut surtout retrouver son fils, enlevé par son ancien ami devenu ennemi mortel, le chérusque Arminius, à la tête d’une formidable armée de germains.



 

Ce dernier attend un enfant de son épouse, fille d’un chef de clan, mais veut éloigner ses proches de la bataille à venir, tout en espérant unifier les différentes tribus.



 

Hélas pour le chef de guerre, son “beau-père” va contrecarrer ses plans en enlevant sa propre fille et en la livrant aux romains.



 

Vous connaissez probablement la phrase d’Alexandre Dumas qui affirmait que l’on peut violer l’Histoire si on lui fait de beaux enfants.

Coté beauté -graphique- la réputation des Aigles de Rome n’est plus à faire même si certains puristes pourront tiquer sur le fait que Marini a, depuis quelques années, allégé son trait, en proposant un dessin plus délié, parfois moins réaliste mais toujours -à mon goût- aussi racé et réussi.



 

Coté scénario l’auteur profite du peu d’informations qu’il existe sur les adversaires de Rome de la période qu’il aborde pour inventer une petite histoire dans la grande où il convoque des ficelles scénaristiques toujours efficaces à base de passion, d’amour familial et d'intimité féroce entre ses héros.

 

Je pense que pour apprécier pleinement sa saga il faudra la lire dans son intégralité mais, pour ce faire, il faudra faire preuve d’encore pas mal de patience.



 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : JULES CESAR



 

C'est de qui ? M. Rozsa




 

La Couv':

 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 


 

 

Ca donne Quoi ? Chef d’œuvre incontournable, fidélité au texte d’origine et interprétation qui intime le respect, Marlon Brando en tête, Julius Caesar profite également d’une majestueuse bande sonore écrite par un Miklos Rozsa qui porte au pinacle la musique historico-épique.

 

 

 

Nous avions vu il y a pas mal d’années de cela que les compositions du hongrois étaient tout à fait adéquates pour accompagner Murena puisque la B.O de Ben Hur avait déjà été quasi parfaite. Ici on passe un cap tant la partition de Julius Caesar est riche et variée, que ce soit dans les envolées lyriques ou dans la romance soyeuse.

 

 

 

Bruce Broughton, autre grand compositeur pour le 7° Art, conduit ici une version remaniée du score de Rozsa, arrangé sous forme de symphonie qui permet d’apprécier à la fois le sens du spectacle de Rozsa via les pistes en fanfare de cuivres et de percussions, mais aussi sa science de la mélodie avec des thèmes plus apaisés et mélodieux.

 

 

 

Du grand art qui sera d’ailleurs pas mal pompé une poignée d’années plus tard par Dimitri Tiomkin pour Gunfight at OK Corral.

 

 

 

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5 novembre 2024 2 05 /11 /novembre /2024 09:35







 

LA BD:





 

C'est quoi ? LA 3° KAMERA




 

C'est de qui ? Rodier & Apikian




 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Glénat




 

Déjà croisés sur le site? Oui, les 2.



 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi Changement de décor pour le second album de Cédric Apikian, après les tranchées de  la Première Guerre Mondiale, avec cette 3° Kamera qui se déroule dans le Berlin ravagé par les bombardements alliés alors que ceux-ci viennent de remporter la Seconde ( de Guerre Mondiale pour ceux qui ne suivent pas au fond!).



 

Alors que la ville est tenue par les soldats des différents pays vainqueurs, américains et russes en tête, les survivants berlinois tentent comme ils peuvent de survivre entre larcins, marché noir, prostitution et autre joyeusetés.

 

Mais c’est aussi là que se terrent certains anciens nazis qui espèrent bien se faire oublier.

Dans l’optique de confondre des responsables des exactions de l’armée allemande, tous les moyens sont bons pour les démasquer et notamment ces appareils photos que trimbalaient certains des nombreux photographes et caméramans responsables de la propagande hitlérienne.

 

En effet sur les pellicules de ces “3° Kamera” on retrouve souvent des images qui incriminent directement des dignitaires nazis.

Le lieutenant allemand Frentz était le photographe personnel d’Hitler et ses clichés vont être l’objet d’une recherche ponctuée de biens des drames.

 


 

On sent les multiples influences cinématographiques du scénariste dans ce généreux one-shot au découpage nerveux et aux scènes chocs nombreuses.

Si son casting est bien travaillé il est peut être un peu fourni et certains procédés narratifs m’ont parfois un peu fait perdre le fil de l’histoire.

 

Je pense que le très documenté dossier de fin d’album aurait peut être mérité d’être présenté en préambule afin de mieux situer les faits et les enjeux évoqués dans l’album.

 

Néanmoins le scénario tient son lecteur en haleine et a le mérite d’évoquer une page de l’Histoire peu connue et quelques faits trop vite passés sous silence (comme par exemple l’évasion de certains nazis et le fat qu’ils n’aient jamais été retrouvés/inquiétés par la suite).



 

Au dessin l’évolution du trait de Denis Rodier depuis Lénine et Arale fait plaisir à voir, s’il reste dans un style réaliste/semi-réaliste il apporte une dynamique intéressante aux acteurs de l’histoire et soigne ses décors avec un Berlin en ruines criant de vérité.



 

Au final un projet original et ambitieux, qui pêche peut être parfois par son enthousiasme mais qui reste très prenant à lire.





 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : PARIS BRULE T--IL?



 

C'est de qui ? M. Jarre




 

La Couv':

 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 

 


 

Ca donne Quoi ?A grosse production, casting trois étoiles international, devant et derrière la caméra.

 

Le réalisateur René Clément se voit imposer son compatriote Maurice Jarre (papa de Jean Michel, et oui, il n’a pas que des réussites à son actif!) pour mettre en musique le film.

 

Peu convaincu au départ, Clément change rapidement son fusil d’épaule à l’écoute de la partition  de Jarre. Ce dernier écrit pas moins de cinq thèmes qui sont déclinés tout au long de sa partition.

 

 

 

Outre quelques pistes un peu trop hollywoodienne pour l’album du jour, d’autres sont très adaptés:

Le motif Menace qui, comme son nom l'indique, joue sur la tension avec une ribambelle de pianos en mode rythmique (douze en tout !) est utilisé pour personnaliser les troupes en marche, appuyés par force percussions. 

Un des autres thèmes est lui plus dédié à l’action avec une mélodie irrésolue aux cuivres particulièrement efficace.

 

 

 

Un accompagnement solide pour cette 3° Kamera!

 

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  • : Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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  • : "...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)
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