LA BD:
C'est quoi ? JESUS AUX ENFERS
C'est de qui ? T. Robin
La Couv':
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C’est édité chez qui? Soleil/Quadrants
Déjà croisé sur le site? Oui
Une planche:
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Ca donne Quoi ? Mais que s'est-il passé durant ces trois jours? Ces trois jours entre lesquels les fidèles du Christ récupèrent son corps au pied de la croix et celui où l’auto-proclamé fils de dieu ressort du tombeau.
Jésus a visité le royaume de l’Ange déchu. Voici le récit de son voyage au bout de l’enfer.
Mais que s’est-il passé durant ces dix ans! Dix ans depuis que nous avons croisé le trop rare Thierry Robin dans les pages de B.O BD sur l’excellent diptyque Mort au Tsar en compagnie de Fabien Nury.
L’artiste a déménagé en Chine, pays pour lequel il a une forte affection, qu’il a visité maintes fois et qui, d’ailleurs, parcourt son œuvre.
Mais le revoilà chez nous, sous la houlette de la maison Delcourt/Soleil, dans le giron du label Quadrants pour lequel il propose cette interprétation d’un épisode laissé dans l’ombre dans la bible.
Pour ce faire Thierry Robin s’est inspiré de travaux apocryphes - dont l’évangile de Nicodème- et il emmène Jésus dans un enfer visuellement surprenant où il va croiser le “who’s who” de l’Ancien Testament, du couple originel à Noé en passant par Moïse ou encore St Jean Le Baptiste.
Au milieu d’un bestiaire hautement gothique, le maître des lieux, satan en personne, fait faire le tour du propriétaire à son frangin, en le tançant continuellement. Véritable personnage principal de l’histoire, le diable est cabotin au possible et apporte, à mon sens, le véritable sel du récit (mention spéciale au passage où il apostrophe l’auteur en lui demandant si les citations de la Bible ça ne fait pas un peu too much!)
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Graphiquement Thierry Robin maîtrise à merveille les codes du médium ce qui lui permet de s’en défaire avec talent. Il joue avec la mise en page, les cadrages et le narratif, s’affranchissant d’un gaufrier classique pour donner encore plus de poids à son récit.
Au niveau des couleurs, là aussi c’est fort bien pensé. L’artiste alterne des passages plutôt pastels voire blafards avec des parties toutes en rouge et jaune criards qui mettent l’emphase sur le coté cahotique des enfers.
Loin de tout prosélytisme, Jésus aux enfers allie le fond et la forme pour proposer une vision intéressante d’un passage aussi crucial que peu explicite du Nouveau Testament, appuyant au passage sur les dangers de la foi aveugle et des dérives d’interprétations (sujet ô combien d’actualité!).
La BD est complétée d’une préface et d’une postface où Thierry Robin explique son projet et donne des pistes de lecture tout aussi intéressantes, finissant de faire de son nouvel album une lecture chaudement recommandée.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : ANDREI RUBLEV
C'est de qui ? V. Ovchnnikiov
La Couv':
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Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Compositeur soviétique surtout versé dans le classique, Ovchinnikov a néanmoins à son actif une bonne douzaine de musiques de films, dont les deux premiers longs-métrages de son compatriote Tarkovski. Andrei Rublev raconte l’histoire d’un moine peintre d’icônes déchiré entre sa passion pour son art et sa dévotion. Tourné au milieu des années 60, le film tombera sous la coupe de la censure du Parti qui n’hésitera pas à le faire remonter, et même à l’interdire de diffusion en URSS pendant plus de 5 ans.
La musique, toute aussi marquante que les images qu’elle accompagne, est originale à plus d’un titre. Très éloignées des principes d’illustration filmique de l’époque (et pas qu’en URSS), les compositions d’Ovchinnikov opposent des instruments utilisés à contre-emploi (les cordes jouent très bas, les vents font de timides mais marquantes apparitions) à des choses bien moins reconnaissables, le tout en faisant des incursions dans la musique sérielle ou dans un minimalisme avant l’heure via des motifs répétitifs.
Le musicien s’est inspiré du caractère jusqu’au-boutiste du scénario pour laisser libre cours à son imagination faisant de la B.O d’Andrei Rublev une chose envoutante et indispensable.