4 octobre 2024 5 04 /10 /octobre /2024 07:57

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? SA MAJESTE DES MOUCHES




 

C'est de qui ? Aimée De Jongh




 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Dargaud



 

Déjà croisée sur le site? Oui



 

Une planche: 


 


 

Ca donne Quoi ? Parmi la pléthore de romans que l’on nous fait lire à l’école depuis des générations, si certains peuvent faire  débat de par l'intérêt qu’ils suscitent au vu de leur âge, de leurs thèmes ou encore de leur style, d’autres sont à n’en point douter des perles inestimables.

 

Ainsi je ne remercierai jamais assez l’éducation nationale de m’avoir fait très tôt découvrir Maupassant pour qui j’ai nourri ensuite une passion bien justifiée.

D’autres m’ont également profondément marqué et Sa Majesté des Mouches de Golding en fait partie.



 

Écrit au mitan des années 50, cette histoire qui fait se retrouver un groupe de jeunes anglais suite au crash de leur avion sur une île déserte est une étonnante et toujours très actuelle allégorie de l’incapacité de l’Homme à vivre pacifiquement et égalitairement en société.

 

En effet si au départ les garçons (oui, Sa Majesté des Mouches ne passe clairement pas le teste de Bedchel puisqu’il n’y apparaît aucun protagoniste féminin, mais bon là n’est pas le propos surtout qu’à l’époque la mixité à l’école n’était pas encore la règle absolue ) profitent de cette liberté apparente, rapidement les règles inculquées par la société reviennent en force et deux des “grands” prennent chacun la responsabilité d’un groupe.

 

Au milieu d’une nature hostile, les chefs vont bientôt opposer leurs idées en une rapide escalade de violence jusqu’au point de non-retour.

 


 

Foncièrement pessimiste (d’aucuns- dont votre serviteur!- diraient réaliste) le récit du prix Nobel de littérature résonne à l’aune de quasiment toutes les sociétés et états du Monde depuis que l’Homme a foulé son sol, et reste, à mon sens, un texte essentiel à faire lire toutes générations confondues afin de montrer à quel point l’Homme peut être dévastateur pour lui-même.



 

Aimée De Jongh, elle aussi grande amatrice du bouquin de Golding, s’est emparée du texte et en a donné une version en BD à la fois fidèle et très personnelle. De son trait graphique très orienté “jeunesse” elle apporte une dimension qui, si elle paraît décalée par rapport au ton très sombre du roman, renforce l’opposition entre cette société d’enfants et ses réactions typiques d’adultes. 

Soignant aussi bien ses paysages de nature sauvage et l’expressivité de son casting, l’autrice réalise là un quasi sans fautes dans le genre.



 

Espérons que cette admirable adaptation, qui paraît dans plusieurs langues et pays différents à l’occasion des 70 ans de la parution du roman, remettra ce dernier dans la lumière et aidera à réaliser ce vœu pieux. 

 

 






 

LA MUSIQUE:





 

C'est Quoi ? L’OGRE

 

 

C'est de Qui ?   M. Nyman

 

 

La couv' 


 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 


 

Ca donne Quoi ?   Pour mettre en musique cette étrange histoire d’un homme un peu simple qui va recruter plus ou moins malgré lui des enfants pour les nazis, Nyman, tout juste auréolé de l’immense succès de son score de la Leçon de Piano, décide de n’utiliser que des cuivres, des cordes et des percussions. 



 

Il en ressort une musique décalée, étrange et irréelle, souvent sur la corde raide entre rires et larmes, insouciance et angoisse. 

La partition de Nyman hante l’auditeur bien après l’écoute, à la manière d’un Phillip Glass, elle n’en fait jamais trop et capte à merveille l’atmosphère du film (adapté d’une œuvre de Tournier) et fait un accompagnement musical de grande qualité



 

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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 07:09




 

LA BD:





 

C'est quoi ? L'ASSASSIN ROYAL




 

C'est de qui ? Houser & Kelly




 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Urban



 

Déjà croisés sur le site? Non



 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi ? Grand fan de fantasy dans ma prime jeunesse, notamment via les jeux de rôle, le cinéma et les vieux comics de Conan chez Marvel, si j’ai lu en littérature (hum!) des classiques comme Robert Howard, la saga d’Elric de Moorcock ou encore, un peu plus tard le Seigneur des Anneaux de Tolkien, je suis pasé à coté -entre autre!- de la célèbre  saga de Robin Hobb L’Assassin Royal.

 

Le premier volet de l’adaptation en BD, paru il y a une quinzaine d’années, ne m’avait pas emballé, en grande partie à cause de son graphisme trop dans la mouvance “fantasy Soleil” de l’époque.

 

Voici qu’Urban nous propose la traduction d’une nouvelle version en comics signée par Houser et Kelly dont les dessins, si pas exempts de défauts, m’attirent déjà plus et j’ai donc tenté l’aventure.

 


Le jeune héros de l'Assassin Royal est le bâtard d’un des fils du roi et va être élevé à la cour où un des guerriers fidèle à son père (qui a quitté le royaume) va le prendre sous son aile tandis qu’un autre mentor, le mystérieux Umbre va l'aider à pratiquer son don et en faire un assassin, sur ordre du roi en personne.

 

Le début, un peu longuet -mais nécessaire au vu des enjeux de l’intrigue et de la présentation des principaux protagonistes), m’a fait me demander si j'avais bien fait mais la suite s’est avérée bien plus intéressante et, si je me doute bien que le scénariste doit avoir opéré des coupes franches dans le matériau d’origine, l’histoire est assez prenante pour qu’on ait envie d’aller au bout de ce premier volet.

 

Après vu le nombre de tomes (et leur pagination!) des différents cycles, à voir combien de volumes seront nécessaires pour couvrir les romans d’origine , mais c’est un bon début. 




 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : LE PRINCE DRAGON



 

C'est de qui ? F. Wiedman




 

La Couv':

 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 


 

Ca donne Quoi ? Et en parlant de fantasy pour jeunes ados, la série animé The Dragon Prince est, à mon sens, une porte d’entrée intéressante dans le genre, avec une intrigue et des personnages certes classique mais qui s’épaississent, et, coté B.O des thématiques et l'ambiance s'en ressentent favorablement.



 

Ainsi, pour cette saison 3, Frederic Wiedman a eu l'occasion de proposer des thèmes plus matures, où il développe l'aspect épique et romantique mais aussi l'omniprésence du suspense des scénarios.

 

Après s'être fait les dents sur une paire de films d'animation de chez DC Comics (dont le Gotham by Gaslight) et d'un cinquième (!!) volet du Roi Scorpion, le compositeur d'origine allemande élargit sa palette musicale avec une mise en avant d'un violon celtique et d'un violoncelle respectivement pour les pistes dédiées aux héros et aux méchants.

Le duduk, originalité des deux précédents scores, est toujours là, tout comme le piano mais au sein d'un ensemble plus large.

 

L'orchestration est aussi plus ambitieuse avec des arrangements dignes des meilleurs long métrages de cinéma du genre.

 

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23 septembre 2024 1 23 /09 /septembre /2024 09:01

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? NOSTROMO




 

C'est de qui ? Maël




 

La Couv':

 



 

C’est édité chez qui? Futuropolis



 

Déjà croisés sur le site? Oui 




 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi ? Joseph Conrad, auteur majeur de la littérature américaine, n’avait pas son pareil pour marier le fond et la forme, exposant au travers de récits essentiellement tournés vers l'aventure avec un grand A, de grandes idées souvent philosophiques.



 

Cela étant, évidemment, et comme beaucoup de ses contemporains, beaucoup de ces écrits ont indubitablement vieillis ce qui est un peu le cas de Nostromo (qui n’a évidemment rien à voir avec le vaisseau de Ripley n’est ce pas), oeuvre foisonnante qui intime encore un certain respect au lecteur assez motivé pour s’y frotter.



 

Le roman évoque en effet un pays d’Amérique du Sud inventé pour l’occasion par Conrad où il évoque pêle mêle, au moyen de flashbacks et flashforwards, les aléas de la colonisation, l'appât du gain, l‘idéalisme face à l’égoïsme, la situation  géopolitique mondiale complexe à l'époque des faits, j’en passe et des meilleurs.



 

Adapter un tel magma sous la forme de deux albums de BD est vous vous en doutez une gageure que Maël, dessinateur talentueux que l’on avait adoré sur Notre Mère la Guerre (une de mes séries favorites de tous les temps pour info), n’a pas hésité à tenter de relever.



 

Le pari est-il réussi?

Nous attendrons d’abord la parution et lecture du second tome pour l’affirmer (ou non), mais dores et déjà on peut apprécier, après une introduction un brin longuette mais nécessaire, le rythme soutenu de la narration, la façon très expressive de croquer les protagonistes et l’ambiance des lieux, et une capacité à traduire certaines des thématiques phares du roman avec habileté.



 

Et, en bon (?) bibliothécaire, je ne peux qu’émettre le souhait que cette lecture donne envie à certains de se plonger dans l’oeuvre d’origine.






 

LA MUSIQUE:





 

C'est Quoi ? DUEL DANS LE PACIFIQUE

 

 

C'est de Qui ?   L. Schifrin

 

 

La couv' 

 




 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 


 

Ca donne Quoi ?   Film peu connu du début de la carrière de John Boorman, il a la particularité de n'être joué que par deux acteurs, et non des moindres (Lee Marvin et Toshiro Mifune, les connaisseurs apprécieront), dont les personnages- ennemis-sont naufragés sur un île du Pacifique durant la Seconde Guerre Mondiale.

 

 

Pour ce huis clos qui comporte peu de dialogues et met l'accent sur la psychologie de l'humain face à l'adversité, Schifrin fait dans la discrétion, quasiment dans l'underscoring, soulignant les passages de tension à base d'instruments à vents sourds, souvent épaulés par les cordes, plus rarement par les cuivres.

 

 

Pas de fioritures rythmiques ou de thèmes trop développés mais une économie payante, intéressante en contrepoint de l’action de ce premier tome de Nostromo. 

 

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16 septembre 2024 1 16 /09 /septembre /2024 07:46


 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? GROSSIR LE CIEL




 

C'est de qui ? Bouysse & Borris




 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Delcourt 



 

Déjà croisés sur le site? Oui pour le dessinateur.




 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi ?  Je pense que pas mal de lecteurs, à force, deviennent exigeants pour ne pas dire difficiles.

C’est en tout cas le cas de votre serviteur, en BD déjà avec les milliers d’albums lus au fil de 4 décennies mais aussi, un plus récemment certainement, (et dû en partie à mon boulot de bibliothécaire) en roman.

 

Par exemple, pas plus tard que ce matin, deux auteurs pourtant réputés importants dans leurs domaines, me sont quasiment tombés des mains.



 

Malgré une bonne volonté manifeste, je n’ai pas réussi à dépasser la page 180 du quatrième volet de l’ambitieux projet d’Eric Emmanuel Schmitt qui consiste en 8 tomes gargantuesques à retracer l’Histoire de l’humanité.

Prenant comme postulat de départ un trio de héros immortel qui traversent le temps, l’auteur les fait côtoyer dans cette Lumière du Bonheur, les personnalités historiques des époques concernées à la manière quasiment d’un conte (et faisant fi donc d’un certain réalisme même si l’on est d’accord que le “genre” aidant on pourrait passer là dessus…mais non)

 

Bon, en étant -très- sévère, je dirais que j’avais presque l’impression de lire un épisode de Mickey à travers les âges, mais avec certes beaucoup plus de style mais, surtout, beaucoup (beaucoup!) plus de bla-bla.

 


 

Mais ne nous égarons pas trop et revenons à l’album du jour. J’ai lu les 3 derniers romans de Bouysse, l’Homme Peuplé ne m’a pas emballé et son diptyque en forme d’hommage/pastiche au western slash polar américain tient la route même si pas fondamentalement révolutionnaire.



 

Je pense que dans le cas de ce Grossir le Ciel, adaptation du roman du même nom, le passage en BD handicape pas mal le scénario.



 

On y suit Gus, un jeune gars taciturne qui vit avec son chien depuis que sa mère a abattu un père violent et alcoolique puis s’est pendue après sa sortie de prison.

 

Il côtoie un peu son voisin Abel avec qui les rapports sont étranges surtout depuis que Gus a entendu un coup de fusil un matin où il chassait et que le comportement de son voisin s’est altéré.

 

Arrivent là dessus des évangélistes dont une des membres a disparu…



 

Rien de bien original donc dans ce polar du terroir contemplatif, on manque un brin de repères quand à certains liens entre les protagonistes, leurs motivations et leur passé, même si la narration réussit parfois à éclairer une partie de ces pans et que Borris, dont on avait beaucoup aimé le boulot sur Lutte Majeure il y a fort longtemps, propose de belles compositions, notamment quelques séances muettes très “parlantes” et donne bien corps à l’ambiance glacée de la région où se déroule l’action.




 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : LE REVE DE CASSANDRE



 

C'est de qui ? P. Glass




 

La Couv':

 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 

Ca donne Quoi ? Unique collaboration entre Woody Allen et Phillip Glass sur ce film assez mineur du premier pour une partition plutôt réussie du second.

 

Loin des leitmotiv au piano solo qui font les belles heures de sa discographie perso, Glass utilise en effet  ici toute une batterie de cordes à qui il fait jouer des mélopées grondantes à l’unisson et dans un registre assez bas et n’hésites pas à ajouter même un peu de harpe et de hautbois de ci de là.

 

Le résultat est probant puisque toute la tension et l’intensité dramatique du film repose justement sur sa B.O.

 

Œuvre tout à fait écoutable en tant que telle, la musique de Cassandra’s Dream fait également un écrin sonore intéressant à l’atmosphère glaciale de Grossir le Ciel.

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12 septembre 2024 4 12 /09 /septembre /2024 07:22

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? L’AVENTURIER




 

C'est de qui ? Tota & Settimo




 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Glénat



 

Déjà croisés sur le site? Oui.




 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi ? Pour écrire L’Aventurier Alessandro Tota est parti d’un texte inachevé d’Arthur Schnitzler que vous connaissez au moins indirectement puisqu’il est l’auteur de “La Nouvelle Rêvée” qui a inspiré le Eyes Wide Shut de Kubrick.



 

On est pas du tout dans le même registre ici puisque l’action de l’Aventurier se déroule dans l’Italie du début du XVI° siècle frappée par la peste qui permet à Anselmo Ringardi, dont la famille a été entièrement décimée, de s’enfuir du carcan qui l’étouffait.

 

Le voilà sur les routes côtoyant des malandrins qui profitent de la catastrophe, jusqu’à ce qu’il croise la route de Géronte, un homme vivant en autarcie dans son jardin palais et peut prédire la date de mort des gens.

Il tombe amoureux de la fille de Géronte mais ce dernier le considère indigne de l’épouser.

 

Au courant de son destin, Anselmo va mettre à profit l’année qui lui reste et, par le plus grand des hasards, se retrouver roi d’un pays et partir dans une guerre sanguinaire.

 


 

Fresque épique à laquelle le scénariste a dû inventer une fin en s’aidant des notes de l’auteur, l’Aventurier est une histoire captivante sur les choix qui mènent notre existence et le poids de la destinée fort bien enrobée dans un récit  médiéval qui emprunte au conte, traité ici de façon assez hallucinante, avec des pleines pages aux compositions travaillées et une narration originale.

On pense parfois à certains longs de Werner Herzog ou de Coppola …

 

Le trait d’Andréa Settimo qui a d’ailleurs bien évolué depuis que nous l’avons croisé ici, il y a presque une décennie, y est évidement pour beaucoup, glissant vers l’épure esthétique d’artistes comme Merwan ou Vives avec des personnages aux traits à la fois esquissés (parfois sans yeux) mais très expressifs et des décors baroques.



 

Au milieu de pas mal de sorties bien trop lambda à mon goût, voici une des belles surprises de cette rentrée BD.




 

LA MUSIQUE:





 

C'est Quoi ? ALCHEMY

 

 

C'est de Qui ?   Third ear Band

 

 

La couv' 

 



 

Déjà entendu chez B.O BD



 

On peut écouter ?

 


 

Ca donne Quoi ? Imaginez l’alchimie entre le free jazz, domaine de l’improvisation par excellence, et la musique médiévale européenne. Vous aurez alors peu ou prou une idée de ce que produisait Third Ear Band, combo éclectique qui sévit sporadiquement entre la fin des années 70 et le début des années 90.

 

Leur premier opus, entièrement acoustique, évolue en volutes hypnotiques avec des rythmiques aux percussions omniprésentes, des mélodies aux phrases qui peuvent sembler décousues, jouées par le hautbois, la viole, la flûte, et des incursions surréalistes et lointaines de guitare électrique.

 

Le concept est poussé assez loin mais reste fort dans son expressivité. 

 

 

Si les errances sonores de Third Ear Band peuvent parfois déstabiliser l’auditeur d’aujourd’hui, elles sont assez inventives et originales pour être utilisées comme B.O de ce conte halluciné. 








 

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  • : Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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  • : "...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)
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