19 juin 2020 5 19 /06 /juin /2020 08:08

 

 

 

LA BD:

 

 

 

 

C'est quoi ?  L’HOMME QUI TUA CHRIS KYLE

 

 

C'est de qui ? Nury et Brüno

 

 

La Couv':

 

 

C’est édité chez qui ? Dargaud

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui, ensemble même.

 

 

Une planche:

 

 

 

Ca donne Quoi ? Le regretté David Bowie affirmait il y a déjà 15 ans qu’il avait peur des américains. Le présent lui a évidemment donné raison (remarquez c’était déjà clairement le cas à l’époque aussi) et l’escalade n’est probablement pas terminée.

Le nouvel album en commun du duo magique Nury et Brüno vient enfoncer un peu plus le clou en relatant, avec un soucis du détail qui touche au documentaire, l’assassinat de Chris Kyle, ex soldat américain reconverti dans la protection, sniper au tableau de chasse qui fait froid dans le dos, érigé en figure légendaire par une société américaine qui glorifie les armes au point d’en avoir fait le second point de sa constitution.

 

L’histoire de Kyle a marqué les esprits américains et a même traversé les océans via un biopic tourné par Cint Eastwood, réalisateur aux affinités républicaines affichées (qui a entre autre soutenu publiquement l’actuel président des Etats Unis) parfois taxé tour à tour de fasciste ou de réactionnaire mais dont l’humanisme pointe cependant souvent tout au long de sa filmographie.

Ce sont d’ailleurs des citations tirées de films d’Eastwood qui ponctuent le récit de L’Homme qui tua Chris Kyle, lui-même emprunté à un classique du western (et qui, pour l’anecdote, m’a fait m’intéresser au livre au départ).

 

 

Chris Kyle donc, est un personnage aux multiples facettes, américain jusqu’au bout des revolvers, n’exprimant par exemple aucun remords sur ses nombreuses victimes, et ayant été même jusqu’à se rendre à la Nouvelle Orléans dévastée par l’ouragan Katarina où il aurait abattu des pillards (sans pour autant être inquiété par la suite par la justice américaine).

A l’autre extrémité du prisme, Eddie Ray Youth est lui aussi un ex-soldat mais qui n’a jamais connu les combats, qui a été traumatisé par une mission de ramassage de cadavres en Haiti et qui, souffrant d’un PTSD, trouve refuge dans l’alcool, la drogue et l’isolement.

Sa mère demandera à Kyle d’aider Youth à s’en sortir, idée qui se révélera fatale pour le héros américain.

 

Nury décortique les faits, présentant l’histoire sous toutes ses facettes en pointant souvent du doigt l’absurdité du mode de pensée américain, le jusqu’au-boutisme de certains des protagonistes, le cirque médiatique et les excès qui entoureront l’affaire. S’il ne prend pas réellement partie, on sent qu’il tente néanmoins de montrer l’assassin comme un être démuni, dépassé par les événements, incapable de faire face à l’échec de son existence ; le revers de la médaille dorée de Chris Kyle, le cauchemar américain.

 

Brüno quant à lui s’il ne se départit bien évidement pas de tout ce qui fait le charme de son trait, tend ici vers quelque chose de plus réaliste, de bien moins décalé et expressif que sur ses précédentes œuvres.

 

Peut-être un peu long parfois, ce docu-BD touche néanmoins sa cible en plein dans le mille, critique acerbe et éclairée d’une société gangrenée et victime de ses propres démons.

 

 

 

 

 

LA MUSIQUE:

 

 

 

 

C'est quoi : HORS DE CONTROLE

 

 

C'est de qui ? H. Shore

 

 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui

 

 

On peut écouter ?

 

 

Ca donne Quoi ? Pour le projet de base c’est le –trop rare- compositeur John Corigliano qui est en charge de la musique, mais après pas mal de remous avec au programme notamment un changement de ton et plusieurs scènes retournées, Edge of Darkness n’a  plus grand-chose à voir avec ce sur quoi Corigliano a travaillé plus d’un an auparavant.

 

Ce dernier est passé sur un autre projet est n’est pas plus disponible que ce qu’il est intéressé par la direction qu’a pris le

Shore est probablement l’un des compositeurs les plus influents de sa génération, celui qui a donné une identité musicale imparable à l’adaptation du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, celui qui a rendu les films de Cronenberg aussi prenants via des scores taillés dans le diamant.

 

Il s’y connaît en thriller puisqu’on lui doit entre autre celui de Seven, d’Eastern Promises, etc… . Ici, série B oblige, il tire des ficelles assez attendues, alternant la tension sourde via des motifs épurés et l’action massive à grands coups d’explosions de cuivres et de crescendos de violons à la limite de l’hystérie (le tout n’étant d’ailleurs pas sans faire penser à certains thèmes de la trilogie de Tolkien)

B.O symphonique s’il en est, le nombre fait la force ici et l’ambiance est lourde tout du long. Ce qui, vous l’auriez compris est fort le cas également sur la BD de Nury et Brüno.

 

 

 

 

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Une Chronique de Fab

 

 

 

 

 

 

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2 mai 2020 6 02 /05 /mai /2020 15:41
 

 

 

 

LA BD:

 

 

 

 

C'est quoi ?  ENTREZ DANS LA DANSE

 

 

C'est de qui ? Guerineau

 

 

La Couv':

 

 

C’est édité chez qui ? Delcourt

 

 

Déjà lu chez B.O BD? Oui

 

 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ? Au début du XVI° siècle, en plein Strasbourg, parmi la population des gens sont pris d’un mouvement de  folie commune qui les fait entamer une sarabande endiablée menant certains jusqu’à l’épuisement et la mort et obligeant les autorités à prendre, en vain, des mesures aussi drastiques que l’événement !

 

Nouvelle adaptation dans la collection Mirages chez Delcourt d’un roman de Jean Teulé par Richard Guérineau, si Entrez dans la danse s’inspire d’un fait réel historique surprenant pour ne pas dire surréaliste, il m’a moins emballé que Charly 5, probablement de par son sujet même je dirais. Mais au delà du scénario on retiendra cette critique acerbe et fine de la religion, des choix du pouvoirs au détriment de la populace, (voire celle de la gestion d'une crise sanitaire d'ampleur!!) thèmes toujours ô combien d’actualité.

 

Guérineau rend aussi l’atmosphère burlesque et macabre de cette histoire tragi-comique grâce à son trait cartoony décalé et caricatural qui donne corps à ses danseurs frénétiques et aux personnages satellites, impuissants face à la folie.

 

 

 

 

 

LA MUSIQUE:

 

 

 

 

C'est quoi :HOMBRES DE MAIZ

 

 

C'est de qui ? Ensemble Lucidarium

 

 

La Couv':

 

 

Déjà croisé dans le coin? Une paire de fois.

 

 

On peut écouter ?

 

 

 

 

Ca donne Quoi ? Ce sont l’exode de paysans et navigateurs italiens au Mexique -apportant avec eux leurs airs folkloriques, leurs danses et leurs instruments

- durant les seizième et dix-septième siècles qui a accouché d’un certain mariage de cultures, dont celle de la musique.

 

Une partie des musiciens de l’Ensemble Lucidarium, groupe cosmopolite de recherche et d’interprétation de musique médiévale, avec en guest une artiste sud américaine, recrée ici cette osmose dans des conditions aussi proches que possibles du live.

Le résultat est des plus intéressant, d’un point de vue culturel comme musical, avec un mariage d’influences et de sons dansants et joyeux qui, malgré parfois un certain aspect folklorique marqué, se révèle être une bande son aussi burlesque que la bacchanale morbide d’Entrez Dans La Danse.

 

 

 

 

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Une Chronique de Fab


 

 

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28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 12:00

 

 

 

LA BD:

 

 

 

C'est quoi ?  DANS LES EAUX GLACES DU CALCUL EGOISTE

 

 

C'est de qui ? Hamelin & Erbetta

 

 

La Couv':

 

 

C’est édité chez qui ? Glénat

 

 

Déjà croisés sur le site? Le dessinateur probablement.

 

 

Une planche:

 

 

 

Ca donne Quoi ? Sous ce titre à rallonge, que l’on doit à Karl Marx se cache l’Age d’Or, film sulfureux de Luis Bunuel, tourné aux débuts du siècle dernier, qui va très rapidement être censuré et ne retrouvera le chemin des salles obscurs qu’au tout début des années 80.

 

Alors que le cœur de l’Europe bat déjà au rythme du pas de l’oie, en France les surréalistes tiennent le haut du pavé, Cocteau, Dali, Bunuel…mais ce microcosme est infiltré par une « gueule cassée », agent au service du pouvoir en place qui voient d’un fort mauvais œil l’influence que les artistes pourraient avoir sur la société.

 

Le romancier Lancelot Hamelin, pour sa première incursion dans le 9° art, live un scénario tendu où il mélange grande et petite histoire avec talent. Ce portrait au vitriol de l’intelligentsia de l’époque est très agréable à lire, impression renforcée par le trait réaliste de Luca Ebretta, toute en couleurs directes dans des tons pastels très en phase avec le cinéma de l’époque.

 

Un diptyque au sujet original où fond et forme se marient à merveille.

 

 

 

 

LA MUSIQUE:

 

 

 

C'est quoi :NOTORIOUS

 

 

C'est de qui ? R. Webb

 

 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Quelque fois oui.

 

 

On peut écouter ?

 

 

 

Ca donne Quoi ? Alors que la Seconde guerre mondiale s’achève de l’autre coté de l’Atlantique, Hitchcock réalise l’un de ses chefs d’œuvre, Notorious, où il mêle triangle amoureux et espionnage avec une réalisation aux petits oignons.

 

Bernard Herrmann n’étant pas encore le compositeur attitré du réal, même si celui ci avait tenté de l’avoir pour le film (il se passera en fait encore une décennie avant que les deux hommes ne travaillent ensemble) et c’est Roy Webb, attaché au studio de production, qui écrit la score.

Si la B.O du film n’est pas l’une qui fait le plus parler d’elle dans les études sur Hitchcock c’est assez regrettable car le travail de Webb est en tout point remarquable.

Romantique sans être sirupeuse, pleine de suspense sans tomber dans les travers du genre, parfait équilibre entre les genres et les influences de l’âge d’Or d’Hollywood et des compositions d’Après Guerre à venir, la partition du compositeur fait la part belle aux motifs complexes sans être aguicheurs et à la tonalité, pour la plus grande satisfaction du réalisateur.

 

Un score qui, en plus de ses qualités musicales, conjugue des ambiances similaires à celles des deux albums d’Hamelin et Erbetta.

 

 

 

 

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Une Chronique de Fab

 

 

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25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 08:05
 

Un cycle "adulte" ce week-end où l'on chronique deux ouvrages fort différents mais qui, si pas à proprement parler érotiques, sont clairement destinés à un public averti !

 

 

 

LA BD:

 

 

 

 

C'est quoi ?  L’HERITAGE DU COLONEL

 

 

C'est de qui ? Trillo & Varela

 

 

La Couv':

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui, les 2.

 

 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ? Trillo s’inspire de la situation militaire dramatique de l’Argentine du milieu des années 70 pour livrer ce scénario glauque à souhait centré sur Elvio, fonctionnaire servile, fils d’un ancien militaire en charge des interrogatoires/tortures des soi-disant opposants au régime. Ayant assisté à l’une de ces séances , son géniteur avait trouvé bon de mener à la maison, notre homme en est resté marqué au point de développer une attirance malsaine pour une poupée dans une vitrine, quitte à en laisser vivre sa mère de la façon la plus indigne possible afin d’acheter le jouet sur lequel il compte bien assouvir ses inavouables fantasmes.

 

L’introduction de l’auteur est limite salvatrice tant l’histoire de ce personnage complètement fou, traumatisé par son passé, met le lecteur mal à l’aise.

 

L’Héritage du Colonel n’est clairement pas un album à mettre entre toutes les mains, et même un lecteur averti pourra ressentir une certaine gêne face certaines situations quelque peu extrêmes. Néanmoins l’intrigue et le propos font mouche dans leur dénonciation d’une époque fort noire et de ses conséquences désastreuses.

 

Le trait décalé et caricatural de Lucas Varela, artiste que l’on a souvent lu et apprécié chez nous, est, lui aussi, un choix salutaire. De par le décalage grotesque qu’il apporte il fait –presque – passer la pilule des agissements de l’anti-héros.

 

 

 

 

 

 

LA MUSIQUE:

 

 

 

 

C'est quoi :MR TURNER

 

 

C'est de qui ? Gary Yershon

 

 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Non

 

 

On peut écouter ?

 

 

 

 

 

Ca donne Quoi ? Si Gary Yershon est assez méconnu du grand public, il ne l’est pas des amateurs de cinéma anglais indé puisque il a mis en musique quatre des longs de Mike Leigh parmi lesquels la biographie du peintre romantique WilliamTurner.

 

Plus habitué aux planches, et notamment aux pièces shakespeariennes, Yershon est familier avec la musique d’époque qu’il n’hésite pas, depuis quasiment ses débuts, à arranger à la sauce actuelle.

Ici il a choisi de tenter d’exprimer le processus parfois difficile  de création artistique en changeant constamment d’instruments lead (piano, clarinette, cordes…) ou encore en passant d’un mode à l’autre parfois même au sein d’un même morceau.

Si certaines parties de thèmes reviennent ça et là, le mot d’ordre n’est pas la thématique ni même l’ordre, Yershon s’amuse à commencer une piste comme si c’était le milieu d’un morceau, à en arrêter un autre en pleine mélodie.

 

Le sentiment de malaise crée par cet apparent chaos, et peu contrebalancé par la richesse mélodique des phrases, amène un décalage supplémentaire à la laecture de la BD proposée aujourd’hui….qui n’en n’aurait pas eu besoin croyez moi.

 

 

 

 

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Une Chronique de Fab

 

 

 

 

 

 

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21 avril 2020 2 21 /04 /avril /2020 15:25
 

 

 

 

 

LA BD:

 

 

 

 

C'est quoi ?  CŒUR DE TENEBRES

 

 

C'est de qui ? Pecau & Bachelier

 

 

La Couv':

 

 

C’est édité chez qui ? Delcourt

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui

 

 

Une planche:

 

 

 

Ca donne Quoi ? On peut dire que le roman d’origine, œuvre assez impressionnante de par son alliance du fond et de la forme (il faut le dire !) aura voyagé au gré des adaptations dans divers médium. D’un fleuve au sein du Congo dans le livre de Conrad, il aura visité la jungle du Vietnam et les marais d’Irak sur grand écran ; et, en BD,on l'a retrouvé sans voix puis,  après un petit tour dans le futur,  le voici dans la Vendée du XVIII° siècle.

 

Pécau, féru d’uchronies s’il en est, transpose donc l’action pendant la Terreur, alors que les soldats de la République traquent et massacrent les derniers partisans de la royauté.

Varenne, officier Bleu, flanqué d’un indien ramené des Amériques (façon Pacte des Loups! ), est chargé de retrouver la trace du Colonel Schreb, gradé ayant disparu dans les marais et supposé avoir bâti un mini empire personnel.

 

L’idée fonctionne plutôt bien ; Benjamin Bachelier quant à lui, loin de ses précédentes adaptations, que ce soit Gatsby ou Taïpi, opte ici pour un noir et blanc hachuré et anguleux, du moins sur une majeure partie de l’ouvrage, pour rendre la noirceur et la tristesse des décors et de la période, la descente aux enfers de notre duo de héros malgré eux.

 

Une version puissante d’un classique aux thématiques …intemporelles !

 

 

 

 

 

 

LA MUSIQUE:

 

 

 

 

C'est quoi :THE PROPOSITION

 

 

C'est de qui ? Nick Cave & Warren Ellis

 

 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui

 

 

On peut écouter ?

 

 

 

Ca donne Quoi ? Chose promise… voici donc la première musique de film écrite par le duo derrière les Bad Seeds de Nick Cave, qui, tout en étant clairement illustrative, n’en reste pas moins intimement marquée de la personnalité musicale de ses deux auteurs.

 

Vu que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le scénario de The Proposition a été écrit par Nick Cave himself. Sorte de western vaguement biblique traitant de vengeance et de trahison (pas forcement dans cet ordre), à l’ambiance aride, le film est magnifié par son score, essentiellement instrumental et acoustique, parcouru de guitares et de percussions torturées, sur lesquels les violons de Ellis tantôt plaintifs tantôt grinçants, finissent de donner une aura assez unique.

 

Multi récompensée, cette B.O aussi contemplative qu’hypnotique fait une compagne fort intéressante à la chasse à l’homme fantomatique de cette version du Cœur des Ténèbres.

 

 

 

 

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Une Chronique de Fab


 

 

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  • : "...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)
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