15 août 2019 4 15 /08 /août /2019 09:51

 

 

Hors-séries originaux = Le musée A. Desombres, Le mystère d'Urbicande, Encyclopédie des transports présentes et à venir, Arts et Métiers- direction Mairie des Lilas, Le Guide des Cités, L'étrange cas du Docteur Abraham, Autour des cités obscures

 

Fin de la saga de l'été avec des albums hors-série dont certaines parties ont été reprises dans les intégrales d'après le site de l'éditeur. Certains ont eu des tirages limités qui expliquent leurs raretés.

 

C'est quoi : LES CITES OBSCURES

 

C'est de qui ? François Schuiten (dessinateur) et Benoît Peeters (scénariste)

 

 

 

 

1 – LA MYSTERE D'URBICANDE (1985)

 

La Couv':

 

Ça donne Quoi ? Mille pardons mais je n'ai jamais eu cet album entre les mains.

Il a été tiré 1900 exemplaires et jamais réédité.

 

Si j'ai bien compris, quelques morceaux en ont été repris dans Le guide des cités sous le chapitre "urbicanologie".

 

2 – ENCYCLOPEDIE DES TRANSPORTS PASSES ET À VENIR (1988)

 

La Couv': 

 

 

Ça donne Quoi ? Là encore, je n'ai jamais eu cet album entre les mains et j'ai rechigné à casser ma tirelire pour l'obtenir vu que sa côte oscille entre 400€ et 500€. Côte qui est sûrement dit à un tirage de 800 exemplaires (réservés aux membres du club À Suivre) et jamais réédité.

 

Il semblerait que certaines illustrations ont été reprises dans Le guide des cités (encore!).

 

3 – LE MUSEE A. DESOMBRES (1990)

 

La Couv':

 

 

Ça donne Quoi ? Plus qu'un album, c'est une coffret contenant un CD contenant une dramatique sonore et un livre carré qui n'est autre que le catalogue de la vente aux enchères de tout ce qui a pu être récupéré avant la destruction du musée de l'Aveyron (voir chronique 3).

 

La dramatique sonore raconte l'étrange rencontre qu'a faite le commissaire-priseur Vigoleis Koelber lors de sa visite au musée A. Desombres. Tout a commencé quand les enchères ont flambé pour un tableau et 4 dessins du peintre… inconnu à cette époque. Vigoleis Koelber décide d'aller voir le musée où il découvre les fresques lors de la visite obligatoirement guidée. Malgré l'interdiction, il photographie une fresque et se retrouve dans la maison de Mary von Rathen où vivent aussi Eugen Robick et Axel Wappendorf. Ce serait le flash de son appareil qui aurait ouvert le passage, mais ses ampoules sauf une ont été cassées. En photographiant Mary, il  lui offre un passage vers notre monde mais il reste bloqué dans le monde obscur.

 

J'avoue que suivre une dramatique sonore est  un peu difficile tellement nous sommes habitués à suivre des textes et des images, mais l'éclairage donné sur ls relations entre le peintre Augustin Desombres et le monde obscur mérite que l'on fasse un effort.

 

Le catalogue raisonné des œuvres et des biens ayant appartenu à Augustin Desombres (c'est le sous-titre du livre) est l'inventaire de ce qui va être proposé dans une vente aux enchères dirigée par le beau-père de Vigoleis Koebler, Arnold Büch. Il y a des photos en N&B du musée sur chaque page de droite. Photos qui montrent le délabrement du bâtiment.

 

Sur les pages de gauche, il y a l'inventaire classé en diverses catégories :

  1. Tableaux et fresques : le cabinet Büch & Steiner a réussi à récupérer les immenses fresques pour les placer sur d'autres supports que les murs. Chaque œuvre a un numéro de catalogue et une valeur de mise à prix. Certaines œuvres sont montrées dans le catalogue et toutes sont décrites par un texte plus ou moins court.
  2. Œuvres diverses : sous ce nom sont regroupés des sculptures et objets variés tel un buste d'Eugen Robick ou une mappemonde du monde obscur.
  3. Œuvres et documents personnels : cela va du carnet de notes d'Augustin à l'acte de vente du domaine en passant par une série de livres rares (dont le fameux Urformen der Kunst de Karl Blossfeldt).
  4. Lettres et papiers intimes : lettres écrites ou reçues par Augustin.

 

Certaines mises à prix sont exorbitantes : 1.450.000F pour la fresque "La découverte inattendue" en version diurne. La version nocturne ne démarre qu'à 1.250.000F. D'accord, ce sont des fresques de 500 x 1000 cm, mais le prix demandé est impressionnant. Ces 2 œuvres sont reproduites en pages de garde du catalogue. Je suppose que les prix étaient en francs belges et pas en francs suisses : 1.450.000FB = 39945€ ou 1.450.000FS = 1327359€ (1.450.000FF = 221050€). Le cabinet de commissaires-priseurs couvrant Amsterdam – Londres – Paris – Zürich.

 

Le catalogue est passionnant car c'est une mine graphique sur les cités obscures. D'ailleurs plusieurs tableaux sont reproduits dans Le guide des cités. La plupart des illustrations du catalogue proviennent de diverses publications en magazines ou affiches d'expositions ou couvertures de livres…

 

4 – ARTS ET METIERS – DIRECTION MAIRIE DES LILAS (1994)

 

La Couv':

 

 

 

Ça donne Quoi ? Cette fois encore, j'avoue mon ignorance concernant cet album tiré à seulement 1050 exemplaires numérotés et présentés dans une enveloppe avec cachet du CNAM.

 

La seule chose dont je suis sûre est que cette station du métro parisien est réputée être un lieu de passage.

 

5 – LE GUIDE DES CITES (1996)

 

La Couv':

 

 

Une planche: 

 

 

Ça donne Quoi ? Le guide est un des hors-série des plus intéressants car il donne beaucoup de détails sur l'univers inventé par Peeters et Schuiten. Il se présente comme un guide des plus traditionnels en commençant par les généralités : les données géographiques avec quelques représentations graphiques plus ou moins partielles du monde obscur, la nature et les hommes (végétation, faune, quarxs, populations humaines), quelques notions d'histoire obscure avec une tentative de chronologie, la civilisation obscure (langues, religions, beaux-arts, littérature, sciences et techniques).

 

Puis viennent les renseignements pratiques pour organiser son voyage : les moyens d'accès avec quelques lieux de passage (re)connus, les modalités du séjour (les transports, la monnaie, le gîte, la table, les divertissements et spectacles, les journaux).

 

Viennent ensuite les chapitres concernant les grandes cités (par ordre alphabétique pour ne pas causer de problème de préséance) :

  • Alaxis
  • Armilia
  • Blosslefdstadt (ex Brentano)
  • Brüsel
  • Calvani
  • Mylos
  • Pâhry

 

  • Sodrovna-Voldachie (plus un pays selon nos critères terrestres qu'une cité)
  • Urbicande
  • Xhystos

 

Ensuite, un dossier présentant quelques personnages illustres est donné.

Un chapitre supplémentaire évoque des mondes proches de celui des cités : Taxandria, Les Terres Creuses, La planète Phoebus.

Enfin, que serait un guide sans bibliographie pour les lecteurs curieux?

 

Le guide des cités est un ouvrage indispensable quand on s'intéresse aux cités obscures, sinon pour préparer un voyage au moins pour mieux appréhender les aventures racontées dans les albums de la série et mieux comprendre les liens entre les deux mondes.

 

6 – L'ETRANGE CAS DU DOCTEUR ABRAHAM (2001)

 

La Couv':

 

 

Ça donne Quoi ? Cet album non destiné à la vente était offert pour l'achat de 2 albums de la série.

L'histoire du Docteur Abraham avait initialement pris place dans le numéro spécial de (à suivre) consacré au 10e anniversaire du Centre Georges Pompidou en 1987 (comme expliqué dans la préface de Jean-Jacques Aillagon, président du Centre George Pompidou en 2001).

 

 

Le docteur Abraham est un jeune médecin étranger venu à Pâhry suivre les cours du professeur Chocart. En proie à d'affreuses migraines, il déterre dans le sous-sol parisien de curieux tuyaux multicolores. Accusé d'espionnage, il est fusillé. Après sa mort, un bâtiment aux tubes multicolores surgit du sous-sol en remplaçant un des éléphants.

 

D'où vient le docteur Abraham? De Sodrovni peut-être puisque les 2 villes ont été longtemps en guerre. Cela expliquerait les remarques acerbes sur le jeune médecin genre "ceux de sa race"… Cela expliquerait aussi le fait qu'il ait du mal à parler français. Bien sûr, les cours du Professeur Chocart sont une réplique de ceux du professeur Charcot sur l'hystérie même si j'ai tendance à penser que sa patiente est une complice qui joue la comédie (elle le suit partout)!

 

7 – AUTOUR DES CITES OBSCURES (1994)

 

La Couv':

 

 

Une planche:

 

 

Ça donne Quoi ? À part le fait que c'est un ouvrage collectif sur le monde obscur auquel ont participé d'autres auteurs pour les textes, je n'en sais pas plus.

 

HS – VOYAGES EN UTOPIE (2000)

 

La Couv':

 

 

Ça donne Quoi ? Voyages en Utopie n'est pas un album de la série et même pas un album de BD.

C'est un livre qui rassemble les grandes réalisations de Peeters et Schuiten hors bande dessinée : expositions avec ou sans spectacles associés, scénographies, études variées d'architecture.

 

On y trouve entre autres :

  • La ville imaginaire "Cités-Cinés" Montréal
  • Le musée des Ombres : exposition qui a circulé en Europe
  • Voyage sous la Manche
  • Les inattendus de Maubeuge
  • Le Mundaneum de Mons
  • La Cenerentola (opéra de Rossini) – théâtre de la Monnaie de Bruxelles
  • Plus de nombreux projets non réalisés.

 

Un livre d'art où le lecteur peut picorer tel ou tel article selon sa fantaisie du moment

 

**

 

Pour cette série de chronique, je me suis appuyé en complément de mes lectures sur 2 sites en particulier :

  1. Alta Plana (rappel : c'est l'emplacement des archives du monde obscur) : https://www.altaplana.be/fr/start
  2. BDGest pour m'y retrouver dans la chronologie de parution des diverses éditions : https://www.bedetheque.com/serie-414-BD-Cites-obscures__10000.html

 

 

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Une Chronique de Gen

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8 août 2019 4 08 /08 /août /2019 09:50

 

Intégrale 4 = La Frontière invisible, La Théorie du grain de sable, Souvenirs de l'éternel présent    

 

 

 

 

Suite de la saga de l'été…

 

C'est quoi : LES CITES OBSCURES

 

C'est de qui ? François Schuiten (dessinateur) et Benoît Peeters (scénariste)

 

 

1 – LA FRONTIERE INVISIBLE (2002/2004)

 

Les Couv':

 

                                                                 

 

Ça donne Quoi ?

L'importance de la cartographie dans le monde obscur est évoquée dans Le guide des cités et c'est cette science qui est au cœur de ce diptyque. L'intégration du jeune Roland de Cremer, petit neveu d'un célèbre cartographe du passé, au Centre de Cartographie ne va pas vraiment être simple surtout avec son chef, Paul Ciceri dit "Monsieur Paul". Côté amical, il y a Kalin, le chien de son prédécesseur, Ismail Djunov, spécialiste des machines cartographiques, puis l'énigmatique Shkodrâ, travaillant au Club, bar-bordel.

 

Le maréchal Radisic, dirigeant de la Sodrovno-Voldachie, vient inspecter les travaux du Centre et leur demande d'abandonner les cartes thématiques pour développer la grande Sodrovnie… À cause de la carte de l'ancienne Sodrovnie qu'il croit reconnaître sur la tache de naissance de Shkodrâ, Roland panique et s'enfuit en l'entraînant avec lui dans un périple fou, bientôt interrompu par l'armée. Son fantasme le laissera seul, abandonné de tous.

 

*

 

C'est une curieuse histoire qui nous permet de découvrir le maréchal Radisic, dictateur de la Sodrovno-Voldachie, dont le rêve est de dominer tout le continent obscur. C'est en quelque sorte l'explication du titre : la frontière est invisible car elle bouge en permanence. Peeters critique en transparence toutes les folies de grandeur de ces dictatures variées de notre histoire mondiale. Histoire qu'il faudrait apprendre au maréchal Radisic pour qu'il se rende compte qu'un empire démesuré est très difficile à contrôler et qu'il est destiné à éclater à un moment ou un autre.

 

J'avoue ne pas avoir beaucoup aimé cette histoire un peu trop bavarde à mon gré et pour laquelle j'ai trouvé que je manquais de repères malgré le guide des Cités. Un point amusant à noter : dans le guide, il est dit que la langue dominante du monde obscur est un français légèrement archaïque et qu'il reste quelques zones où l'on parle des dérivés d'autres langues bien que ce soit interdit. Mais Roland rencontre des paysans qui ne semblent pas le comprendre aux confins de la Voldachie et dont les vêtements évoquent les Balkans.

 

Tome 2

Mais en revanche, j'ai vraiment apprécié les fantastiques graphismes de Schuiten donnant un relief formidable presqu'à chaque page. Ses entêtes de chapitres  en une page sont de véritables tableaux à chaque fois et baignent souvent dans une lumière éblouissante. Le bâtiment hémisphérique du Centre est à la fois grandiose et angoissant avec ses fenêtres rectangulaires – il deviendra un crâne dans un entête de chapitre. Les rochers du désert simulent des corps allongés. Le dernier entête, qui est aussi la page finale, nous renvoie vers une terre déifiée où Roland marche sur un paysage en corps de femme.

 

 

Dans l'entête 2, j'ai cru voir un clin d'œil de Schuiten à une très ancienne carte : la carta marina de l'évêque Olaüs Magnus datant de 1539 où apparaissaient toutes sortes de monstres marins… semblables à ceux de l'entête. Une précision, les jets d'eaux sur la tête de certains monstres correspondent aux souffles des baleines. D'autres cartes étaient décorées de créatures terrestres fantastiques comme les licornes ou les centaures.

 

 

2 – LA THEORIE DU GRAIN DE SABLE (2007/2008)

 

Les Couv': 

 

 

Ça donne Quoi ? Un étrange personnage vêtu à l'orientale et de très grande taille se déplace dans Brüsel. Il rencontre une femme, Elsa Autrique, pour lui proposer des bijoux de son ethnie, les Bugtis du Boulachistan, mais elle s'intéresse plus à une sorte d'amulette qu'il porte et lui demande en prêt pour le faire copier pas ses artisans. Mais l'homme, Gholam Mortiza Khan, est tué par un tramway. Pendant que l'on cherche qui il est, des évènements sans lien apparents ont lieu : chez Kristin Antipova du sable apparaît en permanence, chez Constant Abeels (voir Brüsel) des pierres ayant exactement le même poids apparaissent régulièrement et le restaurateur Maurice s'allège sans maigrir au point de mettre des poids à ses chevilles pour rester au sol.

 

 

La ville fait appel à Mary von Rathen de Mylos en tant que spécialiste de phénomènes inexpliqués. Entre temps, Elsa Autrique s'est débarrassé de l'amulette, mais des phénomènes étranges ont lieu dans sa maison : il y a un désordre constant et des voix de fêtards y résonnent, puis sa maison disparaît morceau par morceau.

 

Les fils jumeaux de Gholam Mortiza Khan débloquent les évènements en évoquant l'amulette, le nawaby volé dans un temple moktar, dont le départ a semé le désordre dans leur pays. Le nawaby retrouvé grâce à Maurice va retourner dans son temple avec les 2 bugtis, Mary et Constant. Tout va rentrer dans l'ordre sauf pour la maison d'Elsa qui a complètement disparue avec sa propriétaire. 

 

*

 

J'ai retrouvé avec joie les splendides graphismes en N&B de Schuiten dans cette histoire que j'ai trouvée beaucoup plus passionnante que La frontière invisible. Déjà découvrir une population autochtone autre que les blancs de type nordique ou les populations à peaux noires du désert des Somonites (voir article populations dans Le guide des cités) a été un choc par rapport aux précédents albums. Les bugtis sont des géants guerriers avec des traditions bien différentes de celles des citadins.

 

À propos de bugtis, il faut noter la grande érudition de Peeters. Le Boulachistan est une transcription dans le monde obscur de  notre Balouchistan situé au Pakistan. Les bugtis sont une tribu baloutche qui vit dans cette partie du Pakistan. Je renvoie les amateurs de BD à la 1e aventure de Blake et Mortimer, Le secret de l'Espadon, où les héros rencontrent des baloutches : Zahan-Khan de Turbat, le djammadar de Wad… et même le bezendjas qui intervient dans de nombreux albums sous les ordres d'Olrik. 

 

Retrouver Mary von Rathen est plutôt sympathique même si j'ai un peu de mal avec la chronologie donnée dans ma version du guide : en 760 elle a lâché les rênes du Consortium Unique, en 769 elle est passée dans notre monde… donc elle est revenue dans le monde obscur car l'histoire se déroule en 784/785. De plus si j'en crois le Musée A. Desombres, elle est passée dans notre monde seulement en 775?? (voir la prochaine chronique).

 

 

Je voudrais signaler aux nouveaux lecteurs, la prouesse éditoriale réalisée pour l'impression de ces albums. Le fond des pages est plutôt gris, mais les élèments perturbateurs : sable, pierres, tablier et chemise de Maurice plus le nawaby sont d'un blanc brillant qui sort du fond. D'ailleurs pour le cas de Maurice, on constate qu'au début de sa mésaventure il y a juste un petit morceau de son tablier qui est blanc, tandis qu'à la fin (quand il a trouvé son équilibre en l'air) il est entièrement blanc. De même les morceaux de la maison Autrique qui disparaissent laissent des marques blanches.

 

3 – SOUVENIRS DE L'ETERNEL PRESENT (1993 / 2009)

 

La Couv': 

 

 

Une planche de la 1e édition:

 

 

Ça donne Quoi ? L'album est annoncé comme une variation sur Taxandria, film de Raoul Servais.

Aimé est le dernier enfant de Taxandria. Aujourd'hui, Aimé trouve un livre oublié dans l'ancienne bibliothèque, un livre sur le grand cataclysme rescapé de la destruction. Il se cache pour le lire et découvre la folie des savants du passé. Pour satisfaire l'ego de la femme du Président, ils en ont fait une copie parfaite. Enhardis par ce succès, ils ont copié le soleil et provoqué des catastrophes sans précédent dans le monde obscur allant jusqu'à la séparation de Taxandria du continent. C'est alors que le règne de l'éternel présent a commencé : il n'y a plus de passé, ni d'avenir à Taxandria, mais tous les jours se ressemblent et doivent se ressembler.

 

Aimé rêve d'aller à Marinum au bord de la Mare Nostrum, mais son professeur, M. Bonze, le lui interdit parce que c'est dangereux. Sans réponses à ses questions, Aimé va au Musée, puis au Jardin des Délices où sont enfermées les femmes, puis à la cathédrale. Enfin, il décide d'aller voir les princes (2 têtes sur un seul corps) pour découvrir des marionnettes maniées par M. Bonze. C'est est trop pour lui et il s'enfuit jusqu'à Marinum où la mer a disparu. En marchant plus loin, il manque de se noyer et est recueilli par des pêcheurs. Une autre vie va commencer pour Aimé.

 

La demi-page correspondante de la 2e édition : 

 

 

Le texte est différent en teneur et en fonte.

 

*

 

J'ai très envie de revoir le film de Raoul Servais après ma relecture de l'album (car certaines images de la postface me sont familières). C'est un univers particulier qui me rappelle l'ambiance du film de Terry Gilliam Brazil… et aussi La cité des enfants perdus de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. Ces créateurs semblent avoir des obsessions proches concernant leurs univers imaginaires.

 

 

La ville où vit Aimé, dernier enfant vivant (peut-être plus pour très longtemps), est parsemée de ruines de bâtiments ou de statues. Il peut passer d'un endroit à l'autre par des fissures. Je crois qu'Aimé est l'alter-ego de Peeters dans le livre : il veut avoir les réponses à ses questions et comprendre pourquoi tout se passe ainsi. Pour le scénariste, il fallait entrer dans les pas de Raoul Servais et, en même temps, s'en dégager pour créer sa propre œuvre.

 

Côtés graphismes, comme il est expliqué dans la postface Retour à Taxandria, Schuiten avait travaillé avec Raoul Servais pour créer la ville de Taxandria visuellement. Donc en reprenant cet univers sur le scénario de Peeters, il était déjà chez lui. Il avait déjà rêvé ces ruines grandioses avec des bâtiments de guingois ou à moitié écroulés ou fissurés, où des ponts de bois et des échelles ou des escabeaux permettent d'aller d'un lieu à un autre. Une ville où les femmes, enfermées dans un dôme à demi écroulé, attendent la visite des hommes en équilibre dans des alcôves accessibles avec des échelles. Une ville où la technologie a disparue et où les messages sont transmis de bouche d'homme à oreille d'homme jusqu'à dénaturation complète du propos initial.

 

 

Les gigantesques statues brisées qui parsèment la ville m'ont évoqué son travail avec Jacques Abeille sur Les jardins statuaires et Les mers perdues. On retrouve plusieurs "penseurs", copies de celui de Rodin, mais plutôt abîmés.

 

 

Il faut examiner attentivement les dessins de Schuiten pour y découvrir plein de détails comme les casiers de la  bibliothèque où l'on distingue de curieuses étiquettes : à côté de "chimie" ou "cartomancie", on voit "servaisgratie" et "obscurologie" (si j'ai bien lu)!

 

Aimé est un petit cousin d'Alice, mais plutôt dans son aventure derrière le miroir, et de Dorothée, découvreuse involontaire du pays d'Oz. Comme cette dernière, il découvre la supercherie des dirigeants marionnettes en soulevant un rideau. Comme Alice, il va au bout de son rêve en atteignant Marinum. Mais il ne revient pas chez lui au contraire des 2 jeunes héroïnes.

 

Au final, c'est un album passionnant que certains qualifierait de surréaliste et/ou fantastique, mais pour le dernier tome (à ce jour) d'une série à laquelle les deux appellations n'ont cessé d'être données, cela me semble totalement normal.

 

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Une Chronique de Gen

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1 août 2019 4 01 /08 /août /2019 09:38

 

Intégrale 3 = L'Enfant penchée, Mary la penchée, L'affaire Desombres, L'Écho Des Cités, L'Ombre d'un Homme  

 

 

 

C'est quoi : LES CITES OBSCURES

 

C'est de qui ? François Schuiten (dessinateur) et Benoît Peeters (scénariste)

 

1 – L'ENFANT PENCHEE (1996)

 

La Couv':

 

Ça donne Quoi ? C'est l'histoire intrigante de la jeune Mary von Rathen, fille du président du consortium de Mylos, qui se retrouve penchée suite à un incident lors d'un tour dans une attraction d'Alaxis en 747 (du calendrier obscur). Au même moment, une équipe de savants du mont Michelson découvre une curieuse anomalie dans le ciel qu'ils vont attribuer à la présence d'une "planète occulte" à la gravité si forte qu'elle attire la lumière… et sans doute Mary.

 

Parallèlement à ce récit, le lecteur découvre le peintre Augustin Desombres sur les hauts plateaux de l'Aubrac en 1898 (de notre calendrier). Augustin découvre une maison qui l'attire irrésistiblement et dont il va faire son oeuvre majeure… ou plutôt il va obéir a maison qui lui impose certaines visions.

 

 

 

Les 2 récits vont s'entrecroiser jusqu'à la rencontre amoureuse de Mary et d'Augustin dans le monde obscur. Pour Augustin, le passage s'est fait à partir de la maison de l'Aubrac via ses fresques. Pour Mary, c'est un long périple de 4 ans pendant lequel elle s'est enfuie d'un pensionnat, a rejoint un cirque et, enfin, est partie avec Axel Wappendorf (qu'elle a cherché grâce à Stanislas Sainclair) dans un obus géant vers la planète occulte.

 

Mais, poussé par Axel, Augustin repart et y gagne une main striée. Il répare la sphère cassée de ses fresques… et brise ainsi le lien des 2 mondes (suivant en cela le conseil de Jules Verne qui pense que le temps n'est pas encore venu pour que les deux univers se côtoient vraiment.

 

 

 

 

Mon 2e album préféré de la série. L'histoire de Mary (partie dessinée) et d'Augustin (partie mêlant photos et dessins) est particulièrement bien conçue pour que le lecteur ne lève pas le nez du livre une fois ouvert.

 

Comme dans toute la série, les dessins de Schuiten sont admirables pour leur finesse et leur précision dignes des grands graveurs des siècles passés. Nous retrouverons Mary von Rathen ou Axel Wappendorf dans  d'autres livres de la série soit intervenant directement dans l'action, soit évoqués dans L'Écho des cités ou Le guide des cités.

 

Peeters a écrit une histoire implacable où les mésaventures de Mary m'évoquent certains romans du XIXe très sombres dans le passage à l'orphelinat avec les maltraitances qu'elle y subit de ses professeurs et des pensionnaires (j'ai pensé à Dickens ou aux sœurs Brontë). L'utilisation de Jules Verne en deus ex machina est à la fois amusante et intéressante… Et si le monde obscur n'était qu'une création du cerveau fertile de l'écrivain??

 

Le choix d'un roman-photo pour la partie située dans notre monde est déstabilisant au début dans un album de bande dessinée, mais cela permet un contraste fort. Augustin Desombres a le profil parfait du peintre maudit. C'est aussi un personnage totalement romantique (au sens basique) avec cette obsession qui le dévore et lui fait écouter la maison. Il est maudit parce qu'il va briser son bonheur et son amour lui-même en respectant la demande d'Axel.

 

 

Mary est le premier personnage féminin central d'un album de la série. Sophie, Milena, Hella et même Tina sont membres des duos dont leurs partenaires masculins (Eugen Robick, Giovanni Battista, Ferdinand Robur Hattéras ou Constant Abeels) sont les héros de base. La présence d'Axel Wappendorf, un personnage redondant de la série, permet d'expliquer l'état de Mary… même s'il n'est pas toujours très performant avec ses inventions! Comme elle le dit elle-même à un moment : "J'ai jamais eu de chance, moi. Déjà que j'étais rousse!"

 

On peut noter que la différence de Mary qui l'a fait rejeter partout où elle passe ne pose aucun problèmes aux pensionnaires du cirque, des freaks comme on disait. Il y a Tharcissius, un homme loup, Pierre et Dany, les deux têtes sur un seul corps, Madame Ailée, une femme de grand volume.

 

Bien sûr, je n'oublie pas la découverte de nouvelles villes du monde obscur au cours des pérégrinations des personnages : Alaxis avec ses palais et gondoles et le parc de Cosmopolis, Mylos l'industrielle avec ses fumées d'usines (mais déjà évoquée dans La route d'Armilia), Sodrovni avec ses monuments rappelant notre Russie, Porrentruy la moyenâgeuse, Brüsel en pleins travaux et enfin le lac Vert avec ses colonnades antiques.

 

Je voudrais aussi évoquer un personnage que j'ai aimé et qui apparaît peu dans les divers articles sur la série : c'est le père de Mary, Klaus. Bien que patron du consortium de Mylos, il va tout lâcher pour retrouver sa fille qu'il a reconnue dans un article du journal sur Laetitia la désaxée. L'amour qu'il porte à sa fille m'a évoqué une phrase du film Jumanji quand un personnage parle du père du héros : "Je crois que jamais un père n'a aimé son fils comme lui." (Je cite de mémoire, ne m'en voulez pas si ce ne sont pas les termes exacts).

 

Un album important et charnière de la série selon moi.

 

 

2 – MARY LA PENCHEE (1995)

 

La Couv': 

 

 

 

Ça donne Quoi ? C'est un album jeunesse en format à l'italienne avec des longs textes accompagnés d'illustrations. Il a été republié dans La route d'Armilia et autres légendes du Monde Obscur.

 

Le fait que l'aventure de Mary soit présenté comme une légende explique les différences constatées aves l'album cité précédemment. Ici Mary se réveille penchée un beau matin sans autre explication et elle parle différemment, "penché" dit son frère. Les problèmes au pensionnat et la fuite pour aboutir au cirque Robertson sont présents.

 

 

Mais ici, elle est présentée comme Mary la penchée et Monsieur Raoul, le petit singe, la suit quand elle s'en va. Mary va descendre sous terre de plus en plus loin jusqu'à ce qu'elle trouve la planète bleue de ses rêves où elle rencontre sa nouvelle famille. Tous y ont les yeux bleus et parlent "penché" comme elle.

 

Le vrai plaisir de cet album est de retrouver Mary avec des graphismes joyeux et colorés. Les différences entre l'histoire originale et celle-ci sont nombreuses… mais un conte pour enfants peut-il parler des relations entre les deux mondes quand tant d'adultes n'y comprennent rien?

 

L'histoire d'amour entre Mary et Augustin a complètement disparue ici… sans doute pour ne pas choquer les "âmes sensibles".

 

 

3 – L'AFFAIRE DESOMBRES (2002)

 

La Couv': 

 

 

 

 

Ça donne Quoi ?

Ce n'est pas à proprement parler un album de BD puisque cela présente la biographie d'Augustin Desombres et des photographies de son journal et de quelques-unes de ses œuvres. Ce tome est accompagné d'un DVD qui contient plusieurs films tous aussi passionnants les uns que les autres.

 

 

 

L'affaire Desombres : c'est une conférence de Catherine Aymerie sur la vie du peintre qui ne cache aucun des doutes que l'on peut avoir à son sujet. Était-il visionnaire et avait réellement trouvé un passage vers un autre monde ou était-il complètement fou?

 

À travers les cités obscures : ce sont des diaporamas composés d'images issues des albums et accompagnés par la transcription des musiques notées par le peintre. Transcription faite par Bruno Letort pour un groupe musical composé d'un quatuor à cordes + une clarinette + une basse électrique. Il y a Alaxis, Urbicande, Brüsel et Mary.

 

Naissance d'une planche : petit film passionnant montrant comment les 2 auteurs collaborent pour aboutir à la création d'une planche. Ici c'est la planche 14 de l'album L'ombre d'un homme qui est disséquée.

 

Rêves de pierre : création musicale de Bruno Letort.

 

 

Difficile de rendre par un texte des films, mais je dois avouer que je ne l'avais pas vu depuis fort longtemps et que j'ai découvert plein de choses au revisionnage. De quoi prouver qu'un film permet d'avoir une autre vue sur une œuvre que la lecture d'un album.

 

La conférence est très bien réalisée et fourmille de détails inapparents dans le livre joint.

 

La vision des cités permet de redécouvrir des détails par l'agrandissement des images des albums les contenant. Si Alaxis et Brüsel ne m'ont pas surprise par rapport à mes lectures, il n'en a pas été le cas pour Urbicande où le côté totalitaire de la ville m'est apparu plus fortement avec son architecture grandiose et géométrique qui m'a rappelé certains films montrant des réalisations de l'Allemagne nazie ou des pays soviétiques. Cela m'a rappelé qu'Eugen Robick avait créé une brigade urbatecturale chargée de traquer les contrevenants aux règles qu'il avait édictées.

 

Vu le papier "gaspillé" (selon les propres termes de Schuiten), j'aurais aimé fouiller dans les poubelles du dessinateur!

 

Enfin, je reconnais que les sonorités de Rêves de pierre ne sont pas ce que j'ai préféré de l'album.

 

 

4 – L'ECHO DES CITES (1987)

 

La Couv': 

 

 

 

Ça donne Quoi ? L'album ne raconte pas une histoire, mais plutôt des histoires sous la forme d'articles de journaux. Des articles très intéressants pour connaître des faits qui se sont passés entre divers albums de la série comme c'était déjà le cas avec les images de L'archiviste.

 

Le personnage central de ce grand album est Stanislas Sainclair que nous avons déjà croisé dans la série. Atteint de nanisme, il compense son handicap par une hardiesse folle et une intelligence aiguisée. Il n'hésite pas à participer à des expéditions du photographe Michel Ardan avec qui il stoppera ses relations quand celui-ci créera un journal utilisant des photos (La Lumière) au lieu des dessins de L'Echo des Cités.

 

 

 

Il est à noter que cet album étant paru en 1987, ses lecteurs connaissaient déjà partiellement certains faits qui ont été développés ou simplement cités dans des albums parus plus tard.

 

 

Ma version étant l'ancienne de très grande taille (295 x 395 mm), il a fallu adapter un rayon de ma bédéthèque à ce type de "super"-albums. Je crains que le format des intégrales (204 x 272 mm) ne rende pas justice aux splendides dessins de Schuiten.

 

Les textes des articles sont passionnants pour tous ceux qui s'intéressent au Monde Obscur. Il y en a quelques-uns dont je ne me souviens pas avoir trouvé de traces ailleurs dans la série.

 

Dans la deuxième édition, un complément concernant Axel Wappendorf a été ajouté.

 

Un indispensable pour tous les amateurs de la série.

 

 

5 – L'OMBRE D'UN HOMME (1999)

 

La Couv': 

 

 

Ça donne Quoi ?

En préambule, je dois prévenir les lecteurs connaissant la dernière version de l'album que je vais évoquer ici la première version dont la fin est  beaucoup plus optimiste si j'en crois ce que j'ai pu lire sur l'album.

Dans un document joint à mon album La route d'Armilia et autres légendes du Monde Obscur, les auteurs disaient : "Avec le recul, on jugeait la fin peu satisfaisante. Et on ne pouvait vraiment pas laisser l'album tel quel." Avec des commentaires de l'éditeur : "Le point de vue narratif change, puisque c'est désormais le personnage principal qui relate l'histoire, de l'intérieur. Cinq planches de l'ancienne version disparaissent […] huit planches entièrement nouvelles sont ajoutées."

 

 

Eh oui, je suis un vieux machin et j'ai de vieilles BD!!

 

 

Je reviens à ce que raconte "mon" album. Albert Chamisso est un agent d'assurances de Blossfelddtstad assez féroce avec ses clients pour ne pas faire perdre d'argent à son employeur. Mais, alors qu'il est marié depuis peu, d'horribles cauchemars gâchent ses nuits. Il consulte un médecin qui lui donne un nouveau médicament purement chimique. Mais s'il dort enfin, il semble qu'il y ait un effet imprévu : son ombre se colore et il a des migraines terribles.

 

Son mariage n'y résiste pas, ni son emploi et il se retrouve dans un appartement miteux. Michel Ardan l'y retrouve et le photographie pour son journal. Une rencontre imprévue avec une jeune comédienne va changer sa vie. Ils vont créer un spectacle d'ombres où son "problème" fait merveille jusqu'au moment où son ombre redevient grise… mais ils rebondiront en créant de nouveau spectacles.

 

*

 

Je ne trouve pas personnellement que cette fin soit bancale, mais les auteurs sont maîtres de leurs créations… Et décidemment, il faut que je prenne les intégrales pour découvrir tout ce que j'ai loupé!

Cette planche de la dernière édition n'est pas présente dans la mienne.

 

 

 

Vu l'intérêt des auteurs pour les contes d'Andersen (voir La Perle dans la 2e saga), je pense qu'ils ont été influencés par le conte "L'ombre" (https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_d’Andersen/L’Ombre).

Cette possible inspiration me fait craindre le pire pour le héros de l'album car le conte est très sombre.

 

 

Bien sûr, j'ai aussi pensé aussi à Peter Schlemihl, l'homme qui a vendu son ombre au diable, roman d'Aldebert von Chamisso (le personnage a le même nom). J'avoue ne pas avoir lu le roman, mais je connais le personnage par l'opéra Les contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach (la connaissance de certains personnages se fait parfois par des voies détournées). Le docteur Vincent serait dans ce cas une incarnation du diable…

 

Je reviendrai vous dire ce que j'en pense quand j'aurai enfin découvert cette nouvelle version.

 

 

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Une Chronique de Gen

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11 juillet 2019 4 11 /07 /juillet /2019 12:25

 

C'est avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons Gen sur B.O BD pour sa traditionnelle Saga de l'Eté qui se penche cette année sur la série Les Cités Obscures!

La Saga de l'été  2019  /   Les Cités Obscures 1° Partie.

 

Intégrale 1 = Les Murailles de Samaris, La Fièvre d'Urbicande, Les mystères de Pâhry, L'Archiviste  

 

 

C'est quoi : LES CITES OBSCURES

Tout a commencé en 1980 par quelques albums très intrigants qui sont devenus une série mythique. Le style très clair de François Schuiten et l'inspiration graphique des gravures du XIXe siècle pour créer un univers steampunk ont pu déconcerter et même rebuter quelques lecteurs. Benoît Peeters a créé une succession d'intrigues dans ce monde parallèle au nôtre qui déboussolent (au sens propre) le lecteur débutant.

 

Cette série a une ambiance qui lui est propre et que la nouvelle parution en intégrales permet de (re)découvrir. Mais attention, l'ordre de parution des intégrales ne respecte pas totalement l'ordre de parution des albums initiaux. En revanche, la publication des intégrales a intégré des albums rares et quasi introuvables ainsi que des pages inédites.

 

C'est de qui ? François Schuiten (dessinateur) et Benoît Peeters (scénariste)

 

Déjà croisés sur BO BD ? oui pour le dessinateur

 

C’est édité chez qui ? Casterman

 

 

1 - LES MURAILLES DE SAMARIS (1983)

 

La Couv':

 

La Saga de l'été  2019  /   Les Cités Obscures 1° Partie.

 

Ça donne Quoi ? Franz habite Xhystos  et le conseil de la ville l'envoie en mission à Samaris pour tenter de comprendre ce qui s'y passe et ce que sont devenus les précédents émissaires jamais rentrés. Ses amis le qualifient de fou d'avoir accepté cela. Après un long voyage de plusieurs semaines en train + altiplan + aérophèle + bac, il arrive enfin à Samaris où il s'installe dans la seule auberge de la ville. Il y rencontre Carla qui lui dit ne pas connaître de cité du nom de Xhystos. Une rencontre avec le gouverneur de la ville ne lui apporte pas plus de renseignements sinon l'explication de l'emblème de la cité : une drosera, plante carnivore.

 

Poursuivant ses recherches, il découvre que la ville est un grand trompe-l'œil où rien ne vit réellement. Il décide alors de rentrer à Xhystos où il arrive après un long périple. Il découvre une ville totalement différente et qui s'avère être un leurre.

 

La Saga de l'été  2019  /   Les Cités Obscures 1° Partie.

 

Dans mon édition de 1988, il y a un dossier des auteurs, Retour à Samaris, où ils expliquent leurs choix graphiques pour les villes : "Pour Xhystos, l'art nouveau s'imposa presque instantanément. […] imaginant ce qu'aurait pu devenir un Bruxelles entièrement réinventé par quelqu'un comme Horta." "Pour cet insidieux labyrinthe [Samaris], […] Multiples et hétéroclites; nos sources furent notamment l'architecture orientale et le style Renaissance, mais surtout ces édifices baroques […] dont les façades ouvragées nous paraissaient se prêter admirablement à cet art de a dissimulation."

 

C'est dans ce dossier que j'ai découvert que la fin de l'album avait été modifiée pour ne pas laisser le lecteur trop déconcerté par une fin abrupte comme celle de la 1e édition (que je ne connais pas). Mais je crois que la fin n'a pas trop d'importance car ce sont les errances de Franz et la présence écrasante des 2 villes qui le sont. Le contraste entre la rigueur froide de Xhystos et le labyrinthe ensoleillé de Samaris est la base de l'album. Franz n'est qu'un révélateur de ce contraste… même s'il sera finalement plongé dans l'incertitude sur ce qui est réel ou pas.

 

Les murailles de Samaris m'ont évoqué une autre déambulation angoissante dans un univers changeant : celle du héros du film Dark City, que je ne peux que recommander aux amateurs de fantastique. On y retrouve les mêmes bases, fréquentes en littérature ou cinéma fantastique : qu'est-ce qui est réel ou pas? Avec son corollaire : Suis-je réel ou sinon que suis-je? (angoissante question!)

 

Cet album n'a pas été mon 1e contact avec la série et j'avoue qu'il continue à me déconcerter à chaque relecture. C'est plus l'ambiance donnée par les lumineux dessins de Schuiten qui m'emporte dans son tourbillon que les méandres du scénario de Peeters.

 

 

 

2 – LA FIEVRE D'URBICANDE (1985)

 

La Couv':

 

La Saga de l'été  2019  /   Les Cités Obscures 1° Partie.

 

Ça donne Quoi ? Eugen Robick est un urbatecte qui a déjà fortement contribué aux transformations de la rive sud d'Urbicande. Il demande à la Commission des Hautes Instances de ne pas arrêter la modernisation de la ville. 2 de ses collaborateurs lui ont apporté un curieux objet trouvé sur un chantier suite à la casse d'un engin. C'est une sorte de cube ouvert, seules les arêtes de 15cm de long sont visibles, qu'il laisse sur son bureau en sortant.

 

Après une nuit, il découvre que le cube a grandi et que des excroissances bourgeonnent dans les coins… et, en plus, le cube s'est incrusté dans le bureau au point de ne pouvoir en être sorti même avec des outils tellement il est dur. Quelques heures plus tard, le cube est devenu un treillis. En tentant de surveiller sa progression, Eugen est fixé à son bureau par un montant. Il ne souffre pas et comprends vite qu'il lui suffit d'attendre que le réseau cubique augmente de taille pour être libéré et réussit à sortir de son bureau à temps avant que la porte ne soit bloquée.

 

Inexorablement le réseau se développe et les montants grossissent également en épaisseur. Eugen n'est pas pris au sérieux par les Hautes Instances et mis au ban des scientifiques avant d'être mis en prison à cause des perturbations dues au réseau dont les autorités croient qu'il est le créateur. Toutes les tentatives pour détruire le réseau n'arrivent qu'à détruire les bâtiments voisins.

 

Puis arrive le moment où le réseau semble avoir atteint sa taille définitive qui relie les deux rives d'Urbicande par des montants où une personne peut marcher. La structure sociale de la ville explose puisque les riches du sud et les pauvres du nord peuvent traverser le fleuve sans contrôle. Jusqu'au jour où le réseau reprend son expansion en détruisant tout ce qui avait été construit sur lui et plongeant la population, à nouveau séparée en 2 groupes, dans l'apathie… Seul remède selon les aurtorités : reconstruire le réseau, demande qu'Eugen refuse de réaliser puisque ce ne sera qu'une pâle copie.

 

La Saga de l'été  2019  /   Les Cités Obscures 1° Partie.

 

Si je me rappelle bien, c'est le 1e album de la série que j'ai acquis et il reste mon préféré. Il y a les graphismes superbes de Schuiten en noir et blanc, à la fois d'une froideur terrible dans les représentations architecturales et d'une grande expressivité pour exprimer les sentiments des personnages. Et il y a ce scénario implacable qui montre une humanité croyant dominer l'univers prise au piège d'un phénomène qui la dépasse et qui montre un univers obscur pas vraiment bienveillant avec les déshérités.

 

Dès ma 1e lecture, j'ai pensé à un vieux livre de science-fiction, Le pionnier de l'atome, écrit par Jimmy Guieu en 1952 (avant ma naissance) où un homme découvre un anneau dont sort une sorte de tige qui croit régulièrement. Bon, dans le livre, le héros arrive à prendre contact avec des habitants d'un atome de la tige dont les électrons sont des planètes et le noyau le soleil (à cette époque, le modèle planétaire de l'atome était couramment enseigné… depuis le modèle a été abandonné). Je ne sais plus ce qui a provoqué la croissance de la tige dans le roman, mais il y a les mêmes problématiques d'un phénomène dépassant les connaissances scientifiques de l'époque.

 

L'album est fantastique et il le sera encore dans de nombreuses années car son sujet et son traitement graphique sont hors des modes. Si vous ne devez lire qu'un seul album de la série, c'est celui-là qu'il faut choisir.

 

 

3 – LES MYSTERES DE PÂHRY (2007)

 

La Saga de l'été  2019  /   Les Cités Obscures 1° Partie.

 

Ça donne Quoi ? J'avoue ignorer totalement ce que donne ce récit qui a été ajouté aux éditions récentes de Les murailles de Samaris et à l'intégrale, bien sûr.

 

C'est un récit qui n'a jamais été terminé et qui aurait dû se situer juste après Le mystère d'Urbicande.

 

Je cite les auteurs dans un extrait de l'intégrale (trouvé sur le net) : "Nous aimions l'idée de cette cité de Pâhry devenue poreuse, traversée de circulations secrètes, d'allure quasi organique. […] d'autres (éléments) avaient trouvé place dans des albums […]"

 

 

4 – L'ARCHIVISTE (1987)

 

La Couv':

 

La Saga de l'été  2019  /   Les Cités Obscures 1° Partie.

 

Ça donne Quoi ? Isidore Louis, chargé de recherches à l'Institut Central des Archives – sous-section des mythes et légendes, a pour mission de retrouver des documents concernant les Cités Obscures. Il va devoir fouiller de nombreux dossiers et y trouvera en particulier des gravures de certains lieux ou faits concernant le Monde Obscur… Une fois son rapport rendu, il va être chassé des archives jusqu'au moment où il sera lui même archivé.

 

La Saga de l'été  2019  /   Les Cités Obscures 1° Partie.

 

Un des albums qui m'ont donné du mal pour être rangés dans ma bédéthèque du fait de sa grande taille : 305 x 395 mm…

Il se présente sous une forme particulière : en double page en a à droite une image en noir et blanc illustrant un texte relatant l'évolution de la recherche et à gauche une grande image représentant une cité obscure et/ou un évènement lié.

 

J'ai découvert que ma version avec 21 images archivées a été depuis entièrement remaniée avec 6 images supplémentaires et une introduction en BD de 3 pages… de quoi modifier la perception de l'album.

 

La version de ma bédéthèque semble plus un livre artistique qu'un album important de la série, mais c'est totalement faux car certains faits sont à relier à d'autres albums et certaines images évoquent des villes qui sont juste cités dans la série sans que l'on y aille vraiment.

 

Cet album a un côté effrayant qui rappellent le livre 1984 par sa fin que l'on devine mauvaise à propos d'un homme qui réfléchit et est allé plus loin que l'on ne lui avait demandé. Il y aussi un côté kafkaïen dans l'enchaînement des faits parce que l'archiviste se laisse entraîner par sa recherche jusqu'à s'oublier lui-même et se mettre en danger. Je me suis demandé plusieurs fois à la (re)lecture si l'histoire se situait dans le monde obscur ou dans l'autre monde (autrement dit le nôtre).

 

**

 

A la relecture de mes albums et à mes recherches sur les intégrales, je suis arrivé à cette conclusion : si vous ne possédez pas déjà la série, achetez les intégrales ou empruntez-les en médiathèques… Je crois que je ne vais pas résister longtemps et que je vais les acquérir même si ce sera un doublon pour certains albums!!

 

 

Une Chronique de Gen

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15 juin 2019 6 15 /06 /juin /2019 15:45
 

 

 

 

LA BD:

 

 

 

 

C'est quoi ?  CAPTAIN DEATH

 

 

C'est de qui ? Bacci

 

 

La Couv':

 

On n'échappe pas à Captain Death  /  Captain Death  Vs.  War between the planets

 

Déjà lu sur B.O BD? Oui

 

 

C’est édité chez qui ? Casterman

 

 

Une planche:

 

On n'échappe pas à Captain Death  /  Captain Death  Vs.  War between the planets

 

 

Ca donne Quoi ? Imaginez que la Mort soit une chasseuse futuriste au look de cousine de Skeletor qui, inlassablement, traque ceux pour qui l’heure a sonné.

Et là y a du boulot puisque c’est carrément la planète Terre dans son intégralité qui doit être rayée de la carte intersidérale.

 

Manque de bol pour notre chasseresse à forte poitrine (si, si !) 7 survivants ont réussi à prendre la tangente. Commence alors une traque sans merci où les gibiers ont décidé de se frotter à leur prédateur…mais sans bien réaliser la nature même de la cible.

 

Après Lastman Stories sur lequel il collaborait avec Vives, Bacci signe là un petit album délirant au look hybride, dans un format proche du manga (taille, design, traitement) avec des graphismes en bichromie caricaturaux bien barrés.

On n’est pas loin de la défunte collection KSTR qui avait en son temps proposé de très bons albums !

 

 

 

 

 

LA MUSIQUE:

 

 

 

 

C'est quoi : WAR BETWEEN THE PLANETS

 

 

C'est de qui ? A.F. Lavagnigno

 

 

La Couv':

 

On n'échappe pas à Captain Death  /  Captain Death  Vs.  War between the planets

 

Déjà entendu par ici? Oui

 

 

On peut écouter ?

 

 

Ca donne Quoi ? N’y allons pas par 4 chemins, une BD comme Captain Death c’est du pain béni pour B.O BD vu qu’il n’y a qu’à puiser dans le vivier de scores de SF old school qu’on peut dénicher sur la toile.

 

Prenons ce War between the planets par exemple, pour lequel Lavagnigno use et abuse d’effets spéciaux électroniques divers et variés sur lesquels il vient rajouter des sons de cymbales trafiqués et autres boucles de claviers hypnotiques à souhait.

 

Si le compositeur italien avait plutôt bien débuté sa carrière pour le cinéma, en mettant entre autre en musique deux longs pour Orson Wells (excusez du peu) rapidement il va se retrouver abonné aux péplums et autres séries B d’épouvante.

On comprend pour le coup un peu mieux ses expérimentations sonores sur ce genre de projet où la liberté de création était quasi-totale vu le budget alloué aux scores.

 

Celui du jour, plein de reverb’ et d’écho, est, je vous l’accorde difficilement écoutable en tant que tel et fait plus penser à une expérimentation sous LSD digne d’une face B des Pink Floyd époque Syd Barret, mais, en fond sonore de l’ovni de Bacci, ça ne fait rajouter qu’au plaisir coupable !

 

 

 

 

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Une Chronique de Fab

 

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