30 avril 2025 3 30 /04 /avril /2025 08:57


 

LA BD:





 

C'est quoi ? CHARLOTTE IMPERATRICE IV. 60 ANS DE SOLITUDE



 

C'est de qui ? Nury & Bonhomme



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Dargaud



 

Déjà croisés sur le site? Oui ensemble et séparément.



 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi ? Ne reculant devant aucun sacrifice, Charlotte a pris le bateau pour la France afin de convaincre l’empereur de ne pas retirer ses soldats du Mexique.

 

Mais les dés étant lancés et la partie perdue, les réticences et oppositions des différents interlocuteurs de l'impératrice du Mexique vont lentement mais sûrement avoir raison de sa santé mentale.

 

Enceinte de son amant et dans un état déclinant, Charlotte va se retrouver cloîtrée avec une jeune servante qui devient à la fois sa confidente et sa souffre douleur et personne n'arrivera à empêcher son déclin.



 

Si les trois tomes précédents de la magnifique série de Nury et Bonhomme étaient riches en action, en scènes chocs et en répliques cinglantes, cet ultime volet vient rajouter une couche de glauque et de tragédie dans l’histoire en partie romancée de leur héroïne.



 

Graphiquement, après la moiteur torve de l’Amérique du Sud, Bonhomme se replonge avec tout le talent qu’on lui connaît dans l’Europe de la fin du XIX°.

Qu’il dessine les fastes du Vatican ou les intérieurs glauques des chambres où Charlotte est confinée et laisse cours à ses crises de démence, son trait est toujours virtuose et les couleurs de Delphine Chedru sont parfaitement choisies.



 

La narration est encore une fois un des grands atouts de cet album, que ce soit lors des interrogatoires des protagonistes ou des confrontations de certains des personnages clés de l’histoire.



 

Charlotte Impératrice, avec cette conclusion coup de poing, confirme tout le bien que l’on en a dit depuis que le premier volet est paru (7 ans déjà!) et restera, à mon sens, comme une référence dans le genre.





 

 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : PIANO TRIO N°2



 

C'est de qui ? Schubert




 

La Couv':

 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 




 

Ca donne Quoi ?  Écrit sur la toute fin de sa -courte- vie (il est mort à 32 ans le trio en 4 parties de Schubert, composé pour violon, violoncelle et piano, est l’une de ses œuvres les plus connues, sinon parmi les plus réussies.



 

Connue notamment via son utilisation, plus de deux siècles après sa création, par l’un des plus grands réalisateurs de l’histoire du 7° art, Stanley Kubrick himself, dans son magistral Barry Lyndon (et par une grosse douzaines d’autres réals au fil des décennies).



 

La tonalité mineure et l’atmosphère lyrico-romantique de l’ensemble, qui flirte tout du long avec la tragédie, est très en phase avec cet ultime tome de Charlotte la malchanceuse impératrice. 





 

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22 avril 2025 2 22 /04 /avril /2025 08:39




 

LA BD:





 

C'est quoi ? STRANGE FRUIT



 

C'est de qui ? A. Dan & Hazard



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Dupuis



 

Déjà croisés sur le site? Oui plusieurs fois chacun même.



 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi ? A la fin des années 30, Abel Meeropol artiste aux multiples talents, tombe sur le cliché d’un lynchage de deux hommes de couleur par une foule en colère. Cette photo va lui inspirer les paroles de la chanson Strange Fruit, qu’il propose à Billie Holliday.

 

Si la “Lady Day” est un peu récalcitrante au départ elle va finir par accepter et le morceau devient un incontournable de son répertoire même si cela lui vaut parfois quelques soucis.



 

Le succès du titre va apporter beaucoup à la carrière de son auteur - Russe d’origine et aux affinités communistes mal vues en plein maccarthysme-  comme de son interprète -chanteuse Noire- mais leurs destins respectifs  vont connaître plus de bas que de haut dans une époque troublée d’une Amérique en proie à ses démons et se contradictions.



 

L’idée de départ de cet album vient d’un épisode de  l’émission Autant en emporte l’Histoire  diffusée sur France Inter. Vincent Hazard, son auteur, embarqué dans le monde du 9° art par le dessinateur A. Dan, y signe là son premier scénario.



 

Pour un galop d’essai on peut affirmer que c’est réussi, avec cette double biographie en flashbacks à la fois du compositeur de la chanson Strange Fruit et de son inoubliable interprète, la grande Billie Holiday.



 

Mais l’album exploite également bien ses différentes thématiques: le racisme malheureusement  indissociable et toujours ô combien d’actualité aux Etats Unis, les ravages de la Chasse aux Sorcières à Hollywood ou encore les hauts et -surtout- les bas du monde de la musique (là aussi un sujet intemporel!).



 

Pour la mise en image, A Dan comme à son habitude livre un dessin peu voire pas encré, avec un travail intéressant sur la matière et une colorisation dans les pastels. Habitué à la reconstitution historique, il propose des paysages états- uniens convaincants et réalistes. 



 

 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : THE HUSTLER



 

C'est de qui ?  K. Hopkins




 

La Couv':

 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 

 


 

Ca donne Quoi ? Il fallait la coolitude jazzy d’un Kenyon Hopkins (l’homme qui donna au Lolita de Kubrick son ambiance sulfureuse) pour accompagner comme il se doit cette histoire de joueur de billard arnaqueur, perdant magnifique et, accessoirement, sex-symbol vivant (Paul Newman au sommet de son art tout de même).

 

 

 

A l’époque on ne parle pas encore de Crime-Jazz pour le genre mais ce sont clairement les B.O comme celle ci qui l’ont défini. 

 

Hautbois, Cor Anglais et flûte sont les éléments prédominants d’un orchestre par ailleurs classique dans le jazz, le tout joué par la crème de la crème de l’époque, qui sait cependant se faire discret, voire faire dans l’underscoring quand c’est nécessaire.



 

Ajoutez-y la version de Strange Fruit de la Lady Day et vous avez la B.O toute trouvée de votre lecture!

 

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8 février 2025 6 08 /02 /février /2025 08:47




 

LA BD:





 

C'est quoi ? ELISABETH BATHORY. LA COMTESSE SANGLANTE.




 

C'est de qui ? Pécau & Pilipovic



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Delcourt.




 

Déjà croisés sur le site? Oui, peut-être même ensemble.



 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi ? Si j’ai beaucoup aimé les premières sagas proposées dans la collection des Reines de Sang j’ai trouvé qu’ensuite l'intérêt (voir le niveau scénaristique et graphique) avait sensiblement baissé, avec des choix de personnages qui m’intéressaient bien moins.



 

Là, double dilemme: tout d’abord Elisabeth Bathory n’est pas une reine -bon ok je chipote mais cela montre tout de même qu’on exploite un peu le filon jusqu’à épuisement- et puis, surtout, le personnage a déjà eu droit à pas mal de déclinaisons en BD allant du réussi (le Erzsebet de Rassat et Ohrun ou la version de Crocy) au beaucoup moins (la déclinaison à la limite du porno crade de Caceres de chez Tabou).



 

Mais étant plutôt amateur de la légende de celle qui aurait été à l’origine du Carmilla de Le fanu et du Dracula de Stoker, deux pierres angulaires de la littérature vampirique et gothique, je me suis tout de même penché sur cette nouvelle proposition.



 

Si Pécau opte pour l’approche historique et restitue bien le contexte et si Pilipovic rend également une copie très satisfaisante au niveau reconstitution des décors et des costumes, le scénario tombe assez vite dans les travers de la surenchère.

L’héroïne se désappe toutes les 8 pages, tous les personnages féminins ont des mensurations de californiennes, les méchants sont très méchants et la violence est montrée sans fards.

 

Au final à mon sens un one shot qui, s’il possède quelques qualités, ne marquera pas ni la biographie du personnage ni la collection des Reines de Sang.






 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : HOUSE OF HORRORS



 

C'est de qui ?  E. Luytens




 

La Couv':

 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui.



 

On peut écouter ?

 

 

Ca donne Quoi ? Si les studios de la Hammer ont trusté le marché du film d’horreur durant deux décennies, leurs concurrents quasi directs de chez Amicus étaient également pas mal actifs sur le même créneau (si ce n’est que la plupart des films Hammer étaient à background « historico-gothiques » tandis que ceux de chez Amicus étaient plutôt contemporains).

 

 

 

Pour ce film à sketches où l’on retrouve les incontournables Peter Cushing et Christopher Lee (acteurs fétiches de la Hammer par ailleurs), la compositrice Elisabeth Luyden, première femme à écrire de la musique de film mais qui, de son propre aveu, faisait ça plus pour payer les factures que par choix, écrit une partition assez passe partout, où elle laisse de coté le sérialisme dont elle s’est faite spécialiste outre-manche.

 

 

 

Néanmoins on reconnaîtra à son score des qualités manifestes dans l’évocation de l’épouvante subreptice, de l’illustration thématique simple mais efficace.

 

A l’opposé d’un James Bernard, compositeur attitré de la Hammer, Luyden fait dans l’underscoring si nécessaire et, par la même, rend ses compositions plus variées que la moyenne.

 

 

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5 janvier 2025 7 05 /01 /janvier /2025 15:45


 

LA BD:




 

C'est quoi ? LA DERNIÈRE NUIT DE MUSSOLINI



 

C'est de qui ? Chapuzet et Girard


 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Glénat



 

Déjà croisés sur le site? Non


 

Une planche: 

 


 

Ca donne Quoi ? Ne vous fiez pas à la couverture faussement grotesque de cette Dernière Nuit de Mussolini au risque de rapidement tomber de haut.

 

En effet, si on a souvent dressé un portrait du Duce comme un  bouffon, surtout face à son allié de l’Axe de l’époque, cette bio incisive, toute en flashbacks et forwards, signée Chapuzet et Girard, nous rappelle que Mussolini était avant tout un homme politique frustré, avide de femmes et de pouvoir.


 

Tout d’abord très “à gauche”, prônant la révolution contre le pouvoir, et plein d’idées libertaires comme le vote des femmes ou l’anticapitalisme, il va vite verser dans un nationalisme exacerbé suite à son éviction du parti socialiste, fondant ce qui va devenir la base du fascicsme italien.


 

Mégalomane et dominateur, collectionneur de maîtresses, Mussolini va suivre l’Allemagne Nazie dans la seconde guerre mondiale jusqu’à cette fameuse dernière nuit relatée ici,  quatre journées en fait, où le Duce tente d’échapper à la vindicte des vainqueurs et de ses opposants.

 

Après maintes péripéties sa maîtresse et lui seront finalement pris puis exécutés avant d’être pendus par les pieds sur la place même où des soldats de son éphémère République de Salo avaient exécuté des partisans.


 

 

Le scénario est fort documenté, bien servi par le trait semi-réaliste de Christophe Girard (avec qui j’avais eu un intéressant échange à l’époque de son  adaptation de Métropolis, ça ne nous rajeunit pas!) qui propose des personnages volontairement caricaturaux sur des décors détaillés et alterne les colorisations selon les époques: trichromie parcourue de couleurs pour les derniers jours, pleines couleurs pour les flashbacks.


 

La dernière nuit de Mussolini est un album qui sert l’essentiel devoir de mémoire, en mettant bien en lumière tous les aspects de la vie du tyran ainsi que ses multiples tares, et qui rappelle au lecteur, via notamment une séance sur l’assassinat de Pasolini (qui venait de réaliser un film sur Salo) et une dernière page où l’on reconnait les “héritiers” du Duce, que le fascisme et ses dérives sont semble t-il intrinsèquement liés aux sociétés humaines, et qu’il est impératif de ne jamais laisser la bête prendre le dessus.  








 

LA MUSIQUE:




 

C'est quoi : ENNEMY AT THE GATES


 

C'est de qui ? J. Horner



 

La Couv':

 


 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui


 

On peut écouter ?

 

 

Ca donne Quoi ? Si une fois encore, on pourra reprocher à Horner, pour cette nouvelle collaboration avec Annaud, de réutiliser sans vergogne certains motifs et phrases de travaux précédents, on lui reconnaîtra tout de même un sens du grandiose et de l’imposant.

 

En effet même si on trouve bien un thème romantique dans la partition, il est quasi complètement noyé dans la masse de suspense, de froideur et de dureté du reste.

 

Pourtant n’allez pas me faire dire ce que je n‘ai pas dit, l’émotion est bien là, sous l’agressivité feinte, et si la tension, construite par les cordes, et le motif principal à quatre notes répété presque jusqu’à la nausée, mettent les nerfs de l’auditeur à rude épreuve, la force d’expression du score est indéniable.

 

Une musique martiale et puissante juste ce qu’il fallait à l’évocation de la fin du Duce (mais pas du fascisme hélas!)



 

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4 décembre 2024 3 04 /12 /décembre /2024 08:42





 

LA BD:





 

C'est quoi ? CRÉNOM, BAUDELAIRE! 2. LES FLEURS DU MAL.




 

C'est de qui ? Gelli d’après Teulé.




 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui? Futuropolis




 

Déjà croisés sur le site? Oui sur le précédent.



 

Une planche: 

 



 

Ca donne Quoi ? Notre poète maudit vit jusqu’au bout ses passions, qu'elles soient littéraires, avec l’écriture cathartique et chaotique de son nouveau recueil de poèmes -celui qui passera à la postérité sous le titre des Fleurs du mal- ou charnelles dans sa relation avec Jeanne à la fois sa muse, sa victime et son bourreau.



 

Endetté, accro à la drogue et à l’alcool, Baudelaire brûle la vie par les deux bouts et en fait baver à tout son entourage, de sa compagne à son éditeur en passant par ses amis artistes et, last but not least, sa pauvre mère.



 

Voici donc le second tome de la biographie de l’un de nos plus célèbres poètes par l’un de nos plus acerbes romancier, spécialiste des bios historiques décalées.

Jean Teulé ayant disparu avant de voir son roman passer par la case BD on peut affirmer que les Gelli père et fils ont repris le flambeau avec un certain brio.

 

Dominique assure la partie BD à proprement parler, où il superpose à des décors réalistes des personnages souvent caricaturaux (dans le bon sens du terme) et son fiston propose des peintures pleines pages pour illustrer certains des poèmes.

 


 

On est ici vraiment dans le vif du sujet et l’on assiste avec une délectation mêlée d’une certaine mortification aux conséquences des affres de la création sur un Baudelaire souvent détestable notamment quand il met le couple d’imprimeur à l’épreuve en leur imposant des modifications aussi nombreuses que maniaques ou encore quand il se défoule sur Jeanne.



 

On croise également le gotha des artistes de l’époque et dieu sait qu’il y a un sacré panel de grands noms ici.

 

Vivement le troisième tome de ce Crénom Baudelaire qui, à mon sens, comptera parmi les biographies BD les plus intéressantes du genre.

 

 





 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : POEME



 

C'est de qui ? M. Thiriet




 

La Couv':

 



 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 

 

 

Ca donne Quoi ? S’il est l’auteur de plus de 150 musiques pour le cinéma, Maurice Thiriet restera surtout célèbre pour avoir co-écrit la bande originale des Enfants du Paradis…et ne pas en avoir tiré crédit, ce dernier étant revenu à Joseph Kosma.

 

Néanmoins la carrière de Thiriet, que ce soit pour le grand écran, la scène ou dans le répertoire classique, est un vivier de choses aussi réussies qui étonnantes parfois.

 

J’en prends à témoin ce poème, écrit en 36, et qui déjà, alors qu’il débute au cinéma, est une œuvre à la force descriptive manifeste, avec ses cordes sinueuses et ses vents en écho, le tout guidé par un piano saccadé en fond.

 

La mélodie hypnotise littéralement l’auditeur, accompagnant les dérives de notre poète maudit avec une mélancolie décalée bienvenue.



 

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  • : "...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)
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