LA BD:
C'est quoi ? SABRE
C'est de qui ? E. Feres
La Couv':
Ca donne Quoi ? Au quaternaire, alors que les grandes glaciations reviennent sur Terre, une tigresse à dent de sabre met au monde un étrange bébé, de couleur pâle aux longues pattes et au sourire béât. Ne serait ce pour ses deux longues quenottes qui dépassent, on se demanderait même si c’est le sien.
Pas forcément bien accepté par le reste de la portée, notre créature va néanmoins réussir à s’en sortir, en étant toujours des bons coups, qu’il s’agisse de tétée, de chasse ou ne serait-ce que de survie au jour le jour.
Si ce résumé, j’en conviens, peut laisser à penser que Sabre s’adresse à un jeune public : il n’en n’est rien (enfin, pas que, en tout cas). Eric Feres, dont c’est le premier album, réalise là un double exercice de style assez brillant (quoique pas dénué de quelques rares longueurs), réussissant le pari de proposer sur plus de 250 pages une histoire animalière réussie, à la narration fluide, malgré l’absence de textes, qu’il enrichit en plus de passages science fictionnesques.
Sabre, d’un point de vue fond et forme, c’est un peu Le Vilain Petit Canard revu et corrigé par Jens Harder, l’auteur des conceptuels Alpha/Beta et Gilgamesh. Un documentaire historico animalier aux paysages pleins de bruits et de fureur dans lequel se serait glissé un cousin du lapin de Sacré Graal (Monty Python).
Un album hors norme que l’on pourra ranger entre la série Love de Brrémeaud et Bertolucci et le Gon de Tanaka.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :PRELUDE A L’APRES MIDI D’UN FAUNE
C'est de qui ? De Bussy
La Couv':
Déjà entendu dans le coin? Une poignée de fois oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Il est amusant de noter que si ce Prélude est aujourd’hui une pièce très connue, figurant sur maintes compils commerciales, à l’époque où il l’a écrite, alors agé d’une trentaine d’années, Debussy n’a que faire des goûts de la critique (qui ne sera d’ailleurs pas tendre avec l’œuvre) ou du public.
Comme Mallarmé, auteur du texte ayant inspiré ce prélude, il cultive l’ « art pour l’art » et voit dans le poème l’occasion de bousculer un peu les codes du genre en privilégiant un ensemble réduit, axé sur les bois (le faune étant souvent associé à la flute de Pan dans l’imagerie populaire).
Après un début plutôt serein, la pièce prend rapidement de l’ampleur, au niveau du rythme comme de l’instrumentation, les cors se chargeant des ambiances plus enlevées.
Si peut être parfois un peu « sage » pour certains passages de Sabre, le Prélude à l’après-midi d’un faune se révèle néanmoins un compagnon musical de premier ordre !
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Une Chronique de Fab