Ca donne Quoi ? Troisième chronique « animalière » de cette rentrée, avec ce premier tome de Robilar. Si, hier, Sfar se frottait au Roman de Renart, ici c’est David Chauvel qui se réapproprie le Chat Botté en lui donnant un nom et en lui inventant une origine aussi drôle que décalée. Son Robilar, passé d’une vie de patachon à une dure réalité devient un félin roublard et rusé qui va faire la fortune du seul humain qui aura eu pitié de lui.
Le reste du casting est au diapason, haut en couleur et grotesque à souhait et l’intrigue, savamment dérivée de l'histoire que l'on connait, déroule dans une bonne humeur communicative.
Le tout est parfaitement croqué par un sylvain Guinebaud aussi à l’aise ici que sur la fantasy où on a plus eu l’habitude de le croiser. Ses personnages, comme sur ses albums de la série 7, sont cartoony et expressifs, ses décors sont détaillés et fort bien mis en couleurs par Lou.
Tiercé gagnant pour série réussie!
LA MUSIQUE:
C'est quoi :SMILEY
C'est de qui ? W. Alwyn
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Probablement
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? A l’écoute de cette B.O sans le film pour lequel elle a été écrite on jurerait être en présence d’un dessin animé old school, avec toutes ces mélodies légères à la flute et à la clarinette, ces envolées de cordes cristalines et autres percussions métalliques.
Mettre en musique cette comédie familiale a du être une récréation bienvenue pour Alwyn, adepte de sérialisme et de dissonance à la carrière classique des plus prolifique et à la filmographie variée (mais aucun dessin animé à son actif par contre).
Le caractère sautillant et dédié à l’aventure et à l’humour de sa partition en fait une compagne de qualité à ce premier tome de Robillard.
Ca donne Quoi ? Au quaternaire, alors que les grandes glaciations reviennent sur Terre, une tigresse à dent de sabre met au monde un étrange bébé, de couleur pâle aux longues pattes et au sourire béât. Ne serait ce pour ses deux longues quenottes qui dépassent, on se demanderait même si c’est le sien.
Pas forcément bien accepté par le reste de la portée, notre créature va néanmoins réussir à s’en sortir, en étant toujours des bons coups, qu’il s’agisse de tétée, de chasse ou ne serait-ce que de survie au jour le jour.
Si ce résumé, j’en conviens, peut laisser à penser que Sabre s’adresse à un jeune public : il n’en n’est rien (enfin, pas que, en tout cas). Eric Feres, dont c’est le premier album, réalise là un double exercice de style assez brillant (quoique pas dénué de quelques rares longueurs), réussissant le pari de proposer sur plus de 250 pages une histoire animalière réussie, à la narration fluide, malgré l’absence de textes, qu’il enrichit en plus de passages science fictionnesques.
Sabre, d’un point de vue fond et forme, c’est un peu Le Vilain Petit Canard revu et corrigé par Jens Harder, l’auteur des conceptuels Alpha/Beta et Gilgamesh. Un documentaire historico animalier aux paysages pleins de bruits et de fureur dans lequel se serait glissé un cousin du lapin de Sacré Graal (Monty Python).
Déjà entendu dans le coin? Une poignée de fois oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Il est amusant de noter que si ce Prélude est aujourd’hui une pièce très connue, figurant sur maintes compils commerciales, à l’époque où il l’a écrite, alors agé d’une trentaine d’années, Debussy n’a que faire des goûts de la critique (qui ne sera d’ailleurs pas tendre avec l’œuvre) ou du public.
Comme Mallarmé, auteur du texte ayant inspiré ce prélude, il cultive l’ « art pour l’art » et voit dans le poème l’occasion de bousculer un peu les codes du genre en privilégiant un ensemble réduit, axé sur les bois (le faune étant souvent associé à la flute de Pan dans l’imagerie populaire).
Après un début plutôt serein, la pièce prend rapidement de l’ampleur, au niveau du rythme comme de l’instrumentation, les cors se chargeant des ambiances plus enlevées.
Si peut être parfois un peu « sage » pour certains passages de Sabre, le Prélude à l’après-midi d’un faune se révèle néanmoins un compagnon musical de premier ordre !
Ca donne Quoi ? Encore sous le coup de la disparition de Solo, son mentor, Legatus rencontre un vieil ours qui lui confie des poudres magiques aux propriétés hallucinogènes.
Au fil des ses pérégrinations notre chien dur à cuire est rejoint par d'autres voyageurs/guerriers et, guérissant les malades sur son chemin il est bientôt précédé d'une aura de messie, ce qui déplaît fortement aux autorités humaines en place.
Pour ce nouveau cycle Oscar Martin pioche un peu dans le mythe de Jésus et de Spartacus , Légatus faisant office de leader charismatique plus ou moins malgré lui.
Si l'on regrettera encore quelques textes un brin trop envahissants au début, l'action prend ensuite le dessus et la série est toujours servie par ce style graphique animalier disneyen toujours aussi soigné qui n'est jamais plus efficace que sur les nombreuses planches muettes, preuve du savoir faire narratif de son auteur.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :MAD MAX
C'est de qui ?Brian May
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Commençons d'emblée par clarifier le fait que le Brian May qui a écrit la B.O des deux premiers Mad Max (entre autres choses) n'a rien à voir avec le guitariste aux longues bouclettes du groupe Queen.
Non celui qui nous intéresse est australien, a eu une solide formation classique ainsi que de chef d'orchestre et a fait ses classes trois décennies durant sur pléthore de séries tv de divers genres avant d'être approché pour mettre en musique le premier film de la trilogie qui a révélée Mel Gibson.
Son score est d'inspiration clairement épique pour ne pas dire fantasy, les thèmes de May rivalisent sans peine avec certains de Jerry Goldsmith à qui cette B.O fait pas mal penser, que ce soit dans l'utilisation de certaines percussions ou dans les montées lyriques et parfois violentes des cuivres et les cordes.
Les similitudes entre le film et la bd de Martin sont évidentes et la musique du premier va comme un gant (clouté) à la seconde.
Ca donne Quoi ? Quand les candidats au prix Nobel sont assassinés dans de mystérieuses circonstances les uns après les autres, tout semble désigner Horace Beckett, un richissime pigeon, comme suspect, lui qui brigue le prix en question.
Notre loup fin gourmet, agent secret à ses heures se voit obligé d'écourter sa romance romaine pour enquêter sur l'affaire.
Les dialogues sont très réussis et l'action déboule quasi non stop. Si l'on excepte quelques twists un peu gros du scénario et des effets Photoshop dont je ne suis pas fan, ce second volet de Jack Wolfgang, avec ses références et clins d’œil en série, tient les promesses du premier, faisant de cette série le juste milieu aussi étrange que réussi de James Bond et de Chaminou (et un futur succès probablement),
LA MUSIQUE:
C'est quoi :SPECTRE
C'est de qui ? T. Newman
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si il est évident que malgré le soin apportés aux B.O des James Bond des deux dernières décennies on n'atteint plus -loin s'en faut- le niveau des scores d'antan, signés John Barry , on évitera de trop tirer sur l'ambulance en reconnaissant qu'il faut vivre avec son temps (enfin le cas échéant composer avec celui ci).
Pourtant on est en mesure de regretter l'originalité, la classe voire même l'humour qui faisait le sel des thématiques musicales de mythiques bandes que sont From Russia With Love ou Thunderball. Ici Thomas Newman, déjà responsable du précédent 007, (que nous avons d'ailleurs entendu chez nous sur... le précédent Jack Wolfgang!) livre une copie fort appliquée certes mais bien souvent à la limite de l'ennui, replaçant de ci de là le célèbre générique bondien et n'hésitant pas à l'enrober d'électronique pas forcément toujours bienvenue.
Après Newman connaît son métier et sait exprimer le suspense et illustrer les scènes d'action avec beaucoup d'efficacité et les quelques passages un peu folkloriques ne sont que plus intéressants sur ce second tome de Jack Wolfgang.
Ca donne Quoi ? Mulo, jeune mulet dont les parents ont été abattus alors qu’il n’était qu’un bébé, revient dans sa Bretagne natale suite à un courrier anonyme l’incitant à chercher des réponses.
Après avoir sauvé la vie d’un journaliste fouineur dans une usine désaffectée, notre héros écorché vif va déclencher une spirale de violence qui ne s’arrêtera que quand il aura accompli sa vengeance.
Récit noir anthropomorphe, Crachin Breton se démarque de ce qu’on a déjà pu lire dans le genre par une narration originale, découpée en courts chapitres aux titres tirés d’une chanson bretonne, un ton très pessimiste et quasi sans concessions, et un style graphique quelque peu mixte plutôt original sur le créneau bien servi par de grandes cases aux trait clair et précis.
Quelques petits bémols persos cependant : une colo qui aurait peut être méritée d’être plus marquée ; une situation géographique parfois un brin « envahissante » (on sent que le duo d’auteurs aime beaucoup sa région ! Mais il semblerait que les prochains ne soient pas dans ce cas) et des choix d’insertion de paroles de chansons un peu passe partout qui, outre le fait qu’elles vont faire rapidement « dater » le récit, ne sont pas forcément marquantes sur le récit.
Pog, que nous avions croisé ici sur de la BD Jeunesse, prouve qu’il se défend bien dans un registre adulte et son compatriote, au dessin, gère plutôt bien sa partie. La suite confirmera si Mulo est amené à prendre sa place au sein des classiques du genre.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? BOUND
C'est de Qui ? D. David
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Pour leur premier opus, les frangins Wachowski rendaient un hommage aussi appliqué que réussi au film noir, en proposant cette histoire de casse qui tourne mal, de trahisons et de mafieux, le tout sur fond de romance sulfureuse entre deux femmes aussi fatales qu’opposées.
Le travail d’orchestration de Don Davis (qui mettra en musique pour la fratrie la trilogie Matrix et sa déclinaison animée) pour d’autres compositeurs se révélera bien plus convaincant que son parcours perso, parsemé de séries Z très oubliables, et c’est d’autant plus dommage à l’écoute du score de Bound.
En effet, alors qu’il aurait pu livrer une partition de thriller passe partout, le bonhomme n’hésites pas à panacher son orchestration de boucles rythmiques et de solos de piano ou de basse (hélas parfois noyés dans la masse), le tout participant à créer une aura des plus menaçante.
Certes la subtilité n’est pas toujours au rendez-vous, les cuivres sonnent parfois un peu pompiers et certains effets de post-prod ont un coté années 90 très marqué.
Néanmoins de par son alliance entre les ambiances feutrées mais pleines de tension et ses moments d’action plus heavy, la B.O du jour reste un choix défendable avec le tome 1 de Mulo.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)