1 septembre 2016 4 01 /09 /septembre /2016 12:54

 

 

On arrive au terme de notre grande saga avec une chronique qui aurait du être publiée plus tôt mais le mal est réparé (et, techniquement, c'est encore l'été de toute façon)

 

 

LA BD :

 

 

 

C'est quoi ?  LA GESTE DES CHEVALIERS DRAGONS - 2e groupe : 4 - 9 - 1 - 3

 

 

C'est de qui ? Ange  & Briones (4) – Ruizgé (9) – Varanda (1) - Guinebaud (3)

 

 

Une couv’ :

La Saga de l'été : La chronique perdue…

C'est édité chez qui ? Soleil

 

 

Déjà vu chez nous? Quelques un(e)s.

 

 

Une Planche :  

 

 

 

 

Ça donne quoi? : Le tome 4, Brisken est un épisode clé de la série auquel des allusions seront faites plusieurs fois dans d'autres albums. Tout commence à Messara qui n'est plus le bourg principal d'un petit royaume mais une grande et belle ville capitale d'un grand empire.

L'ordre de Narak a été envoyé tuer un dragon, mais il a échoué et un grand nombre de créatures du Veill menace la ville. L'empereur fait appel à l'ordre pour tenir la passe de Brisken en attendant que son armée revienne d'une mission. 400 partiront : chevaliers, écuyères, novices… 15 seulement survivront grâce à l'arrivée de l'ordre d'Ishtar. Mais les dés étaient pipés dès le début : l'empereur avait fait tuer les chevaliers de Narak, orienter les créatures et empêcher les oiseaux messagers, les kaäs, de transmettre les appels au secours. Pourquoi? Par peur de la puissance de l'ordre.

Malgré ce drame, la matriarche lui dit: "Notre ordre ne se mêle pas de politique" et laisse l'empereur à sa folie… et peut-être à ses remords.

 

C'est l'album rêvé pour les amateurs de grandes batailles rangées et de combats désespérés. Briones a mis beaucoup de force dans ces dessins… et aussi beaucoup de muscles selon les personnages! Le chevalier Alia est la narratrice de ce récit violent et poignant (elle note les faits dans un registre). Même si ce ne sont que des personnages dessinés, il est difficile de ne pas avoir de compassion pour elles et de colère contre l'empereur et ses vils calculs politiques. J'aurais tellement aimé que la matriarche lui tranche le cou!

 

 

 

Une dizaine d'année plus tard, le tome 9,  Aveugles est racontée sur fond de comptine récitée par la petite novice Mara. 3 chevaliers dragons se réveillent enfermés dans une sorte de prison souterraine, mains attachés, quand un groupe de créatures du Veill les attaquent. Elles arrivent à les tuer à mains nus. Oris d'Ishtar, Loÿs de Messara et Mathild de Narak s'étaient endormies la veille dans leurs ordres.

Que s'est-il passé? Est-ce un complot de l'empereur pour affaiblir l'ordre? Parallèlement, on découvre les travaux scientifiques que le prêtre Hassan effectue dont certains sur le Veill pour tenter d'y trouver un remède. Les prêtres d'Aman auraient-ils enlevé les chevaliers pour les étudier comme des cobayes?

 

Aucun dragon dans ce tome où intrigues entre ordre et empire dominent ainsi que quelques découvertes sur le grand pouvoir des prêtres d'Aman. Complots et trahisons en tous genres comme Hassan trahie par sa concubine, espionne (ombre) de Narak, ou la folie de la matriarche prête à tuer les meilleurs chevaliers pour justifier de l'assassinat de l'empereur pour venger le massacre de Brisken (ce n'est pas la même que celle du tome 4).

 

Un scénario passionnant, peut-être un peu trop foisonnant pour un seul album, caractérise cette histoire élégamment illustrée par Ruizgé dans un style renaissance pour les tenues des nobles donnant un effet un peu étrange face au côté médiéval de l'ordre.

 

 

 

Encore un type bien qui se fait détruire… pas physiquement mais moralement. Tous ses travaux ont été détruits par les ombres de l'ordre qui croyaient trouver les chevaliers enlevées. Il a tout à recommencer difficilement puisqu'il a perdu l'appui financier qu'il espérait.

 

Voici la comptine en entier :

 Il était une fois un vieil homme tout seul, habillé de noir et de démons, il était le seul à voir clair.

Il était un homme amoureux, et son amour lui avait crevé les yeux, rendant son intelligence aveugle sans qu'il ait mal, et sans qu'il le sache.

Il était des princesses enfermées, closes dans une prison de pierre, et elles avaient beau lever les yeux, les rochers aveuglaient leurs paupières.

Et puis, partout et toujours, Il y a ceux qui courent et qui sautent et ceux qui dansent en riant.

Il était une très vieille femme confite dans ses rêves de vengeance et la haine lui avait cousu les yeux d'amertume et de toiles d'insectes.

Il était une femme qui croyait qu'elle était jeune et libre. Mais ses chaînes étaient invisibles sous son long manteau de nuit.

Il était une femme qui croyait être jeune et belle et puissante. Mais ses chaînes étaient invisibles sous son manteau d'or et d'argent

Et puis partout et toujours,  il y a ceux que jamais rien n'arrêtera, ceux qui recommenceront encore, ceux qui recommenceront toujours et ceux qui dansent en riant.

 

Les strophes sont un peu inégales, mais le lecteur y retrouve parfaitement les divers personnages intervenant dans cet album.

 

 

 

Voici où se situe chronologiquement le tome 1,  Jaïna, tome fondateur de la série. Dès cette histoire, Ange montre l'hostilité des hommes vis-à-vis de ces filles habillées en hommes, maniant l'épiée et chevauchant seules.

 

Le lecteur devine que la vie ne doit pas toujours être facile pour les femmes du commun qui ont droit à fort peu de choses sans autorisation de leur mari ou leur père…

 

Jaïna, accompagnée de son écuyère Ellys, arrive dans une ville où sa sœur Dara est déjà passé plus tôt. Si Dara n'est pas revenue, c'est sans doute que le dragon l'a tuée. Les dirigeants de la ville, dont des prêtres d'Aman, accueillent Jaïna plutôt fraichement et s'inquiètent qu'elle soit seule.

Mais elle ne tient pas compte de leurs remarques et part pour la zone où est le dragon avec Ellys. Après avoir échappé à une attaque de paysans affamés devenus violents sous l'effet du Veill, leurs provisions et leurs chevaux sont dévorés par une meute de créatures. Elles trouvent refuge au fort de Meln où le prince Jahn d'Espard et ses hommes combattent les créatures.

Apparemment, ils ne sont pas touchés par le Veill. Mais Jahn a tué Dara pour prendre sa peau de vierge et approcher du dragon pour que ce soit un "vrai" chevalier qui le tue…

Et il a forcé Ellys à faire l'amour, donc le dragon la sent. Jaïna est tuée, mais Ellys, dans un sursaut fabuleux, arrive à le tuer.

 

 

 

 

Ange a posé les bases scénaristiques de son univers avec ce tome : la résistance des vierges au Veill, les effets délétères de ce dernier sur les corps ou sur les esprits, l'inimitié (ou même la haine) des hommes déchus de leur rôle de protecteur de la civilisation et même le choix dangereux de laisser le dragon en vie plus longtemps pour profiter des pierres précieuses créées par le Veill.

 

Varanda a posé les bases graphiques pour tous les dessinateurs à venir. En particulier, ce qu'est la tenue de combat contre les dragons, je n'ose écrire armure vu le peu de surface corporelle couverte.

 

C'est un truc qui m'a toujours surprise dans la fantasy : les hommes sont couverts de la tête aux pieds avec des armures, sauf les barbares, et les femmes sont à moitié nues. Personnellement, je pense que les 2 tenues sont mauvaises : un souffle enflammé sur une armure en fait une super cocotte-minute et sur une peau nue cela donne de la viande trop cuite! Mais je reconnais qu'une tenue légère en poids (une armure en métal pèse de 15 à 20 kilos) permet de garder de la mobilité et d'esquiver plus facilement flammes et coups de griffes… Mais il est vrai que les dragons de la série ne crachent pas toujours du feu.

 

Varanda a aussi créé un paysage d'une beauté à couper le souffle en double page 2 et 3 avec cette ville entourée d'une cascade d'eau… imaginez une ville allant du pied des chutes du Niagara jusqu'à dépasser le fleuve dans la partie haute.

 

À noter aussi que ce tome commence par une visite de 3 jeunes filles dans une salle décorée de gravures présentant les exploits des chevaliers dragons avec une vieille chevalier… Cela ressemble au début du tome 14.

 

 

 

C'est sans doute à peu près à la même période que se déroulent les évènements du tome 3 , Le pays de non-vie. Tout commence par le regroupement de vielles femmes à la peau grise et tatouée qui se groupent à proximité d'un dragon et explosent.

Ce sont les sœurs de la vengeance qui pratiquent un rituel destructeur quand les chevaliers dragons ont échoué dans leur combat face au dragon. Rituel terrible parce que tout ce qui vivait encore dans une zone liée à la force du dragon, y compris les plantes, est éradiqué pour de nombreuses années, peut-être pour toujours!

 

Mais le Veill a généré des modifications des roches allant jusqu'à la création de pierres précieuses pour lutter contre les fièvres ou autre chose. Ces trésors attirent des "chasseurs de Veill" qui récoltent et vendent ces pierres. Le métier est dangereux car il faut bien doser le moment d'intervention : trop tôt et le Veill subsiste car le dragon est en vie, trop tard et des chasseurs plus hardis ont déjà tout ratissé.

 

Ce tome commence avec une partie d'une famille qui explore la zone "nettoyée" par les sœurs de la vengeance la récolte est maigre : quelques pierres de faible valeur et une épée de chevalier dragon. Pendant ce temps, le chevalier Mara rejoint un village soumis au Veill ou à la peste.

C'est la peste, une bonne nouvelle en comparaison du Veill, mais Mara découvre un peu par hasard qu'un dragon doit vivre dans une zone éloignée et non habitée. Elle va s'y rendre après avoir rendu visite à la famille de sa sœur où un 2e enfant ne va pas tarder à naître.

Une tempête sur le fleuve proche va projeter la famille de chercheurs au beau milieu du Veill généré par ce dragon. Ils y laisseront tous la vie sauf une petite fille que Mara va prendre sous sa protection après avoir tué le dragon.

 

 

 

Ange a augmenté l'univers de la série avec ces gens prêts à risquer leurs vies pour chercher d'hypothétiques trésors qu'ils devront ensuite marchander âprement.

Avec Mara adulte (voir tome 9), il nous montre aussi une autre facette des vierges guerrières : renoncer à une vie de famille avec des enfants ayant grandi dans son ventre n'est pas toujours facile à assumer. 

 

Dans d'autres tomes, on découvrira que certaines ne vont pas au bout de leur formation ou renoncent après quelques combats. C'est un personnage très humain et donc plutôt attachant. Terme plus difficile à utiliser pour la famille de chasseurs où la concorde ne règne pas vraiment.

 

Guinebaud a illustré de façon très expressive les doutes et chagrins de Mara et la violence des autres personnages. Ses scènes désertiques sont splendides, en particulier les scènes nocturnes. Dans sa préparation au combat, il sublime Mara en lui faisant utiliser la terre pour se dessiner des marques sur le visage. Elle va apparaître comme une créature mythique devant la petite fille apeurée.

 

 

 

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Une chronique de Gen

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