Allez, on termine l'année avec un Livre qui en réécrit un Autre, à la croisée des genres à plus d'un titre, et de la grande musique pour accompagner... bonne fin d'année à vous et on se retrouve en 2018!
LA BD:
C'est quoi : LE LIVRE
C'est de qui ? N. Arispe
La Couv':
Ca donne Quoi ? Si je suis foncièrement athée, très tôt j’ai eu l’occasion de lire l’Ancien Testament qui, pris comme ce qu’il est, une fiction chargée d’allégories, regorge d’histoires pleine de bruits et de fureurs, de récits de batailles épiques, de trahisons sanglantes, de destruction massive, j’en passe et des meilleurs.
La vision de l’argentin Nicolas Arispe dans ce Livre est d’autant plus intéressante que l’auteur nous explique, en fin de volume, qu’il a reçu une forte éducation religieuse, qu’il a été croyant mais ne l’est plus aujourd’hui.
Son interprétation de sept passages de la Bible n’en n’est que plus marquante ; réécriture inspirée anthropomorphe d’extraits emblématiques pour lesquels il travaille sur la symbolique profonde, du sacrifice demandé à Abraham, transformé en ours polaire, aux guerriers bovins d’Ezéchiel, en passant par le séjour du loup Jonas dans le ventre de la bête.
A grands renforts d’illustrations en noir et blanc frappantes et baroques, aux influences diverses mais maîtrisées, à la manière d’un Gustave Doré ou d’un Grandville (dont Arispe se réclame d’ailleurs) du siècle nouveau, il dynamite ces histoires en jouant sur les ombres et les à-plats, les cadrages et les codes narratifs.
Un ouvrage clairement à part, à mi chemin entre la BD et le livre d’illustration, qui, de par son originalité et son audace ne laissera aucun lecteur indifférent, qu’il soit croyant ou non.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? ASRAEL
C'est de Qui ? J. Suk
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Pas sur
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Ne serait-ce que de par son sujet d’inspiration, Asrael de Josef Suk ne transpire pas la gaieté !
Gendre de Dvorak, Suk, à la mort de celui-ci entamera cette pièce assez magistrale qu’il achèvera à la mort de son épouse (fille de Dvorak donc pour ceux qui ne suivaient déjà plus) et dédiera aux deux disparus en donnant à sa symphonie le nom de l’ange de la mort de la bible (nous y revoilà !).
Ancrée dans le romantisme finissant, la partition fait la part belle aux cordes (Suk était lui-même un violoniste aguerri) et est réputé comme particulièrement dificile d’exécution.
De par son caractère quasi constamment mélancolique voire tragique (à l’exception d’un court passage au début de la seconde partie) aux échos qui ne sont pas sans évoquer Prokoviev ou Rachmaninov, Asrael est un accompagnement de choix pour le Livre.
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Une Chronique de Fab