Ca donne Quoi ? Ce second volet va surprendre les lecteurs du premier car, en lieu et place du vaisseau spatial dans lequel ce dernier se déroulait, nous voici au début des années 70, dans un bled perdu du nord de l’Amérique, balayé par des rafales de neige dans lequel un agent du FBI un peu trop porté sur la bouteille vient prêter main forte à la police locale dont le sheriff a disparu tout comme une starlette de cinéma, en tournage dans les studios locaux.
Au fur et à mesure de l’enquête, et grâce au nom de l’actrice recherchée, on découvre assez rapidement le lien entre les deux tomes de Hope One, mais cette suite, sous forme de thriller sous tension plein de rebondissements, s’avère néanmoins très prenant à suivre jusqu’à son dénouement …détonnant !
Fane, seul aux commandes du premier volet, laisse ici à Grelin le soin de mettre en images et en couleurs son storyboard. Si je préférais l’aspect brut de décoffrage de Fane à l’inspiration manga de Grelin, ce dernier assure bien sa partie avec ces décors enneigés oppressants, ces protagonistes anguleux et cette ambiance aussi sombre que le scénario.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :WESTWORLD SEASON 3
C'est de qui ?R. Djawadi
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Je ne vais pas me faire des amis en écrivant ceci mais Westwworld est, à mon sens, une baudruche survendue qui, hormis pour les amateurs de visuels léchés et d’ambiances pseudo-étranges, n’ a rien de la série culte que HBO, toujours en quête de son prochain The Wire ou GOT, essaye de nous vendre.
A la lenteur de l’avancement de l’intrigue et de certaines séquences soporifiques au possible Ramin Djawadi, qui eut d’ailleurs dire merci à HBO de lui avoir confié GOT et une mise en lumière qu’il n’aurait peut-être jamais eu autrement, fait dans un certain minimalisme atmosphérique, digne héritier d’un Vangelis sous tranquillisants, avec force claviers et échos bourdonnants forts à la mode dans la SF de nos jours.
Pourtant, sa partition électro chirurgicale se révèle diablement efficace en accompagnement de cette suite surprise de Hope One avec qui elle partage un certain sens du suspense à fleur de peau, de la noirceur menaçante constante.
Ca donne Quoi ? Imaginez, le début des années 70, au paroxysme de la Guerre Froide, l’escalade entre les deux grandes puissances provoque un déferlement de feu nucléaire sur la planète. Heureusement (enfin, façon de parler) un programme spatial secret prévoyant d’envoyer douze stations spatiales avec dans chacune un couple se déclenche.
Presque cinquante ans plus tard, Megan se réveille à bord de l’un d’entre eux, ne se souvenant de rien, et apprend à vivre avec Adam qui lui explique la situation.
Leur mission est de repeupler la Terre, dans l’hypothèse que celle ci ne soit plus radioactive.
Mais plus le temps passe plus la jeune femme nourrit de soupçons à l’égard de son compagnon et de son comportement.
Fane passe du sable du désert et des bolides customisés à l’espace infini (ou presque) et de pléthore de personnages à un duo dans un huis clos souvent stressant.
Comme l’héroïne on doute, on s’interroge, on est mal à l’aise !
Au dessin l’auteur a fait un peu plus dans le rough coté trait avec des effets de matière intéressants, des visages parfois esquissés, des décors souvent minimalistes le tout rajoutant à l’ambiance de tension de l’album qui se clôt comme il se doit sur un cliffhanger attendu mais efficace.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : THE OMEGA MAN
C'est de qui ?Ron Grainer
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Probable.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si Grainer, compositeur australien, s'est rendu célèbre grâce à la musique de la série culte Le Prisonnier et s'est fait plus ou moins une spécialité des scores de SF, il surprend néanmoins son monde pour la B.O de cette adaptation plus ou moins déguisée du Je Suis Une Légende de Matheson avec Charlton Heston dans le rôle titre.
En effet en lieu et place de ce l'on entend généralement dans le genre, Grainer propose ici une partition aux accents jazzy très lounge. Ne partez pas en courant cependant, l'action et le suspense sont également au rendez-vous avec des parties de cuivres grondants sur des nappes de synthés aussi étranges qu’entêtantes qui crée une atmosphère hypnotique et menaçante toute en contraste avec le groove suranné.
Une musique qui ne parlera peut être pas à tout le monde mais qui, si l'on y adhère, se révèle surprenantes en accompagnement de ce premier tome de Hope One.
Ca donne Quoi ? Nous y voilà, le père de Crystal ayant misé la station essence, la course, déjà bien tendue entre les rivalités, l’implication du FBI, les médias voraces et la présence du Kid, tueur en série, a pris une autre dimension.
Les participants sont sur la ligne de départ, les moteurs gueulent, la gomme chauffe… Et c’est parti !
La chevauchée sera aussi épique que fatale, pleine de morceaux de bravoure et de victimes.
Fane conclue son très bon premier volet par une suite bourrée de testostérone, où son dessin nerveux et sexy est au service d’une action débridée le tout bien porté par une narration virevoltante, cinématique à souhait, même si un rien ralentie à deux reprises.
L’album est complété par un faux magazine d’une douzaine de pages qui revient sur la genèse du projet, présente les belles carrosseries de l’histoire (les mécaniques et les autres !), des scènes coupées et autres bonus.
Un diptyque dédié au grand spectacle qui ne trompe pas sur la marchandise, du tout bon !
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? LE TEMPS DES LOUPS
C'est de Qui ? G, Garvarentz
La couv'
Déjà entendu chez nous? Une fois ou deux oui.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? On retrouve à l’affiche de cet obscur film de casse de la toute fin des années 60, réalisé par un tâcheron transalpin, nos Robert Hossein et Charles Aznavour nationaux.
Le beau frère de ce dernier, Georges Garvarentz, parolier à succès et collaborateur du gratin du showbiz de l’époque signe une bande son mémorable, mélange vigoureux de rock psyché et de funk où une guitare électrique est admirablement rehaussée par des cuivres et des flutes que n’auraient pas renié un James Brown.
Le film jouant la carte de la violence un brin jusqu’au-boutiste, la musique prend le contrepied en apportant une touche groove très américaine qui atténue l’ensemble et relève bien les scènes de cascades et poursuites par exemple.
Une sévère dose d’action et de fun pour coller aux pots d’échappements vrombissant des bolides de Streamliner.
Ca donne Quoi ? Alors que les gros bras de Fast and Furious se tirent la bourre depuis presque seize ans, avec un actuel huitième volet frôlant le second degré surréaliste et que les bikers de Joe Bar Team ont poncé l’asphalte et le zinc pendant plus de 20 piges, l’auteur de cette dernière mélange allègrement les deux et nous pond une histoire pleine de voyous à bagnoles et de minettes à grosses cylindrées.
Pourtant ce serait à la fois réducteur et peu flatteur de comparer Streamliner à la franchise de Vin Diesel, la BD de Fane étant bien plus fun et, surtout, se rapprochant plus des films de courses des années 70.
Pour vous la faire courte,au début des seventiesune bande organisée, aux volants de bolides transformés, viennent s’incruster sur la propriété des O’Neill, (un vieux pompiste et sa fille) en plein désert, afin d’organiser leur course annuelle, censée désigner leur nouveau chef.
Bientôt rejoints par un gang de motardes affriolantes, un jeune tueur en cavale, une rockeuse rebelle avec son fan club et beaucoup trop de public que prévu, l’équation va se compliquer encore plus quand la télévision et le FBI s’en mêlent. Avec la station service et la propriété en jeu, tout le monde est chaud bouillant pour remporter une course où tout les coups risquent de pleuvoir.
Dans un style graphique très dynamique et sexy, proche de celui d’Olivier Vatine, en nettement plus délié, Fane se fait plaisir avec ce premier volet à la pagination généreuse, au rythme soutenu et qui, à quelques exceptions près (le passage du récit de guerre, des dialogues un peu téléphonés parfois…) fait mouche dans le genre récit de bagnoles et d’aventures !
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LA MUSIQUE
C'est Quoi ?THE LOST MAN
C'est de Qui ? Quincy Jones
La couv'
Déjà croisé chez nous? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Monsieur Quincy Jones s’il vous plait: arrangeur, compositeur, producteur aux doigts d’or ; l’homme qui, sur plus de 60 ans a marqué le jazz, la soul, le funk et le hip hop, s’est aussi superbement illustré sur grand écran.
The Lost Man est souvent considéré comme le précurseur du genre blaxploitation de par sa musique à tendance jazz funky racé que Jones avait déjà expérimenté sur In the heat of the night ou The Italian Job, brèche dans laquelle s’engouffreront ensuite les Isaac Hayes Bobby Womack et autres Curtis Mayfield.
Une guitare en cocotte, des cuivres groovy, une orgue parfois très free, heureusement que le tout est rejoint de temps à autre par un orchestre plus conséquent car on a parfois plus l’impression d’entendre un groupe jammer plus qu’une B.O à proprement parler. L’ambiance très cool et downtempo qui se dégage de l’ensemble, parfois dynamitée par quelques pistes plus énervées ou, au contraire, épicé par des moments de suspense tendu, se révèle bien fun sur Streamliner premier du nom qui, en plus, se déroule à l'époque du film.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)