LA BD:
C'est quoi ? MONSIEUR LE COMMANDANT
C'est de qui ? Xavier Bétaucourt &Etienne Oburie
La Couv':
C’est édité chez qui ? Phileas
Déjà croisés sur le site? Non.
Une planche:
Ca donne Quoi ? Ma première rencontre avec Romain Slocombe remonte à plus de 20 ans quand je suis tombé sur une de ses bd quasi expérimentales parues chez Futuro que j’avais trouvée…intrigante !
Quelques temps plus tard, j’ai lu un bout d’un de ses romans d’où transpirait sa passion pour le Japon (enfin, certaines pratiques en cours là-bas à l’époque)…et puis plus rien - si ce n’est la découverte que sa fille s’était mise également à la traduction de mangas- jusqu’à ma découverte tout à fait inattendue de cette adaptation chez Philéas d’un de ses romans d’il y a une dizaines d’années.
Changement de registre radical puisque l’intrigue se déroule en France, alors que l’Allemagne nazie écrase les troupes françaises et que le vainqueur s’installe, débutant la sombre période de l’Occupation qui va voir fleurir beaucoup de colabos plus ou moins serviles, impliqués, voire les deux.
Paul Jean Husson, écrivain renommé, fait partie de ces derniers, convaincu du bien fondé de la doctrine d’Hitler sur les juifs et ne se privant pas de le faire savoir.
Quand son fils se fiance avec une jeune et belle allemande l’intellectuel, soupçonneux de nature, commande une enquête sur la famille de sa future belle fille et le doute plane…Ilse serait juive.
Mais Husson, homme déjà mur qui perd sa fille et dont la femme dépérit à vue d’œil, est tombé secrètement amoureux de sa bru.
Voila notre abject antisémite tiraillé entre ses convictions et sa libido, prêt à tout pour assouvir sa passion mais sans renier son idéal.
Annonçons le d’emblée, Monsieur le Commandant est une histoire dure et tragique, un coup qui menace constamment de vous étourdir jusqu’à son dénouement et que le duo derrière cette version BD a fort bien su rendre, surtout si l'on garde à l'esprit que le roman d'origine est sous la forme épistolaire. La tension et l'émotion jouent des coudes tout au long d'un déroulement implacable.
Le trait est certes particulier, mais sert fort bien le scénario, on pense parfois à Matt Kindt, autre auteur qui s’illustre dans des récits souvent très pessimistes.
Soyez avertis que cet album ne vous laissera pas indemne, à l’image du Seules à Berlin paru l’an passé, c’est le genre de lecture qui rappelle comme une gifle que l’homme peut parfois être le plus vil des êtres.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : L’ARMEE DES OMBRES
C'est de qui ? E. Demarsan
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Coup d’essai-coup de maître pour Eric Demarsan qui, pour sa première incursion au cinéma écrit la B.0 de cette adaptation de Kessel par Jean Pierre Melville, à l’époque où le réal’ est au pic de sa carrière.
Le compositeur et le réal se connaissait car le premier était l’assistant de De Roubaix sur le Samourai, précédent film du second.
Leur collaboration ici accouche d’une partition à la force évocatrice manifeste, notamment par l’utilisation d’une paire de thèmes que Demarsan fait jouer par différents corps d’instruments selon le résultat recherché.
Idée asse géniale quand on etend la différence d’ambiance entre, par exemple, le piano à percussion ou les violons, ujouant pourtant les mêmes lignes.
Modèle de placement et de sobriété, le score a un impact majeur sur cette histoire qui se déroule durant l’occupation, tout comme il en a eu sur celle de Monsieur le commandant version Xavier Bétaucourt et Etienne Oburie.
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Une Chronique de Fab