26 janvier 2024 5 26 /01 /janvier /2024 14:19

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? LA NEIGE ÉTAIT SALE




 

C'est de qui ? Fromental & Yslaire




 

La Couv':

 



 

C’est paru chez qui?  Dargaud




 

Déjà croisés sur le site? Oui




 

Une planche:

 

 

 

Ca donne Quoi ? Simenon est à l’honneur chez Dargaud qui a lancé l’an passé une série d’adaptations de ses “romans durs”.

 

Sous cette appellation sont rangés les douzaines d'histoires noires que l’auteur de Maigret a écrites quasi compulsivement en marge des aventures du célèbre commissaire.

 

Dans La Neige était sale nous voilà dans une grande ville indéfinie, sous le joug d’une occupation fascisante, où l’on suit le destin de Frank,  jeune homme désœuvré fils d’une mère maquerelle qui vit dans la maison close au rythme de ses occupantes, sorte de Raskolnikov indifférent à ses pairs au point d’en jouer, de leurs vies comme de leurs vertus.



 

Mais c’est bien connu,  le crime ne paie pas et le châtiment ne se fait pas attendre, voilà Frank embarqué par la milice et interrogé de façon musclée.



 

A la fois roman noir, critique du totalitarisme et de ses méthodes  (on connaît le rapport ambigu qu’a entretenu Simenon avec l’occupant allemand) et analyse psychologique existentialiste, ce roman est magistralement rendu aujourd’hui en BD par un duo d’auteurs majeurs.



 

Au scénario le touche à tout Fromental, auteur entre autres de quelques polars bien sentis ces dernières années (que nous avons d’ailleurs chroniqués dans ces pages) capture toute la noirceur du récit.



 

C’est au  trop rare Yslaire, qui a imposé sa patte gothico-romantique au médium avec sa série culte Sambre, qu’a été confié la partie graphique et son trait expressif semi réaliste soigné, dont on notera les judicieux choix de colorisation, et un écrin impeccable pour cette histoire tragique.  







 

 



 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : LES NERFS A VIF



 

C'est de qui ? B. Herrman



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 


 

 

Ca donne Quoi ?  Avec son imparable et inoubliable thème principal à quatre notes au trombone, renforcé par des violoncelles menaçants et des cuivres grondants, Cape Fear est probablement l’un des scores les plus effrayants de Bernard Herrmann, et, en dehors de ses travaux pour Alfred Hitchcock, celui qui marche le mieux avec le film pour lequel il a été écrit.

 

 

Les montées aigues quasi stridentes de violons, qui ne sont pas sans faire penser au leitmotiv de Psycho, écrit quelques années plus tôt, les arrangements de cordes dissonants, les fausses accalmies et autres mélodies entêtantes sont autant de coups de génies de la part du compositeur.

 

Au point que, quand Scorcese réalisera un remake du film, il demandera à Elmer Bernstein de reprendre le travail original d’Herrmann pour la B.O.

 

Suspense et tension sont les maîtres mots de ce petit bijou de musique de film qui a renforcé le coté torve et crépusculaire de l’adaptation de la Neige était sale.





 

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4 janvier 2024 4 04 /01 /janvier /2024 09:54

 

LA BD:




 

C'est quoi ? AU COEUR DE LA TERRE 1 / LA PRINCESSE DE MARS.


 

C'est de qui ? Morvan & Ortiz / Biagini


 

Les Couv':

 

 

 


 

C’est édité chez qui? Glénat


 

Déjà croisés sur le site? Oui


 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ? S’il est surtout connu pour être le papa de Tarzan, l’auteur américain Edagr Rice Burroughs a aussi pondu quelques récits de SF devenus des classiques qui, à la manière de ses contemporains ou d’illustres prédécesseurs (Jules Verne en tête), exploitait le filon des fantasmes de l’époque sur la terre creuse ou les potentiels habitants d’autres planètes.


 

Aujourd’hui ces histoires peuvent faire sourire de par l’accumulation de poncifs  souvent complètement surréalistes mais, pour son adaptation, J.D. Morvan table sur l’action et le rythme au détriment de tout bla-bla pseudo-scientifique.


 

Le lecteur, si tant est qu’il aime ce genre de SF récréative assez basique, sera emporté par l’esprit de l’aventure, plutôt pas mal rendu par le trait de Rafael Ortiz sur Au Coeur de la Terre, que j’ai cependant préféré sur l’autre adaptation qu’il a signé avec Morvan pour Glénat, dans un tout autre registre, de J’Irai cracher sur vos tombes de Vian.

Le transalpin Fransesco Biagini, sur la Princesse de Mars, a un style plus cartoony et expressif qui, si sympathique, amène un coté parfois comique étrange.



 

LA MUSIQUE:




 

C'est quoi : CREATURES THE WORLD FORGOT


 

C'est de qui ? M. Nascimbene


 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui


 

On peut écouter ?

 

 

Ca donne Quoi ? Ayant délaissé pour un temps les films d'horreur (auxquels ils reviendront bien vite, vu qu'ils épuisèrent rapidement leur filon) les mythiques studios de la Hammer produisent, vers la fin des 60's, une poignée de films préhistoriques aux intérêts divers et décroissants.


 

 Mario Nascimbene, qui s'est déjà acquitté avec les honneurs des volets précédents, tient ici toute l'entreprise sur ses épaules de compositeur chevronné et inventif. 

 

Un score orchestral dominé par les percussions mais dans lequel Nascimbene fait un usage original des voix, en les faisant sonner comme des bourrasques de vent par exemple. 

 

Suspense, aventure et action s'entendent comme larrons en foire sur une galette qui accompagne ces adaptations avec qui elle partage ce parfum de SF surannée. 

 

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16 décembre 2023 6 16 /12 /décembre /2023 10:30

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? LA MAISON USHER



 

C'est de qui ? Dufaux et Calderon



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui ? Delcourt

 

 

Déjà croisés sur le site? Oui, les 2.



 

Une planche:

 

 

 

Ca donne Quoi ? Il y a fort peu une série TV intitulée La Chute de la maison Usher m’a donné de faux espoirs quant à une nouvelle adaptation de la nouvelle de Poe, déjà portée à l’écran au début des années 60 avec Vincent Price dans le rôle-titre.



 

La douche s’est vite révélée fort froide quand j’ai vu que c’était en fait une actualisation fort lointaine de la nouvelle (et de quelques autres, vite fait) qui ne se démarque guère de la production horrifique cheap à laquelle le petit (et le grand!) écran nous ont habitués ces 2 dernières décennies.

 

En voyant que Dufaux s’attaquait à son tour, hasard des calendriers, au texte de Poe, je me suis dit que je serais peut être plus emballé.



 

Bon, soyons francs, cela n’a pas été le cas.

Mais lui au moins a appelé son album La Maison Usher, se démarquant ainsi de la nouvelle. On reste dans l'époque et l’on retrouve l’imposante bâtisse, dot Dufaux fait, lui aussi, un personnage à part entière, mais il inclut également un héros un rien pathétique qui, ayant perdu au jeu et étant en danger de mort, se retrouve embarqué dans les histoires de famille glauque de Roderick et Madeline Usher.

 

L’ambiance gothique est bien là et le scénariste insuffle, pour les amateurs de gore et de suspense tendu, une paire de scènes chargées en adrénaline.

 


 

Là où j'ai été conquis par contre c’est sur la partie graphique.

Jaime Calderon, comme il l’avait fait sur ses séries historiques, rend à merveille l’atmosphère d’épouvante de l’album de son trait réaliste qui sait éviter l’écueil du photoréalisme figé et livre de magnifiques décors gothiques à souhait.








 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi : LE RAYON INVISIBLE



 

C'est de qui ? F. Waxman



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Yep



 

On peut écouter ?

 

 


 

Ca donne Quoi ? Alors qu’il vient de connaître un franc succès avec le score de Bride of Frankenstein, déjà chez Universal, Waxman, dont l’heure de gloire n’arrivera que quelques années plus tard, récidive sur cette série B originale dont l’un des atouts est de réunir à l’écran les deux monstres sacrés du film d’épouvante : Bela Lugosi et Boris Karloff.

 

Malgré un postulat de départ plutôt SF, The Invisible Ray tourne vite au fantastique.  Waxman tire les cordes déjà bien éculées du genre mais dynamite sa partition en réutilisant des œuvres de Franz Liszt et en insufflant une dose d’exotisme dans ses thématiques (une partie du film se déroule en Afrique), notamment via les percussions.

 

Tous ces aspects font de la B.O du jour un condensé d’originalité qui a fait du bien à Usher version Dufaux.







 

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28 novembre 2023 2 28 /11 /novembre /2023 08:03

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? NOTRE DAME DE PARIS



 

C'est de qui ? G. Bess



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui ? Glénat

 

 

Déjà croisé sur le site? Oui.



 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ? Jusqu’à quelles extrémités est-on prêt à aller par amour, par jalousie, par déception?

C’est, en filigrane, le thème de cet uber-classique de la littérature française qu’une immense majorité ne connaît qu’au travers de la version outrageusement  édulcorée de Disney voire -pire- la comédie musicale cringe d’il y a …25 ans déjà!

 

Et c’est ce qui ressort de cette adaptation signée de la main du grand Georges Bess qui, après Stoker et Shelley, s’attaque à un autre grand auteur en la personne de Victor Hugo.



 

On retrouve donc bien, dans le Paris du XV° siècle, le pauvre Quasimodo sourd et quasi bestial, plus proche de l’animal que de l’homme mais au coeur et à la fidélité au moins aussi grands que sa bosse; l'archidiacre Frollo dévoré par la concupiscence et torturé par sa condition jusqu’à en éprouver une haine fatale pour la belle et sauvage Esmeralda, victime des hommes, à commencer par le bellâtre Phébus qui n’avait à l’esprit que de profiter du corps de la gitane.

 


 

Bess rend à l’oeuvre sa dimension tragique et gothique, mettant en exergue des thématiques toujours d’actualité et une histoire éternelle.

 

Comme le bon vin, l’artiste se bonifie avec l’âge et, peut être plus encore que sur ses deux précédents opus, il propose ici des compositions picturales magnifiques avec un travail sur les noirs et les blancs digne des grands de la discipline (je pense notamment aux auteurs italiens et espagnols du siècle dernier).

 

Si, là encore comme sur les deux précédentes adaptations, j’ai regretté quelques ajouts informatiques à mon avis peu nécessaires (essentiellement sur des fonds et des trames), c’est clairement un des plus beaux albums de cette année, qui, espérons, le (mais je n’y crois pas trop cela dit!) en motivera certains à découvrir le magnifique texte d’origine, forcément raccourci ici. 







 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi :SYMPHONY N°3



 

C'est de qui ? K. Penderecki



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 

 

 

Ca donne Quoi ? Pionnier de la musique avant-gardiste en Europe, l’oeuvre du compositeur polonais Krzysztof Penderecki a beaucoup été utilisé  au cinéma et par, excusez du peu, des pointures comme Stanley Kubrick ou Martin Scorcese.

 

Adepte à la fois du sérialisme et de la musique minimaliste ses compositions sont en effet souvent aussi difficiles d’accès qu’ expressives car pleines de tensions (au deux sens du terme!) et de suspense.



 

Il écrit ici pour un nombre très important d'instruments qui, sur certains passages, jouant à l'unisson, en canon ou, au contraire sur des thèmes décalés, provoquent des effets dramatiques et imposants.



 

Probable que ce Notre Dame de Paris en BD se serait accommodé d’une B.O plus classique pleine de romantisme et de bons sentiments, mais avec cette symphonie empreinte d’un élan dramatique et pleine d’un suspense constant ce n’en n’a été qu’une meilleure lecture. 






 

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13 novembre 2023 1 13 /11 /novembre /2023 10:35

 

 

LA BD:





 

C'est quoi ? MIROIR DE NOS PEINES



 

C'est de qui ? De Metter



 

La Couv':

 


 

C’est édité chez qui ? Rue de Sèvres

 

 

Déjà croisé sur le site? Oui.



 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ?Je me demandais il y a presque 3 ans de ça, lors de la sortie de Couleurs de l’incendie version De Metter si ce dernier adapterait également la 3° partie des Enfants du Désastre, trilogie comprenant le multi-récompensé Au Revoir Là Haut et sa suite - historique à défaut d’être vraiment narrative- Couleurs de l'Incendie.

 

C’est chose faite ce mois-ci avec ce Miroir de nos peines où l’on suit, là encore, plusieurs destins croisés alors que l’Europe est sur le point de sombrer dans la Seconde Guerre mondiale.

 

Celui de Louise, transfuge du premier volet qui est devenue adulte et institutrice et dont la vie va être chamboulée quand un docteur lui propose une énorme somme d’argent pour la voir nue et se suicide dans la foulée, lançant notre infortunée héroïne dans le plus simple appareil dans la rue  et dans le pétrin qui va la pousser sur les routes, en compagnie d’un ami patron de café, à la recherche de ses origines.

 

Celui de deux soldats, Gabriel un idéaliste qui va comprendre à ses frais que la période n’est pas tendre pour les braves gars, et Raoul un escroc à la petite semaine qui ne peut s’empêcher de tirer profit de toutes les situations.

 

Celui également de Désiré, bonimenteur et arnaqueur qui n'hésite pas à endosser différentes identités selon le besoin et faire croire plus ou moins ce qu’il veut à son entourage.

 

Dans le chaos de l’invasion allemande, de la débâcle de l’armée française et de l’Exode qui s’ensuit, tout ce petit monde va se croiser, se percuter, se fuir…



 

Je dois avouer que j’ai été moins convaincu par cette troisième adaptation que par les précédentes. Si graphiquement De Metter apporte toujours, via sa peinture expressive réaliste, un supplément d’âme non négligeable à la prose de Lemaître, je pense que le choix de ne faire qu’un one-shot, même de plus de 180 pages, oblige l’artiste à opérer certaines coupes qui n’aident pas toujours à s’attacher à certains protagonistes qui, pour le coup, se retrouvent peut être plus antipathiques que leur version dans le roman.



 

Néanmoins si cette version en BD donne envie à certains de lire le roman original ce sera déjà une très bonne chose. 









 

LA MUSIQUE:





 

C'est quoi :CONVERSATION SECRETE



 

C'est de qui ? D. Shire



 

La Couv':

 

 

Déjà entendu chez B.O BD? Oui



 

On peut écouter ?

 


 

Ca donne Quoi ?  Capable d’alterner projets pharaoniques et films plus intimistes, le grand Francis Ford Coppola collabore pour la première fois avec le compositeur David Shire - son  beau-frère à l’époque- sur ce Conversation Secrète .



 

Cela étant,  devant les exigences du réalisateur, le compositeur a dû rapidement déchanter et on ne peut que lui tirer notre chapeau de livrer une partition aussi aboutie que loin de ce qu’il proposait alors.

 

En effet la B.O de The Conversation est d’un dénuement  assez appuyée, quasiment jouée au piano solo tout du long, avec des motifs à peu de notes, le tout pour ne pas parasiter un film qui fonctionne beaucoup sur le son.

 

 

Une poignée de pistes se détache néanmoins du lot, celles axées sur le suspense où Shire malmène son instrument en jouant sur l’intensité du jeu, sur les assonances et autres notes tendues que n’aurait as reniées un Penderecki.

 

 

Les deux hommes ne retravaillerons ensemble qu’une seule fois, pour le score d’Apocalypse Now que Coppola décidera au final de ne pas utiliser.

 

Celui de The Conversation apporte une touche légèrement décalée à cette conclusion de cycle.







 

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