Un cycle "adulte" ce week-end où l'on chronique deux ouvrages fort différents mais qui, si pas à proprement parler érotiques, sont clairement destinés à un public averti !
LA BD:
C'est quoi ? L’HERITAGE DU COLONEL
C'est de qui ? Trillo & Varela
La Couv':

Déjà croisés sur le site? Oui, les 2.
Une planche:

Ca donne Quoi ? Trillo s’inspire de la situation militaire dramatique de l’Argentine du milieu des années 70 pour livrer ce scénario glauque à souhait centré sur Elvio, fonctionnaire servile, fils d’un ancien militaire en charge des interrogatoires/tortures des soi-disant opposants au régime. Ayant assisté à l’une de ces séances , son géniteur avait trouvé bon de mener à la maison, notre homme en est resté marqué au point de développer une attirance malsaine pour une poupée dans une vitrine, quitte à en laisser vivre sa mère de la façon la plus indigne possible afin d’acheter le jouet sur lequel il compte bien assouvir ses inavouables fantasmes.
L’introduction de l’auteur est limite salvatrice tant l’histoire de ce personnage complètement fou, traumatisé par son passé, met le lecteur mal à l’aise.
L’Héritage du Colonel n’est clairement pas un album à mettre entre toutes les mains, et même un lecteur averti pourra ressentir une certaine gêne face certaines situations quelque peu extrêmes. Néanmoins l’intrigue et le propos font mouche dans leur dénonciation d’une époque fort noire et de ses conséquences désastreuses.
Le trait décalé et caricatural de Lucas Varela, artiste que l’on a souvent lu et apprécié chez nous, est, lui aussi, un choix salutaire. De par le décalage grotesque qu’il apporte il fait –presque – passer la pilule des agissements de l’anti-héros.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :MR TURNER
C'est de qui ? Gary Yershon
La Couv':

Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si Gary Yershon est assez méconnu du grand public, il ne l’est pas des amateurs de cinéma anglais indé puisque il a mis en musique quatre des longs de Mike Leigh parmi lesquels la biographie du peintre romantique WilliamTurner.
Plus habitué aux planches, et notamment aux pièces shakespeariennes, Yershon est familier avec la musique d’époque qu’il n’hésite pas, depuis quasiment ses débuts, à arranger à la sauce actuelle.
Ici il a choisi de tenter d’exprimer le processus parfois difficile de création artistique en changeant constamment d’instruments lead (piano, clarinette, cordes…) ou encore en passant d’un mode à l’autre parfois même au sein d’un même morceau.
Si certaines parties de thèmes reviennent ça et là, le mot d’ordre n’est pas la thématique ni même l’ordre, Yershon s’amuse à commencer une piste comme si c’était le milieu d’un morceau, à en arrêter un autre en pleine mélodie.
Le sentiment de malaise crée par cet apparent chaos, et peu contrebalancé par la richesse mélodique des phrases, amène un décalage supplémentaire à la laecture de la BD proposée aujourd’hui….qui n’en n’aurait pas eu besoin croyez moi.
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Une Chronique de Fab