LA BD:
C'est quoi ? LE JOURNAL DE CLARA
C'est de qui ? Cherici & Xavier
La Couv':

C’est édité chez qui ? Actes Sud/L’An 2
Déjà croisés sur le site? Oui pour le scénariste.
Une planche:

Ca donne Quoi ? Clara est encore une jeune fille aussi jolie que spontanée quand elle fait la connaissance de Mussolini, alors déjà engoncé dans le culte de la personnalité qu’il s’est lui-même forgé, Duce belliqueux et fanfaron d’une Italie qui se cherche.
Elle apporte au tyran une bouffée d’air frais dont il a bien besoin, et s’ils deviendront amants, ce sont bien plus que leurs jeux sexuels qui lient ces deux êtres diamétralement opposés puisque notre romantique héroïne suivra le monstre jusque dans sa déchéance ultime et son exécution publique.
Clémént Xavier, on l’a vu chez nous déjà, s’est fait une spécialité de la BD dite « docu » sur des sujets forts. Ici, au travers du journal de Clara Pettaci, il évoque les heures les plus sombres de l’Europe du siècle dernier, sans chercher à charger un tableau qui n’en n’a pas besoin. (même s’il profite là aussi pour faire passer une paire de théories aussi peu connues –de votre serviteur en tout cas- qu’ intéressantes)

Mussolini et Hitler sont montrés comme les leaders extrémistes qu’ils étaient, cerveaux malades d’adultes qui comparent la taille de leurs sexes (littéralement !). L’entourage du Duce n’est pas traité différemment, cour de politiques et de militaires attendant le faux pas de leur dirigeant et l’anticipant en coulisses (on pense un peu à la Mort de Staline de Nury et Robin).
Seule Clara tire à peu près son épingle du jeu, dépeinte comme une égérie quelque peu aveuglée par son adoré qui fait à la fois figure d’amant, de père de substitution et de mâle dominant.
Au dessin Pauline Cherici, pour sa première incursion dans la cour des grands livre une copie très réussie, dans un style délié en trichromie noire blanche et grise avec de jolis jeux sur les ombres. Son trait s’inscrit dans une certaine école indé franco-belge que l’on pourrait étendre d'Agnès Maupré à Catel (ce qui n’est pas dégeu comme références on en conviendra).
Un pavé qui se dévore plus qu’il ne se lit, un témoignage passionnant sur le pouvoir et ses dérives qui résonne durement encore de nos jours !
LA MUSIQUE:
C'est quoi : ROMA
C'est de qui ? N. Rota
La Couv':

Déjà entendu chez B.O BD? Pas mal de fois oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Quand Fellini propose Roma à Nino Rota, les deux compères viennent de passer 20 ans à collaborer aussi étroitement que fidèlement. Le maestro n’en n’est pas à sa première surprise avec son compatriote, la décennie précédente les ayant vus créer des choses aussi marquantes que 8et demi ou Satyricon.
La B.O de Roma, sorte de docu fantasmé sur la relation de Felini capitale italienne, s’étalant des années 40 aux années 70, entrecoupé d’interventions du réalisateur et de divers personnages réels, n’est cependant pas la plus barrée de son auteur.
Rota opte pour une approche monothématique, faisant quasiment dans l’underscoring sur une bonne partie de la pellicule, avec une guitare en instrument lead, bientôt rejointe par d’éparses cordes, le tout économe en notes mais pas en émotion.
Certaines séquences du film donnent heureusement l’occasion à Rota de revenir à ce qui a fait son succès, à savoir les mélodies plus entrainantes qui empruntent au répertoire du folklore comme à celui du cirque.
C’est tout un pan de l’histoire de la musique du film italien qui s’étale ici, et, d’une certaine manière, les confessions de Clara Pettaci sur sa relation avec le Duce le sont également, les deux media étaient fait pour s’entendre !
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Une Chronique de Fab