Ca donne Quoi ?Dans la Russie tout juste libérée du joug des tzars, un scientifique éunit des individus aux possibilités psychiques surnaturelles qu’il surnomme les “dusha”, les miracles.
Si certains résultats sont plus qu’encourageant une jeune fille en particulier s’avère phénoménale mais le scientifique n’aura pas le loisir de pousser plus avant ses expériences.
Arrêté par la police des soviets il se retrouve au goulag où il va passer presque une décennie avant que les hommes de Staline lui intimement de reprendre ses recherches.
Premier tome d’un diptyque aux qualités multiples, à commencer par un graphisme semi réaliste hybride et original doublé d’une narration inattendue, par “bandes”, sur deux pages plutôt qu’en gaufrier classique.
Mais si la forme est intéressante, quid du fond?
Et bien il ne décevra pas trop les amateurs d’uchronie documentée saupoudrée d’une bonne dose de fantastique oppressant, dans un background historico-politique qui s’y prête fort bien.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :JOKER
C'est de qui ? H. Guonadottir
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? L’année où elle récolte l’Oscar de la meilleure musique de film, la violoncelliste et compositrice d'origine islandaise le souffle à rien moins qu’ Alexandre Desplat, Randy et Thomas Newman et, last but not least John Williams!
Faussement estampillé “film de super-héros”, remake à peine déguisé de Taxi driver, le film de Spike Jonze, centré sur le mythique ennemi de Batman, s’est révélé une surprise à plus d’un titre et sa B.O n’est pas des moindres.
Foncièrement sombre, emplie des lancinements de l’instrument de prédilection de Guonadottir, la musique de Joker est à l’image de son antihéros: cyclothymique, perturbante, hypnotique et déprimante.
Capable de passer d’un film historique à un thriller tendu sans se départir de ce qui fait sa singularité, le sens de la composition de l’islandaise ne pouvait trouver meilleur réceptacle que ce long métrage où elle propose de longues litanies de cordes dans les graves rythmées par des battements métronomiques implacables, faisant planer une menace lourde sur l’ensemble d’une galette aussi belle qu’éprouvante.
Ca donne Quoi ? En pleine Première Guerre Mondiale une escouade de soldats soviétiques accompagnés de civils trouvent refuge dans une une imposante maison en plein milieu des bois où réside une noble.
Cette dernière héberge en secret des enfants rescapés des affrontements qui vont entrer en contact avec les filles du médecin de la troupe.
Alors que les tensions montent au sein même des soldats – un conflit d’autorité entre le lieutenant et un de ses hommes, très apprécié de la troupe- une étrange rumeur sur la Dernière Ombre qui roderait parmi eux commence à se répandre.
Et quels sont ces formes étranges sous lesquelles seuls les enfants emblent voir les adultes ?
Voici un premier tome hautement intriguant, à l’ambiance glaçante et au suspense soutenu le tout teinté de fantastique. Dans ce mélange des genres qui n’est pas sans faire penser à l’univers du réalisateur Guillermo del Toro (le Labyrinthe de Pan en tête), Denis Pierre Filippi m’a bien plus convaincu que sur ses scénarios de SF récents.
Il est fort bien aidé par le trait semi réaliste aux influences multiples (manga entre autre notamment sur les faciès de ses personnages) de Gaspard Yvain qui soigne aussi bien ses décors bucoliques froids que son bestiaire fantastique et dont c’est le premier album comme dessinateur.
Il convainc sans peine son lectorat, curieux de voir comment va évoluer cette histoire prenante.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : FLATLINERS
C'est de qui ? J.N. Howard
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Souvent oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? James Newton Howard retrouve Julia Roberts (hum) juste après Pretty Woman pour quelque chose de bien moins pretty puisqu’il s’agit d’expérience sur l’au-delà, à savoir sur des arrêts cardiaques provoqués volontairement afin de tenter de voir la mort.
Si, début des années 90 oblige, un score fantastique est quasiment obligé d’avoir des synthés dedans, Howard a la bonne idée de ne pas abuser de ce côté là et commence même à explorer ce qui fera son succès dans les années à venir à savoir une opposition marquée entre underscoring tout en tension et coups d’éclats mélodiques souvent imaginatifs.
Ainsi à l’écoute seule de ce score on pourrait se demander de quel genre il s’agit ; entre les chœurs lyriques quasi religieux, les percussions tribales électroniques, les riffs de guitare ou encore les cordes utilisées pour les séquences d’action, le compositeur tente des choses intéressantes, sans toujours aller au bout de ses idées mais avec un sens poussé de l’unité musicale.
Le tout a assez bien vieilli, hormis peut être parfois du côté de l’électronique, et apporte un surplus d’étrangeté et de suspense à un premier tome qui en était déjà bien chargé.
Ca donne Quoi ? Il y a une paire d’années de ça, à l’occasion du week end hautement commercial dit des « 48H de la BD », j’ai découvert le premier tome d’une série manga entre steampunk et combats de gladiateurs technoïdes intitulée Levius.
Si je peux être grand fan du médium – Lone Wolf and Cub est une série qui fait par exemple partie de mon top 5 de BD tout genre et origines confondus- j’ai un peu de mal avec le foisonnement graphique dont font preuve certains mangakas, surtout ceux qui touchent à la S.F, le format me semblant toujours trop petit (mais, vous me direz, ayant dépassé les 40 ans c’est peut être aussi une question de vue qui baisse !)
C’étais le cas avec ce Levius premier du nom et, malgré d’autres qualités manifestes, je n’ai pas poussé l’expérience plus loin, redoutant la série à rallonge.
C’est pourtant via la série « spin off » Levius Est que je reviens dans cet univers uchronique, mais avec plus de bons a-prioris.
En effet, ce nouveau départ (suite en fait à la disparition du magazine d’origine où paraissait la série de base) reprend là où les 3 tomes de Levius s’étaient arrêtés, à savoir les deux principaux protagonistes, Levius et AJ -respectivement jeune homme et jeune fille adversaires dans l’arène- se remettent tous deux difficilement de leurs blessures.
Le premier est en assistance médicale poussée la seconde est confinée sous terre, amnésique.
Outre une poignée de flashbacks sur la jeunesse du héros et le combat, on en apprend également un peu plus sur le background (la vapeur notamment, sorte d’éther permettant de multiples choses).
La boxe mécanique va devenir le moyen pour les superpuissances mondiales de régler les conflits et nos deux combattants vont donc devenir des atouts majeurs sur l’échiquier géopolitique.
Nakata est un artiste hyper doué, la majeure partie des planches et cases m’ont parues moins touffues et plus lisibles que sur le premier Levius et la série a clairement pris de l’épaisseur avec ce nouveau départ.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :TERRA FORMARS REVENGE
C'est de qui ?Takafumi Wada
La Couv':
Déjà entendu chez nous? Non.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Anecdote amusante, c’est aussi à l’occasion d’une opération 48h de la BD (la précédente je crois) que j’ai découvert la série Terra Formars, avec le premier album.
Enfin découvrir c’est un bien grand mot puisque je n’ai toujours pas pris le temps de m’y pencher. Néanmoins je connais la réputation asse bonne du manga et ait découvert qu’il existait une adaptation en série animé, et même une suite de cette adaptation.
Il n’en fallait pas plus pour que je jette une oreille à son score et le garde sous le coude pour …une occasion comme aujourd’hui.
Des mythiques B.O des divers épisodes vidéo ludiques de Metal Gear Solid aux grands classiques blockbusters des deux dernières décennies, Takafumi Wada a retenu l’essentiel et propose des thèmes héroïques où l’orchestre s’en donne à cœur joie via des montées en puissance assez impressionnantes parfois à défaut d’être toujours originales.
Pas dénuée de passages moins emportés où le suspense règne en maître via des incursions électroniques bienvenues, la musique de ce spin off est quasi idéale pour cette suite de Levius.
Ca donne Quoi ? Cora Brown, agent spécial britannique a eu l’occasion d’éliminer Adolf Hitler mais a raté le coche. Depuis c’est une obsession alors quand elle interroge trois officiers SS cherchant à déserter et ayant des informations sur le fils du furher, elle met tout en œuvre pour le recruter et l’envoyer dans un Berlin exsangue afin d’éliminer son sinistre géniteur.
Si, sur le papier, le plan semble bien ficelé, dés son arrivée sur place Pierre - le rejeton de l'autre ordure donc- tombe dans les filets du médecin personnel d’Hitler qui, supposé le faire rencontrer son père va en fait se servir de lui ; pendant ce temps, sur le terrain, la victoire change de camp et Cora Brown joue contre le temps.
Il est rare qu’une uchronie, même bien écrite, soit aussi crédible et prenante que l’album du trio anglo-saxon derrière L’Héritier d’Hitler qui conjugue le suspense des vieux films d’espionnage et de guerre des années 50 (ceux de Fritz Lang ou de Carol Reed) et un sens du storytelling digne des productions récentes hollywoodiennes.
Quand en plus le style graphique, semi réaliste en bichromies variant selon les époques, est aussi atypique qu’efficace, on peut affirmer sans soucis que l’on tient là une réussite du genre.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : THE MAN BEWTWEEN
C'est de qui ?G.Addison
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si la plus grande partie de la filmographie – bien chargée au demeurant- de John Addison se décline en scores de films de guerre et d’espionnages, le compositeur, de formation classique solide, ne démérite pourtant pas dans d’autres registres.
Ainsi pour ce film de commande sur une chasse à l’homme dans Berlin en ruines (oui, tiens, on n’est pas très loin de l’ambiance de notre comics du jour), s’il cède à la tentation d’utiliser les cordes à l’unissons en montées lyriques pour exprimer les montées de suspense, il peaufine ses thèmes de constructions qui sonnent parfois jazzy et de percussions et autres motifs rythmiques appuyés assez inhabituels pour l’époque comme pour le genre.
Une partition à l’écriture certes ouvertement surannée mais aux sonorités originales et bien pensées.
Ca donne Quoi ? Très tôt, Emile a décidé de mettre son « talent » au service de la justice. Il faut dire que pouvoir localiser quelqu’un en jetant un caillou sur une carte, dans une enquête policière, ça aide bien (et ça attire la jalousie des collègues aussi parfois !)
Emile est avec Léonie, qui fait partie du clan de Mama Bruleur et possède elle aussi un talent, avec qui il a eu une petite fille.
Le jour où la femme et la fille de l’une des têtes de la Pieuvre – une organisation de malfaiteurs- disparaissent, c’est la famille du Trouveur qui est enlevée et gardée en otage afin de forcer notre héros à utiliser son don.
Mais dans le domaine du crime, rien ne se passe comme prévu, et rapidement Emile se retrouve au sein d’un drame rocambolesque !
Un peu plus de deux ans après le déjà excellent La Malédiction de Gustave Babel, Gess nous propose un nouveau Conte de la Pieuvre dont le héros est cette fois ci un héros plus fréquentable que le tueur à gages du premier avec qui il partage néanmoins un rapport difficile avec l’Hypnotiseur, personnage important de la série s’il en est.
On l’a vu un peu plus tôt dans le mois, une bonne uchronie est celle qui sait modifier juste ce qu’il faut la réalité pour paraître le plus crédible possible ; Joli tour de force de Gess qui, une fois encore, parvient à proposer un récit empreint de fantastique sans pour autant qu’il en devienne science fictionnesque. Ses protagonistes dotés de pouvoirs – les talents- sont tellement bien écrits et ancrés dans un background réaliste, qu’à aucun moment le récit n’est gâché par une impression de surréalisme comme ça peut être le cas dans la BD de super héros par exemple.
Les Contes de la Pieuvre c’est une peu Peaky Blinders revu sauce E.A . Poe, ou Les Brigades du Tigre version Lovecraft; ce second opus, qui est un des meilleurs albums que j’ai lu depuis le début de cette année, avec son scénario feuilletonesque à souhaits, ses rebondissements à foison, sa description détaillée d’un univers riche, et, last but not least, son graphisme toujours aussi atypique et moins rough qu'aux héroïques débuts, enfonce le clou et fait espérer que le succès public sera au rendez-vous afin que l’on ait encore droit à un nouveau « Conte » dans le futur !
LA MUSIQUE:
C'est quoi : FLOOD
C'est de qui ?J. Pook
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Pas sur.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Au milieu de sa carrière cinématographique, Stanley Kubrick décide de ne plus utiliser de scores originaux pour ses réalisations, leur préférant une illustration musicale par des œuvres déjà existantes (on en retrouvait déjà les prémisses dans Lolita ou Docteur Folamour).
Tout cinéphile digne de ce nom a par exemple en tête la scène au début de 2001 avec sa valse d’astronefs sur le Beau Danube Bleu de Strauss ou la Sarabande de Handel en ouverture de Barry Lyndon.
Pour ce qui sera son testament cinéphilique, œuvre mésestimée à mon sens, il réitère le procédé mais demande à la compositrice et violoniste Jocelyn Pook, d’écrire quelques morceaux, essentiellement pour cordes, dont les apparitions dans le film en rendent les scènes quasi indélébilement ancrées dans l’œil, l’oreille et l’esprit de l’auditoire.
La plus marquante est probablement Masqued Ball avec ses parties de voix jouées à l’envers, ressemblant à des incantations impies. L’ensemble des pistes de Pook repose sur des plages sonores atmosphériques dans les basses sur lesquelles les instruments solistes se démarquent d’autant. On n’est jamais très loin du travail de Badalamenti pour david Lynch.
L’ambiance générale qui se dégage de Flood (où sont reprises les pièces écrites pour le long de Kubrick) ici est une mélancolie étrange à la tension tenace et lourde, un mélange des plus adéquat pour le Destin de Trouveur de Gess.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
:
"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)