LA BD:
C'est quoi ? L’ENFER
C'est de qui ? N. Badout
La Couv':
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C’est édité chez qui? Sarbacane
Déjà croisé sur le site? Non
Une planche:

Ca donne Quoi ? J’ai un assez net souvenir de l’Enfer, film sorti au début des années 90 où Cluzet cabotinait beaucoup et où Emmanuelle Béart, avant ses errances chirurgico-esthétiques, emportait l’adhésion de par sa beauté et son jeu.
Chabrol s’était fait plaisir en auto-assumant la filiation avec Clouzot auteur du scénario original dont la tentative de mise en scène, trois décennies plus tôt, s’était soldée par un échec cuisant, entraînant, entre autre chose, la défection de son principal interprète masculin (Regianni fait une dépression suite à la pression de son réal’) et l’infarctus du metteur en scène.
Sur un sujet assez classique (un mari maladivement jaloux sombre dans une paranoïa aigue et fait vivre à sa jeune épouse…un enfer!) Clouzot avait choisi de privilégier la forme sur le fond en utilisant des méthodes alors assez inédites dans le cinéma mainstream français, à base entre autres de traitements en post-prod, de colorisations psychédéliques et autres effets stroboscopiques.
La version de Chabrol est bien plus lambda et, par bonheur, un documentaire sur le tournage d’origine est sorti à la fin des années 2000, montrant notamment quantité de rushes où la magnifique Romy Schneider est “retouchée” de maintes sortes (et, procédé moins pertinent à mon sens, des scènes jamais tournées jouées en face à face et sans décors par deux acteurs de l’époque dont la très belle -décidément!- Bérénice Béjo). Je suis de bonne, je vous met
A noter qu’un peu après la sortie en DVD est également paru un très beau bouquin qui présente nombres de photos du film et de son tournage.
Cette interminable remise en situation nous amène à l’album d’aujourd’hui, dans lequel Nicolas Badout, dont c’est la première incursion dans le 9° art, reprend le scénario originel de Clouzot.
Au début des sixties, Odette et Marcel sont un jeune couple qui tient un hôtel- restaurant au bord du lac de Grandval. Au bout de quelques années, Marcel commence à avoir des troubles du sommeil qui vont le conduire à des sautes d’humeur et, de fil en aiguille, à développer une paranoia sur le fait que sa femme le trompe, jusqu’à dépasser les limtes.
Badout adapte le texte fidèlement, essayant de recréer visuellement les désidératas de Clouzot, notamment des passages en couleurs étranges pour les séances où le mari s’imagine des choses et un noir et blanc pour le reste de la narration.
Côté graphismes l’auteur s’inscrit dans la tradition de gens comme Charles Burns outre Atlantique ou Mezzo chez nous, avec des effets d’ombres et d'encrages quasi expressionnistes parfois.
Récit noir classique mais solide, bien narré et à la fois hommage à un géant du cinéma français et à son film maudit, L’Enfer est un album qui ravira plus d’un amateur!
LA MUSIQUE:
C'est quoi ? LE CRIME ETAIT PRESQUE PARFAIT
C'est de qui ? D. Tiomkin
La Couv':
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Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Quatrième et dernière B.O composée par Tiomkin pour Sir Alfred Hitchcock, le Crime était presque parfait débute faussement avec un thème principal aux airs de valse avant de glisser vers un suspense appuyé, à base de motifs intriqués joués par des instruments aussi variés qu’une trompette étouffée, des trémolos de flûte traversière, un cor dans les graves ou encore des timpani et autre vibraphone.
Jamais dissonante malgré la richesse voire la complexité de ses thèmes ; la partition de Tiomkin construit peu à peu une tension quasi constante que certaines pistes viennent quelque peu contrebalancer (on notera un clin d’œil à Moussorgsky des plus inattendus).
Surannée juste ce qu’il faut pour coller à l’époque de l’Enfer, la B.O de Tiomkin en souligne à la fois les passages psychologiques et le lent mais inexorable glissement de l’intrigue vers la tragédie.