Ca donne Quoi ? Comme vous le savez peut être (remarquez ce ne doit pas être trop difficile à deviner sinon) je suis presque autant fan de cinéma que de BD (que de musique). Dans beaucoup de genres mais tout particulièrement dans de vieilles choses oubliées iconiques, de celles qui ont forgé mes goûts quand je les ai découvertes, à une époque où internet et le smartphone n’était qu’un concept de SF (et pourtant je ne suis pas si vieux que ça !).
Et, puisque l’on est à raconter ma vie (mais après j’arrêtes promis !) le deuxième prénom de ma fille est d’ailleurs Bela, non pas en référence à l’héroïne Twilight (beurk) mais bel et bien à …Béla Lugosi.
Pas que je sois un fan hardcore de l’acteur mais son interprétation du Dracula de Stoker, dans une version certes tronquée et modifiée, m’a marquée probablement plus que celle d’un Christopher Lee ou que d’un Gary Oldman.
Peut-être parce que c’était le premier (si l’on excepte le Comte Orlock joué par le tout aussi terrifiant Max Schreck, dans le Nosferatu de Murnau) mais surtout parce que l’acteur hongrois possédait un magnétisme et une présence manifeste, dont l’héritage allait se répercuter sur les décennies à venir et dans bien des domaines.
Ce long préambule vous fera réaliser que ma chronique de la biographie de Bela Lugosi, signée par le talentueux et iconoclaste Koren Shadmi, va être forcément subjective, mais il faut reconnaître que l’artiste américain, tout en étant exhaustif, ne cherche jamais à -trop- glamouriser ou rendre sympathique son sujet, acteur doué pour qui le rôle de sa vie sera aussi sa malédiction puisqu’après celui-ci il ne connaîtra quasiment jamais plus le même succès, se cantonnant à jouer des méchants souvent caricaturaux et interchangeables.
Cette relative décadence s’accompagnera de diverses addictions : à la morphine, à la méthadone, à l’alcool et…aux femmes, rendant sa vie personnelle aussi misérable que sa carrière professionnelle.
En dessinant la vie de Bela Lugosi, basée sur des recherches méticuleuses, entrecoupée d’extraits marquants de sa filmographie, Shadmi- dans son style expressif si particulier qu’il a su atténuer sans pour autant qu’il perde sensibilité et originalité- remet dans la lumière une icone du cinéma mondial, un personnage plus grand que nature dont la légende prit le pas sur la réalité jusqu’à finir inhumé dans la cape du rôle qui aura fait sa renommée comme son malheur.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :LES MAITRES CHANTEURS DE NUREMBERG
C'est de qui ? Wagner
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Possible
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Avant que le surdoué Phillip Glass et le Kronos Quartet redéfinissent la musique du Dracula de Browning (celui avec Lugosi donc), le film ne comportait (époque de tournage oblige) que peu de passages musicaux et ceux-ci étaient empruntés à des œuvres classiques, à savoir le Lac des Cygnes et, donc, ces Maîtres chanteurs de Nuremberg, de Wagner.
Œuvre plus légère qu’à l’accoutumée pour le compositeur qui, après l’écriture de Tanhauser a besoin de fonds, et donc de reconnaissance publique et critique, pour s’atteler sérieusement au Ring, cet opéra est, à plus d’un titre, diablement « cinématographique ».
Que ce soit dans son utilisation des leitmotivs de certains personnages, que l’on peut apparenter aux thèmes dédiés dans les scores de cinéma, dans les variations d’ambiances, de mélancolique à enjouée, ou dans le traitement des canons, l’oeuvre traduit en effet musicalement des composantes de l’histoire, modifiant ses rythmiques (notamment avec les staccatos), employant des écarts et des formes inhabituels dans l’opéra puisqu’il emprunte à la fugue et à la sonate.
L’ouverture de l’opéra notamment est d’une richesse et d’une variété telles qu’elles accompagnent sans peine et sans démériter cette bio passionnante d’un mythe du 7° Art.
Ca donne Quoi ? Bionique reprend le pitch classique du nerd qui tombe amoureux de la bombe de l'école, sans espoir of course, jusqu'à ce que la miss se transforme en Robocop suite à un grave accident de la route.
Du coup les deux freaks se rapprochent mais, vu qu' on n'est pas dans une love story, il y a quelques twists bien amenés comme la responsabilité du père de l'héroïne, concepteur des implants bioniques, la spirale infernale de la dépression et du comportement suicidaire dû à la transformation.
Si Shadmi se débrouille bien dans la retranscription des sentiments adolescents et le malaise de la différence, et si Bionique se lit d'une traite tant on est pris dans l'histoire, c'est probablement le bouquin qui m'a le moins marqué de son auteur, impression renforcée notamment par une fin très abrupte qui ne conclue rien.
Le style graphique par contre, original et inattendu, est toujours aussi intéressant.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : HANG THE DJ
C'est de qui ?Alex Somers & Sigur Rós
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD?
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si je n'ai pas accroché à la série Tv Black Mirror (trop démonstrative à mon goût), certaines de ses B.O valent qu'on leur prête une oreille, c'est le cas par exemple de l'épisode Hang The Dj.
Les islandais de Sigur Ros s'y fendent d deux pistes tandis qu'Alex Sommers, fréquent collaborateur du groupe, d'une musique éthérée et décalée, mélancolique à souhaits pleine de nappes ambiantes se prêtant bien à la mélancolie avec, de ci de là, ce qu'il faut de tension pour créer un certain malaise.
Je ne suis pas fan de la production du combo en général, mais l'atmosphère crée ici est plutôt réussie et en phase avec le dernier album de Shadmi.
Ca donne Quoi ? Koren Shadmi est décidément à part dans le paysage de la Bande dessinée mondiale, après deux coups d’essais intéressant l’auteur israélien produit un étonnant coup de maître avec Abaddon paru il y a quelques années, récit d’anticipation étrange et bien mené.
Il a ensuite quelque peu brouillé les pistes avec ses albums suivants, récits courts ou étude des relations de couple…
Il revient, toujours chez Ici Même, avec Le Voyageur, l’histoire d’un homme étrange et longiligne, devenu immortel suite à la chute sur terre d’artefacts extra terrestres, probablement au XVII° siècle.
Depuis Lucas, c’est son nom, erre à la recherche de réponses, rencontrant parfois d’autres immortels, jusqu’à une révélation finale tragique mais libératrice.
Le récit est découpé en chapitres, traités dans une bichromie différente, mélangés comme les pièces d’un puzzle, se déroulant à des époques différentes, couvrant plusieurs siècles de l’existence de notre tragique héros.
Si l‘ensemble peut paraître parfois étrange il traduit cependant bien l’énigme que représente son personnage principal et l’ensemble crée une ambiance dérangeante et originale
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? ANTHOLOGY RESSOURCE
C'est de Qui ? Dean Hurley
La couv'
Déjà entendu chez nous? Non.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Avant X- Files, Lost et autres Stranger Things, s’il y a bien une série fantastique qui mérite son statut de « culte » de par le brio avec lequel elle mélangeait les genres tout en étant novatrice et brillante, c’est bien Twin Peaks.
Probablement l’un des bébés les plus étranges de son créateur, David Lynch en personne, pourtant déjà responsable à l’époque de choses bien barrées comme Eraserhead ou Blue Velvet , la réussite de Twin Peaks réside dans l’enchevêtrement d’un background basique au possible – la bourgade de ploucs américains- et d’évènements surréaliste voire surnaturels.
Comme souvent avec Lynch, la musique est un élément prédominant de l’action, tout particulièrement dans Twin Peaks où le fidèle Angelo Badalamenti passe continuellement du mélo sirupeux dégoulinant au suspense chaloupé via des plages sonores quasi expérimentales angoissantes.
C’est sur ce dernier aspect que j’ai arrêté mon choix pour accompagner Le Voyageur, avec l’album Anthology Ressource que l’on doit à un autre vieux compagnon de route de Lynch, Dean Hurley, superviseur de la musique et du panorama sonore de pas mal des créations du réal, quelles soient cinématographiques ou non.
Sur la troisième saison de Twin Peaks (que je n’ai pas encore regardée, shame on me !) il propose un panel de pistes sonores composées au hasard de souffle, de bruits de cymbales, de larsen électrique, de nappes de claviers ou encore de mélodies plus classiques mais traitées à la reverb’ entre autres effets.
L’ensemble est évidement placé sous le signe de l’étrangeté et d’une certaine noirceur et est un vrai régal avec le nouvel opus de Koren Shadmi !
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)