24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 16:52

 

 

J.C & Lio terminent donc notre cycle thématique du week-end, qui, outre un attrait non-démenti d'un lectorat nombreux, aura prouvé que la BD X recèle tout (et n'importe quoi) mais ne se limite clairement pas à un sous-genre réservé aux obsédés de la chose (encore que...)

 

 

 

LA BD :

 

 

 

C'est quoi : MARIE-GABRIELLE DE SAINT-EUTROPE

 

 

C'est de qui ? Georges Pichard

 

 

La Couv':

 

 

Déjà lu sur B.O BD ? Non

 

 

C’est édité chez qui ? Glénat

 

 

Une planche :

 

Ca donne quoi ? S’il est un auteur français « classique » qui risque de sombrer dans l’oubli en ces temps de « politiquement correct » c’est bien Georges Pichard (1920-2003). Après un début de carrière dans la publicité et l’illustration, il arrive tardivement dans le monde de la bande dessinée. Ancien élève des Arts Appliqués, il donnera pendant des années des cours de bd et de graphisme, on retrouve parmi ses élèves Gotlieb ou Annie Goetzinger. C’est sa rencontre avec Wolinski, les deux sont amateurs de belles femmes, qui produira ses premières séries : Paulette (1971-1984), Blanche Epiphanie (1972-1986)… Qualifié très rapidement d’auteur de bandes dessinées pour adultes, son travail est influencé par le feuilleton populaire à rebondissement dont il respecte les codes, mais modifie ironiquement la vision, ses héroïnes tout en forme (on ne peut s’empêcher de penser à Mayol) traversent avec une (fausse) candeur des aventures pleines de rebondissements. A partir de 1977, il devient son propre scénariste pour son œuvre la plus élaborée, "Marie-Gabrielle de Saint-Eutrope", directement influencée par les manuels catholiques de la fin du XIXème, destinés à l’éducation des jeunes filles. Il avouera tardivement, dans une interview, le poids d’une éducation catholique moralisatrice. Ce chef-d’œuvre (encore censuré dans certains pays) de Georges Pichard, réédité en intégrale en octobre 2009, ne se résume pas au dirty comic se lisant à une main. Dans cette œuvre, car c’en est une, tout respire la gravité et la profondeur, l’érotisme et la violence, le moralisme et la liberté, la faute et le châtiment. Ce véritable roman graphique constitue une œuvre inimitable qui rappelle par sa densité les grands romans du XIXème siècle, et par son audace, les grands libertins, de Sade à Bataille. S’attaquant aux fondements moraux de notre société, présents en chacun de nous plus ou moins consciemment que nous soyons religieux ou laïcs, l’excitation provoquée par l’érotisme violent de Pichard induit un malaise à la lecture autant qu’une admiration pour le maître. Un dernier point sur sa technique à base de pointillés qui atteint ici des sommets.

 

 

 

 

LA MUSIQUE :

 

 

 

 

C'est Quoi ? FAIS-MOI MAL, JOHNNY !..

 

 

C'est de Qui ? Boris Vian & Magali Noel

 

 

La couv' :

 

 

Déjà croisé par ici ? Non

 

 

On peut écouter ? Yes, sir !

 

 

 

 

 

Ca donne quoi ? La tentation était trop grande de ne pas placer le premier morceau de "rock français sado-masochiste" en regard des cruelles mésaventures de la plantureuse Josépha. En composant ce morceau pour l’actrice Magali Noël (ainsi qu’"Alhambra Rock", "Strip Rock" et "Rock des petits cailloux" à déguster sans modération, avec du camembert à la petite cuiller), Boris Vian - qui ne croyait qu’au jazz – voulait surtout privilégier le côté comique, voire grotesque, du rock, plutôt que son aspect érotique. Et pourtant… L’écrivain-parolier a créé malgré tout un ovni musical qui s’inscrit bien dans la tradition française de la chanson paillarde, mais habité par un pur esprit rock SM, grâce la gouaille dominatrice de son interprète, qui n’a rien perdu de son mordant 60 ans plus tard, et à des paroles sacrément déjantées. Les autorités ne s’y tromperont pas, qui interdiront la diffusion de "Fais-moi mal, Johnny" sur les ondes radios, en raison de… paroles jugées trop choquantes et obligeront Magali Noël à la chanter sur scène en remplaçant, ou supprimant, les passages trop osés avec le résultat suivant : "La moitié de la salle commence à me siffler, à m’envoyer des papiers et même des tessons de bouteilles. C’était affreux, mais l’autre moitié m’applaudissait ! Je me suis brusquement rendue compte que j’étais devant des gens déchaînés et j’avais les jambes qui commençaient à trembler" (in France Soir). Ca c’est de la chanson qui fait « bing » !

 

 

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Une chronique de JC et Lio

 

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11 janvier 2016 1 11 /01 /janvier /2016 17:29

 

 

 

Un artiste protéiforme de la trempe de David Bowie avait naturellement sa place sur un blog consacré pour moitié à des chroniques de musiques de films. Voici donc, en guise de dernier hommage au Thin White Duke, un petit panorama « maison » de sa contribution à la B.O.sphère. Bien que sa discographie officielle ne recense que trois bandes originales : Christiane F. (1981), Labyrinth (1986) et The Buddha of Suburbia (1993), ce ne sont là que les partie émergées de l'iceberg. 

 

Pour être complet, il faudrait également citer les morceaux écrits pour The Man Who Fell To Earth (sans doute le meilleur rôle de Bowie au cinéma) sous l'influence ambient-minimaliste de l'ami Eno, rejetés par Nicholas Roeg, mais qui furent réutilisés sur la face b de Low (1977), le mythique 1er opus de la trilogie berlinoise. 

 

On ne saurait non plus oublier l'électro-pop délicate de Hours (1999) qui servit en grande partie de bande-son au jeu de science-fiction Nomad Soul, novateur pour l'époque, dans lequel le joueur pouvait assister à un concert virtuel du chanteur. Mais finalement, plus que son travail direct pour le cinéma, c'est peut-être à travers l'utilisation foisonnante qui a été faite de ses titres dans divers péloches que Bowie restera le mieux associé au 7ème art : Basquiat (où il faisait une apparition mémorable en Andy Warhol), American PsychoMoulin Rouge, La vie aquatique et ses reprises en portugais par Seu Jorge… 

 

Une liste fort longue dont les trois points d'orgue resteront à jamais pour moi la course nocturne effrénée de Denis Lavant dans Mauvais Sang de Leos Carax (1986) sur les accords de Modern Love, la réutilisation de Cat People (Putting Out Fire) par Tarantino à la fin d'Inglourious Basterds (2009) et last but not least le générique d'ouverture du Lost Highway de David Lynch (1997) où les lignes jaunes d'une autoroute défilent sans fin dans la nuit au rythme jungle d'Im Deranged. « Funny how secrets travel. I'd start to believe if I were to bleed. Thin skies, the man chains his hands held high. Cruise me blond. Cruise me babe. A blond belief beyond beyond beyond. No return. No return. »

 

 

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Un hommage par Lio

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bobd - dans David Bowie Rock
11 janvier 2016 1 11 /01 /janvier /2016 15:32

 

 

 

Une fois n’est pas coutume, habituellement chez B.O BD on ne modifie pas notre programme en fonction de l’actualité mais là c’est un cas de force majeure. C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris, comme beaucoup d’entre vous, le décès de l’immense artiste qu’était David Bowie, véritable icone de la musique pop-rock, modèle de bon nombre d’artistes, faiseur de modes plutôt que suiveur, caméléon toujours en adéquation avec son temps qui a su passer les époques et les modes sans jamais rien perdre de sa superbe. Il restera pour moi toujours lié à la résurrection d’Iggy Pop, l’un de mes artistes préférés,  et à une élégance so british.  Lio se fendra d’un petit hommage plus tard dans la journée, en attendant, nous vous re-proposons la chronique musicale d’un album sorti il y a quelques années consacré aux jeunes années de Bowie.

 

 

 

 

 

 

LA BD:

 

 

 


C'est quoi:    HADDON HALL

 


C'est de qui:    Nejib
 


La Couv':

 

 

 

On l'a déjà croisé ? Non

 

 

C'est édité chez qui?  Gallimard

 

 
Une planche de l'album:

 

 


Ca donne Quoi:  Le narrateur de cette histoire est la grande maison londonienne qui donne son nom au titre, où le "White thin duke" s'installe avec sa compagne de l'époque, Angie (qui, outre le tube hyper connu des Pierres qui roulent aura droit à deux autres chansons rien que pour elle) et dans laquelle vont venir squatter nombre de personalités de l'époque. Bowie, au début de la gloire, va y connaître les affres de la création et le déclic vers sa véritable identité artistique. C'est ce principe original, et mon admiration pour Bowie, qui m'ont attiré vers cet album atypique, témoignage d'une époque phare de l'histoire de la musique Pop-Rock, fort bien documenté. Le dessin, épuré et psychédélique, plein de couleurs pastels mais flashy, est très adapté à son sujet. Une belle surprise pour un premier album.

 

 

 

 

 

LA MUSIQUE

 

 

 


C'est Quoi:   LE CINEMA DE SERGE GAINSBOURG     



C'est de Qui:   euh...pour de bon? Bon, d'accord... Serge Gainsbourg 

 

 

La couv'

http://img685.imageshack.us/img685/990/cinemasergegainsbourgun.jpg

 

On l' a déja croisé? Non

 


 On peut écouter:  

 

 

 

 

 

Ca donne quoi? Impressionante collection de Bandes originales composées par Gainsbourg, que ce coffret,  démarrant en 59 pour s'achever plus de 30 ans plus tard. Ce sont les débuts de l'Homme à tête de chou comme compositeur de scores que l'on retiendra ici. Au moins aussi doué dans ce domaine que dans la composition de chansons devenues des hits (pour lui comme pour les autres), Gainsbourg s'imprègne de l'esprit de son époque et l'adapte aux films qu'il met en musique. On nage dans  le groove parfois psyché parfois funky, aux arrangements pointus, qui font que les scores n'ont rien à envier à leurs contemporains. Un accompagnement musical qui coule sur Haddon Hall avec un effet très approprié, immergeant totalement le lecteur dans l'ambiance du récit.

 

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Une chronique par Fab

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28 décembre 2015 1 28 /12 /décembre /2015 17:42

 

 

Ainsi se termine notre dernier cycle manga de 2015...

 

 

LA BD:

 

 

 

 

C'est quoi ? LA DIVINE COMEDIE. TOME 2, L’ENFER

 

 

C'est de qui ? Go Nagai

 

 

La Couv' :

 

 

Déjà croisé sur le site ? Oui

 

 

Une planche :

 

 

Ça donne quoi ? Poursuivant son voyage au milieu des damnés, Dante apprend enfin, de la bouche de son guide Virgile, la véritable raison de sa présence en Enfer : une fois revenu de l'Au-Delà, Dieu veut qu'il témoigne des atrocités dont sont victimes tous ceux qui choisissent de vivre dans le péché, afin de remettre l'humanité sur le droit chemin. Vaste et édifiant programme ! Go Nagai ne change pas le concept qu'il avait appliqué au 1er tome de son adaptation de la Divine Comédie, à savoir un dessin très rough basé sur les gravures de Gustave Doré, au service d'une fidélité (quasi) sans faille au texte d'origine. La formule pourrait lasser, au contraire elle interroge. Pourquoi une œuvre composée il y a près de 700 ans, qui se veut à la fois théologique, scientifique, lyrique, mystique, politique, mais avant tout poétique (où est le hic ?), exerce-t-elle une telle fascination sur bon nombre d'artistes, ou de lecteurs, depuis la Renaissance jusqu'à aujourd'hui ? Peut-être parce qu'en dépit d'une réputation intimidante, et puisqu'elle se veut un témoignage de la parole de Dieu adressé à tous les Hommes, La Divine Comédie se devait d’être une œuvre claire, facile d'accès (c'est pas pour rien qu'elle a été écrite en langue « vulgaire »), dont une grande part de la symbolique repose sur des descriptions extrêmement réalistes, concrètes, vraisemblables. Pour le dire plus simplement, Dante était tellement badass qu'il a réussi à faire un film de Ridley Scott au XIVe siècle ! On n'est pas obligé d'accrocher au fond, mais niveau forme y a rien à jeter. Botticelli, Blake, Doré ou encore Dali l'ont bien compris en acceptant sans sourciller d'illustrer sa prose. Go Nagai s'inscrit donc, modestement, dans cette prestigieuse continuité et a pour lui de s’être attaqué à l'intégralité de l’œuvre, là où ses prédécesseurs se sont contentés d'une centaine de dessins ou d'aquarelles chacun. Petits joueurs...

 

      

 

 

LA MUSIQUE

 

 

 

C'est quoi ? INFERNO

 

 

C'est de qui ? Tangerine Dream

 

 

La couv' 

 

 

Déjà entendu chez nous?  Oui

 

 

 

On peut écouter? Bien sûr et même regarder tout le film ici

 

 

Ça donne quoi ? Depuis sa création, quasiment tous les arts se sont emparés de La Divine Comédie. On imagine bien que le cinéma n'est pas en reste. Dès 1908, le réalisateur James Stuart Blackton adapte l'histoire de Francesca da Rimini, racontée à Dante dans le chant V de L'Enfer, dont il fera un remake deux ans plus tard (Hollywood avait déjà pensé à tout). En 1911, deux films sont mis en chantier en Italie, un petit budget – paraît-il un peu coquin - produit par Hélios Film et une super-production de la Milano Films, L'Inferno de Bertolini, De Liguoro et Padovan. Sorti trois ans avant Cabiria, le fameux péplum de Giovanni Pastrone (qui aurait inspiré Griffith pour Naissance d'une nation), ce premier long-métrage de l'histoire du cinéma italien est également considéré comme la première œuvre européenne notoire pour ses ambitions littéraire et artistique. Annoncé un an avant sa sortie (Disney t'es qu'un Mickey !), le film s'inspire lui aussi des gravures de Doré et offre, encore aujourd'hui, un spectacle plastiquement très impressionnant qui conserve un grand pouvoir de fascination. Tombé dans le domaine public (ça fait 104 ans, forcément…), différentes versions sont désormais disponibles sur le Tube. En 2002, Edgar Froese, le fondateur de Tangerine Dream, se lance dans la composition d'une musique elle aussi inspirée par L'Enfer (et Le Purgatoire) qui, si elle a laissé les fans du groupe un peu sceptiques, permet d'aborder la lecture du manga de Go Nagait sour un angle plus planant et lyrique.            

    

 

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Une chronique signée Lio

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27 décembre 2015 7 27 /12 /décembre /2015 09:11

 

On continue dans l'ecclectisme avec un manga...100% de chez nous, mais, une fois de plus, si cet album n'est pas du manga, je n'y connais rien en musique (remarquez...)

 

 

 

LA BD:

 

 

 

C'est quoi : HELLO FUCKTOPIA

 

 

C'est de qui ? Souillon

 

 

La Couv':

 

 

Déjà croisé sur B.O BD? Non

 

 

C’est édité chez qui ? Ankama, un lien vers le site :

http://www.ankama-shop.com/fr/182-livres/7430-hello-fucktopia

 

Une planche:

 

Comparaison entre l'édition couleur et la nouvelle édition en NetB grand format

 

 

Ca donne Quoi ? Hello Fucktopia ressort cet hiver en version collector grand format et noir et blanc. Chronique d’une tranche de vie de Mali, post ado qui vient faire des études (enfin c’est un bien grand mot !) à Paris et qui va vite se retrouver face à la vie d’étudiante débridée : soirées alcoolisées, drogues douces et plan culs tangents…le tout dans un style très (très !) influencé par le manga, au point que, si l’on fait abstraction que ça se passe en France, Hello Fucktopia pourrait passer pour une BD du Soleil Levant. Plutôt bien fait, même si ça reste assez soft et à la surface des choses, le scénario aurait gagné à passer outre le coté autobio assumé en rajoutant une intrigue quelconque qui aurait amené un fil conducteur bienvenu à l’album. En l’état c’est une comédie dramatique agréable même s’il ne faut clairement pas être allergique au manga pour l’apprécier.

 

 

 

 

LA MUSIQUE

 

 

 

 

C'est Quoi ? THE RUNAWAYS

 

 

C'est de Qui ? Divers

 

 

La couv' 

 

 

Déjà entendu sur B.O BD? Certains probablement.

 

 

On peut écouter?

 

 

 

 

Ca donne Quoi ? Je dois avouer que le casting de ce biopic sur l’un groupe de rock féminin les plus important dans l’histoire du genre m’avait quelque peu laissé sceptique, pourtant il faut reconnaître que le film est plutôt réussi et que les interprètes féminines  s’en sortent avec les honneurs. La B.O, évidement se devait d’être à la hauteur et c’est le cas, sans problèmes. Du I Wanna Be Your Dog, brulot imparable d’Iggy and the Stooges (sur une scène fort sympathique dans le film d’ailleurs !), au sauvage Pretty Vacant des Pistols en passant par le sensuel Fever de Peggy Lee, on a là un beau panorama de la musique de l’époque qui, croyez-en ma vieille expérience, était quand même bien plus sympa que celle d’aujourd’hui. Alors c’est sur, on n’est pas vraiment dans l’esprit du manga du jour, mais je pense que ça m’a clairement aidé à plus l’apprécier (voir à aller jusqu’au bout !)

 

 

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Une Chronique par Fab

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bobd - dans manga Souillon N&B Ankama Rock

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