Ca donne Quoi ? Wally Wood, figure de proue de la BD de genre Outre Atlantique, qui a fait les grandes heures des comics de guerre, d’épouvante ou encore SF dans des anthologies historiques, s’est aussi octroyé quelques récréations plus… polissonnes !
La précédente édition dans la langue d' Aya Nakamura ...de Molière, de certains de ces récits date d’il y a plus de 40 ans et se résumait à une grosse cinquantaine de planches; Revival a exhumé peu ou prou tout ce que Wood a produit dans le genre et on a quasiment le triple de pages dans ce Cons de Fée, toutes en noir et blanc, présentées plus ou moins par thématiques.
On retrouve les parodies osées de contes classiques comme Hansel et Gretel, Blanche Neige, de récits pour enfants comme Alice au pays des Merveilles ou le Magicien d’Oz, et des choses plus délirantes comme ses versions de Flash Gordon ou Prince Valiant qui ont du faire hausser des sourcils interloqués à l’époque à Alex Raymond et Hal Foster (ce dernier a dû d’ailleurs se féliciter de n’avoir pas choisi Wood comme repreneur de sa série phare).
L’un dans l’autre, si le caractère subversif de l’ensemble est manifeste et si certaines cases flirtent ouvertement avec le porno, ces histoires sont à prendre comme le témoignage d’une époque bénie du comics américain où des parutions comme Mad permettaient à des auteurs marquants du media de se faire plaisir (tout comme à leur lectorat).
LA MUSIQUE:
C'est quoi :LE MONACHINE
C'est de qui ? E. Morricone
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Fort souvent.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Nous sommes au début de la prolifique (et c’est un euphémisme !) carrière de Morricone au cinéma – il ne débutera sa collaboration avec Sergio Léone, synonyme de reconnaissance internationale, que l’année suivante- mais déjà le maestro sonne prometteur sur cette gentillette comédie où la délicieuse Catherine Spaak joue une none ingénue dans la Rome des années 60 (ne cherchez pas là une quelconque amorce de film érotique, ce n’en n’est pas un).
Flute lead, clavecin utilisé à contre-emploi (qui apporte une ambiance un peu médiévale), cloches et autres harpes se marient de façon aussi inattendue que plaisante sur une poignée de thèmes simples mais loin d’être simpliste.
Avec une touche de swinging sixties, un soupçon de pop et une bonne humeur communicative, ce travail certes mineur du compositeur n’en reste pas moins très agréable surtout pour aller avec les francs délires osés de Wally Wood.
Ça donne Quoi ? Fin des années 70, alors qu’en Argentine la dictature bat son plein, deux des grands maîtres de la BD sud-américaine (voir mondiale, soyons fous), surveillés par le régime en place, se lancent dans l’adaptation d’une poignée de contes traditionnels qu’ils vont remplir d’allusions dissimulées ô combien parlantes aujourd’hui.
Ajoutez à cela que Breccia et Trillo reprennent les textes d’origine et leur symbolique là où Disney l’avait honteusement cachée sous le tapis, et vous vous retrouvez avec des versions hautement subversives, déjantées au possible et politiquement incorrecte (en bref, ce qu’elles étaient supposées être dès le départ).
L’autre grand intérêt de ces cinq histoires courtes, parues à l’origine dans des périodiques spécialisés (et jamais traduites chez nous) réside dans sa partie graphique. Breccia, défricheur dans différents domaines, de la narration à la composition, et amateur passionnant de techniques iconoclastes, s’amuse à réaliser des collages de matières, de photos, de dessins et autres morceaux de tissus par-dessus lesquels il dessine des personnages ubuesques, plus grands que nature, le tout dans un feu d’artifice chatoyants de couleurs d’une autre époque.
Témoignage historique et culturel, expérimentation visuelle à une époque où photoshop relevait de la science-fiction, Qui a peur des contes de fée ? est un ouvrage qui devrait interpeller tout amateur de 9° art éclairé !
LA MUSIQUE:
C'est quoi : TOBY DAMMIT
C'est de qui ?Nino Rota
La Couv':
Déjà entendu sur le site? Oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Indissociable du nom de Federico Fellini, Nino Rota a composé quasiment toutes les B.O du réalisateur.
Dans Histoires Extraordinaires, film à sketch datant de 68, adaptations de E.A. Poe par Louis Malle, Roger Vadimet, donc, Fellini, il réalise une version psychédélique de Ne Pariez jamais votre tête au diable où un acteur britannique adepte de paradis artificiels se voit embringué dans un tournage de western catho (sic !) et finit par y rester.
Fidèle à leurs habitudes musicales –les deux hommes travaillent ensemble depuis une quinzaine d’années déjà- Rota et Fellini optent pour une partition décalée - où l’on entend de l’orgue, un moog ou encore des bois groovys et joyeux -qui emprunte autant à la musique pop, qu’à celle du cirque, avec des réminiscences de jazz le tout non dénué, de çi de là, de touches plus sombres.
Une B.O aussi délicieusement surannée que la BD de chez Revival.
Ca donne Quoi ? Alors qu’il a déjà un casier, David, petite frappe pas bien futée, accepte la proposition d’un autre voyou de voler une moto, le tout pour une poignée de billets qui lui permettrait de se barrer de Colville –bled paumé d’Ontario- avec sa copine.
Hélas pour lui il s’avère que le propriétaire de la moto est un ex Hell’s Angel devenu dealer complètement barge.
Cerise sur le gâteau un désaxé, réalisateur de snuff movies, s’intéresse de –trop- près à David et sa copine.
Tout ceci finira évidement très mal dans une spirale de violence et de sexe.
N’y allons pas par quatre chemin, Colville, histoire à tiroirs écrite commencée à la fin des années 90 et terminée l’an passé, est une descente aux enfers glauque et maîtrisée comme l’on a peu d’occasion d’en croiser.
Entre 8MM et les premiers Lynch, le roman graphique de Steven Gilbert, dans un noir et blanc assez minimaliste et à la narration imbriquée qui accentue l’aspect malsain du scénario, laisse un sentiment de malaise tenace et bouscule son lecteur ; rien que pour ça, de temps à autre, ça vaut le coup de se laisser embarquer !
A ranger dans sa bibliothèque entre Charles Burns et Mezzo/Pirus.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :INLAND EMPIRE
C'est de qui ?David Lynch & Divers
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Yep
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si Inland Empire est probablement l’un des long métrages que j’aime le moins du réal à la chevelure vif argent (et encore ne l’ayant vu qu’à sa sortie en salle je devrais peut être retenter l’expérience), c’est cependant une étape de plus dans sa quête du cinéma à la croisée des chemins, expérimental et éprouvant à la fois.
Coté B.O, comme à chaque fois avec Lynch, on est là aussi dans le conceptuel, avec un mélange de pistes instrumentales atmosphériques sourdes et sombres et des morceaux connus aux antipodes.
Pour la lecture de Colville je vous recommande de ne sélectionner que les morceaux écrits par Lynch himself, suites de nappes électro aux vrombissements divers, variations des musiques déjà rencontrées sur les précédents films, de Eraserhead à Mullholand Drive en passant par l’excellent Lost Highway.
Une bande son impeccable pour l’effort de Gilbert.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)