18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 16:15

 

 

Pour conclure notre week-end préhistorique, retour sur l'adaptation d'une oeuvre-phare dans l'élaboration des "Âges Farouches", accompagnée, en fin de chronique, d'une interview d'Emmanuel Roudier.

 

 

LA BD :

 

 


C'est quoi : LA GUERRE DU FEU

 


C'est de qui : Roudier & Champelovier

 

 

La Couv' :

Contes et légendes de la préhistoire / La Guerre du feu Vs. Avatar

Déjà lu sur le site ? Oui

 

 

C'est édité chez qui ? Delcourt

 

 

Une planche :

 

 

Ca donne Quoi ? Depuis sa publication en 1911, La Guerre du feu de Rosny Aîné a connu deux adaptations cinématographiques - la première dès 1914, réalisée par Georges Denola, la seconde en 1981, par J.J. Annaud – et pas moins de quatre adaptations graphiques. Les plus marquantes restent certainement celle de René Pellos, publiée de 1950 à 1951 dans les pages du magazine Zorro, et celle d’Emmanuel Roudier, dont le dernier tome est paru chez Delcourt en 2014. Séparées par près de soixante ans, ces deux versions n’ont, sur la forme, pas grand-chose en commun.

 

Réunis en un seul volume par Glénat, les épisodes de Pellos offrent une illustration très fidèle du roman original. Si le dessin conserve toute la fougue que le dessinateur a investie dans le projet, l’ensemble pourra sembler quelque peu indigeste au lecteur moderne en raison de l’accumulation de cases minuscules, bourrées jusqu’à la gueule de phylactères qui reprennent, à la lettre, le texte de Rosny Aîné. Visuellement, avec son héros blond "brushingué" dont l’apparence évoque plus Paul Richter (le Siegfried de Fritz Lang dans les Niebelungen) que l’Homme de Tautavel, on se trouve ici dans une relecture décomplexée de la préhistoire, envisagée avant tout comme un lieu d’aventures excitant.   

 

 

De son côté, si elle privilégie le mythe qui pourrait se cacher derrière la préhistoire et se place sous les auspices de Marc Guillaumie (spécialiste de la fiction préhistorique), via la postface de son dernier tome, la version d'Emmanuel Roudier n’en oublie pas moins de combler le fossé qui existe entre réalité des découvertes scientifiques et vision populaire. Etendue sur trois tomes (qui correspondent globalement aux trois parties du roman), sa Guerre du feu permet un développement plus ample de l’intrigue, servie par une volonté de se documenter le mieux possible sur le sujet, tout en gardant à l’esprit que, dans quelques années, c’est bien l’aventure seule qui restera crédible aux yeux des lecteurs. Inspirée au dessinateur de Vo’Hounâ et Néandertal par André Chéret lui-même, cette adaptation exploite donc avec intelligence les deux points forts de l’œuvre de Rosny Aîné : le spectaculaire et la réflexion. Le premier est servi par le travail impressionnant du dessinateur et de son coloriste, digne des meilleures productions hollywoodiennes (puisqu’en France nous n’avons, semble-t-il, pas les moyens pour faire des films de genre, il faut bien que le talent s’exprime sur d’autres médias…). Le second, s’appuyant sur le texte de Rosny, offre une relecture à la fois prométhéenne et humaniste du parcours de l’humanité pour s’extraire des "âges farouches" et entrer de plein pied dans l’histoire avec un grand "H".

 

 

 

 

LA MUSIQUE :

 

 

 

 

C'est Quoi ? AVATAR
 

 

 

C'est de Qui ? James Horner

 

 

La couv' :

 

 

Déjà croisé sur B.O BD ? Oui

 

 

On peut écouter ? L'intégralité de l'album

 

 

Ca donne Quoi ? Concernant le dernier film (à ce jour) de James Cameron, le monde se divise en deux catégories. Ceux qui n’y voient au mieux qu’un bel emballage entourant un vaste trou noir scénaristique et ceux qui, au contraire, le considèrent comme une œuvre de "pure fantasy forcément héroïque […] irrigué[e] d’un bellicisme égal à son romantisme" (Cédric Delelée in Mad Movies HS n°14 : Les Mondes de James Cameron). Quel que soit le parti auquel on se range, force est de reconnaître que le réalisateur de Terminator a tenté de mettre au service de sa fable écologique (ou de sa vaste fumisterie numérique, c’est selon…) ramenée à l’essence même du récit mythique, la description d’un environnement futuriste scientifiquement crédible. Une démarche qui, au final, rapproche beaucoup l’univers d’Avatar, à l’autre extrémité de notre frise chronologique, de la préhistoire fantasmatique décrite par Rosny Aîné dans La Guerre du feu.  

 

Pour illustrer son aventure "pandorienne", Cameron fait à nouveau appel à James Horner*, avec qui il avait collaboré sur Aliens et le méga-carton Titanic. Recruté un an et demi avant la sortie du film (un délai plutôt large dans le métier), ce dernier doit toutefois se plier aux exigences nouvelles imposées par le montage numérique qui permet des modifications de dernières minutes, mais peut remettre en question tout le rythme ou la tonalité d’une scène pour laquelle une partition avait déjà été écrite… et qu’il faut dès lors entièrement retravailler. Au final, le compositeur livre trois heures d’une musique qui mêle avec brio orchestration traditionnelle et synthétique. Mélange foisonnant de world music (Horner s’est adjoint les services d’un ethnomusicologue pour élaborer les chœurs des Na’vi) et de sonorités épiques, la BO d’Avatar, mimétique en cela du film qu’elle accompagne, parvient à synthétiser dépaysement tribal et classicisme thématique (jusqu’au fameux "Thème de la Mort" présent dans quasiment toutes les compositions d’Horner depuis les années 80). Un pied dans l’inconnu, l’autre dans la tradition, une addition qui colle tout à fait à l’esprit de la trilogie de Roudier… et à sa lecture. 

 

* dont le réalisateur avait déjà largement exploité la musique d'Apocalypto pour la piste temporaire du film...

 

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Bonjour et merci d’avoir accepté de vous prêter au jeu du questionnaire croisé B.O/BD.

 


Commençons par un classique :

 

 

 

 

Quels sont vos cinq  albums musicaux de chevet ?

 

J’indique plutôt des albums que j’écoute encore et toujours avec un très grand plaisir. Je ne cite que des albums "pop", bien que j’écoute aussi beaucoup de musique de film, du classique et du baroque.

 

 

  • Hounds of Love (Kate Bush)
  • The Lamb Lies Down On Broadway (Genesis)
  • Wish You Were Here (Pink Floyd)
  • Highway To Hell (AC/DC)
  • 1000 Forms of Fears (Sia)
 

 

 

 

 

 

Et vos cinq albums de bande dessinée favoris ?

 

 

  • La Belette (Comès)
  • Watchmen (Alan Moore et Dave Gibbons)
  • L'Homme qui marche (Jiro Taniguchi)
  • Arthur le combattant (David Chauvel et Jérôme Lereculey)
  • L'autre monde (Rodolphe et Florence Magnin)

 

 

 

 

 

 

 

Les influences et les goûts :

 

Y a-t-il une musique de film qui vous a marqué, que vous affectionnez particulièrement (indépendamment du film ou non) ?

 

Il y en a plusieurs qui m’ont marqué et que j’écoute très souvent. J’en cite quelques unes en vrac : E.T. de John Williams ; Gladiator et Man of Steel de Hans Zimmer ; Apocalypto de James Horner ; Conan the Barbarian de Basil Poledouris ; Le château dans le ciel de Joe Hisaichi… Bon, bien sûr, La Guerre du feu, de Philippe Sarde, aussi.

 

 

 

 

 

 

 

Qui sont vos maîtres à penser en BD, ceux qui vous ont donné envie d'en faire, quelles sont vos influences ?

 

 


Je ne sais pas si je peux parler de maîtres à penser, à proprement parler, mais il y a des auteurs qui m’ont beaucoup marqué par leur travail quand j’étais jeune : Comès, Mézières, Chéret, Buscema, Harold Foster... Plus récemment, c’est Taniguchi qui m’a bouleversé. Tout cela commence à dater j’en ai bien conscience. Mais j’admire aussi le travail de plein de jeunes auteurs !  

 

 

 

 

 

Votre travail :

 

Écoutez-vous de la musique quand lorsque vous écrivez/dessinez ?  Si oui, quel genre de musique ?

 

Oui j’écoute beaucoup de musique en travaillant. Essentiellement de la musique de film, en fait, dont les BO citées plus haut. Après, j’écoute aussi de la chanson. Ces derniers temps, je découvre chaque semaine avec grand plaisir les reprises de Postmodern Jukebox, par exemple.

 

 

Sur quel projet travaillez-vous actuellement.. ou envisagez-vous de travailler prochainement (si vous avez la liberté de les évoquer bien sûr) ?

 

Pas de BD au menu ces temps-ci (je fais un petit break) mais du travail d’illustration, avec le livre Qui était Neandertal ? qui sortira en novembre chez Belin, ou encore du travail de création pour des jeux de rôle : Würm, mon jeu de rôle dans la préhistoire dont une version US va sortir sous peu, Barbarians of Lemuria, L’Ultime Épreuve. Et mon gros projet (au long cours) du moment, c’est un roman de fantasy, situé dans un monde préhistorique.

 

 

Et si…

 

... en lieu et place de la bande dessinée, vous aviez fait de la musique, de quel instrument auriez-vous joué ? Quel musicien auriez-vous aimé être ?

 

J'ai étudié la guitare au conservatoire pendant six ans quand j'étais gamin. Mais je n'étais pas très studieux. Le piano me plaît énormément et je crois que j'aurais aimé savoir en jouer bien davantage que de la guitare. Du coup, je m'amuse parfois à tapoter sur le piano de mon fils. Et je l'encourage à se faire plaisir avec l'instrument : à huit ans, il compose déjà des musiques de film et pour ses jeux de rôles ! Je ne sais pas quel musicien j'aurais aimé être : j'ai l'oreille musicale, je mémorise très vite les musiques, les partoles, et j'écoute un peu de tout. Mais je suppose qu'en définitive, c'est la musique illulstrative, comme celle des BO, qui aurait eu ma préférence. On ne se refait pas complètement quand même.

 

 

 

 

 

Un grand merci pour vos réponses, et au plaisir de vous retrouver rapidement dans les pages de Bandes Originales Pour Bandes Dessinées !

 

 

 

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Une chronique et une interview réalisées par Lio

 

 

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17 septembre 2016 6 17 /09 /septembre /2016 10:21

 

 

Les oeuvres de fiction préhistorique nous en apprennent par définition davantage (ce sont des "fictions", pas des "documentaires" !) sur la société, la mentalité et l'imaginaire des artistes qui les ont élaborées depuis le milieu du 19e siècle, que sur nos lointains ancêtres. Quoiqu'on en pense, ces oeuvres nourrissent également la représentation - pour ne pas dire le fantasme* - que nous nous faisons de cette époque d'autant plus fascinante qu'elle restera sans doute à jamais nimbée du profond mystère qui génère les mythes.

 

La bande dessinée n'est bien sûr pas en reste, qui a compris très tôt le potentiel visuel et scénaristique de la thématique préhistorique et des multiples approches qu'elle permet depuis les séries humoristiques comme Unrhunden (1900) du Suédois Oskar Andersen ou Alley Oop (1932) de l'Américain V.T. Hamlin, jusqu'aux aventures scientifiquement plausibles comme Vo'Houna (2002-2005) d'Emmanuel Roudier, en passant par les incontournables sagas pseudo-réalistes telles que Rahan d'André Chéret ou Tounga d'Edouard Aidans.  

 

C'est cette "préhistoire rêvée" que BOBD se propose de vous faire visiter ce week-end, en commençant avec l'adaptation d'un conte de Kipling qui se déroule au temps où l'Homme était aussi sauvage que les autres animaux... mais pas autant que le chat !

 

* Celui du blond aryen qui, vêtu d'une simple peau de bête, affronte jusqu'à des dinosaures disparus plusieurs dizaines de millions d'années avant lui, en tenant dans une main sa fidèle massue et dans l'autre la tignasse de sa non moins fidèle compagne !

 

 

 

LA BD :

 

 

 

C'est quoi : LE CHAT QUI S'EN VA TOUT SEUL

 

 

C'est de qui ? Yann Dégruel d'après Rudyard Kipling

 

 

La Couv':

Contes et légendes de la préhistoire /  Le chat qui s'en va tout seul  Vs.  The Pink Panther

Déjà croisé sur le site? Non

 

 

C’est édité chez qui ? Delcourt Jeunesse

 

 

Une planche: 

 

 

 

Ca donne Quoi ? Adapter en BD cette Histoire comme çà de Rudyard Kipling est un défi parce que chaque personne qui l'a lue ou entendue s'est fait sa propre image de cette préhistoire fantasmatique où la Femme est, une fois de plus, un peu sorcière.

 

Voici un résumé rapide pour ceux qui ont encore à découvrir ce superbe recueil d'histoires : au temps où les bêtes domestiques étaient encore sauvages, la Femme utilisa des sorts pour les domestiquer. Chien Sauvage a vendu sa liberté contre des os de mouton rôti à condition d'accompagner l'Homme à la chasse. Cheval Sauvage et Vache Sauvage ont vendu leur liberté pour du foin en échange de se laisser chevaucher pour le premier et de donner son lait frais pour la seconde. À chaque fois, "le chat qui s'en va tout seul" les a suivis et il est reparti.

Mais quand la Femme a mis du bon lait frais à tiédir près du feu, il essaie d'entrer dans la caverne. Il passe un marché avec la Femme : si elle le complimente 3 fois, il pourra entrer dans la caverne près du feu et boire du lait.  Bien sûr, c'est ce qui va arriver… mais le chat n'a pas passé de pacte avec l'Homme ou le Chien.

 

Yann Dégruel a merveilleusement illustré ce joli conte avec une femme belle et sage, un chat très expressif aux  mouvements d’yeux, d’oreilles et moustaches particulièrement drôles. Cette histoire pour enfants est aussi un enchantement pour les grands et ce n'est pas parce que la Femme est une sorcière!

 

 

 

 

 

LA MUSIQUE

 

 

 

C'est Quoi ? THE PINK PANTHER

 

 

C'est de Qui   Henry Mancini

 

 

La couv' 

 

 

 

Déjà entendu chez nous?  Oui plus d'une fois

 

 

On peut écouter?

 

 

Ca donne Quoi ? Est-il encore besoin d'évoquer ce générique de film tellement fabuleux que le personnage de Pinky en est sorti pour avoir sa propre série de dessins animés ?

 

Mancini a créé ici un tube mondial qui a été abandonné repris ou copié. Le jazz et la musique descriptive (Carnaval des animaux et consorts) semblent l'avoir inspiré et guidé pour cette marche sautillante et espiègle.

 

Quiconque entend les premières notes de ce morceau qui imite à merveille l'avancée furtive d'un félin en maraude (ou d'un monte-en-l'air) retombe immédiatement en enfance et sourit en pensant soit aux films (enfin les 2 premiers selon moi) soit à la série de dessins animés.  De quoi accompagner les tribulations du Chat qui s'en va tout seul !

 

C'est toujours très efficace comme le prouve une anecdote que j'ai vécu à l'opéra de Paris : j'assistais à une représentation du Barbier de Séville de Rossini, opéra bouffe déjà très drôle par son sujet. Lors d'une des parties de récitatif avec accompagnement de clavecin, le claveciniste a joué ce morceau pour accompagner l'arrivée discrète de Don Basilio et  pour le plus grand plaisir de l'assistance qui a éclaté de rire… C'est suffisamment rare à l'opéra pour le souligner !

 

 

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Une chronique de Gen

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  • : Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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  • : "...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)
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