Pour conclure notre week-end préhistorique, retour sur l'adaptation d'une oeuvre-phare dans l'élaboration des "Âges Farouches", accompagnée, en fin de chronique, d'une interview d'Emmanuel Roudier.
Depuis sa publication en 1911, La Guerre du feu de Rosny Aîné a connu deux adaptations cinématographiques - la première dès 1914, réalisée par Georges Denola, la seconde en 1981, par J.J. Annaud – et pas moins de quatre adaptations graphiques. Les plus marquantes restent certainement celle de René Pellos, publiée de 1950 à 1951 dans les pages du magazine Zorro, et celle d’Emmanuel Roudier, dont le dernier tome est paru chez Delcourt en 2014. Séparées par près de soixante ans, ces deux versions n’ont, sur la forme, pas grand-chose en commun.
Réunis en un seul volume par Glénat, les épisodes de Pellos offrent une illustration très fidèle du roman original. Si le dessin conserve toute la fougue que le dessinateur a investie dans le projet, l’ensemble pourra sembler quelque peu indigeste au lecteur moderne en raison de l’accumulation de cases minuscules, bourrées jusqu’à la gueule de phylactères qui reprennent, à la lettre, le texte de Rosny Aîné. Visuellement, avec son héros blond "brushingué" dont l’apparence évoque plus Paul Richter (le Siegfried de Fritz Lang dans les Niebelungen) que l’Homme de Tautavel, on se trouve ici dans une relecture décomplexée de la préhistoire, envisagée avant tout comme un lieu d’aventures excitant.
De son côté, si elle privilégie le mythe qui pourrait se cacher derrière la préhistoire et se place sous les auspices de Marc Guillaumie (spécialiste de la fiction préhistorique), via la postface de son dernier tome, la version d'Emmanuel Roudier n’en oublie pas moins de combler le fossé qui existe entre réalité des découvertes scientifiques et vision populaire. Etendue sur trois tomes (qui correspondent globalement aux trois parties du roman), sa Guerre du feu permet un développement plus ample de l’intrigue, servie par une volonté de se documenter le mieux possible sur le sujet, tout en gardant à l’esprit que, dans quelques années, c’est bien l’aventure seule qui restera crédible aux yeux des lecteurs. Inspirée au dessinateur de Vo’Hounâ et Néandertal par André Chéret lui-même, cette adaptation exploite donc avec intelligence les deux points forts de l’œuvre de Rosny Aîné : le spectaculaire et la réflexion. Le premier est servi par le travail impressionnant du dessinateur et de son coloriste, digne des meilleures productions hollywoodiennes (puisqu’en France nous n’avons, semble-t-il, pas les moyens pour faire des films de genre, il faut bien que le talent s’exprime sur d’autres médias…). Le second, s’appuyant sur le texte de Rosny, offre une relecture à la fois prométhéenne et humaniste du parcours de l’humanité pour s’extraire des "âges farouches" et entrer de plein pied dans l’histoire avec un grand "H"
Concernant le dernier film (à ce jour) de James Cameron, le monde se divise en deux catégories. Ceux qui n’y voient au mieux qu’un bel emballage entourant un vaste trou noir scénaristique et ceux qui, au contraire, le considèrent comme une œuvre de "pure fantasy forcément héroïque […] irrigué[e] d’un bellicisme égal à son romantisme" (Cédric Delelée in Mad Movies HS n°14 : Les Mondes de James Cameron). Quel que soit le parti auquel on se range, force est de reconnaître que le réalisateur de Terminator a tenté de mettre au service de sa fable écologique (ou de sa vaste fumisterie numérique, c’est selon…) , la description d’un environnement futuriste scientifiquement crédible. Une démarche qui, au final, rapproche beaucoup l’univers d’Avatar, à l’autre extrémité de notre frise chronologique, de la préhistoire fantasmatique décrite par Rosny Aîné dans La Guerre du feu.
Commençons par un classique :
J’indique plutôt des albums que j’écoute encore et toujours avec un très grand plaisir. Je ne cite que des albums "pop", bien que j’écoute aussi beaucoup de musique de film, du classique et du baroque.
Les influences et les goûts :
Y a-t-il une musique de film qui vous a marqué, que vous affectionnez particulièrement (indépendamment du film ou non) ?
Il y en a plusieurs qui m’ont marqué et que j’écoute très souvent. J’en cite quelques unes en vrac : E.T. de John Williams ; Gladiator et Man of Steel de Hans Zimmer ; Apocalypto de James Horner ; Conan the Barbarian de Basil Poledouris ; Le château dans le ciel de Joe Hisaichi… Bon, bien sûr, La Guerre du feu, de Philippe Sarde, aussi.
Qui sont vos maîtres à penser en BD, ceux qui vous ont donné envie d'en faire, quelles sont vos influences ?
Je ne sais pas si je peux parler de maîtres à penser, à proprement parler, mais il y a des auteurs qui m’ont beaucoup marqué par leur travail quand j’étais jeune : Comès, Mézières, Chéret, Buscema, Harold Foster... Plus récemment, c’est Taniguchi qui m’a bouleversé. Tout cela commence à dater j’en ai bien conscience. Mais j’admire aussi le travail de plein de jeunes auteurs !
Votre travail :
Écoutez-vous de la musique quand lorsque vous écrivez/dessinez ? Si oui, quel genre de musique ?
Oui j’écoute beaucoup de musique en travaillant. Essentiellement de la musique de film, en fait, dont les BO citées plus haut. Après, j’écoute aussi de la chanson. Ces derniers temps, je découvre chaque semaine avec grand plaisir les reprises de Postmodern Jukebox, par exemple.
Sur quel projet travaillez-vous actuellement.. ou envisagez-vous de travailler prochainement (si vous avez la liberté de les évoquer bien sûr) ?
Pas de BD au menu ces temps-ci (je fais un petit break) mais du travail d’illustration, avec le livre Qui était Neandertal ? qui sortira en novembre chez Belin, ou encore du travail de création pour des jeux de rôle : Würm, mon jeu de rôle dans la préhistoire dont une version US va sortir sous peu, Barbarians of Lemuria, L’Ultime Épreuve. Et mon gros projet (au long cours) du moment, c’est un roman de fantasy, situé dans un monde préhistorique.
Et si…
... en lieu et place de la bande dessinée, vous aviez fait de la musique, de quel instrument auriez-vous joué ? Quel musicien auriez-vous aimé être ?
J'ai étudié la guitare au conservatoire pendant six ans quand j'étais gamin. Mais je n'étais pas très studieux. Le piano me plaît énormément et je crois que j'aurais aimé savoir en jouer bien davantage que de la guitare. Du coup, je m'amuse parfois à tapoter sur le piano de mon fils. Et je l'encourage à se faire plaisir avec l'instrument : à huit ans, il compose déjà des musiques de film et pour ses jeux de rôles ! Je ne sais pas quel musicien j'aurais aimé être : j'ai l'oreille musicale, je mémorise très vite les musiques, les partoles, et j'écoute un peu de tout. Mais je suppose qu'en définitive, c'est la musique illulstrative, comme celle des BO, qui aurait eu ma préférence. On ne se refait pas complètement quand même.
Un grand merci pour vos réponses, et au plaisir de vous retrouver rapidement dans les pages de Bandes Originales Pour Bandes Dessinées !