Et l'on termine notre cycle consacré à Wrightson par la création probablement la plus iconique de notre Artiste du Mois, j'ai nommé:
LA BD:
C'est quoi : SWAMP THING
C'est de qui ? Len Wein et Bernie Wrightson
La Couv':
Déjà lus dans le coin? Oui …pour Wrightson mais vous aviez saisi je pense !
Une planche:
Ca donne Quoi ? Comme le disait Fab pas plus tard qu’hier, Bernie Wrightson a biberonné tout jeune à l’épouvante des EC Comics des années 50. Cette influence, qui du reste perdurera tout au long de sa carrière, est évidemment déjà prégnante sur les travaux de jeunesse du dessinateur. Parmi ses premières publications (dans les différentes anthologies horrifiques renaissantes de DC Comics, à partir de la fin des années 60), il y a House Of Secrets n°92 en 1971 , qui introduit Swamp Thing, la Créature des Marais imaginée par Len Wein. Ce dernier confesse avoir proposé à Wrightson ce script sombre et désespéré, se déroulant dans un climat gothique au début du siècle dernier, car ce dernier, la vingtaine à peine à l'époque, venait de faire l'expérience d'une rupture douloureuse, et se sentait d'humeur !
A la fin de l'année 1972, le personnage réapparaît dans un contexte contemporain, sous la forme de son avatar le plus célèbre, Alec Holland, avec la même équipe aux commandes. Wein et Wrightson surfent sur le contexte de leur époque, favorable à une renaissance du genre horrifique, avec un assouplissement sensible du Comics Code et l'accession de certains personnages-phare du genre au domaine public. Mais le tandem fait mieux que jouer sur la fibre nostalgique en créant une authentique nouvelle figure du bestiaire fantastique.
Bernie Wrightson ne reste que le temps de dix épisodes, mais il a le temps de frapper les esprits durablement, créant d'emblée des personnages visuellement marquants comme l'antagoniste Arcane et sa nièce Abigail (et il invoque aussi une foule de monstres, loups-garou, vampires, extraterrestres, robots en tous genres... et même Batman, magistralement représenté par Wrightson). Il faut dire que les décors imaginés par Wein se prête à merveille au style du talentueux débutant : de la vieille masure gothique au bayou de Louisiane sinistre et ombragé, ce ne sont pas les sites lugubres qui manquent pour mettre en valeur les atouts du dessinateur.
Ce dernier a fait à l'époque le choix, risqué, de refuser du travail pour se consacrer pleinement à ses planches, assurant dessins et encrage, pour un rendu somptueux. On saluera l'initiative de Delcourt de publier ses épisodes en noir et blanc (en prologue à la publication, hélas avortée, de la mythique prestation d'Alan Moore sur le titre, 10 ans plus tard), sublimant le rendu du travail de Wrightson.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? VEXOVOID
C'est de Qui ? Portal
La couv'
Déjà croisé sur le site? Aucune chance
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? D'après le hurleur en chef Phil Anselmo (Pantera, Down et bien d'autres projets), et l'on peut en croire un spécialiste en la matière, Portal est le groupe le plus « extrême » à la surface de la planète. Depuis une quinzaine d'années, ces death-metalleux australiens déversent à leur rythme indolent (4 albums au compteur seulement) une musique unique, d'une virulence inouïe, mais sous des dehors finalement assez stoïques et apaisés.
En effet, il y a comme une volonté « d'aplanir » le son chez Portal : que ce soit dans les structures, labyrinthiques et indéchiffrables, ou la production, austère et absconse, le groupe semble chercher à neutraliser toute trace de dynamique. Et puis il y a le son de ces guitares, quelque part entre le clapotis de sables mouvants et le bourdonnement sourd d'une nuée d'insectes carnivores. Un rendu unique, dont on ne trouvera d'équivalence que sur certains efforts des français de Blut Aus Nord ou Deathspell Omega, autres fleurons du métal extrême aventureux. Quoi de mieux pour accompagner ce purgatoire sonore que des déguisements aussi tarabiscotés qu'inquiétants (comme chez les suédois de Ghost et Terra Tenebrosa), et des paroles cryptiques inspirées des écrits du grand Lovecraft, avant que le groupe ne développe son propre bestiaire/panthéon fictif...
Le dernier-né de leur discographie, Vexovoid, est peut-être le plus abordable du lot ; entendons-nous bien : Portal ne s'est pas mis pour autant à la pop ou au zouk, et les oreilles les plus sensibles saigneront dès les premières mesures de l'album. Mais le groupe a tout de même l'idée lumineuse de réduire considérablement la durée de leur disque (35 minutes à peine, et c'est ma foi bien suffisant pour une écoute d'une traite), et de clarifier un peu les structures de leurs compositions. La sensation de cauchemar sonique marécageux demeure néanmoins. Si vous voulez expérimenter la sensation de vous réveiller le matin comme si vous aviez plongé en flammes dans un marais la veille au soir, vous savez ce qu'il vous reste à faire !!
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Une chronique de Peio