LA BD:
C'est quoi ? THE SPIRIT
C'est de qui ? W. Eisner
La Couv':

Déjà lu chez B.O BD? Oui
Une planche:

Ca donne Quoi ? Après sa pseudo mort, Denny Colt revient dans le monde des vivants et décide de faire régner la justice sous l'identité du Spirit. Affublé d'un masque assorti à un costard bleu, notre héros invincible (ou presque) va prêter mais forte au commissaire Dolan pour traquer le crime sous toutes ses formes.
Au premier abord on serait en droit de se demander ce qui fait dire à autant d’auteurs que aficionados de BD que le Spirit de Will Eisner est un modèle du genre, un incontournable du comics et du medium en général.
Et si certains puristes et autres spécialistes affirmeront que la quintessence d’Eisner sont ses « romans graphiques » à succès, du Contrat avec Dieu en passant par sa Trilogie New Yorkaise ou son Dernier Jour au Vietnam, à la lecture des aventures de son héros masqué (qu’il ne faut cependant pas enfermer dans la catégorie super héros) on réalise vite aussi bien la maestria de l’auteur, sur le fond comme la forme.
Commençons par celle-ci. Si les premières années du Spirit montrent un Eisner qui se cherche encore un peu, dans la lignée des héros et autres hard boiled des années 30, avec même des répliques et autres scènes à la limite du racisme (à remettre dans son contexte donc), l’immédiate après-guerre propose des récits plus travaillés, aux trouvailles graphiques innovantes souvent enthousiasmantes, à commencer par les typo et placement des titres qui rivalisent d’inventivité. La narration n’est pas en reste, que ce soit dans les cadrages, les enchainements de cases où les séquences graphiques atypiques.
Pour le genre, on oscille entre le Noir classique et le récit pince sans rire aux limites du fantastique dans l’esprit des histoires courtes de Roald Dahl (pas celles pour enfants, vous l’auriez compris).

Ce « Best of » a la particularité, en une centaine de pages, de couvrir un large pan de la série, ne serait-ce que chronologique. On y retrouve le casting au grand complet, le caractériel Commissaire Dolan, les vénéneuses P’Gell, Sand Saref et Silk Satin, le dangereux Octopus…
Sous couvert d’un humour assez noir et d’intrigues souvent light Eisner place toujours une petite réflexion morale sur divers sujets (enfin sauf peut-être dans les tout premiers récits, et encore) et, même si sceptique au départ (comme votre serviteur) on se laisse subrepticement gagner par le talent de l’auteur et on enchaine les nouvelles avec un réel plaisir de lecteur.
Alors c’est vrai, ça a un peu vieilli, ça peut sembler suranné à la lecture mais passer à coté du Spirit serait une erreur dans une culture bédéphilique qui se respecte ! (et après vous pourrez toujours enchaîner sur les œuvres plus honorables d’Eisner pour vous la raconter dans les festivals BD !)
LA MUSIQUE:
C'est quoi : THE TWO JAKES
C'est de qui ? Van Dyke Parks
La Couv':

Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? S’il est surtout connu dans le domaine du pop/rock américain des années 60 à…2000, ayant collaboré avec des artistes aussi prestigieux que les Beach Boys, Zappa ou encore U2, il serait dommage de ne pas s’arrêter un instant sur la discographie cinéma de Van Dyke Parks.
C’est d’ailleurs ce qui a du parler à Jack Nicholson quand il parvient enfin –après pas mal d’années en stand-by – à mettre en chantier cette suite de Chinatown. Il a eu du nez (les connaisseurs du film d’origine apprécieront la blague) puisque la B.O de The Two Jakes est la seule chose qui puisse éventuellement rivaliser avec le film d’origine. En effet cette suite peine à convaincre dans quasiment tous les domaines et sera un échec au box office, condamnant par la même un troisième épisode écrit qui ne verra jamais le jour.
Mais revenons à la musique. Parks n’essaie pas de singer les compositions de Goldsmith, et c’est tout à son honneur tant l’exercice se serait révélé casse-gueule. Il opte plutôt pour des mélodies riches et variées, qui oscillent entre le jazz big band classe et des thèmes plus modestes mais à l’orchestration originale avec même la présence d’instruments inattendus qui apportent une belle touche d’originalité à une partition soignée qui fait la part belle au Noir d’antan et aux arrangements plus modernes.
Un score somme toute solide qui, à quelques exceptions près coté anachronisme, est assez racé et mélodieux pour faire une bande son de choix à ce best of du Spirit.
---------------
Une Chronique de Fab