Ca donne Quoi ? Notre héroïne émancipée tient la dragée haute à ses camarades des Beaux Arts attisant forcément leur jalousie. Pendant ce temps, Scottie, dont l’amant américain est mort, à quitté l’académie et se laisse dépérir.
Le frère et la sœur vont devoir naviguer à vue dans cette société du Paris du XIX° où les alliés et les ennemis sont nombreux, envieux ou admirateurs, amoureux transis ou déclarés.
Nejib nous livre un second tome très enlevé de sa série sur la naissance de l’impressionnisme où l’on suit avec intérêt les chemins de cette fratrie américaine.
Manet, Daudet, Nadar, Degas…le who’s who des artistes de l’époque traverse ce second tome de Swan, véritable tableau d’un mouvement artistique aussi bouillonnant que le caractère de son héroïne.
Le trait délié de l’artiste, aux nombreux clins d’oeils aux œuvres des artistes évoqués, s’il m’avait un peu pris de court sur le tome précédent, m’a plus emballé ici.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :TOTALE ECLIPSE
C'est de qui ?Jan A.P. Kaczmarek
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si la vision de Agnieszka Holland de l’idylle entre Raimbaud et Verlaine ne restera pas dans les mémoires, loin s’en faut, elle aura eu au moins le mérite de faire découvrir au grand public le talent d’écriture de Jan A.P. Kaczmarek.
Alternant un orchestre au grand complet et un plus modeste quatuor de cordes, le compositeur évoque à la fois la passion de la liaison des deux écrivains et l’intimité de leur relation. Attaché à un certain traditionalisme folklorique, Kaczmarek le nuance via des mélodies et des arrangements très personnel.
Ce score se rapprocherait des œuvres de Kilar pour le grand écran, avec cependant plus de volupté et de romance, ce qui ne dépareille pas sur ce second tome de Swan, bien au contraire.
Ca donne Quoi ? Tout comme Chloé Cruchaudet que nous évoquions tantôt, Néjib n'est jamais là où on pourrait l'attendre.
Après une bio des plus originale d'une des plus grandes icônes de la musique pop-rock et un étonnant album sur l'invention de la camera obscura, l'auteur revient aujourd'hui avec une évocation de la naissance de l’impressionnisme dans le Paris de 1859 où une jeune américaine émancipée et son frère homosexuel orageux vont tenter de percer dans la peinture, l'une par les moyens qu'elle pourra (nous somme au XIX° siècle!) et le second en entrant aux Beaux Arts.
On croise du beau monde dans ce premier tome de Swan, de Degas -cousin de nos héros- à Manet en passant par Baudelaire. Nejib, un peu comme il l'avait fait dans Haddon Hall, nous fait assister aux balbutiements d'un mouvement majeur de l'art ; et si j'ai trouvé son trait peut être un peu trop flottant parfois, plus lâché que sur le précédent album, j'ai néanmoins pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce Buveur d'Absinthe.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : PAGES CÉLÈBRES POUR ORCHESTRE
C'est de qui ? Offenbach
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si ses œuvres les plus connues sont des opéras et opérettes, ne pas s’intéresser au génie musical d'Hoffenbach serait-une faute de goût manifeste !
J'en veux pour preuve la compilation de ces ouvertures et autres transitions instrumentales que l'on vous propose ici. Vous reconnaîtrez par exemple aisément le Galop tiré d'Orphée, devenu un incontournable du Moulin Rouge sur le cancan.
De nature résolument gaie et entraînante la musique du compositeur était fort prisée de ses contemporains, à une époque où la guerre avec la Prusse (d'où était originaire Hoffenbach) couvait. De structure et d'écoute abordable, riche en alternance de majeures et mineures, le style du compositeur est le miroir de son époque et, étant contemporain des événements relatés dans Swan, on aurait eu tort de ne pas les associer n'est ce pas ?
Ca donne Quoi ? Quand la science se met au service de la royauté pour embobiner la religion, le résultat peut faire mal.
Dans le sud de l’Italie, au XIII° siècle, un savant arabe, sa jeune fille handicapée et un étrange serviteur masqué en fuite se voient offrir l’hospitalité par Frederic II.
L’empereur qui n’est pas surnommé Stupor Mundi pour rien, désire revenir dans les bonnes grâces de la papauté. L’invention d’Hannibal, notre scientifique, l’intéresse donc au plus haut point puisque son prototype de Camera Obscura va lui permettre de fabriquer un faux-suaire.
Entre Houdê, sa progéniture récalcitrante qui cherche à retrouver la mémoire sur les évènements qui ont précipité leur départ de Bagdad, un prêtre bibliothécaire peu coopératif, et les réticences qui l’entourent de toutes part, Hannibal va voir sa tâche devenir bien ardue.
Changement total de registre pour Néjib qui, après son évocation de la jeunesse de David Bowie (Haddon Hall, déjà chez Gallimard), a imaginé, à partir d’éléments historiques existants et de diverses expériences personnelles, un conte surprenant qui se dévore malgré ses presque 300 pages où réalité et fiction se mêlent avec bonheur, le tout dans un style graphique très expressif qui n’est pas sans faire penser à celui d’un David B. par exemple.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ?ANDREI RUBLEV
C'est de Qui ?Vyacheslav Ovchinnikov
La couv'
Déjà entendu dans le coin? Non
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Compositeur soviétique surtout versé dans le classique, Ovchinnikov a néanmoins à son actif une bonne douzaine de musiques de films, dont les deux premiers longs-métrages de son compatriote Tarkovski. Andrei Rublev raconte l’histoire d’un moine peintre d’icônes déchiré entre sa passion pour son art et sa dévotion. Tourné au milieu des années 60, le film tombera sous la coupe de la censure du Parti qui n’hésitera pas à le faire remonter, et même à l’interdire de diffusion en URSS pendant plus de 5 ans.
La musique, toute aussi marquante que les images qu’elle accompagne, est originale à plus d’un titre. Très éloignées des principes d’illustration filmique de l’époque (et pas qu’en URSS), les compositions d’Ovchinnikov opposent des instruments utilisés à contre-emploi (les cordes jouent très bas, les vents font de timides mais marquantes apparitions) à des choses bien moins reconnaissables, le tout en faisant des incursions dans la musique sérielle ou dans un minimalisme avant l’heure via des motifs répétitifs.
Le musicien s’est inspiré du caractère jusqu’au-boutiste du scénario pour laisser libre cours à son imagination faisant de la B.O d’Andrei Rublev une chose envoutante et indispensable. Si parfois un brin austère avec Stupor Mundi elle n’en reste pas moins fort souvent délectable.
Une fois n’est pas coutume, habituellement chez B.O BD on ne modifie pas notre programme en fonction de l’actualité mais là c’est un cas de force majeure. C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris, comme beaucoup d’entre vous, le décès de l’immense artiste qu’était David Bowie, véritable icone de la musique pop-rock, modèle de bon nombre d’artistes, faiseur de modes plutôt que suiveur, caméléon toujours en adéquation avec son temps qui a su passer les époques et les modes sans jamais rien perdre de sa superbe. Il restera pour moi toujours lié à la résurrection d’Iggy Pop, l’un de mes artistes préférés, et à une élégance so british. Lio se fendra d’un petit hommage plus tard dans la journée, en attendant, nous vous re-proposons la chronique musicale d’un album sorti il y a quelques années consacré aux jeunes années de Bowie.
Ca donne Quoi: Le narrateur de cette histoire est la grande maison londonienne qui donne son nom au titre, où le "White thin duke" s'installe avec sa compagne de l'époque, Angie (qui, outre le tube hyper connu des Pierres qui roulent aura droit à deux autres chansons rien que pour elle) et dans laquelle vont venir squatter nombre de personalités de l'époque. Bowie, au début de la gloire, va y connaître les affres de la création et le déclic vers sa véritable identité artistique. C'est ce principe original, et mon admiration pour Bowie, qui m'ont attiré vers cet album atypique, témoignage d'une époque phare de l'histoire de la musique Pop-Rock, fort bien documenté. Le dessin, épuré et psychédélique, plein de couleurs pastels mais flashy, est très adapté à son sujet. Une belle surprise pour un premier album.
LA MUSIQUE
C'est Quoi:LE CINEMA DE SERGE GAINSBOURG
C'est de Qui: euh...pour de bon? Bon, d'accord... Serge Gainsbourg
La couv'
On l' a déja croisé? Non
On peut écouter:
Ca donne quoi? Impressionante collection de Bandes originales composées par Gainsbourg, que ce coffret, démarrant en 59 pour s'achever plus de 30 ans plus tard. Ce sont les débuts de l'Homme à tête de chou comme compositeur de scores que l'on retiendra ici. Au moins aussi doué dans ce domaine que dans la composition de chansons devenues des hits (pour lui comme pour les autres), Gainsbourg s'imprègne de l'esprit de son époque et l'adapte aux films qu'il met en musique. On nage dans le groove parfois psyché parfois funky, aux arrangements pointus, qui font que les scores n'ont rien à envier à leurs contemporains. Un accompagnement musical qui coule sur Haddon Hall avec un effet très approprié, immergeant totalement le lecteur dans l'ambiance du récit.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)