19 avril 2019
5
19
/04
/avril
/2019
13:02
LA BD:
C'est quoi ? WOBBLIES
C'est de qui ? Divers
La Couv':
Déjà croisés sur le site? Certains peut être.
C’est édité chez qui ? Nada
Une planche:
Ca donne Quoi ? L'adage de Karl Marx (d'autant plus à propos ici) « L'Histoire se répète, d'abord comme une tragédie après comme une farce » se vérifie de façon flagrante à la lecture des anecdotes historiques et politiques retranscrites dans Wobblies qui couvre plus d'un siècle de lutte socio-culturelle Outre Atlantique mais dont l'écho se répercute encore aujourd'hui, là bas comme ici.
Au travers de l'action des IWW (Industrial Workers of the World) ce sont les racines même de l'oppression capitaliste sur le prolétariat, de l'asservissement des plus pauvres par une minorités de très riches qui sont exposées dans ce receuil au format original où plus d'une dizaine d'auteurs indés US, parmi lesquels des pointures comme Peter Kuper ou Harvey Pekar, mettent en image l'histoire du mouvement et de ses figures.
Exclusivement en noir et blanc, dans des styles picturaux forts différents (on va de la caricature à la carte à gratter) mais quasiment toujours atypiques, Wobblies est une alliance du fond et de la forme assez rare, une page d'Histoire sociale qui, dans une époque comme la notre, ô combien secouée par les inégalités, apporte un éclairage bienvenu à la compréhension et à l’appréhension de notre situation actuelle et à venir.
Un livre qu'on pourrait quasiment qualifier d'essentiel, qui ne pouvait paraître que chez Nada, éditeur engagé s'il en est !
LA MUSIQUE:
C'est quoi :TRIPLE ZERO
C'est de qui ? Le Peuple de l'Herbe
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Pour son premier album, après une paire d'années de concerts et sessions plébiscités et de recherche de style, le combo français le Peuple de l'Herbe a la bonne idée, dés le second morceau, de sampler The Revolution Will Not Be Televised de Gil Scott Heron.
C'est ce brûlot anti média et manipulation des masses qui m'a fait choisir Triple Zéro, galette aux sonorités hip-hop old school agrémentées de rythmiques live aux accents plus rock qui, rapidement, s'affranchit de toute appartenance à un style quelconque avec des incursions dans plusieurs domaines de l'électro de l'époque (l'année 2000).
Si le décalage est parfois flagrant avec Wobblies, le riff de The Revolution Will Not Be Televised - qui est au départ un poème mis en musique et dont le chant annonce une décennie avant son explosion, le phrasé rap- est assez groove et hypnotique pour faire une bande son originale à la BD.
---------------
Une Chronique de Fab
14 février 2017
2
14
/02
/février
/2017
08:29
LA BD:
C'est quoi : GONZO
C'est de qui : Will Bingley et Anthony Hope-Smith
La Couv':
Déjà croisé sur le site? Non.
C’est édité chez qui ? Nada.
Une planche:
Ca donne Quoi ? Enfin ! Une BD sur l’inventeur du Gonzo journalisme, ce fan de la Beat Génération qui allait mettre en pratique le Sur La Route de Kerouac, sur les traces de ses prédécesseurs. Entre le reportage sur les Hell’s Angels qui tournera plus que mal, la course à Vegas qui finira en « parano », son impossibilité à assumer paternité et ou vie de couple, sa tentative de se faire élire shériff ou encore ses renvois successifs de rédaction de journaux et magazines, la vie dissolue et surréaliste de Thompson méritait bien un album à part entière (oui, ok, y a bien Spider Jerusalem mais quand même).
Assez loin de l’image donnée par l’interprétation outrancière et cabotine de Jack Sparrow, Thompson est présenté ici comme le junkie et l’alcoolo qu’il était certes mais, avant tout, comme un artiste avide d’écriture, d’expériences nouvelles, de filiation avec ses illustres modèles.
L’autre grand atout de ce généreux one shot est son dessin accrocheur, trait charbonneux et nerveux, digne héritage d’une certaine école américaine old school dont les références aujourd’hui seraient à mi chemin du regretté Darwyn Cooke (période Catwoman) et de Michael Lark, artiste croisé entre autre sur Gotham Central.
Des titres à des années lumières du genre de la bio de Thompson donc et justement c’est là qu’est l’originalité, plutôt que de choisir quelque chose d’attendu et de passe-partout (comprenez « réaliste ») le scénariste (ou peut être plus probablement l’éditeur d’origine) a su opté pour une option gagnante.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? BIRDMAN
C'est de Qui ? Antonio Sanchez
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Yep
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Attention : concept ! Pour la B.O de ce film surprenant (et un brin maniéré d’accord, moins que le suivant cela dit mais ne nous égarons pas) avec un Michael Keaton (qui aurait d’ailleurs pu faire un meilleur Hunter S. Thompson de cinéma que Johnny le Cabot) ressuscité, Innaritu fait appel au batteur Antonio Sanchez, ex sideman de Chick Corea et actuellement derrière les fûts pour Pat Metheny (excusez du peu !).
Le résultat est tout bonnement hallucinant, avec son seul instrument rythmique Sanchez dynamite les codes du score et produit un ovni avant-gardiste qui s’avère même particulièrement mélodique, contre toute attente.
Si je conçois qu’à l’écoute seule ça puisse vite devenir fatiguant, malgré la virtuosité du musicien, c’est assez surprenant à la lecture d’une BD, surtout quand celle-ci évoque le « pape du Gonzo » !
--------------------------
Une chronique de Fab
16 octobre 2016
7
16
/10
/octobre
/2016
19:14
LA BD:
C'est quoi : BOHEMIANS
C'est de qui : Divers, supervisés par P. Buhle
La Couv':
Ca donne Quoi ? Si, malheureusement, pour beaucoup de gens la bohème n’évoque qu’une chanson populaire bien trop entendue si vous voulez mon avis, l’album que les éditions Nada proposent en français cet automne devrait remettre en perspective ce mouvement artistique et mode de vie libertaire, libre penseur et résolument marginal.
Divisé en parties distinctes et chronologiques, Bohemians nous fait croiser les grandes figures de ce courant au fil de son évolution dans le temps et géographiquement. Si pas mal d’entre elles m’étaient inconnues, j’ai eu grand plaisir à retrouver des artistes aussi éloignés en apparence qu’Oscar Wilde (même si le segment qui lui est consacré est un peu réducteur à mon goût, mais vous savez que l’irlandais est un de mes maîtres à penser), Robert Crumb, Joséphine Baker ou encore Charlie Parker.

L’ensemble, comme dans toute anthologie, peut se révéler parfois un brin inégal d’un point de vue graphique mais ravira les amateurs curieux qui sauront piocher de ci de là références curieuses et anecdotes intéressantes sur ces « bohèmes » célèbres.
LA MUSIQUE
C'est Quoi? BAG’S GROOVE
C'est de Qui ? Miles Davis
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD ? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Alors que Miles aborde le virage de la sortie du bop, il réalise deux sessions à différents moments de l’année 1954 qui sont réunies sur ce Bag’s Groove, l’une des galettes les plus importantes de la carrière du trompettiste.
D’improvisations vertigineuses en progression mineures inattendues en passant par des influences latines fort subtilement intégrées les sept morceaux qui composent l’album plairont autant au néophyte qu’à l’amateur éclairé.
Coté personnel c’est la grande classe puisque l’on retrouve notamment Sonny Rollins au sax (qui signe trois des compositions), Horace Silver au piano (remplacé par Monk sur le titre phare) Milt Jackson au vibraphone (responsable du titre Bag’s Groove) ou encore Kenny Clarke à la batterie.
L’osmose entre Davis et Rollins (peut être encore plus qu’avec Coltrane) reste un des grands plaisir de mélomane de cette période et leur collaboration est un quasi sans fautes à laquelle hélas l’addiction de Rollins mettra un terme.
Ne craignez pas l’anachronisme avec les premières parties de Bohémians, même si ils sont bien présents dans les faits, à la lecture ils ne sont en rien gênants.
------------------------
Une chronique de Fab
8 mars 2016
2
08
/03
/mars
/2016
12:01
LA BD:
C'est quoi : PANCHO VILLA. LA BATAILLE DE ZACATECAS.
C'est de qui : Eco & Paco Ignacio Taibo
La Couv':

Déjà lus sur le site? Non
C’est édité chez qui ? Nada Editions.
Une planche:

Ca donne Quoi ? L’un des plus célèbres révolutionnaires de l’Histoire a à nouveau droits aux honneurs du 9° Art via l’évocation de la prise dans le sang de la ville de Zacatecas, qui sera synonyme de la fin du gouvernement Huerta et de l’apogée de la révolution Mexicaine. Alors qu’en Europe l’un des plus sanglant conflit de l’Histoire débute, au Mexique, Villa, colonel de Madero et de Zapata, lance ses troupes à l’assaut du dernier bastion du régime en place. L’affrontement fera des milliers de morts mais la cause des Zapatistes en sortira grand vainqueur.
Si le sujet se prête à une évocation épique, que le romancier Paco Ignacio Taibo ne pouvait que sublimer, le père du « Noir Mexicain » fait cela dit preuve d’une extrême sobriété en réduisant les dialogues au minimum, préférant l’utilisation de phrases descriptives efficaces et souvent courtes pour accompagner les illustrations. Et parlons en de ces illustrations ! Plus que le fond, c’est vraiment la forme qui force le respect de ce superbe album à l’italienne. Les gravures d’Eko, dans un noir et blanc sur-expressif, étalés sur de pleines pages ou, plus rarement, sur quelques cases, sont d’une beauté frappante. On pense à de la carte à gratter tellement le trait est âpre et puissant.
A mi chemin entre la BD et l’illustration, Pancho Villa, La Bataille de Zacatecas, est l’un des plus beaux albums qui m’ait été donné de lire ces derniers temps.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? VIVA ZAPATA
C'est de Qui ? A. North
La couv'

Déjà croisé chez nous? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Steinbeck, Kazan, Brando, Quinn…j’en rajoute ? Allez oui, la cerise sur le gâteau, Alex North. Si la vision hollywoodienne de la révolution mexicaine fait un peu clichée (rien que l’accent et les grimaces de Brando prêtent souvent à sourire) Viva Zapata capture néanmoins parfaitement l’essence du message, tout comme la musique de North, compositeur doué qui a écrit pour les plus grands réalisateurs de son époque (Kubrick, Mankiewicz, Houston,…).
Pour sa seconde collaboration avec Elia Kazan, il a poussé le professionnalisme jusqu'à étudier la musique folklorique mexicaine afin de colorer une partition qui fait la part belle à l’héroïsme (et n’est pas sans rappeler parfois certains passages de son Spartacus) tout en la teintant de romance bon teint. Un score original et d’une grande qualité de composition qui sera d’ailleurs nommé aux Oscars (mais qui perdra assez logiquement face à High Noon de Tiomkin).
-------------------
Une chronique de Fab