LA BD:
C'est quoi ? SIN CITY. SOMBRES ADIEUX
C'est de qui ? Frank Miller
La Couv':
C’est édité chez qui? Huginn & Muninn
Déjà croisé sur le site? Oui
Une planche:
Ca donne Quoi ? J'ai découvert Frank Miller à la fin des années 80 quand un de mes oncles m'a offert la version française du Dark Knight en 4 volumes chez feu les éditions Zenda.
Grosse claque forcément pour un gamin de même pas 15 ans à l'époque que ce dynamitage en règle à la fois des canons de l'Homme chauve souris mais aussi du comics tout court (à la même époque un autre auteur pliait le game, un certain Alan Moore, mais je ne le découvris que plus tard).
Quelques années après je tombe en médiathèque sur les Sin City, et là, l'amateur de films noir que j'étais (et suis toujours) prend une nouvelle fois en pleine tête, avec un plaisir coupable, ces récits où, s'il respecte les passages obligés du genre (voix-off omniprésente, femmes fatales, héros durs à cuire et méchants retors), Miller une fois encore s'appropriait le Noir via un traitement graphique magistral à base de grands à plats de noirs et de blancs, de jeux d'ombre ultra expressifs et autres découpages cinématographique efficace et casting au poil.
Quasiment 30 ans plus tard voilà que Huginn et Muninn, éditeur au départ spécialisé dans les beaux livres thématiques et qui s'est lancé ces derniers temps dans les comics "hors Big Two", reprend la série (déjà réédité il y a une décennie par Rackham) de Miller, proposant diverses versions mais surtout une nouvelle traduction signée du romancier Henry Loevenbruck (excusez du peu, les amateurs de best seller fantastique/polar apprécieront).
Même si je connais l'histoire par coeur, pour l'avoir lue maintes fois et avoir même apprécié sa "photocopie" cinématographique pondue par Robert Rodriguez, j'ai pris un certain plaisir à retrouver la cité du vice, ses bad guys corrompus, ses filles de joie vénéneuses et, last but not least, Marv, sorte de "The Thing" humain au coeur aussi grand que ses poings frappent fort.
Tombé amoureux de Goldie, une superbe jeune femme qu'il va retrouver morte dans le lit où elle lui a offert son corps, notre brute increvable n'aura de cesse de retrouver les responsables du crime, même si pour sa il doit retourner toute la fange qui tapisse la cité du vice, et dieu sait qu'il y en a !
La question qui m'a néanmoins effleurée l'esprit est de savoir si, en 2023, un récit aussi manichéen et -en apparence - machiste que ce "Sombres Adieux" (traduction de The Hard Goodbye) pourra encore intéresser un nouveau public ou sont-ce seuls les amateurs de l'auteur ambigu et de sa série phare, qui se pencheront sur ces nouvelles versions?
L'avenir nous le dira.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : THE ROAD BUILDER
C'est de qui ? B. Herrmann
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? A l’époque où il compose la B.O de ce petit film fantastique honnête, la carrière d’ Herrmann est un peu dans le creux de la vague. Brouillé avec Hitchcock depuis quelques années, il s’est installé à Londres où il écrit des musiques de longs métrages mineurs qui ne le satisfont guère.
Si Night Digger ne fait pas partie des meilleures œuvres de son auteur, loin s’en faut, un Herrmann moyen vaudra toujours mieux que, par exemple, le meilleur des Hans Zimmer. Ainsi, après avoir échoué à faire changer la fin du scénario adapté par rien moins que Roald Dahl, le compositeur décide que sa partition sera intitulée Scenario macabre for orchestra, avec simplement des numéros de pistes plutôt que de titres relatifs au film.
Le résultat n’en n’est pas moins intéressant et fonctionne presque mieux ansi, la pièce présentant même une sorte de progression conceptuelle. Si l’on retrouve des gimmicks chers à Herrmann, cordes à la limite de la dissonance, motif court et répété, ensemble restreint mais utilisé à fond ; le score de Night Digger, si efficace, reste dans l’ombre de choses comme Psycho ou le Sisters qu’il écrira pour De Palma une paire d’années plus tard.
Néanmoins la relative ambiance sourde très en underscoring de l’ensemble se marie plutôt bien à cet hommage violent à tout un pan du genre.
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