Ainsi se termine notre dernier cycle manga de 2015...
LA BD:
C'est quoi ? LA DIVINE COMEDIE. TOME 2, L’ENFER
C'est de qui ? Go Nagai
La Couv' :
Déjà croisé sur le site ? Oui
Une planche :
Ça donne quoi ? Poursuivant son voyage au milieu des damnés, Dante apprend enfin, de la bouche de son guide Virgile, la véritable raison de sa présence en Enfer : une fois revenu de l'Au-Delà, Dieu veut qu'il témoigne des atrocités dont sont victimes tous ceux qui choisissent de vivre dans le péché, afin de remettre l'humanité sur le droit chemin. Vaste et édifiant programme ! Go Nagai ne change pas le concept qu'il avait appliqué au 1er tome de son adaptation de la Divine Comédie, à savoir un dessin très rough basé sur les gravures de Gustave Doré, au service d'une fidélité (quasi) sans faille au texte d'origine. La formule pourrait lasser, au contraire elle interroge. Pourquoi une œuvre composée il y a près de 700 ans, qui se veut à la fois théologique, scientifique, lyrique, mystique, politique, mais avant tout poétique (où est le hic ?), exerce-t-elle une telle fascination sur bon nombre d'artistes, ou de lecteurs, depuis la Renaissance jusqu'à aujourd'hui ? Peut-être parce qu'en dépit d'une réputation intimidante, et puisqu'elle se veut un témoignage de la parole de Dieu adressé à tous les Hommes, La Divine Comédie se devait d’être une œuvre claire, facile d'accès (c'est pas pour rien qu'elle a été écrite en langue « vulgaire »), dont une grande part de la symbolique repose sur des descriptions extrêmement réalistes, concrètes, vraisemblables. Pour le dire plus simplement, Dante était tellement badass qu'il a réussi à faire un film de Ridley Scott au XIVe siècle ! On n'est pas obligé d'accrocher au fond, mais niveau forme y a rien à jeter. Botticelli, Blake, Doré ou encore Dali l'ont bien compris en acceptant sans sourciller d'illustrer sa prose. Go Nagai s'inscrit donc, modestement, dans cette prestigieuse continuité et a pour lui de s’être attaqué à l'intégralité de l’œuvre, là où ses prédécesseurs se sont contentés d'une centaine de dessins ou d'aquarelles chacun. Petits joueurs...
LA MUSIQUE
C'est quoi ? INFERNO
C'est de qui ? Tangerine Dream
La couv'
Déjà entendu chez nous? Oui
On peut écouter? Bien sûr et même regarder tout le film ici
Ça donne quoi ? Depuis sa création, quasiment tous les arts se sont emparés de La Divine Comédie. On imagine bien que le cinéma n'est pas en reste. Dès 1908, le réalisateur James Stuart Blackton adapte l'histoire de Francesca da Rimini, racontée à Dante dans le chant V de L'Enfer, dont il fera un remake deux ans plus tard (Hollywood avait déjà pensé à tout). En 1911, deux films sont mis en chantier en Italie, un petit budget – paraît-il un peu coquin - produit par Hélios Film et une super-production de la Milano Films, L'Inferno de Bertolini, De Liguoro et Padovan. Sorti trois ans avant Cabiria, le fameux péplum de Giovanni Pastrone (qui aurait inspiré Griffith pour Naissance d'une nation), ce premier long-métrage de l'histoire du cinéma italien est également considéré comme la première œuvre européenne notoire pour ses ambitions littéraire et artistique. Annoncé un an avant sa sortie (Disney t'es qu'un Mickey !), le film s'inspire lui aussi des gravures de Doré et offre, encore aujourd'hui, un spectacle plastiquement très impressionnant qui conserve un grand pouvoir de fascination. Tombé dans le domaine public (ça fait 104 ans, forcément…), différentes versions sont désormais disponibles sur le Tube. En 2002, Edgar Froese, le fondateur de Tangerine Dream, se lance dans la composition d'une musique elle aussi inspirée par L'Enfer (et Le Purgatoire) qui, si elle a laissé les fans du groupe un peu sceptiques, permet d'aborder la lecture du manga de Go Nagait sour un angle plus planant et lyrique.
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Une chronique signée Lio