LA BD:
C'est quoi ? JERRY SPRING. INTEGRALE 5.
C'est de qui ? Jijé, Phillip, Lob.
La Couv':
Déjà croisés sur le site? Oui, tous.
C’est édité chez qui ? Dupuis
Une planche:
Ca donne Quoi ? Dernier volume de l’intégrale soignée et en noir et blanc consacrée au héros de Jigé, ce cinquième volume regroupe des histoires où le cow boy propret et bon garçon des premiers temps laisse la place à un homme plus déterminé, plus dépenaillé, mal rasé et prompt à la bagarre (même s’il reste droit comme la justice, évitant de tuer ses ennemis par exemple).
En ceci, on sent là une « influence » assez surréaliste, à savoir celle d’un autre héros de western dont les premières aventures viennent de paraître en albums : le lieutenant Blueberry.
Surréalistes car si Blueberry a bien une influence (ou une origine si vous préférez) avérée, c’est le Jerry Spring de Jigé. En effet Giraud, le dessinateur de Blueberry, est à l’époque de la naissance de la série l’assistant de Jigé et c’est ce dernier qui le recommande à Charlier pour donner vie à son héros.
Le ton plus sombre et adulte de ce nouveau western va donner le « la » aux futures parutions du genre et les derniers albums de Jerry Spring, écrits par Lob et Philip, le propre fils de Jijé, n’ont plus grand-chose à voir avec ceux des débuts.
On y retrouve un Spring mal rasé, aux prises avec des forcenés du Klu Klux Klan, prenant parti pour la cause des noirs américains ; au milieu d’un conflit fraternel où indiens et tuniques bleues se déciment, ou encore face à des protagonistes féminins intéressants mais, hélas, peu développés par un Jigé pas forcément enclin à prendre cette direction pour son héros.
Si les fans de la première heure seront peu être un peu décontenancés par la direction prise par la série sur cette fin de parcours, les amateurs de western comme votre serviteur seront ravis.
Même si le dessinateur a tendance parfois à expédier certaines cases, notamment sur les personnages vus de loin, l’ensemble est de fort bonne facture avec des planches qui restent des modèles de narration graphique.
Le tout étant, comme sur les précédents volets de l’intégrale, tout en noir et blanc et enrichis de documents forts intéressants à la riche iconographie ; il serait dommage de ne pas déguster cette madeleine de Proust, bien agréable en cette période de disette bédéphilique.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : CIEL DE PLOMB
C'est de qui ? E. Morricone
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Souvent
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Une autre influence des scénarios de ces derniers Jerry Spring est, évidemment, la foultitude de westerns fleurissant sur les écrans de cinéma, et notamment ceux en provenance de la Cinecitta.
Mouvement intrinsèquement lié au nom d’Ennio Morricone qui, avec la trilogie des dollars de Sergio Leone, va définir la musique du genre pour les décennies à venir (et pour cause sur 22 scores composés en cette année 1968, pas moins de quatre sont des westerns dont le très beau Grand Silence de Corbucci), le western spaghetti propose une vision plus réaliste, plus âpre, plus crasseuse que son modèle américain.
Sur la quantité de longs métrages produits certains valent le détour comme ce Ciel de Plomb qui commence et se termine dans la violence avec des passages plus légers voire comiques entre les deux. La partition de Morricone, si pas exempte de «facilités» (comprendre : de choses déjà entendues sur de précédents travaux : sifflement, guitare,,,,), propose des variations plus originales notamment avec du violon.
Ambiances qui colleront aussi bien aux trois premiers albums recueillis ici qu'aux deux derniers, plus dans la veine de la série des Trinita (et qui dérouteront un peu les afficionados de la série).
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Une Chronique de Fab