Ca donne quoi : Grâce à la magie d'Internet, les auteurs de Cyanide & Happiness (soit Cyanure & Bonheur dans la langue de Molière) ont pu développer sans se croiser (ou presque) une œuvre drôle et intelligente… ce qui leur fait au moins deux points communs avec l'équipe de BOBD !
Depuis 2005, les quatre dessinateurs (trois Américains et un Irlandais) proposent sur leur site explosm.net un strip quotidien, décliné depuis en websérie, qui se caractérise par son humour corrosif et un style extrêmement dépouillé. Kris Wilson, le créateur original de la série, explique la simplicité du graphisme par le fait qu'il ne voyait pas comment matérialiser les idées stupides qu'il avait en tête autrement qu'avec des personnages qui avaient l'air stupides. Et à ce niveau, on peut dire qu'on est servi ! Alliant un humour trash digne de Southpark à un sens de l'absurde que n'auraient pas renié les Monty Python, Cyanide & Happiness n'épargne aucun sujet sensible - mort, maladie, suicide, vie de couple, éducation… - sur lesquels il multiplie les vannes cyniques et scabreuses déployées essentiellement sur trois ou six cases.
La BD éditée par Hugo Desinge offre un condensé des onze années de production de la série agrémenté de trente strips supplémentaires, jugés « trop hard pour Internet », nous dit-on dans la préface. Si tous les coups ne font pas mouche, c'est le lot de ce type de format, l'ensemble reste de très bon niveau et prouve qu'on peut faire rire (jaune) avec un rond, un carré et quatre traits noirs, pourvu qu'on fasse preuve d'inventivité et d'un sens aiguë du dialogue.
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Ca donne Quoi ? C'est peu dire que l'ombre de Pulp Fiction plane sur ce film sorti un an après la Palme d'or de Quentin Tarantino : premier rôle tenu par John Travolta dont la carrière venait de trouver un nouveau souffle grâce au personnage de Vincent Vega, caméo d'Harvey Keitel, générosité des dialogues… cette adaptation d'Elmore Leonard fut même envisagée un temps par Tarantino lui-même, qui retrouvera l'univers du romancier peu de temps après pour Jackie Brown. Échu à Barry Sonnenfeld, Get Shorty n'en reste pas moins une comédie noire rythmée, doublée d'une satyre roublarde sur les rouages grippés d'Hollywood, qui s'appuie avant tout sur son casting Delux (Travolta donc, mais aussi Danny DeVito, Gene Hackman et Rene Russo) et une bande-son ultra vitaminée.
Pour illustrer les aventures de Chili Palmer, le Fonzie des prêteur sur gage de Miami, en vadrouille à L.A., la production a eu le bon goût de faire appel à John Lurie, leader des Lounge Lizards. Rappelons que parallèlement à sa carrière de saxophoniste (et de peintre !), celui-ci a « accessoirement » été acteur pour Jarmush, Wenders, Lynch ou Scorcese et a composé près d'une vingtaine de musiques de films. Entre l'inusable "Green Onions" de Booker T. & The M.G.'s et un "Bo's Veranda" de Morphine à la coloration délicieusement hispanique, Lurie livre pour Get Shorty dix compos gouleyantes et inspirées, sous perfusion d'acid jazz, qui apporteront un surcroît de peps à la lecture d'un Cyanide & Happiness qui n'en manque déjà pas.
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Une chronique de Lio