Ca donne Quoi ? Le récit où le diable en personne est l’un des protagonistes principaux qui cherche à duper le héros, c’est un classique!
En littérature du Faust de Goethe au Maître et Marguerite de Boulgakov, au cinéma du Septième Sceau à l’Associé du Diable en passant par Angel Heart …Satan est un bon client.
José Homs l’a bien saisi pusiqu’il utilise ce hiatus de départ pour son premier effort solo, un one shot où l’on suit une jeune femme dans le Prague post Seconde Guerre Mondiale où les nazis sont déjà en train de faire regner la terreur.
Fille d’un rabbin exorciste devenu un légume suite à une expérience malheureuse, Coral est continuellement accompagnée par Lucifer qu’elle est la seule à voir et qui veut la faire mal agir afin de pouvoir regagner les enfers.
Dans le même temps, un groupe d’illuminés cherche à créer un golem afin de combattre les troupes d’Hitler.
Si donc le scénario du Diable et Coral ne révolutionne rien, il reste bien emmené par un casting convaincant et un rythme soutenu, la partie graphique est quant à elle assez réjouissante, Homs utilisant divers procédés narratifs -changements de techniques, chapitrage, phylactères et polices différents en fonction des personnages, choix des colos…- et montre que le dessinateur n’a pas fini de nous étonner!
LA MUSIQUE:
C'est quoi : INTERVIEW WITH A VAMPIRE
C'est de qui ? D. Hart
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Touche à tout plutôt doué, Daniel Hart n’a jamais vraiment percé à Hollywood, et ce malgré (ou peut-être à cause?) un score pour Disney (bon ok ce n’était que le remake de Peter et elliott le dragon mais bon).
Et pourtant, son boulot sur The Green Knight nous ayant déjà bien plu, nous nous sommes penchés sur sa partition pour la version tv d'Entretien avec un vampire.
Et bien nous en a pris car, fort d’un orchestre de 18 instrumentistes, Hart passe d’un romantisme classe à un gothique saisissant en faisant preuve d’une unité mélodique raffinée. Il faut dire qu’il s’était déjà fait les dents dans le fantastique avec la série tv (déjà!) de l’Exorciste.
Loin de l’emphase de la partition d’Elliot Goldenthal sur la version cinéma de l’oeuvre d’Anne Rice, celle de Hart propose toute la variété nécessaire à accompagner comme il se doit cette fantaisie diabolique signée Homs.
Ca donne Quoi ?Tandis que Kita se cache en compagnie de son senseï et de 2 gamins des rues, Jay rumine ses revers de fortune en prison.
Mais quand son oncle menace de s’en prendre à sa fille, notre blonde héroïne déchaîne son démon et s’évade.
Réunies, les deux passionarias vont fomenter un énorme coup: enlever le fils de Sa Majesté et laisser entendre à la famille royale qu’elles ont dissimulé l’héritier parmi les hordes d’enfants qui triment dans les usines illégalement.
Dans un passé moins lointain, les Angry Mothers elles aussi continuent de sévir et mettent à jour un trafic de nouveaux nés.
Encore un tome de haut vol pour la série féministe de Zidrou et Homs, avec le premier en grande forme qui déroule un scénario à la trame double mené avec métier et le second qui propose de magnifiques planches fourmillant de détails, aux personnages anguleux bien croqués et aux décors riches.
Si ce sixième volet marque une fin de cycle, l’histoire de Kita et Jay est loin d’avoir livré tous ses mystères -surtout au vu des 2 dernières planches!- et l’on croise les doigts pour que la série continue!
LA MUSIQUE:
C'est quoi :LA CHAMBRE DES TORTURES
C'est de qui ? L. Baxter
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? American International Pictures, pendant américain de la Hammer qui produira essentiellement de la série B voire Z, a cependant une poignée de longs métrages dans son giron qui méritent d’être sauvés.
Cette adaptation de Poe signée Roger Corman où le mythique Vincent Price en fait des tonnes permet à Baxter, compositeur aux multiples talents et aux scores nombreux et variés (où l’on trouve forcément aussi de bonnes choses mais aussi des plus contestables) de mélanger score d’épouvante classique et quelques sonorités et rythmiques marquées 60’s (qui sont très adaptées avec la partie de ce tome de Shi qui se passe à l’époque en question).
Étrangement atonale, la partition de Baxter pose une atmosphère aussi glauque et oppressante que l’histoire victorienne de Zidrou et Homs.
Déjà croisés sur le site? Sur les tomes précédents.
Une planche:
Ca donne Quoi ? Alors que Kira et Jay, après leur retentissant coup d’éclat contre les navires de Sa Majesté, sont plus que jamais mises à prix, leur action est relayée par les « angry mothers » qui ont fait de la lutte contre le travail des enfants leur cheval de bataille.
Mais un nouveau chef de police londonien, venu des Indes, vient d’être nommé et compte bien mettre les passionarias au pli.
En parallèle la fille de Jay découvre qui était sa mère via ses écrits et, en Amérique, on suit l’enquête sur une disparition.
Comme dans le cycle précédent les intrigue de Shi sont multiples, plus encore avec ce 5° volet même, mais on fait confiance au métier de Zidrou pour ne rien laisser au hasard.
De son coté Homs continue à nous régaler de son dessin semi réaliste riche, aux fort belles couleurs, qui magnifie les différents lieux et atmosphères de ce nouveau cycle.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :EL ESPINAZO DEL DIABLO
C'est de qui ?J.Navarette
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Première collaboration entre le futur réalisateur des Hellboy et Javier Navarrete sur ce film d’inspiration fortement gothique qui propose une intéressante variation de la maison hantée (enfin l’internat hanté pour le coup).
Navarette fait un usage intensif des instruments à cordes, avec une section fournie (les contrebasses et violoncelles sont bien mis en avant, dans l'esprit des compositeurs Russes des XIX et XX° siècle) et tisse une atmosphère à la fois sombre et mélancolique voire romatico-gothique même, via des thèmes travaillés oppressants, au suspense croissant, soutenus par des cuivres graves et majestueux et des percussions vrombissantes.
Une partition riche et inventive, avec de belles variations notamment au piano, qui a mis l’emphase sur le coté tragique de la saga de nos deux héroïnes et de leurs descendantes diverses.
Ca donne Quoi ? Alors que tout le monde les croit mortes, notre duo fatal va régler ses comptes avec les nantis responsables entre autre de la mort du bébé de Kita et de l’internement de Jay. L’addition va être salée mais personne n’en sortira indemne, ni nos fortes femmes, ni les intrépides gamins crasseux des Dead Ends et encore moins les bad guys de la série !
Véritable hécatombe pour cet ultime tome du premier cycle de Shi, avec notamment une belle séquence fantastique où les démons orientaux géants viennent au secours de nos héros en détruisant la flotte secrète de la confrérie de l’Erié et de la Reine d’Angleterre. Zidrou dans ses meilleurs moments livre un scénario chargé mais maîtrisé (on aurait peut-être cependant aimé une séance dans le présent dans ce quatrième album, mais gageons que ce sera pour la suite).
Le ton est clairement à la tragédie pour cette conclusion d’une série amenée à devenir majeure si les prochains cycles sont de l’acabit de celui-ci, et dont l’un des énormes points forts est sa partie graphique, véritable tour de force de la part d’Homs qui joue clairement dans la cour des grands !
LA MUSIQUE:
C'est quoi : THE TOWN THAT DREADED SUNDOWN
C'est de qui ?J. Mendoza-Nava
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Malgré son talent affirmé de compositeur classique et sa capacité à marier les styles (il utilisait beaucoup les pentatoniques, héritage de la musique folklorique de sa Bolivie natale) Mendoza-Nava, en marge d’une riche carrière classique, n’a, pour le cinéma, mis en musique que des navets.
Essentiellement des films d’horreur de troisième catégorie comme ce Town that dreaded sundown, inspirée d’un fait divers réel pour lequel le compositeur reste dans des sentiers bien balisés, tirant sur les ficelles pourtant éculées du genre avec, années 70 obligent, un peu de guitare électrique de ci de là et des variations rythmique intéressantes quoiqu'un peu trop expérimentales par rapport au reste , le tout a des réminiscences faisant vaguement penser à Lalo Schifrin.
C’est néanmoins ces mélanges d’influences et d’ambiances qui m’ont fait sélectionner cette partition pour la conclusion de Shi et le résultat est plutôt satisfaisant.
Ca donne Quoi ? Il ne fait pas bon vivre à Londres en cet Hiver 1852!
Revenue d'entre les morts, Jay règle ses comptes en compagnie de son alliée japonaise et les victimes sont légions.
Elle se fait également tatouer le démon manquant de la trinité afin d'exploiter ses pouvoirs.
Pouvoirs dont elle aura bien besoin car, en parallèle, un ennemi puissant fait chanter les notables londoniens à coup de photos compromettantes.
Un tome où la narration nerveuse, débarrassée des flashforward dans le futur, n'a d'égale que la maestria du dessin racé de Homs, et qui installe Shi dans le top 10 des séries du genre de ces dernières années.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : MAN IN THE ATTIC
C'est de qui ?H. Fridhofer
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Man in the attic est la quatrième adaptation à l'écran d'un roman sur Jack L'éventreur, après notamment The Lodger, un long d'Hitchcock déjà mis en musique par...Hugo Friedhofer.
Le compositeur, qui a appris les ficelles d'Hollywood au contact de pointures telles Steiner et Korngold et a reçu un Oscar la décennie précédente, considère son travail de jeunesse pour le maître du suspense comme l'un des meilleurs scores de ses débuts, ainsi plutôt que de ré-écrire une nouvelle partition, il adapte celle de The Lodger y rajoutant quelques motifs de ci de là, la rendant un peu plus « spectaculaire » afin qu'elle corresponde un peu mieux à ce à quoi le public américain est habitué à l'époque.
Hormis ces quelques embellissements et coquetteries, la B.O reste sensiblement la même, musique de suspense et d'épouvante light bien faite, aux accords directement hérité du classique, formation initiale de Friedhofer.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)