22 juin 2018
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11:43
LA BD:
C'est quoi ? WANNSEE
C'est de qui ? Le Henanff
La Couv':
Déjà croisés sur le site? Oui.
C’est édité chez qui ? Casterman
Une planche:
Ca donne Quoi ? Au début de l’année 1942, alors que les persécutions contre les juifs se multiplient dans l’Allemagne nazie, quinze dignitaires se réunissent en secret à Wannsee, dans une villa cossue, pour débattre des mesures à prendre pour accélérer le processus.
C’est lors de ce congrès confidentiel que sera décidée la solution finale.
Ce nouvel album de Le Hénanff est une lecture qui saisit d’emblée ; constater avec quelle morgue le groupe de monstres valide l'un des plus grand massacre de l'Histoire, le tout sur des plans de décors anodins ou des portraits criants de vérité des protagonistes, fait froid dans le dos et plus l'on avance dans la lecture, avec l'annonce de la solution finale par un maître de cérémonie tout imbu de sa personne, plus l'on est tétanisé.
La grande force de l’auteur qui s'était déjà frotté à l'horreur et à la cruauté humaine dans HHHolmes, est de ne rien montrer des victimes (hormis une planche découpée en étoile de David frappante), de garder continuellement une atmosphère qui, débarrassée des uniformes nazis, passerait pour celle d'une soirée entre hommes de "bonne compagnie".
Sur un sujet fort et difficile Le Henanff fait des choix payants autant sur le fond que sur la forme; un album marquant qui, comme ceux évoqués par Passamonik dans son introduction, fait office de devoir de mémoire, et le fait bien.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :AMEN
C'est de qui ? A. Amar
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Coup d’essai coup de maître en 2003 avec Amen pour Armand Amar qui, jusqu’alors, s’était surtout consacré à l’enseignement et à l’écriture pour la scène et la danse.
C’est à la demande de Costa Gavras, réalisateur du film, que le compositeur se plie à la discipline et plutôt bien puisque son travail sera nommé aux Césars la même année.
Mélangeant instrumentation classique avec une prod plutôt moderne, Amar, qui enchainera avec presque deux décennies de B.O, n’a pas encore les « tics » de la discipline et propose une musique certes descriptive mais moins attendue que si elle avait été confiée à un compositeur traditionnel.
La dimension émotionnelle est évidement très forte avec des couleurs folkloriques marquées et le suspense n’est pas oublié, loin de là.
Les thèmes des deux media du jour ayant évidement des points communs, la synergie entre les deux a été assez convaincante.
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Une Chronique de Fab
17 juin 2018
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07:17
LA BD:
C'est quoi ? CORB NEZ
C'est de qui ? Civiello & Charyn
La Couv':
Déjà croisés sur le site? Oui pour les 2.
C’est édité chez qui ? Le Lombard
Une planche:
Ca donne Quoi ? Agréable surprise de retrouver Jerome Charyn aussi bon romancier que scénariste de BD réussies (ses collaborations avec Boucq – déjà au Lombard-par exemple) à des lieues de son domaine habituel (le noir) pour cette histoire pleine de bruit et de fureur dans la France du Haut Moyen âge où Guillaume, « Corb Nez » un seigneur de guerre vassal de Charlemagne, aussi loyal que féroce, est chargé de ramener au roi de Bourgogne sa femme volage en fuite.
Mais notre héros va tomber amoureux de la belle Witgar et défier l'autorité afin de la sauver du supplice qui l'attend, le procès s'annonce houleux !
Au dessin de ce one-shot prenant c'est également un plaisir de voir que Civiello n'a rien perdu de son style pictural haut en couleur et, si quelques visages sont parfois un brin figés, la partie graphique est de toute beauté finissant de faire de l'album une réussite,
LA MUSIQUE:
C'est quoi ? THIBAUD CHEVALIER DES CROISADES
C'est de qui ? G. Delerue
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? A l'époque Delerue a déjà une solide carrière au cinéma derrière lui avec une trentaine de longs métrages en moitié moins d'années et ce pour certains des plus grands réalisateur de l'époque.
Après 4 films avec Colpi, ce dernier le requiert pour sa série TV historique Thibaud chevalier des croisades, qui comme son titre l'indique, se passe en partie en orient,
Outre un thème principal enlevé, le compositeur mâtine donc sa partition de mélodies aux teintes folkloriques, panachant les ambiances tout en restant dans un registre médiéval qu'il connaît pour l'avoir abordé -pour la télévision déjà- sur des adaptations de Macbeth et du Cid.
D'autres thèmes dédiés et une poignée de pistes dédiées aux batailles finissent de faire de cette B.O riche un accompagnement très en phase avec le one-shot du jour !
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Une Chronique de Fab
3 juin 2018
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15:43
LA BD:
C'est quoi ? ACHILLES. LA BELLE HELENE
C'est de qui ? C. Ferri
La Couv':
Déjà lu chez nous? Non
C’est édité chez qui ? Tabou
Une planche:
Ca donne Quoi ? Alors je sais, vous allez me dire que l’histoire de la Guerre de Troie on la connaît pas cœur, notamment depuis la version ciné grand spectacle avec Bradounet d’il y a quelques années, et que, en BD, c’est même une thématique qui revient cycliquement.
J’avoue, vous n’avez pas tort, mais cela étant, avec son fort potentiel de situations érotiques, citez-moi une seule version qui se soit positionnée sur ce créneau (hormis, c’est vrai, le récent Cœur des Amazones).
On ne boudera donc pas notre plaisir à (re)découvrir cette version de l’Iliade, pour laquelle l’auteur italien est allé s’inspirer non pas d’une mais de trois sources littéraires, proposant ici une sorte de préambule où l’on voit l’implication divine dans le conflit, la nature de la supposée passion d’Hélène pour Pâris, de l’attrait d’Achilles pour Patrocle et la chose en général.
Si l’on pourra regretter que Ferri donne à son héros un look de bodybuilder (dans l’esprit de celui de Brad Pitt dan le film mentionné ci dessus d’ailleurs), le reste de la partie graphique est réussie, dans un style ultra réaliste, qui n’est parfois pas sans faire penser à celui de Nicolas Guénet (dessinateur –chez Tabou également- du sensuel diptyque Inguinis) pour la sensualité exacerbée des corps et un soucis du détail coté décors.
Les scènes hot sont nombreuses et explicites mais surtout justifiées la plupart du temps et, détail amusant, il existe une version « grand public » de l’album dont sont absentes toutes les scènes en question (mais également quelques retouches « costumes » !)
LA MUSIQUE:
C'est quoi :ULYSSE
C'est de qui ? Alessandro Cicognini
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Prévu pour Pabst au départ qui passera finalement la main, cette version de l’Odyssée d’Homère voit son personnage principal passé de rusé et sage à avntureux et déconnant. Kirk Douglas, qui était déjà en train de creuser un sillon remarquable à Hollywwod, donne la réplique à Anthonny Quinn et Sylvana Manganao (dans un double rôle) et le film se révèlera un succès avéré incitant l’adaptation d’un autre mythe antique, Hercules trois ans plus tard (alors que Kirk Douglas s’illustre dans Les Vikings), qui lancera la folie du péplum.
Pour la musique, on retrouve le vétéran Alessandro Cicognini, fort de ses deux décennies de B.O dans des genres aussi divers que variés avec de belles choses à son palmarès - du Voleur de Bicyclette de De Sica à la série des Don Camillo- et dont l’une des particularités est d’écrire pour des ensembles assez réduits et de choisir des instrumentations plutôt inhabituelles avec des résultats parfois surprenants et originaux.
Le compositeur italien, malgré sa formation classique, se démarquait de la mode de l’époque pour les films historiques, héritées de l’Age d’Or qui voulait que la musique soit imposante voire magistrale et de ce fait impliquait souvent un orchestre au grand complet.
Décalage garanti avec la version X de la légende d’Achilles mais plutôt sympa du coup.
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Une Chronique de Fab
23 mai 2018
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07:15
LA BD:
C'est quoi ? LE 3° FILS DE ROME. ENUOUS LE PREMIER SPARTACUS.
C'est de qui ? Moënard & Nenadov.
La Couv':
Déjà croisé dans le coin? Non.
C’est édité chez qui ? Soleil.
Une planche:
Ca donne Quoi ? Le principe de cette uchronie (si tant est que l’on puise effectivement la désigner ainsi) est que les deux frères à l’origine de Rome, Romulus et Remus, auraient eu un troisième frère auquel aurait été voué un culte secret, modifiant ainsi l’histoire telle qu’on la connaît.
Laurent Moënard, historien spécialisé dans l’Antiquité connaît bien son sujet et joue plutôt pas mal avec.
Ce second volet est une variation sur l’histoire de Spartacus.
L’esclave révolté s’appelle ici Eunous, est également cracheur de feu et plus ou moins oracle à ses heures. Il va être à l’origine d’une révolte sans précédents de la part des esclaves de Sicile, traités par leurs maîtres romains avec un sadisme et un mépris sans bornes.
Parallèlement la secte du Troisième Fils en profite pour s’immiscer dans la dite révolte, même si leur tentative sera vouée à l’échec, tout comme la rebellion des esclaves qui, après maints faits d’armes, sera matée par l’armée romaine.
Si j’ai trouvé la double intrigue un peu trop condensée pour un seul album, j’ai tout particulièrement apprécié le style graphique de Dejan Nenadov, dessinateur d’Europe de l’Est, dont le trait semi réaliste et l’encrage et les effets de matière un peu rough semblent directement hérités de la grande tradition des auteurs européens tout en étant fortement influencée par celle des comics à la Creepy, Eerie & co…
LA MUSIQUE:
C'est quoi :WOLFHOUND
C'est de qui ? Rybnikov
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ? Oui
Ca donne Quoi ? A l’Est enfin du nouveau ? Oui et non. Si le scénario de ce film de fantasy russe (eh oui !), adapté pourtant d’un roman, semble plagier sans vergogne celui du mythique Conan de Milius, coté réalisation, effets spéciaux et décors, les soviétiques ont mis le paquet.
Rien de fort original coté péloche donc mais du divertissement de qualité dans le genre série B.
La musique est à l’avenant, Rybnikov fort d’une formation classique solide, sous l’égide d’Aram Khachaturyan, a beaucoup écrit pour le 7° Art dans son pays et est un choix royal pour cette grosse production (dont le site internet dédié fait juste rêver !) à laquelle il fait honneur en écrivant des thèmes épiques à l’orchestration riche (voire un brin pompeuse parfois) où les cuivres font feu de tout bois.
S’il ne sauve pas l’entreprise d’un certain ridicule (voire même y participe de temps à autre !) il lui donne un certain cachet propre à rivaliser avec pas mal de séries B d’Outre Atlantique.
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Une Chronique de Fab
22 mai 2018
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07:09
LA BD:
C'est quoi ? LA TRAGEDIE BRUNE
C'est de qui ? Cadène & Gaultier
La Couv':
Ca donne Quoi ? Alors que le national socialisme, le parti d’Hitler, se nourrit assidument du sentiment de défaite et de la situation économique catastrophique de l’Allemagne du début des années 30, Xavier de Hautecloque, reporter de terrain et de conviction y réalise plusieurs enquêtes et reportage, tentant assez vainement d’alerter une France pacifiste sur les risques imminents.
Las, nul n’est prophète en son pays, son acharnement et sa quête vont surtout hélas lui attirer les foudres de la gestapo qui, en 1935, va l’éliminer en l’empoisonnant.
Des témoignages du journaliste Thomas Cadène a tiré un scénario de BD qui se lit comme un récit d’espionnage où hélas les faits ne sont que trop vrais.
Les passages sur les camps de concentration notamment font froid dans le dos quand on sait ce qu’ils deviendront quelques années après.
Christophe Gaultier a opté pour un trait plus précis, plus proche d'une certaine Ligne Claire, sans pour autant se départir de ce qui fait l’originalité de son style, dans des tons d’ocre et de brun pour mettre en image cet album aussi poignant qu’haletant.
A une époque où les extrémismes de tout bord sont terriblement d’actualité, La Tragédie Brune est un ouvrage d’utilité publique qui aurait tout à fait sa place dans les programmes d’Histoire tant les faits d’hier sont pleins d’enseignement.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :CORNERED
C'est de qui ? Roy Webb
La Couv':
Déjà entendu sur le site? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Réalisé juste après la guerre et exacerbant le sentiment patriotique et antifasciste ce film de vengeance américain lorgne bien plus sur le Film Noir que sur le film de guerre à proprement parler.
C’est en partie grâce au travail de Roy Webb, habitué au genre et, surtout, à s’adapter à n’importe quel scénario ou presque.
Rappelons que le bonhomme a assuré avec brio le score de Murder My Sweet l’année précédente, déjà réalisé par Dmytryk, dont il reprend ici quelques ficelles attendues : cuivres menaçants, thèmes simples sans être simplistes et sentiment de fatalité écrasante…
La B.O de Cornered, plus accessible que le film lui-même un rien plombé par ses multiples retournements, est un contrepoint parfait au suspense dramatique sous-jacent de La Tragédie Brune.
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Une Chronique de Fab