6 octobre 2018
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16:32
LA BD:
C'est quoi ? LES ANNEES ROUGE ET NOIR. BACCHELLI.
C'est de qui ? Boisserie, Convard, Douay.
La Couv':
Déjà croisés sur le site? Oui
C’est édité chez qui ? Les Arènes
Une planche:
Ca donne Quoi ? Alors que le spectre de l'Occupation plane encore sur une France qui se voudrait insouciante, la politique du pays est en ébullition.
On retrouve l'ancien collabo Bacchelli, tirant toujours les ficelles grâce aux fiches qu'il a récupérées et qui désignent les hommes et femmes qui ont pactisé avec les allemands durant la guerre.
Il va même jusqu'à en falsifier une afin de dénigrer un ministre qui finit par se suicider.
Agnès sent qu'il est temps de réagir, surtout que son propre frère travaille pour son ennemi. Elle intègre l'entourage de Pasqua et assiste à la naissance du SAC.
De l'autre coté de la Méditerranée, c'est l'Algérie qui s'enflamme et les répercussions sur la France ne se font pas attendre.
Toujours aussi riche -et avec un background pareil ce n'est guère étonnant- la série politco historique du trio Convard, Boisserie, Douay continue de tenir ses promesses sans noyer son lecteur sous les dates et les faits et toujours dans ce style graphique si particulier.
Dommage que les cours d'Histoire au lycée n'aient pas été aussi passionnants !
LA MUSIQUE:
C'est quoi:LES MAUDITS
C'est de qui ? Y. Baudrier
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Yves Baudrier met en musique le troisième long métrage du déjà prometteur René Clément dans la plus pure tradition du film d'avant-guerre, dans la lignée des Kosma, et autre Cloërec.
Ne vous fiez pas à l'introduction très martiale, l'ensemble de la B.O est surtout axé sur la mélodie.
Cordes multiples qui se répondent sur des mélodies souvent tragiques mais toujours enlevées, accompagnées des vents plus discrets mais très bien employés, le tout dans une liberté rythmique assez inédite ; on sent l'influence de tout un courant classique sur cette génération de compositeurs.
Baudrier a côtoyé Messiaen et a été l'élève de Loth et ce baggage se ressent tout au long de sa carrière.
Second film avec le réalisateur, second film sur la résistance et la fin de la Guerre, les thématiques abordées sont parcourues de suspense et d'un certain patriotisme certes suranné mais tellement bien écrit.
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Une Chronique de Fab
4 octobre 2018
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08:26
LA BD:
C'est quoi ? LE SUAIRE 2.
C'est de qui ? Liberge, Mordillat & Prieur.
La Couv':
Déjà lus chez nous? Oui, sur le tome 1.
C’est édité chez qui ? Futuropolis.
Une planche:
Ca donne Quoi ? Nouveau volet, nouvelle époque pour l'évocation romancée du Saint Suaire par un duo de scénaristes spécialistes s'il en est des questions de religion, ce Turin 1898 relate la première photographie de la pseudo relique religieuse.
On y suit les amours contrariées de Lucia, fille d'un noble royaliste avec Enrico, photographe anarchiste et anti-royaliste, sur fond de révolte historico politique et de remise en question de l'authenticité du Suaire.
Le trait réaliste de Libergé, moins torturé que das ses précédents travaux, est de toute beauté, même si certaines scènes auraient pu être un peu raccourcies (ne serait-ce que la séquence d'introduction).
Anecdote personnelle, cet été, assez fortuitement, j'ai eu l'occasion de visiter Turin en famille et nous nous sommes retrouvés, encore plus fortuitement dans la cathédrale abritant la relique.
Il faut avouer que, malgré la mise en scène et les origines plus que douteuses de l'objet, plutôt bien évoquées d'ailleurs dans la trilogie de Mordillat et Prieur, le Suaire est assez étonnant.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : A ROYAL AFFAIR
C'est de qui ? G . Yared & Cyrille Aufort
La Couv':
Déjà entendus chez B.O BD? Oui, les 2.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Sur ce biopic romancé, Gabriel Yared n'a souhaité faire que les thèmes principaux et c'est donc Cyrille Aufort qui a été appelée en renfort pour composer le reste de la B.O, en développant à certains endroits le materai de Yared et en étant plus libre de ses choix à d'autres.
L'ensemble fait néanmoins preuve d'une unité solide, naviguant entre le drame, la romance et le tragique – thèmes que l'on retrouve dans ce second tome du Suaire – Aufort a su faire la juste part des choses en alternant orchestre symphonique et ensembles plus restreints (dont un beau duo Cordes/Piano).
Si le score est assez court et probablement trop grandiloquent par moments, il fait une musique d'accompagnement très recommandée avec la BD du jour.
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Une Chronique de Fab
1 octobre 2018
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06:56
LA BD:
C'est quoi ? LES FILLES DE SALEM
C'est de qui ? T. Gilbert
La Couv':
Déjà lu sur B.O BD? Oui pas mal de fois.
C’est édité chez qui ? Dargaud
Une planche:
Ca donne Quoi ? Salem, un village fortifié entouré d’indiens, va connaître un véritable drame quand une grande partie de sa population féminine, s’émancipant des règles strictes de la colonie, va être accusée de sorcellerie et enfermée avant d’être exécutée.
C’est par la voix d’Abigail Hobbes, adolescente éprise de liberté qui va subir la vengeance du pasteur dont elle a découvert le terrible secret, que cette sordide histoire nous est contée.
J’ai découvert Thomas Gilbert il y a presque dix ans sur le premier tome du cathartique Oklahoma Boy chez Manolosanctis, coup d’essai/coup de maître qui laissait entrevoir une carrière aussi prometteuse qu’originale.
Et l’avenir confirmera cette impression, entre adaptation inspirée d’une série de fantasy ado ou d’un classique indémodable, et des projets plus personnels.
Avec Les Filles de Salem, album que l’on pourrait aisément qualifier « de la maturité » si le terme n’était pas aussi galvaudé - et, surtout, inexact ici tant en substance Thomas Gilbert surprend son lectorat à chaque nouveau bouquin et semble encore avoir une marge de progression impressionnante- l’auteur livre une tragédie maîtrisée, s’appropriant un fait historique déjà bien glauque qu’il rend encore plus sombre de par sa narration en chapitres à la gravité constante, son trait en constante évolution et un traitement de couleur très approprié.
Si l’on connaît d’emblée l’inévitable conclusion de l’histoire on ne peut s’empêcher de ressentir de l’empathie pour la jeune et rebelle héroïne tout comme de la haine pour le révérend implacable et illuminé, lointaine réminiscence du père d’Oklahoma Boy.
A n’en pas douter l’un des grands albums de cette fin d’année et un qui fera date dans la carrière déjà riche d’un auteur complet.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :PSYCHOSTASIA
C'est de qui ? Daemonia Nymphe
La Couv':
Déjà croisés sur le site? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Le duo grec, pour son second opus, s’est entouré de quelques musiciens et chanteurs d’horizons forts différents (dont un ex Dead Can Dance), mâtinant son rock païen d’influences multiples qui lui font du bien.
Si toujours joués sur des instruments directement inspirés du folklore ancien, les riffs de Psychostasia sont parfois tendus comme s’ils étaient écrits pour des guitares électriques mais l’effet produit par leur exécution aux instruments (a)typiques des Daemonia Nymphe est encore plus puissant.
Mélopées lancinantes aux motifs mélodiques répétés jusqu’à l’hypnose les pistes de l’album s’enchainent comme une longue litanie à des dieux oubliés.
L’étrangeté de l’atmosphère de l’album apporte un contrepoint sonore assez marquant à celle, glaçante, des Filles de Salem.
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Une Chronique de Fab
14 septembre 2018
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09:16
LA BD:
C'est quoi ? L’AGE D’OR
C'est de qui ? Moreil & Pedrosa
La Couv':
Déjà croisés sur le site? Non
C’est édité chez qui ? Dupuis
Une planche:
Ca donne Quoi ? Alors que le roi, son père, vient de s’éteindre, Tilda n’a pas le temps de se recueillir que les soldats de son frère et sa mère tentent de l’arrêter. Avec l’aide d’un vieux chevalier rattaché à sa cause d’héritière légitime et un jeune serf, notre héroïne va partir chercher refuge chez un fidèle de son père.
Pendant le voyage maintes épreuves vont endurcir Tilda et, surtout, elle va découvrir l’existence d’une relique qui pourrait changer le cours de l’histoire.
Si leur moyen âge est inventé, il puise ses racines dans la réalité historique (notamment la révolte paysanne en Allemagne que nous avons évoquée hier) et ses thématiques, l’utopie d’un monde égalitaire en tête, résonne étrangement (et efficacement) dans la société actuelle.
Avec un style à mi chemin entre les tapisseries médiévales et la peinture d’Eyvind Earle (artiste qui a entre autre œuvré sur La Belle au bois dormant de Disney), Cyril Pedrosa livre un véritable travail d’orfèvre, un écrin artistique au scénario de sa compagne.
A la beauté du trait et au souci du détail s’ajoute la magnificence des couleurs et le soin apporté aux textures et fond rajoutés ; et la narration n’est pas en reste avec alternance de pleines pages qui saute aux yeux et, à pas mal de reprises, ce procédé de « déplacement » dans une page, afin de s’affranchir du découpage en cases traditionnel, chose que l’on a (trop rarement) déjà rencontré en BD, ne serait-ce que chez l’auteur italien Di Luca.
Aire Libre vient d’ajouter une nouvelle pépite à un catalogue déjà bien riche et cet Age D’Or est en fort bonne voie pour le titre d‘album de l’année chez nous !
LA MUSIQUE:
C'est quoi :A MAN FOR ALL SEASONS
C'est de qui ? G. Delerue
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? 1966 est une année importante pour Delerue car s’il a déjà écrit de la musique d’époque pour la télévision et la scène (dont de superbes scénographies pour Jean Vilar), c’est sur grand écran qu’il peut exprimer son art et son amour de la composition médiévale et Renaissance.
C’est également l’année de sa première excursion Outre Manche où Fred Zinneman lui demande d’écrire la partiton de Un Homme pour toutes les saisons bio de Thomas Moore qui remportera une flopée de récompenses et propulsera un temps Delerue sur le devant de la scène internationale pour les musiques de films historiques.
Si les thèmes et les instruments utilisés sont d’inspiration moyen-âge tardif (Viole, luth, flûte à bec entre autres), les mélodies et tessitures composées par Delerue ne sont pas dénuées d’arrangements modernes et pourtant rien ne sonne jamais anachronique sur le magnifique album de Moreil et Pedrosa auquel les pièces de Delerue apportent -au contraire- une couche supplémentaire de gravité historique empreinte d’une beauté artistique rare.
De plus l’album de chez RCA propose des pistes non utilisées comme ce générique initialement prévu par le compositeur que le réalisateur préfèrera plus glorieux, donnant lieu à une réorchestration en fanfare, de quoi apprécier à sa juste valeur un premier tome tout bonnement épatant.
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Une Chronique de Fab
13 septembre 2018
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18:31
LA BD:
C'est quoi ? LA PASSION DES ANABAPTISTES
C'est de qui ? D. Vandermeulen & Ambre
La Couv':
Ca donne Quoi ? Dans cet imposant ouvrage, David Vandermeulen, scénariste aux centres d’intérêts aussi divers que multiples, capable d’écrire avec le même talent sur Nerval que sur Jean Claude Van Damme, s’intéresse, et nous avec, au courant Anabaptiste, et plus précisément aux müntzeristes, secte des plus radicale ayant détourné les principes de Martin Luther.
Sur plus de 200 pages on court de la révolte paysanne du début des années 1500 à la terrible prise de Munster en 1536 qui vit la fin de la secte susnommée, avec en fil conducteur la vie de Luther et des grandes figures du mouvement anabaptiste de l’époque.
Le style graphique d'Ambre, en noir et blanc façon gravures d'époque et le choix du récit, sans phylactères, comme pour un livre illustré, renforce l'originalité et la réussite de l'album.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : A MUSICAL BANQUET
C'est de qui ? J. Savall
La Couv':
Déjà entendu dans le coin? Oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Avec le groupe Hesperion XXI, sextet dévoué à la redécouverte de la musique baroque et de la Renaissance ; Jordi Savall reprend, assez librement dans cette compilation des œuvres des compositeurs allemands Johann Hermann Schein et Samuel Scheidt ainsi que de l'italien Giovanni Gabrieli.
Si elles ne sont pas tout à fait contemporaines des événements relatés dans La Passion des Anabaptistes les pièces sélectionnées ici, où les violes sont agréablement complétées par les instruments à vents et les percussions, donnent une idée de la musique d'époque ; on aurait peut être apprécié une ambiance plus sombre par moments mais l'atmosphère générale reste intéressante.
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Une Chronique de Fab