10 janvier 2018
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17:39
LA BD:
C'est quoi : BUZZELLI. ŒUVRES 1
C'est de qui ? G. Buzzelli
La Couv':
Ca donne Quoi ? Pour moi Buzzelli c’est une véritable Madeleine de Proust.
En effet, mes premiers souvenirs du trait de l’artiste italien remontent à ma tendre enfance quand, vers mes cinq ans je dévorais l’anthologie L’Histoire du Far-West en BD, édité par Larousse, que m’achetait mon père et où se bousculaient les grands noms de la bande dessinée transalpine.
Puis quelques années après sur Nevada Hill où là encore j’étais émerveillé par le réalisme saisissant de son dessin.
Je l’ai ensuite perdu de vue jusqu’à il y a une paire d’années quand je suis tombé sur un Tex hors série où il revenait aux cow-boys avec toujours autant de réussite.
Mais Buzzelli, ce n’est pas que l’Ouest Américain, loin de là !
Les éditions des Cahiers Dessinés rendent hommage au maestro injustement méconnu en publiant sous la forme de gros volumes soignés, l’intégrale de son œuvre.
Les quatre histoires réunies dans ce premier volet, nous permettent enfin d’apprécier à sa juste valeur tout le talent de Buzzelli. Dans des récits d’anticipation comme Le Labyrinthe et son univers post-apocalyptique, ou Zil Zelub et ses manipulations génétiques surréalistes, l’ombre du fascisme (que l’auteur a subi de plein fouet) plane sans cesse, tout comme des réflexions sur l’homme, la société et le libre arbitre.
Dans les deux suivants sont tout aussi décalés, Buzzelli n’hésites pas à se mettre en scène, en profitant pour évoquer la religion, le péché ou encore l’inspiration dans des mises en abymes réjouissantes.
L’ensemble confirme que l’artiste n’avait pas son pareil pour marier avec autant de réussite le fond et la forme.
Dans un noir et blanc aussi expressif qu’inspiré (certaines compositions de planches, celles évoquant les cauchemars par exemple, sont magistrales), Buzzelli, qui pourtant comme nous l’apprend une préface extensive, considérait la BD comme un gagne pain, lui préférant la peinture – ce qui était également le cas d’autres grands artistes du medium, Hal Foster en tête- prouve son aisance et son inventivité de raconteur d’histoires.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? WHERE IS EVERYBODY
C'est de Qui ? B. Herrmann
La couv'
Déjà entendu chez nous? Oui souvent.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Avant d’être le collaborateur attitré d’Alfred Hitchcock et l’un des compositeurs les plus talentueux de sa génération, Bernard Herrmann avait été à bonne école avec la série d’anthologie Twilight Zone.
Chargé, avec d’autres appelés également à briller ensuite, Jerry Goldsmith par exemple, de mettre en musique certains épisodes des premières saisons, Herrmann profitera de la grande liberté laissée par la production pour expérimenter certains aspects de son écriture qui deviendront ensuite sa marque de fabrique.
L’utilisation de peu d’instruments solistes, parfois opposés à un ensemble plus conséquent, les montées de cordes en écho, les tensions sourdes crescendos, les thématiques à quelques notes… tout un attirail qui rend les « B.O » de Twilight Zone aussi efficaces que réussies même si peu écoutables en dehors de ce pour quoi elles ont été écrites.
Néanmoins, sur l’étrangeté manifeste des premières BD de Buzzelli, partageant une même ambiance d’improvisation artistique et de défrichage culturel, ces deux medias ne pouvaient que s’entendre, et c’est le cas de le dire !
Pour plus de variété, on n’hésitera évidement pas à tester d’autres scores d’épisodes un pour chacun des quatre récits proposés ici.
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Une Chronique de Fab
10 décembre 2017
7
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11:07
LA BD:
C'est quoi : FONDU AU NOIR
C'est de qui ? Brubaker, Phillips & Breitweiser.
La Couv':
Ca donne Quoi ? Je disais encore à Jet il y peu que malgré la quantité assez incroyable de BD que j’avais lues durant cette année, aucune ne se démarquait vraiment en tête d’un éventuel top 10, voire même 5.
Certes une poignée méritent d’y figurer mais rien qui m’ait vraiment pris aux tripes ou captiver outre mesure.
Il aura donc fallu attendre ce mois de décembre pour qu’enfin une œuvre sorte clairement du lot ; et c’est d’autant plus étonnant que ce Fondu au Noir n’est même pas vraiment une nouveauté pour moi puisque j’en avais lu le début lors de sa parution en V.O il y a deux ans.
Pourtant, comme souvent, c’est grâce à l’édition française, très soignée en plus, parue chez Delcourt, que j’ai pu redécouvrir ce qui est actuellement à mon sens la quintessence de l’œuvre de Ed Brubaker (une fois encore accompagné de Sean Phillips) pourtant déjà responsable de quelques titres majeurs en comics de genre.
Se frottant avec une réussite manifeste aux grands classiques du Noir que sont Ellroy ou James Mc Cain, il nous livre là une histoire de meurtre, de chantage, de séduction et de violence dans le Hollywood des années 50 où les protagonistes sont plus tordus les uns que les autres et leurs zones d’ombres sont légions.
Dialogues percutants, scènes chocs, caméos bien trouvés, découpage digne des meilleurs thrillers, Fondu Au Noir doit également énormément à sa partie graphique, signée du collaborateur attitré (ou presque) de Brubaker, Sean Phillips, de son trait réaliste rugueux et stylisé qui est ici fort bien mis en couleur par Elizabeth Breitweiser qui, depuis Fatale, fait un boulot admirable sur les dessins de l’artiste britannique.
Comme dit plus haut excellent choix éditorial de Delcourt de sortir l’intégrale de la série en un seul gros volume de près de 400 pages, complété par une galerie de couvertures des numéros US et de quelques travaux de Phillips sur le cinéma de l’époque de la BD.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? CAPE FEAR
C'est de Qui ? B. Herrmann
La couv'
Déjà croisés chez nous? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Avec son imparable et inoubliable thème principal à quatre notes au trombone, bientôt renforcé par des violoncelles menaçants et des cuivres grondants, Cape Fear est probablement l’un des scores les plus effrayants de Bernard Herrmann, et, en dehors de ses travaux pour Alfred Hitchcock, celui qui marche le mieux avec le film pour lequel il a été écrit.
Les montées aigues quasi stridentes de violons, qui ne sont pas sans faire penser au leitmotiv de Psycho, écrit quelques années plus tôt, les arrangements de cordes dissonants, les fausses accalmies et autres mélodies entêtantes sont autant de coups de génies de la part du compositeur.
Au point que, quand Scorcese réalisera un remake du film, il demandera à Elmer Bernstein de reprendre le travail original d’Herrmann pour la B.O.
Si, vous vous en doutez, sur près de 400 pages, j’ai alterné quelques scores, c’est probablement celui de Cape Fear qui s’est le plus démarqué avec ma lecture enthousiasmante de Fondu au Noir !
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Une chronique de Fab
22 janvier 2017
7
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09:35
LA BD:
C'est quoi : LA PLANETE DES VULVES
C'est de qui ? Micol
La Couv':
Déjà croisé chez nous? Oui
Une planche:
Ca donne Quoi ? La collection BD Cul des Requins Marteaux réserve décidément bien des surprises ! Ainsi cette Planète... par Hugues Micol est loin de n’être qu’un délire érotique au scénario prétexte.
Dans un futur incertain, la population de la France est frappée d’un terrible fléau : plus aucun bébé femelle ne naît. Le colonel Vaugirard, spationaute bas du front et on ne peut plus dévoué, est envoyé en mission sur une planète peuplée de femmes afin d’en « prélever » des échantillons pour les ramener à la mère patrie.
Las, bientôt espionnage et trahisons de toutes sortes vont mettre son devoir en péril.
Ce serait mal connaître son auteur, spécialiste de projets aux antipodes les uns des autres, qui propose ici une variation X des séries B de SF old school dont il dynamite les codes en y insufflant un humour aussi fin que décalé et des références historiques et sociales surprenantes, de l’honneur national aux excès colonialistes le spectre des sujets sur lequel il tire à boulets rouges est large et fait mouche à chaque fois !
Il y a donc, dans cet album au dessin semi réaliste en noir et blanc parfois assez brut, des scènes explicites souvent crues, mais surtout un second degré réjouissant.
LA MUSIQUE
C'est Quoi? LE JOUR OU LA TERRE S’ARRETA
C'est de Qui ? B. Hermann
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Celui qui avait débuté avec Orson Welles avant de devenir le compagnon de route de Hitchcock (comme CV on a vu pire !) était aussi un étonnant innovateur quand il se voyait assigner des projets plus pointus.
Ainsi ce film de SF de 1951, réalisé par Robert Wise, lui donne l’opportunité de mélanger allègrement à un ensemble de cordes des instruments électriques et/ou éclectiques : de la harpe, du vibraphone, du xylophone même ou encore l’instrument définitivement associé à un certain cinéma de genre : le thérémine.
Passant de mélodies sourdes et menaçantes à de véritables envolées hystériques, la B.O de The Day The Earth Stood Still va devenir pour pas mal de compositeurs (hello Danny Elfman !) une source inépuisable d’inspiration, et à juste titre.
Ajouté au déjà sérieux décalage de la Planète des Vulves, l’ambiance est garantie !
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Une chronique de Fab
14 octobre 2016
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16:56
LA BD:
C'est quoi : FORCATS
C'est de qui ? Bedouel et Perna
La Couv':
Ca donne Quoi ? Archétype du reporter sans frontières, Albert Londres décide, en 1923, de partir pour la Guyane afin de découvrir la condition des bagnards de Cayenne.
Là il fait la connaissance d’Eugène Dieudonné, libre penseur et anarchiste qui a été à tort associé avec un crime commis par la bande à Bonnot et purge sa peine depuis déjà une décennie. Au milieu de l’enfer commence une relation qui changera les deux hommes et le système tout entier.
L’ancien journaliste Patrice Perna s’attaque à relater la vie du célèbre forçat, telle que l’a décrite Albert Londres, en privilégiant avec intelligence l’action et le rythme dans sa narration, fort bien aidé par le dessin efficace de Bedouel qui utilise de grands à-plats et autres ombrés que ne renierait pas Mike Mignola.
Une bio originale et documentée qui mélange avec réussite faits et fiction.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? MARNIE
C'est de Qui ? B. Herrmann
La couv'
Déjà entendu chez nous? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Construite autour de trois thèmes principaux, interprétés d’abord par un riche ensemble de cordes avant d’être repris en soliste par divers instruments à vent, la B.O de Marnie est la dernière que Herrmann composera pour Hitchcock après maintes années et autant de succès.
Si leur précédent film, Psychose (Les Oiseaux n’ayant pas de musique à proprement parler), était un tour de force aussi novateur qu’expérimental, celui-ci est un modèle de classicisme, trop peut être et le réalisateur mettra d’ailleurs l’échec du film sur le compte du compositeur (si, si !).
Pourtant la partition d’Herrmann est loin d’être moyenne, le compositeur mêlant avec le métier qui est le sien des textures musicales complexes pour exprimer le suspense et le romantisme de l’intrigue.
Ce coté un peu old-school de la musique amène une ambiance en décalage avec certains passages de Forçats mais se révèle très efficace sur des passages plus chargés en émotion et en action, et ce tome 1 n’en manque pas !
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Une chronique de Fab