Ca donne Quoi ? Infiltré dans la demeure d’un noble afin de le délester d’une coupe de diamants pour le compte d’un mystérieux commanditaire, notre cimmérien va se retrouver premier suspect du meurtre du noble en question et au cœur d’une enquête qui se transforme vite en cabale dont il va avoir du mal à s’extirper.
Une histoire de Conan plus profonde qu’à l’accoutumée, avec d’abord ce récit selon différents points de vue, à la manière du Rashomon de Kurosawa, et puis surtout cette critique appuyée de la civilisation face au barbare qui se révèle finalement le moins retors des protagonistes ; le tout bien emballé dans un huis clos où règne une menace fantastique à la Lovecraft.
Headline suit fidèlement le fil de la nouvelle de Howard tandis que coté dessin c’est, comme d’habitude avec Civiello, très beau, les décors sont soignés, les personnages expressifs et les couleurs chatoyantes. La seule réserve c’est le look de Conan, entre ses tresses et sa quincaillerie, je trouve l’interprétation peut être un peu trop éloignée du héros de Howard (ou du moins de la vision que l’on a habituellement).
LA MUSIQUE:
C'est quoi :HALLOWEEN
C'est de qui ? J. Carpenter
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Grand écart comme on les aime entre la BD et la B.O du jour même si, avec ses éléments horrifiques marqués et son suspense au cordeau, l’histoire du Dieu dans le Sarcophage emprunte autant à la Fantasy qu’à l’épouvante.
Pour l’un de ses tout premier film, Carpenter frappe fort avec ce slasher qui fera date dans l’histoire du genre, initiera plus d’une dizaine de suites diverses et lancera d’autres franchises comme les Vendredi 13 entre autre.
Budget hyper serré oblige, et volonté de contrôle assez poussé de la part de Carpenter aussi ne nous voilons pas la face, le réal compose lui-même la musique du film, jouant essentiellement sur des motifs rythmiques simples au piano, ponctués de notes graves au synthé et de percussions électroniques à mi-chemin de l’instrumentation et du bruitage.
Le résultat est aussi efficace que flippant, preuve que la simplicité a parfois du bon si tant est que l’on ne cherche pas la mélodie à tout pris.
Ca donne Quoi ? Une bande de malfrats un rien bras cassés, aussi mal assortis que douteux, organisent l'enlèvement de l'ambassadeur des USA à Paris.
Si le plan semblait sans failles, la situation dégénère et des flics restent sur le carreau lors de l'opération. La police est sur les dents et notre bancale équipe se retrouve en planque dans une ferme isolée.
Un polar à la française, avec ce qu'il faut d'américain dedans, adapté d'un roman de Manchette par son propre fils.
Coté graphisme c'est du bon, avec des visages à la serpe dans des décors des années 70 léchés et une colo bien pensée.
Le scénar m'a un peu moins emballé, l'intrigue s'étirant peut être un peu trop sur la seconde partie de l'album et la voix-off ayant tendance à être un peu omniprésente par moments.
Après je suis plus amateur de Noir US, Jim Thompson en tête, mais les fans de polar devraient y trouver largement leur compte.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : L'ALPAGUEUR
C'est de qui ?M. Colombier
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui une paire de fois.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Après s'être fait les dents sur des polars comme Le Pacha (en collaboration avec Gainsbourg) ou Un Flic de Melville, Colombier écrit la B.O de l'Alpagueur, en soignant les arrangements et en mélangeant thèmes sobres mais efficaces et orchestrations plus 70's dans l'air du temps, dans la droite lignée de ce que faisaient à l 'époque Ennio Moriconne ou Lalo Schifrin.
Si les sonorités sont très datées aujourd'hui cette B.O colle parfaitement à l'ambiance crépusculaire de Nada ; Colombier, notamment après sa collaboration avec Air, a connu un regain d' intérêt et l'on a pu entendre certains de ses thèmes remixés de ci de là dans le monde du cinéma et d'ailleurs.
Ca donne Quoi ? Aubaine pour Christophe et François, journaliste et cinéphile avertis, que cette possibilité d’aller interviewer Marco Corvo, réalisateur italien culte disparu du devant de la scène à la fin des années 70 et entouré du mystère du décès de son actrice fétiche.
Mais quand la fiction rattrape la réalité et que le rêve se transforme en cauchemar glauque, nos deux reporters se demandent s’ils ne sont pas en plein film d’épouvante !
Doug Headline est une figure importante du paysage BD (co-fondateur de Zenda, collaborateur de Métal Hurlant, il a également signé les scénarios des adaptations de romans de son père, J.P Manchette), associé ici au dessinateur italien Massimo Semerano, dont c’est la première apparition dans ces pages, il livre une véritable lettre d’amour à tout un pan de l’histoire du cinéma ; cette époque bénie où l’on tournait en Europe, et tout particulièrement en Italie, des longs métrages de séries B voire Z à la pelle et qui a vu l’avènement de genres aussi décalés que (devenus) majeurs : le western spaghetti, le péplum ou, last but not least, le Giallo.
Si j’ai quelques réserves sur certains dialogues, notamment au début de l’album un brin trop explicatifs et peu naturels, l’ensemble m’a, vous vous en doutez, bien plu.
Nombre des films cités dans Midi Minuit ont en effet fait des apparitions chez nous, via leurs B.O, depuis 2011, et si je ne serais pas aussi enthousiaste sur la qualité des films en question que l’introduction de la BD ou ses deux protagonistes, je reconnais sans peine que certains de ces longs n’ont pas volé leur réputation de « cultes ».
La bonne idée du scénario est de mélanger à ce reportage sur un cinéaste maudit une intrigue digne d’un des giallo cités à mi chemin entre le polar tendu et l’épouvante torve.
La conclusion est peut être un brin too much mais c’est, je suppose, complètement voulu et, hormis la partie graphique qui est parfois un peu inégale, c’est une lecture que les amateurs d’arts « croisés » devrait tester !
LA MUSIQUE:
C'est quoi :THE MIDNIGHT SUN
C'est de qui ?N. Van Cleave
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
La musique n'est absolument pas de Goldsmith mais bien de Nathan Van Cleave.
Ca donne Quoi ? Episode de la troisième saison de TheTwilight Zone, The Midnight Sun donne l’occasion à Van Cleave, qui a déjà mis en musique une poignée d’autres épisodes, de revenir à la science fiction quasi conceptuelle et à un certain minimalisme dans la composition.
Elève de Schillinger, et adepte de sa méthode d’écriture basée sur des principes mathématiques, Van Cleave a également beaucoup appris de ses années de collaboration avec Fred Steiner, la décennie précédente.
Sans réitérer le tour de force du Colossus of New York où il n’avait utilisé qu’un piano pour toute sa B.O, le compositeur reste néanmoins dans une économie intelligente coté instrumental avec une fois encore un piano, employé autant de manière rythmique que mélodique avec des motifs répétitifs, mais subtilement rehaussé d’une orgue plus effrayante en fond, et d’un hautbois.
Bel exemple de tension sourde et de suspense constant la musique de Twilight Sun est une compagne intéressante à l’évocation des Giallo de Midi-Minuit qui n’avait pas forcément besoin de quelque chose de trop descriptif.
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Une Chronique de Fab
"Un grand bravo pour votre excellent site et merci beaucoup pour cet article très sympathique sur Midi-Minuit. Etant également grand fan de BOs, j'avais imaginé pour ma part celle-ci pour accompagner l'album, entièrement d'Ennio Morricone (on est dans le bis italien, quand même...) :
THEME 1: La Tarentule au ventre Noir (1971) -- "L’abbraccio caldo della Tarentola" - thème général et thème de l'inspecteur Rico.
THEME 2: Le Diable dans la Tête (1972) -- "Viaggio secondo" - arrivée en Italie et Dolce Vita.
THEME ANGOISSE: La Tarentule... -- "La Tarentule au ventre Noir", moments de tension
THEME SEXY: La Tarentule... -- "Coiffeur pour Dames"
THEME SUSPENSE : Le Diable dans la Tête (1972) -- "Oltre il silenzio" - l'enquête de Rico, l'exploration de la maison, Corvo et Alessandra,
THEME EPOUVANTE: La corta notte delle bambole di vetro (1971) -- "Notte e bambole" : meurtres des critiques, scènes dramatiques de la fin, le destin d’Alessandra
THEME ROMANTIQUE: La corta notte ... -- "Walzer" - valse lente: thème de Luisa, et réunion finale Corvo/Luisa
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)