Après deux artistes américains, ce mois çi c’est au belge Hermann, dans la BD depuis 40 ans, lauréat du dernier Grand Prix du Festival d’Angoulême, que l’on consacre le cycle Artiste du Mois, et l’on commence donc avec l’une de ses premières séries, de l’aventure avec un grand A.
LA BD :
C’est Quoi ? BERNARD PRINCE
C’est de qui ? Hermann au dessin et Greg au scénario
Une Couv’
Déjà croisés chez nous ? Oui
Une Planche :
Ca donne quoi ? La série Bernard Prince appartient à cette génération de BD d'aventures avec un héros fort, beau et intelligent accompagné d'un second rôle bourru et grognon, ivrogne mais au grand cœur et, pour compléter le trio, un jeune garçon (ou fille, plus tard) un tantinet frondeur et casse-cou. Pour cette série, ce sont Bernard Prince, capitaine du bateau le Cormoran, Barney Jordan, vieux loup de mer rouquin, et Djinn, jeune orphelin indien.
On a l'impression que le modèle Hergé pour Tintin était inconsciemment suivi par les auteurs (ou consciemment pour être publié dans l'hebdomadaire du même nom) : Tintin, parfait et lisse, Haddock, brave capitaine, ivrogne et impétueux, et Milou, important pas ses interventions parfois intempestives. Qu'Hermann me pardonne la comparaison entre Djinn et Milou s'il lit un jour cette chronique
Bernard Prince évoque un peu Bob Morane : Barney Jordan serait le pendant de Bill Balantine, l’un de leurs adversaires, Wang-Ho, dit le général Satan, semble, lui, inspiré par l'Ombre Jaune. Prince et Morane ont la même impétuosité, la même morale de défense des pauvres et opprimés… Autrement dit, ils appartiennent à la catégorie des "chevaliers blancs", avec quand même un petit côté "je fonce d'abord et je réfléchis après". Cette honnêteté indélébile entrainera même un contrat avec un truand qui n'imagine pas confier des diamants à un de ses sbires et préférera les confier à Bernard Prince.
Bernard Prince a d'abord fait partie d'Interpol avant de se reconvertir en capitaine du Cormoran, reçu en héritage, pour faire du cabotage dans des régions plus ou moins exotiques en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud ou en Océanie… et même à New-York. Qu'un aussi petit bateau puisse sillonner ainsi le monde entier m'a toujours semblé un peu étrange, mais les voies du scénariste sont souveraines!
C'est la 1e grande série d'Hermann et elle a permis de voir son art évoluer : les personnages s'affinent de plus en plus et les décors des aventures aussi. Le Bernard Prince de l'album Le général Satan n'a pas grand-chose à voir physiquement avec celui de l'album Le port des fous, sans parler des histoires courtes de l'album Bernard Prince d'hier et d'aujourd'hui reprenant les enquêtes du policier d'Interpol.
Après Le port des fous, ce sont d'autres dessinateurs (Dany ou Aidans) qui ont repris le personnage avant qu’ Hermann et son fils Yves H. y reviennent pour Menace sur le fleuve en 2010.
Chaque lecteur de la série a son(es) album(s) préféré(s). Pour moi, ce serait La loi de l'ouragan à cause de la monstrueuse murène géante :
Et La fournaise des damnés où apparait pour la première fois l'ourson Boule-de-poils, mascotte temporaire de l'équipage :
Au final, de la solide BD d'aventures même si les scénarios ont un peu vieillis et sont plutôt prévisibles pour des lecteurs aguerris.
LA B.O :
C'est Quoi ? FITZCARRALDO
C'est de Qui ? Popol Vuh
La couv':
On peut écouter ?
Ca donne quoi ? Dans la trentaine de disques qui composent la discographie des allemands de Popol Vuh on retrouve quelques uns des longs métrages emblématiques de Werner Herzog dont ce surréaliste et halluciné Fitzcarraldo.
Avec des extraits d’opéra fort bien intégrés à de l’électro -d’un autre âge- on se retrouve avec une bande son aussi perchée que son film que même certains fans du groupe renieront par la suite ; les expérimentation sérielles de Florian Fricke, tête pensante de Popol Vuh, étant souvent hermétiques à un auditoire non préparé.
Pourquoi ce choix demanderez-vous ?
Même si le Cormoran n'est pas un bateau à vapeur comme celui du long métrage, les péripéties démentielles que subissent les deux navires nous autorisent à les imaginer cousins. Leurs capitaines sont 2 idéalistes qui suivent des voies différentes mais avec une même ferveur.
Werner Herzog et le duo Hermann-Greg aiment les décors grandioses et mettre leurs personnages dans des situations impossibles dont ils se tirent malgré tout même si c'est avec quelques dégâts.
Il y a une descente de rapides dans Fitzcarraldo que l'on peut par exemple mettre en parallèle avec une descente de fleuve dans Le port des fous. La position bancale du vapeur à la fin du film peut être mise en pendant de quelques échouages ou explosions de moteur du Cormoran.
La musique du film est donc très variée est pour accompagner (au moins en partie) une intégrale aussi volumineuse où l'on change fréquemment de pays et de protagonistes mis à part le trio de héros, elle se révèle prenante.
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Une chronique de Gen