LA BD:
C'est quoi ? LA MACHINE NE FERME JAMAIS LES YEUX
C'est de qui ? Greenberg, Canlas, Patterson.
La Couv':
C’est édité chez qui ? Delcourt
Déjà croisés sur le site? Non
Une planche:
Ca donne Quoi ? A l’heure des réseaux sociaux où toute une génération pense que « influenceur » ou « youtubeur » sont des métiers – à part entière, si, si ! -d’avenir, quid du phénomène de surveillance de masse qui, loin d’être nouveau, irait même en s’amplifiant, vivier souvent fantasmé de ses développements à venir ?
La Machine ne ferme jamais les yeux, est une somme assez subjective de ce phénomène et de ses conséquences sociales et politiques.
Dire que cet album est en effet ouvertement partisan semble une évidence ; on n’écrit pas 140 pages de BD sur un sujet aussi délicat et d’actualité que la surveillance du peuple par ses dirigeants (et pas que) sans avoir un avis bien arrêté sur le sujet.
Mais à mon avis là où Greenberg dessert son propos c’est à la fois dans le ton alarmiste continuel de l’album mais aussi dans des maladresses de narration et d’exposé, que ce soit dans le personnage fictif à qui il donne le rôle de narrateur et qui fait limite conspirationniste excité, ou dans la « justification » historique qu’il cherche à trouver au phénomène, le faisant remonter aux calendes grecques –et c’est le cas de le dire puisqu’il débute son historique avec le cheval de Troie avant d’évoquer la Bible ou le mythe de Godiva.
Après le scénario contient des passages informatifs intéressants mais qui au final ne nous apprenne pas grand-chose que l’on ne sache déjà; la partie graphique, quant à elle, à 4 mains, est réalisée dans un style semi réaliste simple mais efficace quoiqu'un passe partout, en noir et blanc, et son rôle est clairement de soutenir le propos.
L’Express de la semaine dernière titrait d’ailleurs« Tous surveillés, et alors ? », et en effet, au-delà de la question volontairement provocatrice d’un journaliste en mal de sensationnel, aujourd’hui la vidéosurveillance est partout sans pour autant que l’on ne se sente pas libres de nos mouvements, où que cela nous choque.
A titre d’exemple j’habite dans une petite commune très tranquille, où l’on a pourtant un ratio de caméra par habitants supérieur à celui de Marseille ou de Nice. Personne néanmoins ne s’en plaint ouvertement.
Dans le même esprit, la majeure partie des gens savent plus ou moins qu’une fois connectés sur internet tout ce qu’ils y font peut être tracé, retrouvé, épluché, mais au-delà des rares cas où cela peut servir la justice on reste dans l’esprit consumériste et capitaliste-libéral qui dirige notre société depuis des décennies et, au-delà des grands discours comme celui de Greenberg, les mentalités et les comportements ne sont –hélas- pas prêts d’évoluer vers une amélioration.
Mais bon, c’est sûr, ce n’est jamais inutile d’en remettre une couche.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :LOVE STORIES
C'est de qui ? Stone Giants
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non, mais si en fait.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Le talent aux multiples facettes d’Amon Tobin n’en finit pas, plus de deux décennies après ses débuts dans la musique, à évoluer à chaque nouveau projet.
Loin des facéties d’un Prince, quand le pionnier de l’électro expérimental change d’identité c’est pour explorer, de son propre aveu, les univers parallèles mais intrinsèques de son paysage musical.
Sus l’alias Stone Giants, Tobin se penche sur la relation de la machine et de la voix, fonctionnant en duo sur des compositions toujours aussi envoutantes et inattendues où l’organique et le mécanique, l’électronique et le viscéral, se mélangent avec réussite, proposant un cheminement dans un passé commun, rendant hommage à quelques défricheurs célèbres tout en gardant une identité artistique inaliénable.
Si le thème de l’album –love stories donc - est loin de celui de La Machine ne ferme jamais les yeux, il fait lui aussi une bande son décalée à la fois oppressante et porteuse d’un espoir contradictoire et addictif.
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Une Chronique de Fab