LA BD:
C'est quoi ? D’OR ET D’OREILLERS
C'est de qui ? M. Goust & F. Vesco
La Couv':
C’est édité chez qui? Rue de Sèvres
Déjà croisées sur le site? Oui pour Mayalen Goust.
Une planche:
Ca donne Quoi ? Le jeune lord du coin a décidé de se marier mais, pour ne pas faire simple, souhaite que sa future épouse passe d’abord une nuit dans une chambre de son manoir.
Stop! Vous pensez connaître déjà cette histoire à base de princesse, de plus de matelas que chez Dunlopillo et d’un petit pois? Et bien détrompez vous, nous ne sommes pas là dans un conte pour enfants.
En fait nous sommes bien dans un conte mais il est ici habilement détourné par Flore Vesco, autrice jeunesse dont le roman à l’origine de cette adaptation accomplie a reçu une poignée de prix mérités.
Foin d’amour à sens unique, de pseudo héroïne dérangée par l’inconfort d’une couche mais aveugle à la prétention de son futur époux, de morale repassée… dans D’Or et D’Oreillers, Sadima, la principale protagoniste, est une sorte de Cendrillon le côté nunuche en moins.
Si elle est bien au service d’une acariâtre bourgeoise et de ses trois frivoles filles, notre servante ne s’en laisse pourtant pas conter fleurette et, après l'échec successifs de ses maîtresses va relever le défi du riche héritier et de sa lugubre bâtisse, quitte à découvrir de bien sombres secrets et, surtout, à se découvrir elle même.
Flore Vesco propose donc une relecture inspirée et féministe des contes poussiérieux (on a aussi ici un soupçon de Barbe Belue) dont elle s’inspire dont Mayalen Goust s’est emparée avec brio pour en donner une version en bande dessinée qui est tout bonnement, n’ayons pas peur des mots, ma-gni-fique!
Dans de chatoyantes couleurs, en empruntant à la fois au symbolisme et à l’art nouveau, et en jouant avec les codes de la narration graphique, passant sans faillir d’un gaufrier classique à de grandes compositions picturales en pleine page et doubles pages, la dessinatrice s’approprie l’histoire et en exacerbe avec un talent manifeste tout le côté gothique et symbolique.
Vous l’aurez compris, moi qui devient de plus en plus difficile au fil des années et des lectures et qui ne cesse de pester sur l’aspect passe-partout et répétitif de pas mal de sorties, j’ai été clairement emballé par cet album dont on peut dire sans mal qu’il est l’un des meilleurs de cette rentrée, voire même de l’année 2024!
LA MUSIQUE:
C'est Quoi ? SAINT ANGE
C'est de Qui ? J. Lo Duca
La couv'
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Joseph Lo Duca, après un (long !) intermède essentiellement dédié à de la fantasy télévisée fun, revient à ses premiers amours, le genre sur lequel il a débuté : le fantastique.
Mais si les Evil Dead, sans prétentions aucunes, devinrent les films cultes que l’on sait, gageons que jamais Saint Ange ne s’approchera de près ou de loin de ce statut.
Tentant de renouer avec les films d’épouvante d’antan, et sur le principe Ô combien porteur (mais aussi Ô combien casse-gueule) de la maison hantée, le film produit par Christophe « j’ai fait un Pacte avec les loups » Gans est quasi totalement miné par le jeu de ses deux principales interprètes.
Lo Duca de son côté s’en tire lui avec les honneurs ; n’hésitant pas à panacher les passages de tension horrifique attendus, à grands renforts de cordes survoltées, par des mélodies au piano et violons plus romantiques (qui sont cela dit souvent à un cheveu de tomber dans le mélo sirupeux), il propose une B.O gothique à souhait, variée et riche ; ce qui, vous l’aurez compris, est tout à fait dans l’esprit de cette superbe relecture de contes!