Ca donne Quoi ? Le XVIII° siècle en Europe. En ces temps politiquement troublés, la France souhaite avoir un coup d’avance que ce soit sur la Russie ou l’Angleterre, ainsi, le Roi envoie l’un de ses jeunes nobles aux traits quasi androgynes espionner pour son pays, mais… travesti en femme.
Dans le panier de crabes des proches de la tsarine notre chevalier d’Eon devra jouer sur du velours s’il tient à rester en vie.
Le duo de scénaristes n’en n’est pas à son coup d’essai coté BD « historique » puisqu’on a pu les croiser chez nous sur de fort bonnes choses.
Ici ils redonnent au personnage du Chevalier D’Eon une humanité, le montrant autant comme le manipulateur/espion qu’en a gardé l’Histoire que comme un pion entre les mains des puissants.
Cette bio romancée pleine de panache, est bien mise en image par le style semi-réaliste atypique et original de l’italien Alessio Lapo, qui a drôlement évolué depuis ses séries chez Soleil et les Humanos.
Le Chevalier D’Eon résonne thématiquement étrangement encore fort aujourd’hui, que ce soit du côté des intrigues politiques comme de la recherche d’identité sexuelle.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : KING LEAR INCIDENTAL MUSIC
C'est de qui ?M. Balakirev
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? S’il a fait partie d’un groupe de fameux compositeurs dans lequel il a pu côtoyer Moussorgski, Borodine ou encore Rimski-Korsakov, Mily Balakirev n’a
ni l’aura ni – soyons honnêtes- le talent de ses pairs.
A sa décharge il faut dire qu’il s’est formé « sur le tas », de façon quasi empirique, en étudiant les œuvres de ses prédécesseurs et en dirigeant un orchestre modeste.
Pourtant à l’écoute de certaines de ses rares œuvres, on ne peut lui reprocher un certain sens de l’écriture et une sensibilité musicale très soviétiques.
Crée pour une représentation théâtrale du Roi Lear de Shakespeare, son accompagnement musical, composé alors qu’il n’a que 22 ans, doit cependant plus aux auteurs allemands qu’à ses contemporains.
Flirtant avec le grandiose des ouvertures concertantes de l’époque, notamment celles de Beethoven, sa pièce est construite comme une sonate et, étrangement au vu du sujet de la pièce, sonne parfois très légère voire dansante.
Si moins épique que le score que Shostakovich écrira siècle suivant pour une version filmée du même texte, le King Lear de Balakirev mérite d’être redécouvert et le faire en lisant le Chevalier d’Eon est, croyez en mon expérience, très agréable !
Ca donne Quoi ? Alors que Valmont et la Marquise de Merteuil jouent au chat et à la souris, non sans laisser des plumes dans l’affaire (surtout Valmont !), autour d’eux les victimes de leur libertinage souffrent également et, peu à peu, l’amertume et la tragédie prennent le pas sur la jouissance.
Conclusion en apothéose pour ces Préliminaires au roman épistolaire de Choderlos de Laclos, qui n’ont pas à rougir de la comparaison avec leur modèle tant on y retrouve tout ce qui faisait le sel des Liaisons Dangereuses.
Sensualité à fleur de peau, cruauté malsaine, jeu de dupe et autres trahisons, le tout superbement mis en image par le style semi réaliste soigné Djef qui rend au mieux l’ambiance à l’érotisme racé du scénario de Betbeder.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : JEUX D’INFLUENCE
C'est de qui ? R. Keunen
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si les sujets de l’album bd du jour et du film dont est tiré cette B.O pourraient difficilement être plus éloignés, l’ambiance générale qui se dégage de la musique du compositeur belge fait bien écho à celle des manigances de Valmont et Merteuil.
Plutôt que d’écouter un morceau de musique classique, comme le genre de ces Préliminaires aux Liaisons Dangereuses auraient pu appeler, j’ai préféré opter pour une partition plus contemporaine avec néanmoins des instruments d’orchestre mais utilisés de façon originale.
Ainsi, pour accompagner un thème principal joué par un piano aux motifs quasi minimalistes et un violoncelle lancinant, Keunen a choisi d’utiliser des percussions de verre et de métal. L’effet produit fait osciller le score entre mélancolie cinglante et suspense soutenu avec de belles montées dans les aigus de ci de là, ce qui apporte une belle atmosphère qui sent le soufre à cette conclusion !
Ca donne Quoi ? Nigel doit, s’il souhaite épouser sa promise, accomplir trois hauts faits. Si ses aventures aux coté de Chandos lui permettent de briller par deux fois (et non des moindres, il prend un château quasiment à lui seul), il faudra à notre héros beaucoup de patience avant de terminer sa quête durant la campagne du roi Edward contre les français.
Avec ce second volet de son adaptation du roman de Sir Arthur Conan Doyle, Roger Seiter livre une fort bonne BD d’aventures à l’ancienne, pleine de rebondissements à la partie historique documentée et aux dessins semi réalistes, dans un style franco-belge plutôt classique, réalisés par un Christian Giné inspiré et très en phase avec le sujet.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :KNIGHTS OF THE ROUND TABLE
C'est de qui ? M. Rozsa
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Après avoir connu un franc succès avec le score d’Ivanhoé l’année précédente, Rozsa est de nouveau mis à contribution par les studios pour écrire celui d’un autre film de chevaliers, qui sera en plus le premier réalisé en cinémascope et doit donc être un sans-faute.
Di coté du compositeur c’est mission accomplie, et ce malgré un laps de temps assez court pour écrire sa partition (dans une année 1953 chargée puisqu’il n’écrit pas moins de cinq B.O).
Les Chevaliers de la Table Ronde porte la marque indélébile de son auteur qui rajoute néanmoins à ses gimmicks habituels de belles trilles de flutes et de percussions haut perchées, le tout toujours porté par un thème riche et des phrases de violons romantico-épiques, des tambours martiaux et des cuivres grandioses.
Peut-être plus grand spectacle que celui d’Ivanhoé, ce score marque un tournant du genre dans l’approche de Rozsa, et maintes idées conçues ici seront développées dans des grandes œuvres postérieures de Ben Hur au Cid.
Ca donne Quoi ? La volonté de Manie a vouloir être éternelle a provoqué une réaction en chaîne et de catastrophiques dérèglements, ainsi alors que un froid polaire touche le monde, notre héroïne se retrouve face à un bien désagréable créancier qui vient l’obliger à payer ses dettes.
Énième mariage et promesse de guerre sont de nouveau d’actualité et il va falloir tout le courage (et la chance aussi un peu) des différents protagonistes de cette fable baroque pour inverser le cours tragique des événements.
Lupano le poète ne pouvait rêver meilleur compagnon de route pour sa série loufoque et haute en couleur qui marie bons mots et réflexions sur l’existence, qu’Andreae l’esthète et son coup de crayon enchanteur, son style graphique luxuriant si particulier aux couleurs savamment choisies, qui est le vecteur parfait pour mettre en scène la joyeuse folie d’Azimut.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : THE GREAT TRAIN ROBBERY
C'est de qui ?J. Goldsmith
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Souvent
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Goldsmith, on l’a déjà évoqué de par le passé, est l’un de ses compositeurs qui a énormément apporté à la discipline.
De par sa créativité et l’ampleur de son bagage musical, l’américain a su adapter son travail aux films comme peu de ses pairs.
Pour The great train robbery qui se déroule dans l’Angleterre victorienne, il a choisi pour le thème principal de personnifier la marche d’un train via la section rythmique ; cette dernière embarque avec elle le reste de l’orchestre symphonique et, tout au long de la partition, les cordes et les cuivres rivalisent de brio.
Comédie avant tout, le film demandait une bonne dose d’humour pour sa B.O ce que Goldsmith crée via des arrangements riches parcourus de parties inattendues au hautbois ou aux cloches qui ne sont pas sans faire penser à de la musique de dessin animé.
Dans une décennie où l’œuvre du compositeur est dominée par l’électronique, ce score classique plein d’allant et de trouvailles, qui a du n’en doutons pas être une grande source d’inspiration pour Danny Elfman, est un régal qui fait une B.O assez grandiose pour cette conclusion de cycle d’Azimut !
Ca donne Quoi ? Le célèbre enquêteur est appelé en France, à Paris, pour élucider l’affaire de l’Assassin des Boulevards, il confie à nos francs-tireurs le soin d’enquêter sur les troubles au sein de Limehouse, le quartier oriental de Londres où les gangs locaux s’affrontent.
Le chef des Mad Dogs y a été tué par un assassin à la solde du Scorpion Ecarlate mystérieuse organisation qui lutte contre le trafic d’opium.
Billy tombe amoureux d’une jeune pupille chinoise qui se révèle pleine de surprises et Charlie commence à accepter sa féminité, bref c’est animé du coté de Baker Street!
Ce huitième tome est au moins au niveau des précédents, avec une bonne dose de suspense et d'action, de l'humour et de l'émotion, cocktail parfait que nos scénaristes savent entre de bonnes mains quand ce sont celle d'un David Etien en grande forme malgré le fait qu'il mène de front plusieurs (gros)projets.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :NIGHT TRAIN TO PARIS
C'est de qui ?K. Graham
La Couv':
Déjà croisé chez nous? Pas sur.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Après avoir creusé le filon des diverses apparitions du célèbre détective sur grand et petit écran, je me suis dit qu’un changement de cap (et donc d’ambiance) serait probablement aussi intéressant que bienvenue.
Ainsi j’ai opté pour ce score de film noir des années 60, composé par le talentueux jazzman Kenny Graham qui, si vous voulez mon avis, n’a probablement pas été apprécié à sa juste valeur (ou tout du moins ne l’est plus aujourd’hui).
Arrangeur de génie, sa partition pour Night train to Paris est un bijou de « Crime jazz » comme on l’appelle aux USA, avec des parties de batterie et de contrebasse à faire pâlir d’envie n’importe quel combo de l’époque.
Le rayon mélodique n’est pas en reste, les thèmes sont chaloupés et plein de trouvailles empruntées à divers genres (jusqu’au dessin animé avec les percussions de xylophone par exemple).
Comme souvent avec les grands compositeurs qui s’y sont frottés (Bernstein, Quincy Jones, Mancini,…) Graham n’en n’oublie pas pour autant la fonction première de sa B.O, à savoir exprimer le suspense et l’ambiance d’un polar bien ficelé ; atmosphères parfaitement rendues qui, comme je le supposais, vont bien avec ce nouvel épisode des Quatre de Baker Street.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)