Ca donne Quoi ? Garry Gianni, artiste de formation classique qui a débuté comme illustrateur pour la presse, s’est frotté aux plus iconiques personnages du comics, dés les années 90, de Batman à Hellboy avant de devenir, pendant presque un décennie, le repreneur officiel de l’un des titres les plus marquants du 9° Art : Prince Valiant.
Avec son style graphique old school précis et expressif, hérité des grands de l’illustration, il n’est pas étonnant que, quand il décide de s’orienter vers le comics, il débute par l’adaptation d’un classique de la littérature d’aventure ; le 20 000 Lieues sous les mers de Jules Verne.
Terrain de jeu idéal pour le crayon de l’artiste américain – fort bien réhaussé par les couleurs du couple Keegan - qui rappelle fortement les livres d’époque, ornés de dessins de Gustave Doré et ses pairs, le texte de Verne retrouve, un peu paradoxalement, une seconde jeunesse avec cet album que tout amateur de BD, tous genre confondus, se doit de (re)découvrir !
C’est cette version puissante et évocative que Mosquito a décidé de traduire en VF il y a une paire d’années, après avoir proposé au public francophone le très réussi Corpus Monstrum.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :ORCA
C'est de qui ?E. Morricone
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Fort souvent.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si, forcément, en écrivant des dizaines de scores par années Morricone prenait le risque de s’auto citer voire, dirons les mauvaises langues, de se parodier, la B.O d’Orca, sa seule collaboration avec le réal’ Michael Anderson, échappe à la critique.
Certes on y retrouve une voix féminine haut perchée et lyrique qui n’est pas sans rappeler les grands thèmes westerns de l’italien, mais le reste de la musique du film tend plutôt pour des compositions mélodramatiques aux notes qui durent.
Le motif récurrent aux vents est souvent accompagnée de parties de cordes qui virevoltent, rappelant un peu certains passages de Once Upon A Time in America mais en moins marqués.
Il aurait peut-être fallu un peu plus de pistes dédiées à l’action ou au suspense pour que cette B.O soit parfaite avec la version du roman de Verne par Gianni mais, en l’état, c’est déjà une très belle musique d’accompagnement où l’ambiance d’aventure quasi héroïque est très agréable sur la vision de l’artiste.
Ca donne Quoi : Pour démarrer 2018 en beauté Delcourt Comics a la fort bonne idée de proposer en VF un réjouissant one-shot paru il y a quelques années aux States et qui m'avait emballé!
On y retrouve, dans le récit qui donne son titre au TPB, sous le crayon affûté comme jamais de Fegredo, un Helboy junior désireux de s'émanciper qui va se retrouver dans un cirque on ne peut plus particulier.
Hommage vibrant au Freaks de Tod Browning et au Pinochio de Collodi (vous imaginez le mélange!), cette histoire captivante où l'incontournable Dave Stewart fait des merveilles notamment sur toute la partie "cirque" de l'histoire qui est une tuerie visuelle.
On l'a dit hier, l'asociation entre Mignola et Gary Gianni semblait être une évidence tant l'univers de l'un, nourri aux grands mythes gothiques de la littérature comme du cinéma est un creuset idéal pour l'art de l'autre qui, dans ses meilleurs moments (comme ici) se place comme rien de moins qu'un digne héritier de Gustave Doré ou Arthur Rackham, excusez du peu.
Dans le second récit proposé dans cet album, Hellboy, naufragé au milieu de l'océan, délire et s'imagine capturé par un navire fantôme sans voiles, où une mystérieuse femme s'apprête à conjurer une abomination venue du fond des mers.
L'artiste américain déploie un bestiaire fantastique à plus d'un titre et nous régale de par sa maestria.
LA MUSIQUE
C'est Quoi : CARNIVAL OF SOULS
C'est de QuiG.Moore
La couv'
Déjà croisé sur B.O BD ? Non
On peut écouter?
Ca donne quoi? Joué essentiellement à l’orgue, ce score tient clairement l’auditeur en haleine si tant est qu’il ne soit pas rapidement lassé par l’instrument en question et les effets divers- tirés directement du film- qui parsèment l’enregistrement.
Il est vrai qu’en tant que telle cette musique est particulière mais sur ces deux histoires oniriques et gothique d’Hellboy, elle renforce le coté surnaturel et irréel, notamment des passages au cirque de la première.
Un peu de jazz s’invite sur la galette, pas désagréable avec les scènes entre autres au BPRD du tout début. On pourra éventuellement switcher sur quelque chose de plus sombre pour le second récit.
Une B.O atypique sur un TPB à part dans une mythologie qui bat parfois de l’aile. Du très bon !
Ca donne Quoi ? Mike Mignola, s’il se contente aujourd’hui de pondre des scénars au kilomètre pas forcément toujours inspirés, a toujours su bien s’entourer pour les mettre en image.
Gary Gianni est un exemple flagrant ; l’univers graphique du dessinateur, dont la filiation remonte aux grands du genre, de Colan à Wrightson en passant par Severin, gothique à souhait donc, est un vecteur idéal pour l’univers Mignolesque.
Mais pas que ; il y a plus d’une vingtaine d’années, dans les anthologies Dark Horse Books Of Witchraft/the Dead/Haunting…j’avais découvert les illustrations de textes de grands maîtres de l'épouvante par Gianni avec beaucoup de plaisir.
Et puis Gianni, c’est aussi une quasi décennie de reprise du Comics des Comics, Prince Valiant, et sa version n’a pas (trop) à rougir de celle de son illustre prédécesseur et créateur du titre.
Voici que Mosquito, toujours à l’affut, nous propose ce Corpus Monstrum, recueil de cinq aventures des héros de Gianni, enquêteurs du paranormal, menés par Benedict un personnage énigmatique au visage masqué par un casque de chevalier (les amateurs de Franco-Belge ne manqueront pas de faire le parallèle avec, Choc Némésis de Tif et Tondu dont Gianni n’apprit l’existence que bien après avoir crée son personnage).
Créatures dantesques, situations cauchemardesques, les scénarios basculent en un instant dans le chaos le plus total à l’inspiration ouvertement lovecraftienne, le tout servi par un dessin en noir et banc old school expressif et détaillé à souhait dans une mise en page inventive voire audacieuse.
Un must du genre à n’en pas douter !
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? THE VAULT OF HORROR
C'est de Qui ? D. Gamley
La couv'
Déjà entendu chez nous? Non
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Adaptation plus ou moins lointaine de récits parus dans les anthologies d’horreur EC Comics Tales From The Crypt, The Vault of Horror manque cependant d’originalité et d’ambition pour vraiment se démarquer du reste de la trop grande production de séries B d’épouvante de l’époque (ils auraient pu au moins faire l’effort de garder le narrateur horrifique du comics, mais non, même pas !).
Pour les six sketches du film, l’australien Gamley, a la carrière pourtant prolifique et riche dans le registre classique, se contente de recycler la recette qu’il a appliquée à Tales From The Crypt, précédente adaptation du comics (déjà plus agréable).
Rien de bien original donc, on reste dans ce qui s’est fait la décennie précédente, chez la Hammer entre autre : violons toujours menaçants passant d’un suspense tendu à une apothéose sauvage, vents atmosphériques et autres arrangements du même ordre.
Si on n’est clairement pas dans l’originalité coté musique d’épouvante c’est tout juste ce dont on avait besoin par contre !
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)