Ca donne Quoi ? Qui est Kim Philby, agent secret britannique ayant succombé aux sirènes de Moscou et jouant sur les deux tableaux pendant deux décennies avant de devoir fuir pour la capitale soviétique quand les masques tombent ?
Eh bien c’est lui-même qui va le raconter à un compatriote venu le rencontrer à l’automne de sa vie, n’omettant aucun détail de sa carrière dangereuse…mais, avec un espion –doublé d’un traitre- on ne sait finalement jamais si tout est vrai !
Pierre Boisserie, en spécialiste de la BD d’Histoire, passé maître dans l’art de raconter des faits réels en les rendant aussi prenants qu’un bon scénar de fiction, livre ici une bio en flashback pour laquelle il n’a pas eu besoin de trop enjoliver ou romancer la réalité tant celle-ci est riche à l’origine.
Christophe Gaultier de son côté, comme sur le précédent ouvrage qu'il a signé aux Arènes, rend une copie plus sobre que ce à quoi il a pu nous habituer, avec un encrage marqué sur une ligne claire soignée que Marie Galopin, comme à son habitude, embellit d’une palette bien choisie.
Un one shot qui plaira aux amateurs d’Histoire pas didactique pour un sou et aux fans de romans d’espionnage.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : UNDER FIRE
C'est de qui ?J. Goldsmith
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Fort souvent.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Goldsmith, alors au pinacle de sa carrière, sait choisir ses projets et, surtout, les travailler avec soin. Sur ce film de guerre où des journalistes ricains couvrant l’évènement tombent amoureux le maestro varie l’instrumentation et opère des mariages payants.
Aux pistes axés suspense –domaine dans lequel Goldsmith est passé maître- il oppose des thèmes limite surréaliste sur les paysages dévastés par les combats, limite atmosphérique, loin des clichés du genre habituels.
Alors c’est sur l’utilisation de la flute de Pan (et d’un peu de synthés très années 80) de ci de là est à zapper à la lecture de l’album de Boisserie et Gaultier mais la guitare de Pat Metheny (excusez du peu) amène une couleur aussi inattendue qu’originale et un petit côté léger qui colle pas mal à la personnalité de Philby tel que croqué par le duo d’auteurs.
Ca donne Quoi ? Alors que le national socialisme, le parti d’Hitler, se nourrit assidument du sentiment de défaite et de la situation économique catastrophique de l’Allemagne du début des années 30, Xavier de Hautecloque, reporter de terrain et de conviction y réalise plusieurs enquêtes et reportage, tentant assez vainement d’alerter une France pacifiste sur les risques imminents.
Las, nul n’est prophète en son pays, son acharnement et sa quête vont surtout hélas lui attirer les foudres de la gestapo qui, en 1935, va l’éliminer en l’empoisonnant.
Des témoignages du journaliste Thomas Cadène a tiré un scénario de BD qui se lit comme un récit d’espionnage où hélas les faits ne sont que trop vrais.
Les passages sur les camps de concentration notamment font froid dans le dos quand on sait ce qu’ils deviendront quelques années après.
Christophe Gaultier a opté pour un trait plus précis, plus proche d'une certaine Ligne Claire, sans pour autant se départir de ce qui fait l’originalité de son style, dans des tons d’ocre et de brun pour mettre en image cet album aussi poignant qu’haletant.
A une époque où les extrémismes de tout bord sont terriblement d’actualité, La Tragédie Brune est un ouvrage d’utilité publique qui aurait tout à fait sa place dans les programmes d’Histoire tant les faits d’hier sont pleins d’enseignement.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :CORNERED
C'est de qui ?Roy Webb
La Couv':
Déjà entendu sur le site? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Réalisé juste après la guerre et exacerbant le sentiment patriotique et antifasciste ce film de vengeance américain lorgne bien plus sur le Film Noir que sur le film de guerre à proprement parler.
C’est en partie grâce au travail de Roy Webb, habitué au genre et, surtout, à s’adapter à n’importe quel scénario ou presque. Rappelons que le bonhomme a assuré avec brio le score de Murder My Sweet l’année précédente, déjà réalisé par Dmytryk, dont il reprend ici quelques ficelles attendues : cuivres menaçants, thèmes simples sans être simplistes et sentiment de fatalité écrasante…
La B.O de Cornered, plus accessible que le film lui-même un rien plombé par ses multiples retournements, est un contrepoint parfait au suspense dramatique sous-jacent de La Tragédie Brune.
Ca donne Quoi ? Si Christophe Gaultier n'est pas étranger aux adaptations littéraires - on se rappelle entre autre d'un intéressant Fantôme de l'Opéra - c'est, à ma connaissance, la première fois qu'il s'attaque à une pièce de théâtre, contemporaine qui plus est. Le résultat est des plus réussi et le médium BD s'avère tout désigné pour donner une autre dimension à ce vertigineux récit, plein de références, et de mises en abyme.
Le Porteur d'histoire c'est Martin Martin, un quarantenaire qui atterrit un soir chez une femme et sa fille, dans une bourgade algérienne. Enigmatique s'il en est, l'homme s'extasie devant la bibliothèque de son hôtesse, avant de se lancer dans un récit à tiroir où il va être question de l'enterrement de son père, de la plus vieille dynastie de France, de l'avènement de la démocratie via la religion, d'un trésor légendaire... et où l'on va croiser pèle mêle Alexandre Dumas (père et fils), Eugène Delacroix, deux papes, j'en passe et des meilleurs.
Pourtant, si l'esprit romanesque de ses prestigieux invité est bel et bien présent dans cette adaptation, foin de grande aventure. Ici il est plus question du pouvoir des mythes et de leurs conteurs, de liens généalogiques et de transmission.
Visiblement inspiré par son sujet Christophe Gaultier livre une copie irréprochable, avec un trait moins torturé, plus délié que sur ses précédents ouvrages mais toujours aussi original.
Une bien belle occasion de (re)découvrir une oeuvre à part.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? LUCKY NUMBER SLEVIN
C'est de Qui ? J. Ralph
La couv'
Déjà entendu chez nous? Non
On peut écouter?
Ca donne quoi? Pour sa première incursion sur grand écran, Ralph, qui a pu se faire les dents sur des spots publicitaires entre autre, livre une B.O des plus atypiques puisque là où on attendait une musique fun, voire groovy, il opte pour des ambiances étranges, sur du format généralement assez court, où le mot d'ordre est "atmosphérique".
Que ce soit la flûte qui ouvre la galette, subtilement accompagnée d'une plage instrumentale discrète, dans ce qui compose le thème principal du film, repris à divers passages dans de légères variations, ou un piano qui joue par intermittence, voire une harpe souvent utilisée à contre emploi, on peut clairement qualifier le score de Slevin d'inattendu.
Trop peut être puisque depuis, si il n'a pas arrêté de composer pour des documentaires, et autres films indés, Hollywwod n'a toujours pas ouvert grand ses portes au talent de J Ralph, mais peu importe, c'est un plaisir d'écouter cette B.O avec le Porteur d'histoire version Gaultier.
:
Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
:
"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)