24 avril 2018
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15:50
LA BD:
C'est quoi : ESSENCE
C'est de qui ? Fred Bernard & Benjamin Flao
La Couv':
Déjà croisés sur B.O BD? Oui et non
C’est édité chez qui ? Futuropolis
Une planche
Ça donne Quoi ? Dans un monde qui semble post-apocalyptique, un homme et une femme roulent sans fin quand l'homme arrive à dégoter quelques litres d'essence. L'homme s'appelle Achille et la femme le questionne sans cesse sur une mystérieuse vision. Les choses commencent à s'éclairer quand Achille apprend qu'il est mort et que la femme est son ange gardien en CDD. Il doit absolument se rappeler des circonstances de sa mort pour quitter l'endroit étrange où il est et que l'ange appelle "La purge" (autrement dit le purgatoire)… mais cette version est réservée aux "fous du volant".
Si j'en crois Michel, mon libraire spécialiste en BD (et je le crois), cet album a été conçu à 4 mains par Fred Bernard et Benjamin Flao et cela explique les différences graphiques que l'on remarque d'une page à l'autre par moments et même d'une case à l'autre.
Quel que soit le nombre de mains, il me faudrait plus de 2 mains pour applaudir cet album qui est fantastique (et pas que le sujet) et très beau visuellement. Les auteurs ont réussi à mêler plein de thèmes ensemble : les fondus des courses automobiles dont Gilles Villeneuve et James Dean, une histoire d'espionnage, des décors désertiques (par moment très moebiusiens), des clins d'œil multiples aux lecteurs de BD (avec les titres modifiés de la boutique ou l'intrusion d'un morceau de "L'affaire Tournesol" ou…) et encore plein d'autres choses.
Quand j'ai ouvert ce livre, j'ai d'abord cru à un "road movie" standard. Mais très vite, je ne l'ai plus lâché avant la fin… et je l'ai lu sur "les chapeaux de roues".
Il n'y a pas de limitation de vitesse en lecture (mini ou maxi), donc lisez cet album doucement ou rapidement, mais lisez-le!
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? THELMA ET LOUISE
C'est de Qui ? Hans Zimmer et Pete Haycock
La couv'
Déjà entendu chez nous? oui
On peut écouter?
Ça donne Quoi ? J'ai un gros avantage sur Fab parce que je n'ai pas sa culture musicale en BO : je n'ai jamais dit de mal de Hans Zimmer… Donc je peux le citer!
Mais je dois avouer que c'est la guitare hallucinée de Pete Haycock qui m'a fait choisir ce morceau de la BO de Thelma et Louise. Pour moi, il s'en dégage une mélancolie terrible.
En plus, peut-être une réminiscence du film, cela m'évoque les grands espaces désertiques et c'est donc en adéquation avec le lieu où se passe l'album.
Peut-être est-ce un morceau qu'Achille entend sur l'autoradio lors de ses errances avec son ange?
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Une Chronique de Gen
16 avril 2018
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16:22
LA BD:
C'est quoi ? DEPT H. MEURTRE EN GRANDE PROFONDEUR.
C'est de qui ? Matt & Sharlene Kindt
La Couv':
Déjà lus chez nous? Oui.
C’est édité chez qui ? Futuropolis
Une planche:
Ca donne Quoi ? Mia, scientifique habituée aux missions dans l’espace, se rend dans la station Dept H. où son père, le professeur Hardy a eu un accident mortel.
Même si ses collèges et supérieur (et petit ami par la même occasion) sont contre, notre héroïne est déterminée à découvrir si cette mort est réellement accidentelle ; elle apprend en effet qu’une « taupe » a infiltrer l’équipe de la base sous marine.
Arrivée sur place, elle va aller de situations tendues en catastrophes, la confortant que quelque chose va mal au Dept H.
Huis clos par excellence, l’aventure sous marine donne à Matt Kindt l’occasion de livrer une série toute personnelle aussi chargée en suspense qu’en émotion.
Malgré la densité de l’album, aucun temps mort n’est à déplorer ; on tiquera peut être sur certains passages où la voix-off coupe un peu trop le rythme d’une action soutenue mais dans l’ensemble ce premier recueil de Dept H. est un véritable « page-turner » aux moments de tension nombreux.
Coté graphismes si la narration est souvent brillante avec des compositions en double page bien pensées, je suis moins client du style un peu lâché de Kindt, c’était déjà le cas sur les précédents que j’ai lus, 2 Sœurs et Super Spy (je n’ai pas suivi ce qu’a fait Kindt en super-héros depuis) mais le genre de ces albums s’y prêtait peut être plus.
Cela ne m’a clairement pas empêché d’apprécier ce huis-clos nerveux dont on attend la suite (prévue en 4 tomes de 6 épisodes) avec curiosité.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :SATURN 3
C'est de qui ? E. Bernstein
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui souvent
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Comme quoi, de grands noms ne font pas un bon film.
Preuve en est faite une fois de plus avec ce Saturn 3 : entre le couple de scientifiques joués par Kirk Douglas/Farah Fawcett et leur 30 ans d’écart, un Harvey Keitel doublé parce que le réal n’aimait pas son accent et une réalisation aussi molle que possible, le film s’avère être un total échec artistique et critique…à l’exception de sa B.O.
En effet elle permet à Bernstein, alors plus forcément en vogue à Hollywood, de revenir à ses amours de jeunesse. Inspiré par un scénario réussi sur le papier le compositeur sort le grand jeu avec finalement peu de moyens en combinant avec métier des styles assez disparates (oui il y a du disco dans le score !).
Si l’on excepte un thème principal qui commence comme s’il avait été écrit pour 2001 avant de sombrer dans le n’importe quoi (le disco en question), on appréciera les poussées de cuivres menaçants rythmés par des battements électroniques étranges et très sombres qui sont une exception dans l’œuvre d’un compositeur habitué à développer des pistes utilisés dans ses travaux précédents (l’Onde Marthenot par exemple), l’ambition générale de la partition et une écriture impeccable même si surprenante par moment.
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Une Chronique de Fab
16 mars 2018
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10:11
LA BD:
C'est quoi ? PROFESSION DU PERE
C'est de qui ? Gnaedig adapte Chalandon
La Couv':
Déjà croisé dans le coin? Non
C’est édité chez qui ? Futuropolis
Une planche:
Ca donne Quoi ? Paris, le début des années 60, dire qu’Emile le jeune héros de Profession du père, n’a pas une enfance facile est un euphémisme.
Le père en question, d’un naturel violent lui raconte, entre deux corrections corsées, être un agent secret de l’OAS et l’oblige à s’entrainer comme un adulte, lui confie des missions aussi surréalistes qu’inutiles et l’empêche même parfois de faire ses devoirs ou de manger, ce qui rend ses résultats scolaires plus qu’aléatoires et donne droit à de nouvelles corrections.
Emile comprendra bien plus tard ce qu’il subodorait depuis le début, que son père est un mythomane dangereux et qu’il lui aura pourri son enfance ainsi qu’à sa mère.
Si le style graphique de Sébastien Gnaedig, épuré à la manière parfois d’un Sempé, semble aux antipodes de la dureté du propos de Profession du Père, au départ un roman de Sorj Chalandon- décidément prisé des auteurs BD ces derniers temps puisque, souvenez-vous, nous avons lu Mon Traître par Alary le mois dernier - la distanciation du trait est néanmoins bienvenue, tant l’histoire de ce pauvre garçon tyrannisé par un père perdu dans ses propres délires et prompt à la violence, est d’un sordide manifeste.
Un bel exemple d’adaptation réussie et originale.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :LE TAMBOUR
C'est de qui ? Maurice Jarre
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Quand on suggère à Volker Schlöndorff de demander à Maurice Jarre de mettre en musique son adaptation du roman Le Tambour, celui-ci est au départ sceptique, le scénario étant des plus atypiques, relativement intimiste alors que Jarre est dans sa période grand spectacle et Oscars qui vont avec.
Néanmoins ce serait oublier que le compositeur a une solide formation de batteur et de percussionniste, qu’il a joué dans l’orchestre de Pierre Boulez et ne rechigne pas à employer des instruments et arrangements ethniques –entre autre- dans ses œuvres pour le cinéma si cela lui semble pertinent.
Fort de son expérience pour la scène, avec Jean Vilar notamment, Jarre laisse libre cours ici à son imagination débordante et sa propension à aller chercher l’inspiration là où on ne l’attend pas. Ainsi son thème d’intro, très rythmique, pour ne pas dire martelé, tire son origine du folklore Cachoube, une ethnie d’Europe de l’Est tout en faisant électro.
En plus d’un piano mécanique quasi dissonant et de percussions, le compositeur introduit une guimbarde aux accents juifs à l’effet surprenant ; on a bien des passages plus classiques avec des thèmes romantiques assez tristes et des variations de valses pour faire couleur locale mais l’ensemble respire la bizarrerie, le malaise et la mélancolie, ambiances qui vont plutôt bien à l’adaptation de Profession du Père.
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Une Chronique de Fab
6 mars 2018
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08:08
LA BD:
C'est quoi ? LA DECONFITURE PARTIE 2
C'est de qui ? P. Rabaté
La Couv':
Ca donne Quoi ? Cassegrain, notre vaincu « sans avoir tiré un coup de fusil » se retrouve avec nombre de ses malheureux camarades à marcher vers le pays de l’ennemi.
On échange des impressions, des souvenirs et des regrets ; on lutte contre l’envie de crier au vainqueur toute sa rancœur…et puis on s’évade !
Dans l’esprit d’un Audiard, l’auteur soigne ses répliques et dialogues même si certains font peut être parfois un peu trop écrits, son histoire, toujours entre le tragique et le comique, sonne très juste.
Avec un trait toujours aussi fort dans le rendu des expressions, dans la gestion des ombres et des trames (sur des scènes de nuit au rendu saisissant), Rabaté n’est pas en reste coté graphisme, livrant son scénario touchant dans un écrin impeccable.
Un diptyque très réussi sur un sujet original et fort.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : POEME POUR ORCHESTRE DE CHAMBRE
C'est de qui ? M. Thiriet
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD?Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ?S’il est l’auteur de plus de 150 musiques pour le cinéma, Maurice Thiriet restera surtout célèbre pour avoir co-écrit la bande originale des Enfants du Paradis…et ne pas en avoir tiré crédit, ce dernier étant revenu à Joseph Kosma.
Néanmoins la carrière de Thiriet, que ce soit pour le grand écran, la scène ou dans le répertoire classique, est un vivier de choses aussi réussies qu’étonnantes parfois.
J’en prends à témoin ce poème, écrit en 36, et qui déjà, alors qu’il débute au cinéma, est une œuvre à la force descriptive manifeste, avec ses cordes sinueuses et ses vents en écho, le tout guidé par un piano saccadé en fond.
La mélodie hypnotise littéralement l’auditeur, accompagnant ici la marche interminable de nos soldats infortunés mais également l’étrangeté de leur cavale et l’implacable conclusion.
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Une Chronique de Fab
2 janvier 2018
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17:39
LA BD:
C'est quoi : LE SUAIRE
C'est de qui ? Liberge, Prieur, Mordillat.
La Couv':
Ca donne Quoi ? A l’aube de l’an 2000, athée convaincu, j’ai eu l’occasion de lire un ouvrage intelligemment intitulé Jésus contre Jésus, qui proposait une vision originale du mythe de Jésus, écrit par Gérard Mordillat, et Jérôme Prieur, qui, ensemble ou séparément, en littérature comme à l’écran, ont ensuite continué leurs analyses et travaux sur le sujet.
Cette nouvelle année débute avec leur premier scénario commun de bande dessinée, le Suaire, qui, sur la trame d’une histoire d’amour à travers les époques, évoque, vous vous en doutiez, la religion, la croyance et ce que les hommes sont prêts à faire pour.
Ce premier volet se déroule en 1537 en Champagne où un homme d’église va tromper son monde en présentant un faux suaire au peuple afin de récolter des oboles pour la construction d’une église, avec la complicité forcée de Lucie, une jeune religieuse tourmentée par son amour interdit pour son cousin, évèque de Troyes.
C’est ce triangle amoureux que nous retrouverons dans les deux prochains albums se déroulant dans des lieux et époques différents.
Le suaire de Turin, figure scénaristique centrale de la trilogie, avait déjà fait l’objet d’un album concept, Trois Christs (lire la chronique musicale ici) qui interrogeait le lecteur sur la véracité de la relique et son pouvoir de suggestion.
Ici les auteurs ont choisi le parti pris de présenter le linceul comme un faux (ce qu’il est comme la datation au Carbone 14 l’a prouvé) préférant avec subtilité s’intéresser aux relations des hommes avec la religion, l’amour et le pouvoir.
Au dessin on retrouve un Eric Liberge diablement ( !) inspiré par son sujet qui livre un travail en noir et blanc remarquable que ce soit dans le soucis du détail de décors foisonnants, de paysages enneigés saisissants ou encore de personnages très expressifs qui n’ont plus du tout ce petit rien de figé photo-réaliste que l’on pouvait trouver dans les albums de « jeunesse » (il faudra un jour que je termine Tonnerre Rampant d’ailleurs !).
Son trait est probablement le meilleur vecteur que pouvaient espérer les scénaristes pour ce premier tome fort.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? VOICES OF LIGHT
C'est de Qui ? R. Einhorn
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Non.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? A l’époque de la sortie du Jeanne d’Arc de Dreyer les musiques de films étaient jouées en direct dans les salles lors des projections, la version de la vie (et de la mort) de la Pucelle par le réal’ Danois n’en n’avait donc pas de définitive même si, par exemple, une partition écrite par Leo Pouget et Victor Alix accompagnait la diffusion parisienne.
Dreyer n’en n’était cependant pas amateur et ne réussit jamais à se décider sur une version définitive malgré pas mal de propositions.
Comme on l’a vu déjà par le passe chez nous, pas mal de compositeurs du siècle dernier ont donné leurs versions de B.O pour des films d’avant l’âge du parlant.
La Passion de Jeanne D’Arc ne déroge pas à la règle avec cette œuvre par l’américain Richard Einhorn qui, dans les années 80, cherchait un sujet religieux et se vit conseiller l’histoire de Jeanne d’Arc, ses recherches l’amenèrent à visionner le film de Dreyer auquel il décidé de consacrer sa partition.
Auteur d’une poignée de B.O de films d’horreur de seconde zone entre 77 et 89 le compositeur, qui a pas mal touché aussi à l’électro (d’époque n’est ce pas), joue ici dans une catégorie bien supérieure puisqu’il s’inspire notamment de manuscrits anciens datant du moyen âge.
Le livret, pour soliste féminine, chœurs et orchestre a rencontré un vif succès lors de projections publiques et sa nature éthérée et solennelle se marie assez bien avec ce Suaire, premier du nom.
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Une Chronique de Fab