23 décembre 2017
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08:48
LA BD:
C'est quoi : POLYPHONTE
C'est de qui ? Cécile Vallade & Julie Nakache
La Couv':
Déjà croisées chez nous? Non
C’est édité chez qui ? Eidola
Une planche:
Ca donne Quoi ? Ah, une bonne tragédie grecque comme on les aime ! Et pas une très connue en plus, voilà qui est de bonne augure (c’est le cas de le dire !).
Polyphonte, descendante d’Arès (comme ancêtre ça en impose déjà !) par mépris pour l’amour et autres choses concernant les humains, se retire dans la forêt par dévotion pour Artémis.
Mais Aphrodite ne l’entend pas ainsi (ah, ces déesses, quelles carnes des fois !) et décide de maudire l’effrontée. Ainsi voilà que notre chaste héroïne se prend de passion pour …un ours !
Après une nuit d’étreintes passionnées, Polyphonte, en proie à la haine des autres animaux, s’enfuit chez son père où elle accouchera de jumeaux mi-hommes mi-ours qui vont semer la panique et la désolation autour d’eux jusqu’à ce que Zeus en personne se courrouce et fasse changer les deux monstres et leur mère en rapaces.
Sur une adaptation épurée de la romancière Julie Nakache, Cécile Vallade réalise de superbes illustrations –parfois quelque peu osées, réservées donc à un public averti- en noir et blanc, à l’ancienne, étalées sur les doubles pages à l’italienne de ce fort bel ouvrage à l’édition des plus soignée (mention spéciale à la couverture « doublée » !), son bestiaire est frappant de réalisme et l’atmosphère qui se dégage de l’ensemble rend à merveille le drame de Polyphonte.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? CONCERTO POUR VIOLON N°2
C'est de Qui ? B. Bartok
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Quelques fois oui.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Au départ l’idée de Bartok était d’écrire un thème qu’il aurait ensuite traité sur le mode de la variation, destiné à être joué par le violoniste Zoltan Székely. Ce dernier demande au compositeur de lui écrire quelque chose de plus traditionnel à la place, Bartok s’exécute et livre ce concerto (seul publié de son vivant) en trois mouvements tout en incluant son idée de base dans le second mouvement.
Les thèmes des deux derniers mouvements, si pas à proprement parler dodécaphoniques, utilisent néanmoins les douze tons. Moins abrupt que d’autres pièces du compositeur, un auditeur peu familier de la musique sérielle pourra trouver néanmoins certains passages revêches.
Les mélodies plus légères de la fin, qui ne sont pas parfois sans faire penser à la valse, devraient calmer ce sentiment.
D’une nature à mon sens très cinématographique dans sa variété et sa force d’évocation, le concerto de Bartok fait un contrepoint intéressant à Polyphonte et sa poésie bucolique tragique.
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Une Chronique de Fab
22 décembre 2017
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13:31
LA BD:
C'est quoi : CAPITAINE TIKHOMIROFF
C'est de qui ? G. Nocq
La Couv':
Déjà lu chez nous? Oui
Une planche:
Ca donne Quoi ? En cette année de centenaire de la révolution Russe, forcément on a vu fleurir quelques albums, et autres diptyques sur le sujet, mais essentiellement axé sur les figures de proue, les icones du mouvement.
Avec Capitaine Tikhomiroff, Gaétan Nocq raconte l’épopée du père d’Alexandre Tikhomiroff, engagé dans l’Armée du Tsar au début du siècle dernier pour faire plaisir au sien –de père- armée qui va vite se retrouver en déroute quand les rouges (et les noirs !) vont prendre le pouvoir.
D’échappées belles dans une nature plus qu’hostile aux changements de casaques en passant par une débandade maritime in-extrémis, notre Capitaine risquera plus d’une fois sa vie avant de se retrouver en Turquie puis de rejoindre la France.
D’abord en Savoie puis à Paris où il s’établira.
Bien moins glamour ou héroique (encore que !) que la vision idéalisée de la révolution Russe que l’on a pu découvrir ailleurs, cette biographie fleuve se lit comme un grand roman d’aventure, avec un humour souvent noir et très présent et des rebondissements nombreux.
Coté graphisme c’est également un régal, Nocq travaille de manière traditionnelle et ça se sent ; ses traits sont expressifs, tout comme ses personnages même quand ceux-ci ne sont qu’esquissés, ses couleurs à l’acrylique changent selon les ambiances et les paysages, on alterne entre des cases assez dépouillées et des choses bien plus détaillées et picturales.
On a droit à quelques doubles pages très réussies où on sent que l’artiste s’est fait bien plaisir. Allez seul mini bémol de mon côté, la police employée pour les dialogues des protagonistes m’a un peu trop rappelé celles des illustrations et journaux d’époque surtout en comparaison de celle pour les passages narratifs.
Mais rien qui n’entache le plaisir de lecture de ce petit pavé puisqu’il se classe dans mon top 10 de cette année (on y reviendra !).
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? SYMPHONIE N° 5
C'est de Qui ? Prokoviev
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Plein de fois.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Ecrite pour 40 instruments, dont toute une batterie de percussions (c’est le cas de le dire !), Prokoviev a mis une quinzaine d’années pour achever cette symphonie. Si sa relation avec le parti de Staline a été compliquée (c’est évidement un euphémisme !), en 1944 –année où il met la note finale à la Cinquième- il est plus ou moins « rentré dans le rang » et sait se plier aux désidératas des dirigeants.
Ainsi, de son propre aveu, c’est une véritable hymne à la nature même de l’Homme, libre, puissant, d’esprit noble ; n’allons pourtant pas jusqu’à y voir une parabole du culte de la personnalité en vogue en URSS à l’époque, mais plutôt la continuité d’une œuvre qui vient de s’enrichir des musiques de grand biopics d’Eienstein, le magnifique Ivan le Terrible et le plus propagandiste Alexandre Nevski.
Débutant par un premier mouvement plutôt calme, le second s’emballe avec un scherzo en toccata avant de redescendre dans quelque chose de plus mélancolique pour conclure dans le quatrième mouvement par des touches assez gaies, l’ensemble est donc particulièrement varié et se marie souvent fort bien avec Capitaine Tikhomiroff.
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Une Chronique de Fab
21 décembre 2017
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14:49
LA BD:
C'est quoi : LE SYNDROME DE STENDHAL
C'est de qui ? Herrou & Sagar
La Couv':
Déjà lu chez nous? Non
Une planche:
Ca donne Quoi ? Je suis quelqu’un aux goûts artistiques assez larges, capable aussi bien de m’extasier devant une planche de Foster ou une toile de Klimt, pas de là à tomber en syncope cela dit, comme Fred, ce nobliau désargenté qui se fait embaucher au Centre Pompidou et après un bref désintérêt pour ces œuvres « modernes » qu’il contemple à longueur de journée va bientôt avoir un déclic jusqu’à développer un syndrome dit de Stendhal (l’auteur de Le Rouge et le Noir pour les moins littéraires de nos lecteurs).
Et voilà que notre sympathique héros va développer une passion dévorante pour l’art, un sens pointu de l’esthétique et de la technique et, derrière la façade, de préoccupants symptômes qui le font entendre des voix, de la musique, dialoguer avec les œuvres voire entrer en communion avec certaines.
Outre une intéressante réflexion sur notre rapport à l’art, sa valeur aujourd’hui et son éventuel rôle dans la société, Aurélie Herrou livre là une comédie enlevée et si la partie sentimentale fait très déjà vue, le sujet même du bouquin est traité avec finesse.
Sagar de son coté dépeint avec talent, dans des couleurs douces et un trait semi réaliste, cet univers loufoque, son style n’est pas sans faire penser parfois à celui de Cyril Bonin, en moins sérieux.
Pour une première œuvre le duo frappe fort, une belle surprise de cette fin d’année.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? MINGUS MINGUS MINGUS MINGUS MINGUS
C'est de Qui ? Ben… Mingus !
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Charles Mingus m’est tombé dessus un peu par hasard. J’avais écouté Coltrane, Brubeck, Miles Davis et une bonne palanquée d’autres à l’époque où j’étudiais la musique, mais, Bitches Brew aidant, était passé du jazz à des choses plus fusionnées, en la personne notamment de John Mac Laughlin.
Puis un jour, en écoutant France Musique lors d’un trajet en voiture qui s’annonçait fort long, je découvre Haitian Fight Song, bijou de rythmiques inter changeantes, de solis entrelacés (à la trompette, à la contrebasse…), à la thématique aussi dure que ce que l’ambiance du morceau est enlevée.
J’ai depuis creusé le filon ; si je n’apprécie pas tout à la hauteur de ce morceau de découverte, force est de reconnaître que Mingus tient sa place au panthéon des grands musiciens de jazz.
Dans l’album qui porte cinq fois son nom ( !) on retrouve une version alternative de Haitian Fight Song, sobrement intitulée II B.S, qui est un arrangement plus rapide et pour un plus grand nombre d’instruments (et un plaisir encore plus grand aussi !), le morceau va fort bien sur les passages où Fréderic a ses crises et le reste des pistes de l’album se défend également fort bien, entre reprise inspirée du Mood Indigo d’Ellington, mélodie langoureuse sur IX Love et un Hora Decubitus groovy en guise conclusion que n’aurait pas reniée un Lalo Schifrin en pleine forme
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Une Chronique de Fab
19 décembre 2017
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09:22
LA BD:
C'est quoi : LA JEUNESSE DE STALINE 2. KOBA.
C'est de qui ? Delalande, Liberge & Prolongeau.
La Couv':
Ca donne Quoi ? Alors que l’on célèbre (ou pas, c’est selon) le centenaire d’une des plus marquantes révolutions de l’Histoire, fomentée par des personnages majeurs, il est intéressant de retrouver leur double maléfique, le revers sanglant de la médaille du communisme.
Début du XX° siècle, celui qui n’est encore que Koba, ex-Sosso, organise et participe activement diverses actions terroristes et autres coups de force sanglants à l’encontre du pouvoir du Tsar.
C’est l’époque où vont se succéder arrestations, déportations en Sibérie, au goulag, et évasions. Il adhère sans limites aux idées de Lénine, qu’il rencontre, voue une haine aux juifs et, déjà, à Trotski.
Violent, jouisseur, barbare, vicieux, Staline porte en lui les séquelles d’une enfance ravagée et les prémices de l’horreur qui va suivre.
Dans ce second volet de la Jeunesse de Staline, les auteurs dressent un portrait à charge sans fards du futur Petit Père, au travers du regard terrorisé de son « biographe/victime ». Si très fourni en informations et parfois touffu, l’album en dit long sur la période plus que troublée de l’histoire d’un pays à l’orée de son plus grand changement et sur l’un des pires dirigeants qu’ait connu le siècle.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? THE BROTHERHOOD OF THE BELL
C'est de Qui ? J. Goldsmith
La couv'
Déjà entendu chez nous? Souvent.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Dans une année pourtant déjà chargée (Patton, Rio Lobo, excusez du peu !) Goldsmith trouve néanmoins le temps de composer le score de ce telefilm qui aurait clairement pu sortir sur grand écran au vu de sa qualité.
La Fraternité ou la mort est un thriller politico-psychologique où un professeur d’université est rattrapé par son passé, à l’époque où il appartenait à une société secrète qui reprend contact avec lui.
Loin de se reposer sur ses acquis, et au début d’une décennie charnière qui le verra passer des expérimentations complexes au B.O de grosses productions, Goldsmith crée l’un de ses scores les plus complexes, voire cérébral, tout en le contrebalançant par un thème principal plus académique aux cordes.
Le résultat est des plus bluffant, mélange réussi et hypnotique de tension sourde et de purs moments de terreur musicale.
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Une Chronique de Fab
18 décembre 2017
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13:30
C'est au tour de Gen de vous donner son conseil de belle BD pour noël, et ce sera notre dernière "Dans la hotte" de cette année.
LA BD:
C'est quoi : MOBY DICK
C'est de qui ? Herman Melville – Anton Lomaev
La Couv':
Déjà croisés sur B.O BD? Non (enfin Moby Dick si, deux fois même)
Une planche:
Ça donne quoi ? Je suis amoureuse de longue date de la chasse au cachalot blanc Moby Dick par le capitaine Achab… et je regarde de près toutes les adaptations en bandes dessinées en particulier.
Cette version illustrée est digne de se retrouver sous les sapins à Noël pour sa taille 26cmx37.5cm (oui, je sais, il ne rentrera pas dans une étagère standard) qui permettra de profiter au mieux des splendides illustrations d'Anton Lomaev.
Ses illustrations arrivent à adoucir les scènes les plus dures comme les cadavres de cachalots…
Je ne connaissais pas cet illustrateur biélorusse installé à Saint-Pétersbourg; mais, après le choc visuel de ce livre, je suivrais attentivement ses autres publications en France. Et pour mieux découvrir à la fois le livre et l'illustrateur, voici une rapide présentation :
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Une Chronique de Gen