31 mars 2018
6
31
/03
/mars
/2018
07:32
LA BD:
C'est quoi ? SERENA
C'est de qui ? Pandolfo et Risbjerg
La Couv':
Déjà croisé dans le coin? Oui
C’est édité chez qui ? Sarbacane
Une planche:
Ca donne Quoi ? Les Smoky Mountains en Caroline du Nord au début des années 30.
Georges Pemberton, propriétaire d’une exploitation forestière revient chez lui accompagné de sa nouvelle épouse, Serena, qui se révèle rapidement être une meneuse d’hommes, une femme au tempérament de braise qui sait ce qu’elle veut et est prête à tout les sacrifices (surtout ceux des autres !) pour y arriver. Elle ne s’arrêtera que quand elle aura déboisé assez d’arpents de terre pour atteindre ses fins.
On pense en lisant Serena à ces grandes sagas tragiques où le destin de personnages forts est intimement lié à la terre, de Géant à There Will Be Blood, et c’est là que le livre (probablement le roman d’origine déjà mais encore plus sa version graphique) est puissant.
Et puisque l’on évoque le cinéma, Serena est une femme forte, une figure implacable et sans remords qui n’hésite pas, via son âme damnée, à se débarrasser de ceux (et celles !) qui se dressent sur le chemin de sa réussite. Le genre de personnages que l’on aurait pu voir camper au grand écran par une Marlène Dietrich.
Malgré sa pagination généreuse, pas une scène n’est superflue, pas une case n’est en trop, la tension et la froideur transpirent de chaque page.
Le nouvel opus d'un duo qui nous avait déjà impressionné prouve le talent respectif de ces deux auteurs.
Le style graphique si particulier de Risbjerg, tout à la peinture, qui tire autant sur le trait d’un Blain que sur de l’illustration jeunesse, s’il semble apporter de prime abord un décalage bienvenu entre la douceur des traits et la dureté du propos, s’insinue rapidement dans l’atmosphère générale pour la rendre encore plus sombre et prenante.
A n’en pas douter l’un des grands albums de ce début d’année et le livre de la maturité pour un duo décidément complémentaire !
LA MUSIQUE:
C'est quoi : IMPITOYABLE
C'est de qui ? L. Niehaus
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Une poignée de fois oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Alors que la décennie a débuté sous les meilleures auspices avec l’immense succès critique comme public du Danse avec les loups de Kostner, Le vieux Clint décide de remettre les pendules à l’heure en proposant cette histoire de vieux desperado repenti qui se voit obligé de reprendre du service quitte à y laisser des plumes et ce qu’il lui restait d’âme.
Avec des réminiscences de Lalo Schifrin sur certaines pistes à cheval (hum !) entre le western et le thriller, Niehaus laisse bientôt la mélancolie et la tristesse poétique des débuts de la B.O d’Unforgiven pour se consacrer à développer des montées en puissances où la tension est le maître mot.
13 ans après Pale Rider, leur première collaboration, le film comme sa B.O prouvent que peut encore produire des œuvres de genre efficaces et abouties et que les deux artistes s’inspirent toujours mutuellement.
Une musique aussi crépusculaire que l’on pouvait espérer au vu du scénario, qui se marie également fort bien avec la BD du jour.
---------------
Une Chronique de Fab
30 mars 2018
5
30
/03
/mars
/2018
08:27
LA BD:
C'est quoi ? LES LOUVES
C'est de qui ? Flore Balthazar
La Couv':
Déjà croisée dans le coin? Non
C’est édité chez qui ? Dupuis
Une planche:
Ca donne Quoi ? Au printemps de 1940, la Belgique, comme le reste de l’Europe de l’Ouest, est prise de cours et de vitesse par la Guerre et se retrouve occupée par l’armée allemande.
Difficile pour cette famille nombreuse de la Louvière de vivre avec les nazis, de faire face aux restrictions, aux risques, aux bombardements…surtout avec le père retenu en camp de travail.
Pourtant tout un chacun tente au mieux de s’adapter à cette situation difficile.
Au travers du journal de Marcelle on vit avec ces femmes et ces enfants restés à l’arrière dans ce récit de près de 200 pages, adapté des souvenirs de l’aïeule de Flore Balthazar. Les personnages sont attachants, les dialogues résonnent de justesse et souvent d’humour, les Louves est une histoire forte sur le quotidien des peuples occupés.
Si la fiction et la réalité se mêlent ce n’est que pour mieux évoquer une page d’Histoire aussi importante que peu abordée, notamment sur la place des femmes durant cette période trouble. On sent par ailleurs un travail colossal de recherche et de reconstitution qui apporte une dimension supplémentaire à l’album.
Coté dessin, Flore Balthazar adapte son trait jeunesse semi-réaliste tout en douceur avec des couleurs directes fort bien choisies qui apporte une originalité qu’un style plus réaliste n’aurait pas eu.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : CELUI PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE
C'est de qui ? B. Kaper
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Le compositeur d‘origine polonaise qui paradoxalement n’avait pas son pareil pour évoquer les grands espaces américains, les thèmes qu’il a écrit pour ce drame familial ont fort bien passé l’épreuve du temps.
Que ce soient ceux dédiés aux relations entre les protagonistes, où la romance et la mélancolie sont à l’honneur, où ceux plus sombres, avec force cuivres en avant, qui illustrent les passages plus violents.
Un patchwork à la variété intéressante et bienvenue pour les atmosphères changeantes des Louves.
---------------
Une Chronique de Fab
29 mars 2018
4
29
/03
/mars
/2018
12:55
LA BD:
C'est quoi ? L’INSOUMISE. MARIGNAN.
C'est de qui ? Haziot et Baranger
La Couv':
Déjà lus chez nous? Oui, sur le tome 1.
C’est édité chez qui ? La Mare Aux Loups
Une planche:
Ca donne Quoi ? Chassée par Riccardo, rongé par la jalousie (justifiée si vous voulez mon sentiment !) Clélia s’est réfugié à Venise.
Son père est bien décidé à se venger du duc et le défie lors de la bataille de Marigan où ils sont chacun dans un camp adverse, c’est l’époux qui sortira victorieux de ce duel qu’il ne désirait pas et, avec un enfant à venir, les relations avec Clélia s’annoncent des plus tendues.
Il y a de l’Angélique (la Marquise des Anges) chez Clélia, amoureuse de deux hommes, femme de tête qui n’hésite pas à braver les interdits et la société patriarcale de l’époque, laissant malgré elle dans son sillage bien des victimes.
Les deux auteurs ont su à merveille inclure leur histoire dans celle avec un grand H et la bataille de Marignan permet à François Baranger de proposer de magnifiques doubles pages de combats à l’élan épique digne de ceux des tableaux d’époque.
Le reste de l’illustration, toute en peinture directe, est à l’avenant pour un second tome de toute beauté.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :FANTASY ON THEMES FROM YOUNG BESS
C'est de qui ? Miklos Rosza
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? On le côtoie assez régulièrement depuis les débuts du site oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Quelque peu à contrecourant de ce qui se faisait à l’époque, à savoir du biopic (non en effet ça ne portait pas cet affreuse appellation mais je pense aux plus jeunes de nos lecteurs à qui le mot parle !) en grande pompe, Georges Sydney réalise avec Young Bess un film plus intimiste qui se penche sur les jeunes années d’Elizabeth I jusqu’à son accession au trône d’Angleterre.
Miklos Rosza lui par contre, écrit une musique comme il en a le secret, à savoir pleine de fantaisie, avec des thèmes riches pour ne pas dire luxuriant où l’orchestre bât son plein et est exploité au mieux dans un souci de reconstitution historique qui fait plaisir à entendre.
Trente ans après avoir écrit cette B.O, tombée un temps dans l’oubli malgré l’influence majeure qu’elle aura sur le genre par la suite, c’est un Rozsa vieillissant qui compose, à la demande de la Guilde Américaine des Organistes, une fantaisie sur les thèmes de Young Bess pour orgues, cuivres et timbales.
Le résultat est aussi surprenant qu’enthousiasmant, les magnifiques mélodies du compositeur hongrois prenant une nouvelle dimension des plus inattendue.
---------------
Une Chronique de Fab
28 mars 2018
3
28
/03
/mars
/2018
14:28
LA BD:
C'est quoi ? CLAUDINE A L’ECOLE
C'est de qui ? Lucie Durbiano
La Couv':
Déjà lue chez nous? Non
C’est édité chez qui ? Gallimard
Une planche:
Ca donne Quoi ? Petite anecdote avant d’entamer notre chronique du jour, au vu du titre, de la couverture et du style graphique de l’album, j’ai un peu bêtement pensé que Claudine à l’Ecole pouvait plaire/convenir à me fille, qui, comme vous la savez si vous venez souvent par ici, du haut de ses 9 ans est une lectrice passionnée.
Et bien j’en ai été pour mes frais !
En effet, l’ambiance générale de l’adaptation de Lucie Durbiano du premier roman de Colette, avec ses héroïnes au fort caractère et ses situations parfois amusantes, son trait ligne claire coloré et agréable, lui ont certes plu, mais elle a été un peu plus mitigée quant au relations qu’entretiennent les protagonistes (« C’est bizarre ! » a t-elle conclu quand je lui ai demandé si c’était bien)
L’occasion ayant fait le larron nous en avons profité, sa maman et moi même, pour lui expliquer qu’à l’époque où se déroule Claudine à L’école (fin du XIX° siècle) cette dernière n’était pas mixte et que cela pouvait peut être favoriser des sentiments comme en ont Claudine, Mlle Lanthenay ou Mlle Sergent (et encore nous sommes passés sur le comportement cavaleur du docteur !).
Nonobstant cette anecdote toute personnelle, force est de reconnaître que l’album se lit fort bien, Lucie Dubriano, à l’écriture et au dessin, ayant parfaitement su rendre l’ambiance et l’esprit de l'époque.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : L’INCORRIGIBLE
C'est de qui ? Delerue
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Après plus d’une décennie et autant de films ensemble, Delerue et De Broca se connaissent bien et le compositeur sait ce qu’attend son réal’ tout en se faisant plaisir.
Si l’Incorrigible, film à la gloire d’un Bebel alors en tête des box-office, est une comédie débridée, la musique de Delerue fait la part belle à la légèreté teintée de romantisme avec cet incontournable piano soliste que le compositeur affectionne.
La comédie n’en n’est pas moins à la fête avec des thèmes où les cuivres et la flute n’ont rien à envier aux grandes heures des films historiques de Delerue.
Un mélange d’ambiances d’une grande qualité de composition qui relève encore la saveur de la Claudine à l’école version BD.
---------------
Une Chronique de Fab
27 mars 2018
2
27
/03
/mars
/2018
06:59
LA BD:
C'est quoi ? LA BALLADE DE DUSTY
C'est de qui ? Ducoudray & Aris
La Couv':
Déjà croisés dans le coin? Le scénariste plein de fois, le dessinateur c’est une première.
C’est édité chez qui ? Grand Angle.
Une planche:
Ca donne Quoi ? C’est bien joli d’avoir des idéaux sociaux et des aspirations communistes mais quand on a une famille à nourrir on s’évapore pas pendant 6 mois dans la nature sous prétexte d’aller apostropher le président Roosevelt en personne.
C’est ce que ce dit Dorothy, alias Dusty, quand elle voit la misère dans laquelle son idéaliste de paternel les a laissé ; et il n’en faut pas plus pour qu’elle prenne la route pour aller le chercher.
Bientôt intégrée plus ou moins malgré elle à la communauté des vagabonds (et même désignée comme reine !), pullulant en cette période de Grande Dépression, notre héroïne futée va croiser sur sa route parsemée d’embûches de grandes figures de l’Histoire de l’Amérique, réelles ou fictives, du couple terrible Bonnie & Clyde à la photographe Dorothea Lange en passant par le Tom Joad de Steinbeck pour finir-pour le moment- dans les roulottes des Freaks de Browning.
Fidèle à ses habitudes, Aurélien Ducoudray nous propose une galerie de personnages plus attachants les uns que les autres, plaçant dans leurs bouches des dialogues qui sonnent bien, et il est, une fois encore, bien épaulé coté graphisme par le style semi-réaliste caricatural de Gilles Aris qui rend à merveille cette atmosphère à la fois tragique et pleine d’espoir de l’époque.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :BRING ME THE HEAD OF ALFREDO GARCIA
C'est de qui ? J. Fielding
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Pas mal oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Malgré deux camouflets précédents – le score rejeté de The Getaway et le désaveu de Pat Garrett & Billy The Kid- Jerry Fielding accepte de mettre en musique la réalisation suivante de son vieux compadre – accessoirement caractériel au possible- Sam Peckimpah, Bring Me The Head Of Alfredo Garcia.
Mélange étrange entre western, road movie et comédie noire, le film raconte la poursuite d’un gars déjà mort dont la tête est mise à prix par une sorte de chef de gang mexicain dont la fille a été mise enceinte par le gars en question (Alfredo…le type mort…dont on cherche la tête…vous suivez toujours ?).
Fielding, qui n’aime lui aussi rien moins que mélanger les genres et considère que son pote réalisateur est de toute façon devenu complètement barge, écrit une partition aux accents mexicains, avec une juste dose de romantisme à l’ancienne et un peu de musique western par dessus, cordes et flutes étant au diapason dans ce mélange aussi surprenant que le ver au fond d’une bouteille de mescal.
Une bien belle musique pour une bien jolie ballade !
---------------
Une Chronique de Fab