Ca donne Quoi ? Dans un royaume médiéval une jeune fille est promise en mariage à un garçon assez falot qui a une idée de la vie maritale des plus étriquée alors que notre héroïne voudrait découvrir le monde et vivre plein d’expériences.
Echappant à ses obligations elle s’enfuit avec un magicien du nom de Pierrot qui lui promet monts et merveilles.
Nos tourtereaux habitent dans un arbre-maison où ils expérimentent la magie et vivent de l’air du temps.
Mais bien vite le joli tableau commence à se craqueler et a révéler une réalité bien plus glauque que prévue.
Je dois vous avouer qu’au début de ma lecture de cet Ami Pierrot je me suis demandé si cette variation de conte de fée façon manga -en grand format et en couleur cela dit- était vraiment pour moi.
Mais assez rapidement l’histoire tourne en une sorte d’allégorie maline sur les pervers narcissiques et se termine en récit fantastique tendu que n’aurait pas renié un Junji Itto (si tant est que ce dernier se lance un jour dans le shonen).
Du coup c’est clairement une réussite dans le mélange des genres et dans l’alliance du fond et de la forme ; c’est un récit qui peut s’adresser aussi bien aux jeunes qu’aux moins jeunes, pour l’anecdote mon cadet, 8 ans, qui a lu l’album, est en pleine découverte d’Harry Potter et de la série l’Atelier des Sorciers et il s’avère que ces deux œuvres ont été en partie l’inspiration de Jim Bishop pour Mon Ami Pierrot.
LA MUSIQUE:
C'est quoi: ANTLERS
C'est de qui ? J. Navarrete
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Une poignée de fois oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? L’épouvante pernicieuse et les peurs enfantines Javier Navarrete connaît plutôt bien puisqu’il a mis en musique les premiers films de son compatriote Guillermo Del Toro qui contenaient des éléments des deux domaines (et même parfois ensemble).
Del Toro n’est ici que producteur -gageons que c’est par son entremise que le compositeur s’est retrouvé attaché au projet- mais les thèmes du film auraient pu faire qu’il le réalise.
Navarrete s’appuie sur un piano soliste souvent dissonant mélancolico-gothique et lui ajoute à loisir quelques effets électroniques lugubres, des bruits métalliques, un peu de cuivre pesants, une guitare électrique et, pour couronner le tout, des voix fantomatiques
Un cocktail assez redoutable dans le genre qui fait mouche et a apporté une touche de fantastique plus adulte à Mon Ami Pierrot.
Ca donne Quoi ? Zoé est une fillette très particulière puisque sous son apparence enfantine elle est possédée par un démon depuis un demi-siècle.
Quan sa seule amie est assassinée, Zoé enquête sur le meurtre et découvre une qu’une jeune femme rend la justice elle-même de manière aussi efficace que glaçante. La prédatrice va alors devenir la proie.
Si ce nouveau récit signé Terry Moore est bien mené et qu’on sent l’américain bien dans son scénar, force est de reconnaître que l’auteur reste en terrain connu.
Abonné aux héroïnes atypiques -je pense pouvoir avancer sans me tromper que l’intégralité de ses séries ont des personnages principaux féminins- il fait tourner ses recettes habituelles.
Les amateurs et/ou les nouveaux lecteurs apprécieront ce récit extrêmement glauque (pour ce derniers cependant ils ne connaîtront pas l’origine de la fillette, issue d’une précédente série- c’est dommage) qui soulève un concept intéressant -peut on faire justice soi-même – mais pas mal exploité en littérature, cinéma, BD, etc…
LA MUSIQUE:
C'est quoi :BLACK PHONE
C'est de qui ? M. Korven
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Avec un bagage qui intimerait le respect (ou devrait en tout cas !) à plus d’un faiseur de scores, le canadien Mark Korven, inventeur on l’a vu chez nous de l’ « aprhension engine », sorte d’instrument diabolique aux sonorités cauchemardesques, risque, malgré son bagage dans la world-music et l’expérimental, de se retrouver cantonné aux films d’épouvante s’il continue à œuvre -aussi efficacement- dans la genre.
Il prouve sur cette adaptation d’une nouvelle de Joe Hill que le genre n’a -déjà- plus de secrets pour lui, naviguant entre orchestration classique sur des passages obligés bien appréhendés, et tentatives sonores certes discrètes mais assez marquantes pour faire sortir la B.O d’un lot fort pourvu.
Juste ce qu’il faut de frissons et de tension pour finir de faire de Serial l’égal de ces séries TV à sensation qu’on voit fleurir sur les chaines payantes ces dernières années.
Ca donne Quoi ? Décidement Vanille n’est pas une fille chanceuse, la voilà encore dans de sales draps après que le reste de l’équipe ait été obligé de l’abandonner, évanouie, à la merci des créatures.
Mais c’est sans compter la volonté de la jeune fille qui ne va pas hésiter à aller tirer son petit frère de la bulle visqueuse dans laquelle Yog le retient prisonnier comme des dizaines d’autres enfants.
De leur coté les enfants et leur grand père retrouvé (mais amnésique sélectif !) découvrent que le monstre entoure la ville mais qu’en passant par son corps (berk !) ils ont une chance de s’enfuir, mais l’aventure n’est évidement pas sans risques.
Surtout que Minus a semble-t-il rencontré le responsable de ce cauchemar, l’effrayant Bogeyman !
Voici venir le troisième tome, toujours aussi prenant, de la saga post-apo horrifique de Betbeder et Djief, duo dont le métier se ressent à chaque page ou presque d’un album tout en tension, aux personnages bien campés et aux créatures inspirées de l’univers de H.P Lovecraft bien flippantes.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :EL VAMPIRO
C'est de qui ? G.C Carrion
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Un an avant que Christopher Lee marque de l’empreinte rouge sang de ses canines le film de vampire, sort ce long métrage mexicain, annonciateur d’une ribambelle de séries B toute moins bonnes les unes que les autres (même si celui-ci est plutôt réussi dans le genre).
La musique est signée Gustavo Cesar Carrion, véritable stakhanoviste de la musique de film dans son pays, qui, durant 4 décennies écrira parfois plus de 10 B.O par an.
A l’instar d’un Morricone de l’autre coté de l’A1tlantique, le compositeur mexicain, ici au début de sa carrière, ne sacrifie pas la qualité sur l’autel de la quantité et propose une partition qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les meilleurs scores de la Hammer par exemple.
Remise dans son contexte, la B.O d’El Vampiro, avec ses cuivres imposants et menaçants, ses montées de cordes parfois hystériques et son orchestration dédiée à l’illustration musicale, est, certes un peu datée, mais fort efficace dans le domaine de l’épouvante, et ça tombe bien, c’est ce qu’il nous fallait !
Ca donne Quoi ? Par une sombre nuit un étrange voyageur au torse tatoué fait irruption dans une taverne et propose d’échanger le gite et le couvert contre la plus effrayante histoire qu’aient entendu les vieux loups de mer présents.
Il va alors leur narrer le voyage tragique d’un navire sur lequel les marins meurent dans des circonstances glauques, le front affublé d’un A sanglant, tandis qu’un jeune mousse rajoute encore à l’atmosphère tendue qui règne sur le bateau en dessinant d’effroyables créatures qui seraient responsables des meurtres.
Drakoo continue de diversifier les genres en proposant ce one-shot d’épouvante en forme de huis-clos, histoire de vengeance certes assez classique mais qui tient bien son lecteur en haleine, notamment grâce au trait anguleux et expressif fourni de l’italienne Béatrice Penco Sechi qui n’est pas sans faire penser à celui de Benoit Dahanet ses créatures Lovecraftiennes en diable.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :LA GRANDE MENACE
C'est de qui ? M.J Lewis
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Les grands écarts n’effrayant pas plus B.O BD qu’un JCVD à sa grande époque, c’est le score d’un film fantastique à fort dominante psychologique qui a été retenu pour faire office de B.O de ces Damnés du grand large.
Les percussions, des cordes déchainées et quelques nappes d’orgues lugubres créent une atmosphère souvent hystérique dans la partition de Lewis, souvent sur la corde raide du too much.
Malgré la différence évidente d’époque et de lieu la musique de la Grande Menace insiste bien sur celle –de menace- aussi latente qu’étrange, du one-shot maritime du jour, pour un effet des plus réussi.
Ca donne Quoi ? Il est clair qu’innover dans le genre super-héros/super pouvoir aujourd’hui est un sacré challenge. Trondheim, qui s’est frotté au pulp/comics avec la série concept Infinty 8chez Rue de Sèvres, se fait cette fois ci plaisir en écrivant pour les 4 mains de Stan et Vince l’histoire d’une jeune française en road trip aux States à qui un extra-terrestre, soucieux que la Terre ne sois pas détruite par une race ennemie (pour des motivations hautement altruistes !) va octroyer la faculté de changer la densité de son corps.
Bon, pour le super pouvoir, c’est fait, même si les spécialistes de mecs en collants me trouveront probablement une paire de persos capables de faire la même chose (là de tête je pense à Kitty Pride de chez les X-Men qui fait peu ou prou la même chose mais passons), passons à la période d’initiation/apprentissage du-dit pouvoir. Elle prend le reste de l’album, avec des passages obligés en clin d’oeils sympas et un humour pince sans-rire bienvenu sans lequel Density aurait été bien lambda.
Coté graphismes, je suis un grand fan de Vince (je vous conseille de parcourir ce qu’il poste sur les réseaux sociaux) qui m’avait vendu du rêve avec Esmera.
Je suis un peu moins amateur de son boulot en duo avec Stan même si, sur ce premier tome, leur boulot est aussi accrocheur que fun (on aurait bien aimé une petite pointe d’érotisme soft comme Vince en a le secret mais je présume que d’une ce n’était pas le propos et de deux ça aurait réduit le public visé, sans parler du fait qu'on se serait alors presque cru dans du Manara grande époque!).
Parue à la base en trois tomes, Density s'est vue rebaptisée en Chloé Densité et parait en intégrale pour ceux qui auraient raté le coche de ce french comics fun.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? GRAVITY
C'est de Qui ?
La couv'
Déjà entendu chez nous? Au moins une fois je crois.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? N’y allons pas par quatre chemins, Gravity m’a royalement emmerdé. Je crois même que j’ai du m’endormir pendant le ventre mou (euphémisme ?!) du film tellement c’était peu passionnant.
Seul Steven Price a su me tenir éveillé, sporadiquement, grâce à sa B.O, bien plus aboutie qu’un film qui peut autant impressionner par la qualité de ses effets spéciaux que par l’aspect soporifique de son scénario.
Déjà dans Children of Men, Cuaron faisait un usage particulier de l’illustration musicale. Ici, alors que Price n’était au départ pas supposé composer expressément une musique, la collaboration avec le réal d’origine mexicaine s’est avéré tellement productive que ça a finit par être le cas.
Avec des directives loin des canons hollywoodiens (pas de gros orchestres vrombissant, pas de rythmiques outrageusement percussives, …), Price a enregistré ses morceaux avec des groupes restreints d’instruments afin de facilement mixer et traiter électroniquement chaque piste ensuite. Essentiellement axé sur le personnage joué par Bullock, à l’affut de ses sensations et sentiments tout au long de son calvaire spatial, avec tout de même quelques passages de haut vol (c’est le cas de le dire), le score de Price, si peut être pas aussi excellent que la critique l’a affirmé à l’époque, est néanmoins très abouti et bien décalé sur l'intégrale de Dencity/Chloé Densité.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)