20 janvier 2019
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10:37
LA BD:
C'est quoi ? LE MONDE FANTASMAGORIQUE D'ALYS
C'est de qui ? Manara & Ressa
La Couv':
Déjà croisées chez nous? Non
C’est édité chez qui ? Tabou
Une planche:
Ca donne Quoi ? Curieuse destination pour des vacances qu'un monde où c'est le sexe est aussi important que noble et où les hommes ne sont pas les obsédés qu'ils sont dans le notre. Alis est bien décidée à en profiter même si cela implique de s'accoupler avec un griffon, de dialoguer avec une elfe ou d'être obligée d'apprendre la sexualité à une androïde !
Dans la famille Manara je voudrais la sœur, Nives. En effet c'est elle ici qui dessine cette variation de Le Royaume magique de Landover de Terry Brook, où Franco Ressa brocarde le genre avec humour et légèreté, ponctuant son scénario de clins d'oeils (l'androide de Métropolis par exemple).
Graphiquement le trait est moins porté sur l'hyperréalisme que celui du grand frère, mais on appréciera le coté old-school et la sensualité à fleur de peau.
Pour le coté érotique, si les gros plans sur les parties intimes des protagonistes sont nombreux, les scènes de sexe restent assez soft.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : THE GEISHA BOY
C'est de qui ? W. Scharf
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Deux fois je dirais.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Scharf débute dans les années 30 à Hollywood, il écume les grands studios écrivant plus d'une centaine de scores et, malgré une dizaine de nominations aux Oscars, n'en recevra aucun.
Spécialisé dans les musiques de genre, il en écrit une poignée pour les films de Jerry Lewis à l'époque où l'acteur est en odeur de sainteté et enchaîne les longs métrages aux qualités plus ou moins évidentes.
Pour The Geisha Boy, aux codes de la comédie, Scharf ajoute une touche orientalisante certes facile mais qui amène une originalité intéressante.
Le thème est très accrocheur, ses variations intelligentes dans l'expression des sentiments, que ce soit dans la comédie ou le pathos, Scharf a un sens de la respiration musicale poussée qui évite la surenchère.
Un accompagnement musical original pour une BD qui ne l'est pas moins.
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Une Chronique de Fab
19 janvier 2019
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16:33
LA BD:
C'est quoi ? BEZIMENA
C'est de qui ? N. Bunjevac
La Couv':
Déjà croisée chez nous? Non
Une planche:
Ca donne Quoi ? Benny, un jeune homme obsédé sexuel et complètement inadapté à la vie en société trouve un emploi de concierge dans un zoo qui lui permet de rester à l’écart.
Jusqu’au jour où il aperçoit la jeune fille qui occupait toutes ses pensées à l’école, devenue jeune femme, qui, en visite au zoo avec une amie, va oublier son carnet de croquis sur un banc.
Benny récupère le carnet qui révèle l’avenir et qu’il lui indique qu’il doit avoir des relations sexuelles avec les deux femmes.
Si ce pitch pourrait faire penser à un énième scénario passe partout de BD x, il n’en n’est rien. En effet, Bezimena tente de raconter ce qui se passe dans la tête d’un détraqué sexuel ainsi que son passage à l’acte.
Inclassable sur le fond comme la forme – le livre se compose d’images pleines pages accompagnées en vis à vis de bulles narratives- traité dans un style graphique proche de l’illustration à l’ancienne, l’album de Nina Bunjevac est clairement dérangeant.
Si graphiquement c’est parfois très explicite, l’excitation, vous l’aurez compris, n’est pas de mise au vu du sujet, tout comme de la glaçante postface.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : COLD
C'est de qui ? Nurse with wound
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Le monde de la musique est décidément trop large pour que l’on puise en connaître tout les méandres.
Même un mélomane acharné n’a pu avoir écho des innombrables variations et développement de genres déjà protéiformes au possible.
Ainsi, en 2018, 40 ans après sa formation, j’ai découvert Nurse with wound, projet du britannique Steven Stapleton qui a accueilli au sein de son concept autant d’artistes divers que ce qu’il a produit de galettes.
Bruitiste, expérimentale, fricotant avec les canons de la new-wave, de l’ambiant, de l’industriel voire, aujourd’hui apparentée au drone par une jeune génération qui la déterre tel des archéologues découvrant Toutankhamon, la musique de NWW est évidemment et définitivement dérangeante et abstraite.
Très rythmique, Cold, tiré de l’album Thunder Perfect Mind, est un long morceau hypnotique à base de percussions métalliques et autres mix de loops étranges, de sons réels et autres bidouillages, devient pour l’occasion une espèce de miroir sonore des errances malsaines du personnage principal de Bezimena.
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Une Chronique de Fab
15 décembre 2018
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09:11
LA BD:
C'est quoi ? LA BELLE ET LA BETE 2.
C'est de qui ? Triff
La Couv':
Déjà lu sur le site? Oui
C’est édité chez qui ? Tabou
Une planche:
Ca donne Quoi ? Si Mirabelle est de plus en plus attachée à la créature, surtout depuis qu’elle peut l’observer dormant nu sous sa forme humaine, la malédiction qui frappe la bête et l’irascibilité de cette dernière rendent leur relation impossible.
C’est pourtant en retournant vivre chez les humains que notre héroïne va découvrir à quel point elle est attachée au prince maudit.
Restant dans cette ambiance sensuelle et sombre qui faisait le charme du précédent tome, l’artiste italien Triff, passé spécialiste de l’adaptation sulfureuse des contes célèbres, conclue, toujours de son trait agréable et suave, cette Belle et la Bête plutôt bien, et attention, si vous êtes de la génération qui a découvert le texte via la version de Disney, préparez vous à tomber de haut (mais ça vous fera du bien !).
Coté érotisme ça reste fort soft mais, comme dit ci-dessus, sensuel en diable avec une héroïne aux courbes divines.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : THE SHAPE OF WATER
C'est de qui ? A. Desplat
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Après avoir travaillé avec quelques une des noms importants de l’industrie de la B.O, Guillermo Del Toro, pour son dernier en date, dont le coté romantico-gothique tranche tout de même pas mal avec ses précédents longs métrages, fait appel au français Alexandre Desplat (la collaboration sera d'autant plus fructueuse qu'elle rapportera à l'artiste son second Oscar de la meilleure musique).
La sensibilité du compositeur fait mouche dés le thème principal- sifflé !- qui n'est pas sans évoquer celui d'un dessin animé ou un musique de cirque triste.
Le piano, la flûte, un harmonica et même un accordéon sont les autres principaux instruments solistes d'un score aux allures féeriques et romanesques, et pas sans passages plus sombres, qui ne dénotent pas avec le second volet de la version coquine de la Belle et la bête
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Une Chronique de Fab
26 octobre 2018
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07:26
LA BD:
C'est quoi ? POLARIS. LA NUIT DE CIRCEE.
C'est de qui ? Vehlmann & De Bonneval.
La Couv':
Ca donne Quoi ? Une policière à la vie privée (et sexuelle) ambivalente, une sorte de confrérie dédiée à la recherche du plaisir par des jeux sexuels conceptualisés, la mort d'une jeune fille liée au groupe en question... les élément se sont en place, la spirale est lancée, en sortir indemne ne sera pas une mince affaire.
On se souvient que Fabien Vehlmann nous avait déjà livré une variation érotique osée, basée sur des fantasmes de personnes interviewées par l'auteur. Il pousse ici son exploration conceptuelle en entremêlant intrigue policière et analyse de comportements sexuels déviants dans un one shot qui hésite un peu sur la direction à prendre mais révèle des passages intéressants.
Si l'on a plus l'habitude de croiser Gwen de Bonneval au scénar chez nous, il avait déjà dessiné pour Vehlmann avec l'étrange Derniers Jours d'un Immortel (auquel il faudra que redonne une chance un de ces 4).
Son trait est simple, assez dépouillé, cherchant plus à cerner les protagonistes, leur psychologie et l'ambiance -sensuelle et tendue – de l'histoire qu'à proposer une partie graphique détaillée, l'artiste ne tombe jamais dans la gratuité coté érotisme, évitant l'écueil du genre.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :THE NOEN DEMON
C'est de qui ? C. Martinez
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD?
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Les années 2010 seront-elles, à l'instar des années 80, celles dont les B.O vieilliront le plus mal et dont les repreneurs de B.O BD diront, dans 30 ans, qu'elles sont aussi inécoutables qu'empruntées ?
On aurait tendance à le croire si l'on se base sur deux des grandes directions prises par les compositeurs de cette décennie, à savoir d'un coté l'électro atmosphérique à base de sons ressemblant à des drones plus ou moins sauvages et hérités du bulldozer Hans Zimmer, et de l'autre une sorte de revival de l'ambiant synthé nostalgique accablante.
Cliff Martinez, qui pourtant a fait preuve de par le passé de quelques efforts notables dans le domaine de l'illustration musicale au cinéma semble, depuis sa rencontre avec Refn notamment, être abonné à la seconde catégorie.
Il faut dire que le cinéma d’esbroufe emprunté de son nouveau camarade de jeu n'arrange en rien les choses, conceptuel, référentiel, voire abscons par moment.
The Neon Demon, dernier long en date commis par Refn, pétard mouillé s'il en est malgré des effets d'annonce prétentieux, enfonce le clou dans un sens comme dans l'autre (réf' comme B.O)... mais, coté atmosphère un peu pernicieuse, décalée de par son étrangeté et, justement, une certaine intemporalité, la musique électronique de Mansell rend Polaris plus malsain que ce qu'il ne l'est mais ce n'est pas un mal, loin de là.
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Une Chronique de Fab
8 octobre 2018
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07:00
LA BD:
C'est quoi ? LE CHEMISIER
C'est de qui ? B. Vivès
La Couv':
Ca donne Quoi ? Un soir de babysitting Séverine se retrouve avec un t-shirt foutu, et se voit prêter un chemisier en soie.
Ce haut en apparence anodin va transformer l’existence d’une jeune fille banale, au quotidien balisé et ennuyeux, la transformant en objet de convoitise par les hommes qui la croise.
Il va également lui permettre de s’affranchir de ses propres barrières, jusqu’à l’abandon quasi total.
Si ce pitch pourrait faire penser à une nouvelle BD Cul de Bastien Vivès (qui vient de déjà bien se lâcher dans le registre !) il n’en n’est rien. Le Chemisier est plutôt une étude psycho-sociologique, dans la lignée d’ Une Sœur (déjà chez Casterman) les thèmes traités ici étant le rapport à soi, sa sexualité et son renoncement face aux codes de la société.
Coté dessin Vivès, s’il garde quelques unes de ses marques de fabrique (les visages sans yeux par exemple), soigne plus ses cases que sur certains titres (ceux mentionnés plus haut par exemple), notamment dans les décors, sans pour autant perdre de la sensualité et de l’expressivité qu’il arrive à donner à des personnages pourtant parfois minimalistes.
Un album à la croisée des chemins entre les extrêmes de l’auteur.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : PHAROAH
C'est de qui ? P. Sanders
La Couv':
Déjà entendu ici? Peut être.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Sur cet album éponyme de 1976, que certains considèrent comme un brin trop expérimental, on sent Sanders en total lâcher prise avec les codes du jazz, s'affranchissant même du free pour ce qui ressemble à une longue improvisation planante de plus de 20 minutes.
Suivant le sax ténor de leur leader le reste du quintet, à commencer par la guitare, aligne les variations sur un thème, propulsé par une ligne de basse serpentant entre les instruments.
Une atmosphère très cool, sans voix, bande son iréelle des errances sentimentalo-érotiques de Séverine et son chemisier de soie.
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Une Chronique de Fab