Ca donne Quoi ? Rome. La mère de Gaïus refuse obstinément les avances de son prétendant qui cherche à se marier avec elle afin d’hériter du Cirque et de ses jeux, mais quand elle décède dans l’incendie criminel de leur maison, c’est à son fils, trublion plus porté sur le sexe que sur la politique que revient la lourde tâche de gérer cet héritage.
Une jeune vestale est nommée pour le guider mais l’attirance interdite entre les deux jeunes gens, et le secret derrière la naissance de Gaïus, va dramatiquement changer la donne.
Le scénario de Katia Even, à base de faux semblant et de sexualité trouble (et débridée cela dit), donne une fois encore l’occasion à Nicolas Guenet de faire étal de tout son talent, que ce soit pour représenter la Rome Antique avec force détails où des doubles pages de scènes de sexe aussi réussies qu’osées, le dessinateur fait preuve d’une maîtrise incroyable.
Son trait réaliste s’est affiné depuis le premier diptyque du duo, avec toujours ce cousinage qui fait plaisir avec celui du grand Richard Corben.
Il est rare que les « suites » soient meilleures que l’œuvre originale mais ce premier tome d’Oracle – qui allie une intrigue travaillée et un caractère pornographique affirmé mais jamais vulgaire- semble clairement infirmer cette affirmation. La suite confirmera surement.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :LE COLOSSE DE RHODES
C'est de qui ?A.F. Lavagnino
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui, une poignée de fois.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Avant de devenir mondialement célèbre pour une poignée de …westerns spaghettis, Sergio Léone se faisait les dents sur l’autre genre très en vogue à l’époque en Italie : le Péplum.
Le Colosse de Rhodes est un film qui ne manque pas de charme, de par sa réalisation soignée, ses décors certes kitschs mais fournis et son scénario à intrigue.
Lavagnino a mis en musique, une paire d’années auparavant, les Derniers jours de Pompeï, déjà réalisé par Leone. Ici, si la couleur historique est toujours de mise, elle est néanmoins bien panachée de thèmes plus passe partout dédiés soit au suspense soit à l’action, où un hautbois, une flute et des percussions assez inattendues apportent une variété bienvenue, que ce soit au film comme à ce premier tome de Inguinis : Oracle qui, lui aussi, …mélange les genres !
Ca donne Quoi ? Hernandez, en marge de sa série Love and Rockets, s’était déjà frotté à la BD érotique avec un Garden Of Flesh osé relecture quelque peu crue de l’Ancien Testament (sans pour autant aller au bout de son concept je dirais néanmoins).
Pour sa dernière création en date il revisite le roman noir/soap opéra avec la destinée de cette jeune femme fort bien pourvue par Dame Nature (comprendre avec une poitrine démesurée qui aurait fait baver d’envie Russ Meyer) qui, immigrée aux States de son Amérique du Sud natale, va se retrouver mariée à un boss mafieux vieillissant dont les deux fils ne sont pas insensibles aux charmes de leur nouvelle belle maman.
Règlement de comptes sanglants, tournage de films olé-olé, tromperie et coucheries à tous va… Hernandez s’amuse des codes du genre et de la plastique outrancière de son héroïne fatale, le tout dans son style graphique en noir et blanc si particulier.
Si un peu trop décousu et capillotracté pour vraiment emporter l’adhésion, Maria M. se révèle fun à lire et assez barré pour plaire aux fans de l’auteur et/ou de bd décalée sexy même si, de ce côté également, il ne faut pas s’attendre à du X hard.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :LA LEGGE DEI GANGSTERS
C'est de qui ?P. Umiliani
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD?Probable
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Une fois passé le générique quelque peu sirupeux, le compositeur italien s’essaye avec une réussite assez exemplaire à un jazz noir qui tire autant des scores classiques de la décennie précédente que de la musique que Miles Davis commençait à explorer en cette toute fin des années 60 et qui allait voir son apogée avec le double Bitches Brew.
Umiliani, s’éloignant de Morriconne et de ses imitateurs de l’époque, mélange les genres en utilisant entre autres instruments une flûte traversière que n'aurait pas reniée Jethro Tull associée à une guitare électrique groove, un orchestre jazz réduit et même un peu d'easy listening de l'époque complètement surrané mais, heureusement, assez bref.
Un cocktail forcément agréable que la BD et la B.O du jour si tant est qu'on n'en abuse pas... quoi que !
Ca donne Quoi ? L'une des chroniques les plus appréciées de nos cycles BD érotiques est celle que j'avais consacrée à Comtesse, le délicieux premier titre de la collection BD Cul réalisé par Aude Picault qui revient, toujours chez les Requins Marteaux, avec Déesse.
Comme d'autres grands auteurs avant elle, et non des moindres, elle a jeté son dévolu sur une réécriture osée de la Bible, en mettant en avant le personnage de Lilith, précurseur d'Eve aux cotés d'Adam mais en version femme libre.
Et ça notre premier macho homme le vit mal parce qu'il comptait bien asservir sa meilleure moitié sauf que dans le cas de Lilith, que nenni ! Notre héroïne jouisseuse et rebelle veut vivre en plein ses désirs et si Adam n'est pas content qu'il aille se faire voir, et qu'une de ses cotes serve à lui fournir la femelle docile dont il rêve.
Pendant ce temps Lilith va aller explorer les mondes et sa sexualité faisant fi des règles imposées par le patriarcat.
Graphiquement c'est aérien, sensuel et expressif, un trait délié tout en pastel, c'est frais et original bref un petit bonheur gentiment coquin et joliment féministe.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : SAMSON ET DALILA
C'est de qui ?Saint Saëns
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Possible.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? On reste dans le biblique avec cette version, ô combien célèbre dans le répertoire français, de l’histoire d’amour tragique de Samson et Delilha par Camille Saint Saëns.
Le compositeur, enfant et musicien prodigue, court après le succès d’un opéra depuis des années et mettra presque une décennie avant d’écrire ce qui restera l’une de ses œuvres les plus marquantes (Succès complet au point même d’en éclipser les opus suivants, au grand dam de son auteur).
Cette période aura néanmoins eu le mérite de permettre à Saint Saëns de mettre à profit son immense culture musicale. Du Barque au Romantisme, c’est tout un pan de la musique classique qui s’expose dans Samson et Dalilha, les associations des bois et des cuivres, des cordes et des vents sont inventives et les changements de registre et de tessitures des plus audacieux pour l’époque.
Pour la lecture de Déesse, relativement courte il faut le reconnaître, c’est les parties exclusivement instrumentales que l’on préferera.
Ca donne Quoi ? Ce qui attire le plus l'oeil dans cette suite de récits courts coquins, c'est le style graphique de l'auteur italien original et soigné, qui magnifie les corps et les courbes sans pour autant les idéaliser comme il est souvent de coutume dans le genre.
Le genre, parlons en d'ailleurs, à mi chemin de l'érotisme cru et du porno-soft, chaque histoire possède son propre rythme, sa sensualité, son ambiance.
Voyage dans le temps et les sens, chacun des récits a aussi son héroïne sexy mais traviallée, et déroule un fil rouge scénaristique bienvenu (et rare, reconnaissons le sur le créneau), via des parodies, des hommages et autres clins d'oeil à des œuvres parfois fort éloignées (de la bible au 7° Art).
Lecture atypique et clairement coquine, Sous le Paradis est peut être l'un des premiers albums de BD érotique qui peut plaire autant aux lecteurs qu'aux lectrices et permet de découvrir un artiste qui a de l'avenir dans la profession (c'est tout le mal que l'on lui souhaite!).
LA MUSIQUE:
C'est quoi :LA RONDE
C'est de qui ? O. Straus
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD?Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Oscar Straus, musicien et compositeur précoce, s'est essayé à maints courants et genres, sillonnant l'Europe et les Etats Unis, avant de jeter son dévolu sur l'opérette puis la musique de film.
Quoique Illustration musicale serait plus juste dans le cas du viennois qui, adepte d'Offenbach entre autre, concevait plus le score comme une oeuvre pour la scène que comme un accompagnement pur.
Si c'est à Hollywood qu'il composera ses premières B.O (dont des adaptations de ses oeuvres théâtrales), c'est les réalisateurs français qui, après-guerre, lui permettront de faire étal de tout son talent.
La Ronde, très joli film à sketches qui réunissait le gottha du cinéma de l'époque, donne l'occasion à Straus d'écrire une valse chatoyante en guise de thème principal et tout un panel de pièces charmantes où, si la gaieté est le principal élément, la nostalgie n'est jamais très loin, le tout évoqué avec cette touche musicale viennoise indémodable.
Si peut être un peu désuete sur certaines histoires de Sous le Paradis, cette B.O apporte à l'album un second degré amusant.
Ca donne Quoi ? Un trio de potes scientifiques mène une mission de recensement d’insectes sur l’île de Nassao, en plein océan pacifique. Apparemment seuls habitants de l’île, le temps sans relations sexuelles commence à leur paraître bien long.
Mais ils vont bientôt découvrir qu’une peuplade de jeunes femmes aussi accortes qu’avenantes réside bel et bien dans ce lieu paradisiaque (ou en tout cas qui le devient soudainement), et que, tenues à un rite d’abstinence en dehors d’une certaine période de fécondation, elles sont tout aussi en manque de sexe !
Alliant l’humour a un superbe trait rond et cartoony coloré, débordant de sensualité exacerbée, Ruben Del Rincon, que l’on a vu sur des choses plus classiques chez nous, propose un diptyque très frais et fun, aux scènes de sexe explicites débridées et émoustillantes, ses vahinés sont voluptueuses et peu farouches et n’ont rien à envier à ses paysages bucoliques
LA MUSIQUE:
C'est quoi :FANTASY ISLAND
C'est de qui ?
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Bien avant Peter Dinklage et son interprétation de Tyrion Lannister dans GOT, un autre nain, français celui ci, avait fait les beaux jours de la série TV américaine.
Fantasy Island, dont une sorte de remake horrifico-paresseux va sortir sur les écrans sous peu, a, durant sept saisons, emmené les téléspectateurs dans une île où, pour la somme d’argent idoine, les visiteurs pouvaient voir leurs rêves se réaliser.
Laurence Rosenthal, qui multiplia les allers retours entre petit et grand écran au cours de sa carrière, signe le générique et les B.O d’une poignée d’épisodes. Fort de sa formation classique (et française !), il écrit des partitions aux arrangements riches, où les cordes expriment à la fois le rêve et le romantisme et où les cuivres et percussions sont dédiés au suspense et au fantastique.
Une bande son joliment surannée qui rajoute au décalage parfois second degré de Nassao.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)