Ca donne Quoi ? Nima, jeune créature hybride des rivières est destinée à trouver un humain pour le charmer et enfanter une descendante avant de le tuer. Mais elle va rencontre Awk dont elle va tomber amoureuse au grand dam de son peuple.
Dans ce one shot poétique et féérique, Enrique Fernandez pioche dans les mythes des sirènes, des vouivres et des amazones pour raconter une histoire classique mais bien narrée d’amour impossible.
Si l’intrigue est assez classique, les graphismes font la différence via les superbes dessins de l’auteur espagnol, aux personnages expressifs anguleux et aux décors chatoyants, le tout rehaussé par des couleurs chatoyantes.
Il est tout de même dommage qu’aujourd’hui un auteur avec tellement de talent et de personnalité soit obligé de passer par le crowdfunding pour voir aboutir ses projets.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :FABLES : THE LOST CHAPTER
C'est de qui ? R. Shaw
La Couv':
Déjà entendu dans le coin? Oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Pour son passage du pc à la console (la Xbox le cas échéant), le (fort bon) jeu d’aventure Fable, premier du nom de la franchise, se devait de subir un lifting salvateur.
Si ce fut le cas coté graphismes et gameplay, force est de constater que le score de Russel Shaw n’a lui quasiment pas été touché si ce n’est une réinterprétation via une orchestration plus actuelle et mieux fournie.
Mais ce simple fait permet de donner aux compositions de Shaw une dimension épique et/ou poétique supplémentaire bienvenue. Si la B.O de Fables figurait déjà parmi les plus aboutie du genre dans le jeu vidéo, cette version enrichie en fait un score capable de rivaliser avec bon nombre de ses consoeurs du grand et du petit écran.
Un cocktail d’ambiances tout à fait adéquates pour la lecture de Nima.
Ca donne Quoi ? Un vieux roi aveugle, exaspéré qu’un oiseau merveilleux dérobe les pommes d’or de son arbre magique, envoie ses trois fils capturer le volatile.
Le plus pur d’entre eux va, au fil de rencontres plus étranges les unes que les autres (un homme qui se change en loup, un roi féru d’inventions volantes, une belle jeune femme,…) réussir là où ses frères, avides de pouvoir et corrompus, ont échoué.
Au travers d’un mélange de féérie directement héritée de l’univers des contes (Maria Surducan a compilé trois légendes de l’Est pour écrire son scénario), et de steampunk, Au Cœur des terres ensorcelées prend également une dimension écologique avec un passage sur la modernisation au dépend de la nature.
Le style graphique de l’artiste, qui emprunte aussi bien à l’illustration qu’à la BD jeunesse, enrichi de décors hachurés façon carte à gratter (que nous n’avions rencontré qu’en noir et blanc chez nous mais qui rendent tout aussi bien en couleur !) finit de faire de cet album au format atypique une lecture aussi agréable qu’originale.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : SHEHERAZADE
C'est de qui ?A. Hossein
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Une fois ou deux probablement.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Après une poignée de B.O pour les films de son fiston, André Hossein a l’occasion de se replonger dans ses origines musicales avec cette adaptation des Mille et Une Nuit internationale à gros budget.
Le compositeur, qui a déjà derrière lui un solide bagage classique qu’il emploie sur des thèmes romantiques puissants, dignes des superproductions hollywoodiennes de l’époque, où les cordes virevoltent sur des cymbales endiablées.
Il marie à son orchestre des instruments typiques qui apportent la couleur exotique comme la flute, le tar (instrument à cordes perse dont il était passé maître) ou encore les clochettes.
Une B.O de haut vol dont le mélange grand spectacle et ambiance orientale est tout à fait de circonstance avec le très bel album de Maria Surducan.
Ca donne Quoi ? On sait Yann friand de pastiches, d’humour potache et autres caricatures. On le retrouve donc tout à fait dans son élément dans cette « compilation » d’histoires courtes parues à l’époque en deux tomes consacrés à Andersen et Perrault et réunis aujourd’hui sous le titre Contes Saumâtres.
Et de contes il est bel et bien question puisque, à l’aide d’une poignée de collègues dessinateurs (et non des moindres) il brocarde allègrement une poignée de classiques mais pas que, puisque on a même droit à la bio de leurs créateurs.
Si les récits ont un intérêt variable, certains sont bien funs (la vie d’Andersen revue et corrigée par exemple) et le mash-up entre Reservoir Dogs et Barbe Bleue avec ses femmes (…à barbe !) est un régal !
Au final, c’est un vrai plaisir de retrouver des pointures comme Wendling, Rossi, Hermann ou encore Boucq se prêter à l’exercice.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :SCROOGED
C'est de qui ?D. Elfman
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Fort souvent oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si l’on s’est beaucoup intéressé aux grands succès de sa carrière on a finalement assez peu couvert les débuts de Danny Elfman.
Et c’est d’autant plus dommage que la décennie qui l’a vue s’imposer peu à peu au cinéma est également l’une de celle qui recèle les choses les plus intéressantes.
En effet, fort de déjà deux collaborations avec celui qui allait devenir son réal fétiche – Tim Burton- Elfman en est encore à rechercher ce qui va définir son style.
Dans cette comédie américaine où Richard Donner adapte le Conte de Noel de Dickens (tiens encore un conte), Elfman reprend les formules qui ont tant plus sur Pee Wee et, surtout, Beetlejuice : chœurs enfantins qui semblent tout droit sortis d’une chorale d’halloween de noël, cuivres et cordes virevoltants dignes d’une bande son classe de film d’animation et parodie des B.O d’épouvante old school.
En substance ce sont déjà les thèmes de Batman (l’année suivante) ou encore Edward aux mains d’argent qui prennent forme ici et entendre le compositeur faire preuve d’une fraicheur encore intacte est un vrai plaisir, surtout pour lire des contes détournés.
Ça donne Quoi ? Encore une énième version du conte diront les esprits chagrins. Oui, mais passé à la moulinette des Le Hir père et fils (ou vice-versa), le conte prend une noirceur historique. En effet, les auteurs ont situé le conte pendant la guerre de 100 ans. La famine règne, les pendus sont accrochés aux arbres comme des fruits sinistres, l'ogre est le chef d'une bande d'écorcheurs… Il a des bottes de 7 lieues, mais devons-nous croire le récit d'une bande de paysans assoiffés de vengeance?
Les auteurs ont eu la gentillesse de mettre un glossaire en fin d'album pour rappeler le sens de quelques mots ou situer quelques personnages historiques cités. Cela m'a permis de découvrir que Bertrand du Guesclin avait été surnommé Claquin par François Villon dont la superbe Ballade des pendus est citée dans l'album.
Les graphismes accentuent le côté noir de l'histoire avec une neige gris-bleue se distinguant à peine du ciel sinistre… sauf chez l'ogre où tout le fond devient rouge soit orangé comme les flammes de la cheminée soit sanguin. Mais Poucet a une bonne bouille toute ronde et des yeux rieurs qui montrent bien qu'il est le héros du récit. Il vainc l'ogre dans un combat digne de David contre Goliath, mais il ne le tue pas lui-même.
En bonne amatrice de contes, j'ai cru reconnaître l'Ankou (ou le charretier de la mort pour les non bretons) dans le vieillard qui "prête" sa carriole.
Cela donne une bonne version du conte assez sombre et donc à ne pas partager avec des enfants trop jeunes pour lesquels des versions plus adoucies existent déjà. Cela donnera aussi l'occasion de faire découvrir François Villon aux plus grands avec la lecture complète de La Ballade des Pendus.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? LE PETIT POUCET
C'est de Qui ? Joe Hisaishi
La couv'
Déjà entendu chez nous? oui
On peut écouter?
Ça donne Quoi ? Les cordes entament dans un registre sombre et lent pour créer une ambiance mélancolique et lourde. Puis suis une montée du son jusqu'à un éclatement de bois et cuivres.
J'avoue trouver un côté un peu sirupeux et répétitif aux productions de Joe Hisaishi. Mais il y a un gros avantage avec ses BO, elles ont un côté "musique de fond" qui accompagnent bien une lecture sans la perturber plus que cela…
Je ne résiste pas à l'envie de partager avec vous la version de La Ballade des Pendus chantée par Serge Reggiani. Je l'ai découverte il y a 50ans grâce à mon professeur de français de 3e qui nous l'avait fait entendre pour que la rythmique nous aide à apprendre le poème… résultat : 50 ans plus tard, je m'en rappelle encore.
Ca donne Quoi ? Raspoutine, oui, le tristement célèbre Moine Fou, sorcier à ses heures, veut capturer Balthazar, un orphelin de Saint Petersbourg. Et quand le terrible barbu veut quelque chose il ne recule devant rien : créatures maléfiques, gardes terribles et loups affamés…heureusement que notre jeune et blond héros pourra compter sur l’aide d’une voyante énigmatique, d’une jeune fille intrépide et d’une troupe de cirque courageuse pour échapper aux griffes de son ennemi et retrouver la mère qu’il n’a jamais connu.
Le vieux routard Corteggiani s’intéresse à la richesse du folklore russe et en tire une aventure jeunesse (mais pas que !) très rythmée qui n’est pas sans faire penser à certains grands contes classiques, comme Mignola en so temps le scénariste s’est approprié les figures emblématiques de Raspoutine, la Baba-Yaga, les animaux possédés qui parlent, resservant avec métier le tout à sa sauce.
Le trait de Mathilde Domecq dans un style jeunesse délié et subtil, aux couleurs tantôt froides tantôt chaude en fonction des scènes, fait merveille sur les 120 pages de cet album, aux chapitres séparés par de belles illustrations en noir et blanc, qui plaira, donc, autant aux enfants qu’aux amateurs éclairés de contes et légendes revisités.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? LE BOUFFON
C'est de Qui ? S. Prokoviev
La couv'
Déjà croisé sur B.O BD? Oui, fort souvent.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Ecrit en 1915 puis remanié par l’auteur en personne un lustre plus tard, Chout est au départ un ballet composé pour Draghilev que Prokoviev transposera en une suite plus courte et moins loufoque.
Après son thème d’introduction engageant, où le hautbois (instrument apprécié par le compositeur) se positionne comme premier soliste, la pièce s’emballe assez rapidement via notamment des percussions et des cuivres aux dialogues aussi endiablés que burlesques, le tout dans une atmosphère débridée qui contrastait pas mal avec celle de la triste époque où elle a été écrite.
Si pas parmi mes œuvres préférées de Prokoviev, la nature enjouée et la richesse des variations du Bouffon en font une pièce agréable à écouter et dont la démesure est tout à fait assortie au conte russe de Corteggiani et Domecq.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)